Une règle au doigt levé pour juger si un texte est bon ou mauvais

Thomas Gadroy
5 min readApr 16, 2020

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Dans mon métier, “est-ce que cet article est bon ?” est une question cruciale.

Comprenez : des gens me payent chaque mois pour produire (ou pour les aider à produire) des contenus.

Ce peut être par exemple un article de blog, un livre blanc, une newsletter ou à peu près n’importe quel autre support qui va les aider à atteindre des objectifs importants : générer du trafic, attirer des visiteurs sur un site web, convaincre ces mêmes visiteurs qu’ils sont sur le bon site et qu’ils feraient bien d’acheter… oh, je ne sais pas… Là, maintenant, tout de suite ?

Savoir si un texte est bon ou mauvais est donc une partie assez importante du job.

Le problème c’est que (et là, je m’appuie sur plus de 12 ans d’expérience pour l’affirmer), on a en réalité aucun moyen de savoir si un texte va marcher ou pas tant qu’on ne la pas mis en ligne.

Si des confrères lisent ces lignes, ils vont probablement s’insurger et rétorquer qu’on a aujourd’hui des outils de pointe capables de nous donner de la data très intéressante. Et que -accessoirement- quand on est bon dans ce métier, on a quand même une bonne intuition de ce qui est bon ou mauvais.

Mais la réalité, c’est que l’on n’a aucune certitude avant de mettre le contenu en ligne et de l’exposer à l’audience à laquelle il est destiné pour voir comment elle réagit.

A défaut de solution, je m’appuis moi sur une règle au doigt levé (un peu naïve je vous l’accorde, mais qui se trompe rarement) pour déterminer si un article a une chance avant le publier.

Je pense que cette règle est applicable aussi (et c’est la raison pour laquelle je partage cet article ici) à tous ceux qui prennent la plume sur la toile, non pas avec un objectif “business” (générer du trafic, convertir, etc.) mais pour simplement pour le plaisir d’écrire et de partager leurs idées ou leur expérience.

Cette règle tient en une phrase.

Règle d’or : “Est-ce que cet article va aider quelqu’un quelque part ?”

Rien de révolutionnaire, je vous l’accorde, mais je peux vous assurer que cette règle tombe juste 100% du temps quand il s’agit de filtrer les mauvais articles.

L’article qui n’apporte rien au lecteur ne marchera pas en ligne. C’est aussi simple que ça.

Et si cela vous paraît évident à lire, je peux vous assurer que la réalité sur le terrain est surprenante.

On s’enfonce depuis plusieurs années dans une ère d’infobésité.

Publier des contenus pour se rendre visible est une stratégie qui marche (et je ne vais pas me plaindre : c’est grâce à ça que j’ai un métier et que je peux manger à la fin du mois). De nombreuses organisation s’y sont mises avec beaucoup d’ardeur… et souvent avec de gros sabots.

Au lieu d’utiliser cette formidable opportunité qu’est le contenu (= “On va apporter aux internautes de la vraie valeur ajoutée et de l’information et du divertissement et…”) elles ont tout simplement transposé la réclame, le matraquage publicitaire et le spam dans de nouveaux formats (= “Il faut qu’on publie des contenus sur…”, “Il faut qu’on apparaisse en premier dans Google sur…”, “Il faut qu’on bombarde les réseaux sociaux et les boites mails tous les….”).

De base, l’internaute moyen se retrouve déjà face à une avalanche de notifications qui viennent accaparer son attention (de Facebook à Netflix). Mais en plus de ça, dans les rares moments où il a le temps d’aller partir explorer la toile sur un sujet qui l’intéresse, il se retrouve face à une cacophonie de contenus dont la majorité (on peut bien se l’avouer) à la valeur nutritive d’une soupe préparée sans légumes ni viande.

Ce que j’appelle de la bouillie.

Et le meilleur moyen de l’éviter, c’est de se demander…

Est-ce que cet article va aider quelqu’un quelque part ?

Vous assurer que le texte que vous allez produire va éventuellement servir à quelqu’un, c’est déjà un pas énorme que vous faite dans la bonne direction pour vous distinguer de la soupe ambiante qui règne.

Cela ne garantira certainement pas que votre article va être trouvé, mais en tout cas, cela va grandement augmenter les chances que

1/ les personnes qui le lisent y trouvent quelque chose (et peut-être même le lisent jusqu’au bout) ;

2/ votre article réponde à un problème réel que rencontrent les internautes… et donc qu’il finisse par faire venir à lui des visiteurs.

Est-ce que cet article va aider quelqu’un quelque part ?

Notez à quel point le mot “aider” a un sens large.

Cette semaine, je suis tombé sur beaucoup de contenus qui m’ont aidé, chacun d’une façon différente.

⇒ Tel article de blog a répondu à une question bête que je me posais sur comment utiliser ce nouveau logiciel pour mon boulot.

⇒ Tel article m’a fait beaucoup réfléchir et a remis en perspective une manière que j’avais de désamorcer les conflits au bureau jusqu’ici.

⇒ Tel article (qui était en réalité une compilation d’autres contenus) m’a diverti et m’a ramené le sourire à un moment de ma journée où j’avais un coup de mou.

⇒ Tel article m’a donné une introduction simple à suivre pour me mettre au yoga.

Informer. Renseigner. Répondre à une question. Divertir. Changer les perspectives. Relier les gens. Déclencher une action.

Un bon contenu peut aider de nombreuses façons.

Est-ce que cet article va aider quelqu’un ou quelque part ?

Et la règle fonctionne dans les deux sens

Je rencontre régulièrement des gens qui ont des choses intéressantes à écrire et à partager.

Mais ces personnes se découragent souvent elle-même et se disent que ce qu’elles ont à raconter est évident. Basique. Sans intérêt.

Que cela a déjà été dit ailleurs, que ce n’est pas révolutionnaire ni complètement nouveau.

Qu’elles ne l’ont pas découvert elles-mêmes et donc ne se sont pas légitimes pour prendre la parole.

Qu’elles ne sont pas des écrivains extraordinaires et qu’il faut avoir une plume hors norme pour se permettre d’écrire.

Toutes ces raisons sont de très mauvaises raisons de ne pas écrire.

Reprenons la règle : si vous pensez que cet article que vous pourriez écrire pourrait potentiellement aider quelqu’un quelque part, bon sang… mais écrivez-le !

Si quelqu’un en ligne (ou dans la vie réelle) vous a déjà posé une question à laquelle répond cet article, c’est un signe fort que ce texte que vous avez en vous pourrait aider d’autres personnes.

Mettez-vous dans les chaussures de la personne type pour laquelle vous allez écrire cet article. Est-ce que cette personne va y trouver quelque chose ? Une valeur ajoutée ? Est-ce que cette personne va changer quelque chose dans sa vie ? Est-ce qu’elle va pouvoir utiliser ce que vous lui avez transmis ?

Ou, même : est-ce que cet article va simplement la divertir et lui faire se dire à la dernière ligne “je ne regrette pas d’avoir lu jusqu’au bout” ?

Personnellement, j’espère que cet article que vous êtes en train de lire va vous encourager à vous poser cette question… et surtout à prendre la plume (ou le clavier) pour partager ce que vous avez en vous et qui pourrait intéresser tant d’autres personnes.

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Thomas Gadroy

Content Strategist @Payfit, passionné de marketing pragmatique et #NoBullshit.