À Orléans, le Front se dégarnit

zampa
5 min readNov 12, 2015

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Depuis son élection dans l’hémicycle municipal d’Orléans en 2014, le groupe Front national n’a fait que se déliter au fil des mois. Décryptage.

Depuis son entrée au conseil municipal d’Orléans en 2014, le Front national n’a fait que se déliter au fil des mois. Sur les trois élus frontistes, Christophe de Bellabre a été suspendu pendant un an par le parti en novembre 2014 et ne compte visiblement plus y adhérer. Plus récemment, Arlette Fourcade a, quant à elle, reçu un avertissement par le siège de Nanterre après avoir contresigné un dossier à charge contre Charles de Gevigney, le nouveau secrétaire départemental. Reste donc au chef de file, Philippe Lecoq, de tenter de défendre, non sans peine, la droite ligne du parti dans l’hémicycle local. On l’aura compris, dans pareilles conditions, il paraît difficile d’honorer pleinement le mandat pour lequel ces trois-là ont été élus. Et dire qu’il leur reste encore cinq ans !

« C’est vrai qu’il y a une déception », confiait Philippe Lecoq, lundi soir à Bourges, lors du meeting de Marine Le Pen en soutien au candidat frontiste Philippe Loiseau pour les régionales. « J’aurais souhaité que nous restions unis et que nous puissions travailler ensemble », ajoute-t-il. En effet, l’ambiance n’est pas au beau fixe au sein du trio, depuis la suspension de Christophe de Bellabre pour une durée d’un an par les instances dirigeants du FN pour avoir contesté la légitimité du président départemental du Loiret, Bernard Chauvet, lui-même démissionnaire un mois plus tard, courant décembre 2014. Ami de longue date du président d’honneur du FN, Bernard Chauvet condamnait alors les méthodes de recrutement du mouvement et contestait les conditions de son remplacement par Charles de Gevigney, à trois mois des élections départementales.

Christophe de Bellabre, dont la suspension pourrait bientôt être levée, « ne veut plus faire partie du groupe FN »

L’heure était aussi au « ménage » et au remplacement des cadres historiques, proches de Jean-Marie Le Pen, sans oublier la mise au ban de tous ceux qui, sur les réseaux sociaux, pouvaient « embarrasser » le Front national à l’approche du scrutin. « Il y a eu des tensions, des agacements, avec Charles de Gevigney qui est arrivé au moment des départementales effectivement. Ce n’était pas facile pour lui avec 21 binômes à choisir », tempère Philippe Lecoq, précisant toutefois que Christophe de Bellabre, dont la suspension pourrait bientôt être levée, « ne veut plus faire partie du groupe FN mais qu’il continuera à siéger comme non-inscrit. Car il est en désaccord avec la ligne nationale et avec Marine Le Pen ».

Christophe de Bellabre écarté, Arlette Fourcade était, elle aussi, dans le viseur de Nanterre, en fin d’année dernière, et, en premier lieu, dans le collimateur de son nouveau président départemental. En cause notamment : les interventions provocantes et consternantes, sur le fond comme sur la forme, d’Arlette Fourcade à propos, d’une part, de l’ancienne élue Liliane Coupez, décédée en 2010, et, d’autre part, de « la mauvaise gestion » de l’association Antirouille dont le directeur et son administrateur seraient « grassement payés ». Sans compter, plus récemment, la fronde menée contre Charles de Gevigney. Arlette Fourcade, entourée de quelques militants, lui reprochait, entre autres, sa mauvaise gestion et son tempérament sanguin. Ce qui, au passage, a valu à l’élue orléanaise un simple avertissement. Cependant, on voyait mal les instances suspendre ou exclure deux élus municipaux FN sur trois.

Difficile alors pour le chef de file, Philippe Lecoq, également secrétaire départemental adjoint, de pouvoir compter sur l’appui de ses “camarades” et sur leur travail municipal : « Ce n’est pas toujours facile mais (avec Arlette Fourcade) on se parle par mails. Elle a reçu cet avertissement, ce qui a eu des conséquences bien sûr. On travaille par téléphone aussi pour préparer un conseil municipal. »

« Je considère qu’un élu doit siéger même s’il ne fait plus partie du groupe FN »

À défaut d’être unis, ces deux élus-là sont au moins présents, côte à côte en conseil municipal. Ce qui est moins vrai pour Christophe de Bellabre qui, depuis sa suspension comme élu FN, est enregistré comme « absent et excusé » sur les procès verbaux de la Ville d’Orléans à cinq reprises, depuis novembre 2014. Élu en tant que non-inscrit, ce dernier ne fait acte de présence qu’une fois sur deux en moyenne dans l’hémicycle local, depuis le 17 novembre 2014. « Je considère qu’un élu doit siéger même s’il ne fait plus partie du groupe FN. Pour ma part, je n’ai pas raté une seule commission en quatre ans au conseil régional », a fait savoir Philippe Lecoq, élu municipal et régional.

Contrairement à ce que peut affirmer Marine le Pen « à propos de la bonne gestion des villes conduites par le FN en France », la cohésion et le travail du groupe Front national au sein de la municipalité d’Orléans ne risquent pas d’être cités en exemple, malgré une percée historique aux dernières élections municipales.

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