Crise au Kasaï : “Jusqu’à aujourd’hui, mon père reste introuvable”

UNICEF RDCongo
4 min readJun 14, 2017

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À peine plus de la moitié des 185 familles que comptait Tshibambula est revenue. Ce village, situé à environ 16 kilomètres au sud-est de Kananga, s’est retrouvé au milieu des combats qui ont vu s’affronter des milices et les Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

Depuis juin 2016, le village bénéficiait de l’appui de l’UNICEF à travers les programmes « villages et écoles assainis ». Une source d’eau avait été aménagée en 2016, et 8 cabines de latrines sèches venaient tout juste d’être inaugurées. Mais le 5 décembre 2016, l’école a fermé, la plupart des élèves ayant fui le village.

Des écoles sans toitures et sans élèves

Quand ils sont revenus fin février 2017, la toiture avait partiellement disparu, et la pluie, s’infiltrant, avait fortement endommagé l’établissement. « Jusqu’à présent aucun élève n’est revenu en classe », se désole le chef de Tshibambula, Tshipanba Ntalaja. « Les miliciens ont menacé les élèves et les enseignants. Ils ont interdit aux élèves de reprendre les cours ».

Les mêmes violences se répètent sur une large part de la région du Kasaï, une zone grande comme la moitié de la France dont l’épicentre est Kananga. Depuis le début de la crise dans les Kasais en août de l’année dernière, plus de 1,2 million de personnes ont dû fuir leur foyer, dont 700.000 enfants. . L’UNICEF estime que 639 écoles ont été détruites, et que plus de 150.000 élèves ne peuvent plus poursuivre leur scolarité.

Des enfants face aux violences au Kasaï

À Kabea Kamwanga, une petite ville situé plus loin sur la route de Mbuji-Mayi, à environ 130km de Kananga, les violences entre miliciens et FARDC ont éclaté le samedi 15 octobre en fin de matinée.

« J’étais parti puiser de l’eau, et je rentrais de la source », témoigne Muda Kalongo, élève 6ème primaire à l’école Citolo de Kabea Kamwanga. « Quand j’ai entendu les coups de feu, j’ai jeté mon seau d’eau et couru vers la ville. En arrivant, j’ai vu beaucoup de gens en fuite. Je me suis précipitée chez moi, mais la porte était fermée ; ma famille avait déjà fui. Alors j’ai suivi une douzaine d’inconnus qui partaient en brousse avec leurs colis sur la tête. Moi, je n’ai pas pu prendre quoi que ce soit. Je n’ai pas retrouvé mes parents, mes frères et mes sœurs. J’ai passé 4 nuits en brousse avec le groupe que j’avais rejoint, à environ 2 heures de marche de mon village. Je ne les connaissais pas mais ils ont accepté de me nourrir avec le peu qu’ils avaient pu transporter. Nous prenions un seul et maigre repas le soir. Nous étions épuisés et complètement affamés. Après 4 jours, je suis partie à Mpanda, à 4 heures de marche. Là, j’ai retrouvé ma mère, mes frères et mes sœurs. Mon père n’était pas. Jusqu’à aujourd’hui, mon père reste introuvable ».

L’école : une priorité

Comme la plupart des élèves de l’école, Muda est rentrée chez elle en janvier 2017. Mais elle a dû attendre mi-mars et l’intervention de l’UNICEF pour reprendre les cours. Depuis avril 2017, l’UNICEF organise dans 47 écoles du territoire de Kabea Kamwanga des cours de rattrapage gratuits, afin de donner aux élèves la possibilité de passer leur examen d’Etat en fin d’année scolaire.

Dans le cadre de son programme d’urgence au Kasaï, l’UNICEF appuie 3500 enfants pour leur permettre de passer le test national de fin d’études primaires, en leur offrant des cours de rattrapage, du matériel scolaire et des uniformes. L’UNICEF a également organisé en urgence la formation de 64 enseignants, et a appuyé la réhabilitation de 24 salles de classe.

Photo: UNICEF RDC 2017 Dubourthoumieu

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