Douze villages de Kissidougou s’unissent pour arrêter l’excision
En Guinée, les vacances scolaires sont marquées par des séries d’excision de jeunes filles. Ainsi, pour stoper les mutilations génitales fémines, l’UNICEF en collaboration avec les ONG locales et le gouvernement a travaillé avec les Communautés Rurales de Développement (CRD) afin de convaincre les villages et les sages pour mettre fin à la pratique. A Kissidougou, 12 communautés ont ajouté leur nom à la liste croissante des 212 qui ont répondu à l’appel pour protéger leurs filles au cours de cette année.
En effet, l’une des cérémonies de déclaration de l’abandon de la pratique de l’excision a été organisée dans la CRD de Firawa, dans la préfecture de Kissidougou par le secrétaire général de la commune rurale, fin juillet 2016, en présence des autorités préfectorales, du staff UNICEF et des communautés.
Les communautés de Yomadou, Banda, Saolé, Keydou, et les huit autres relevant de Firawa ont toutes décidé de dire « Non » à la pratique de l’excision et aussi au mariage précoce des jeunes filles. Ces douze localités ont encadré des filles non excisées, suivies par l’ONG AFAF (Association des Femmes pour l’Avenir des Femmes) avec l’appui de l’UNICEF, du Programme conjoint UNFPA/UNICEF pour l’abandon des MGF/E, de l’ambassade des USA[GF1]et du Comité National Suisse de l’UNICEF.
Koumba Malano, animatrice communautaire au compte de l’ONG AFAF
« Au début j’étais mal reçue dans les communautés, car parler de l’arrêt de l’excision était un tabou. J’ai commencé par approcher les pères de familles, les sages qui sont les décideurs dans les familles et dans les villages. J’ai aussi entamé des causeries éducatives avec les femmes exciseuses, les accoucheuses avec l’appui des Comités locaux de famille et de protection de l’enfant. Ces approches ont été positives, car je suis maintenant acceptée. C’est ce qui a abouti à cette déclaration d’abandon de l’excision et du mariage précoce ».
M. Moussa Kourouma Secrétaire Général de la commune rurale de Firawa a dans sa déclaration, demandé pardon aux femmes et à toutes les filles déjà excisées de Firawa pour tout le mal qui leur a été fait.
«…Etant donné que nos différentes religions ne nous recommandent pas la pratique de l’excision; ayant pris également conscience de l’existence de la loi et des textes d’application interdisant et réprimant l’excision en Guinée ; déclarons solennellement devant Dieu et les autorités ici présentes, Non à l’excision des filles. Firawa est désormais parmi les communes rurales sans excision et cela sans imposition, ni contrainte ».
Consciente des défis à relever pour le suivi de cette décision d’abandon et de l’existence de communautés n’ayant pas encore adhéré, Koumba Malano reste optimiste. Elle a décidé de s’impliquer d’avantage pour que l’abandon de l’excision et du mariage précoce soient une réalité dans toutes ses zones d’intervention.
Les interventions comme celles de Koumba Malano ont déjà protégé 50 filles de la MGF. En Guinée, où 97% des filles sont victimes, c’est un grand pas dans une petite communauté.
Durant cette même période, 65 villages de la région de Kankan et 38 villages de N’zérékoré ont aussi déclaré l’abandon des MGF et des mariages d’enfants, soit un total de 212 communautés pour l’année 2016, tout en tenant compte des 109 villages qui avaient déjà fait des déclarations d’abandon en janvier 2016 dans la région de Kankan.
Ces déclarations s’inscrivent dans l’agenda de la campagne annuelle de prévention de l’excision pendant les vacances scolaires, lancée par le Secrétariat Général des Affaires Religieuses, le Ministère de l’Action Sociale de la Promotion Féminine et de l’Enfance, sous le haut patronage du Premier Ministre. Cette campagne permettra à au moins 390 villages ou secteurs de déclarer publiquement l’abandon de l’excision et du mariage d’enfants, venant s’ajouter aux 1520 communautés ayant déjà déclaré officiellement leur intention de mettre fin aux MGF. Ces mesures ont empêché cette année la mutilation de 17246 filles et préservé 13840 filles contre le mariage précoce par les structures communautaires de protection de l’enfant en cours d’accompagnement dans leurs communautés.
