Facebook Lobotomie Moderne

Facebook : le TF1 des Internets ; Zuckerberg : le Patrick Le Lay du Web

Cosmo
3 min readJan 10, 2018

On dit parfois que le problème ce n’est pas l’outil, mais celui qui s’en sert : un couteau peu servir à tuer ou à couper ses aliments. Les outils seraient neutres par défaut et ce serait à la sagesse de chacun de s’en emparer pour le meilleur, selon ses capacités.
Ce sont là de belles conneries, il y a bien sûr une dynamique entre l’outil et celui qui s’en sert, mais l’outil lui-même n’est pas qu’un moyen, il nous pousse également à agir selon la façon dont il est pensé. Il nous domine, détermine la façon dont nous interagissons avec lui, l’outil nous sert et lorsque nous nous en servons, il transforme nos corps et nos pensées :

Choisissons biens nos outils.

Vous voudrez bien un peu de cerveau disponible ?

Zuckerberg sous les prétentions de nous vendre un monde meilleur, une belle communauté, à simplement fait une machine à fric. Là où Patrick Le Lay le reconnait franchement, en définissant avec lucidité son métier qui consiste à servir ses annonceurs, Zuckerberg nous tartine ses considérations éthiques et sociales, nous chantant l’air connu de La Silicone Valley d’un monde meilleur pour nous faire passer sa pilule. Facebook est une entreprise côté et la fortune de Zuckerberg est toute dépendante du système addictif qu’il a mis en place de façon consciente et délibérée. Quoi qu’il en dise et quoi qu’il affiche sa volonté de réparer Facebook, il ne modifiera pas la base de son business model : nous faire passer le plus de temps possible sur son réseau tout en affichant un maximum de messages publicitaires.

De notre côté, nous pouvons agir, nous émanciper de ce qui nous rend collectivement plus bête, nous libérer de la publicité dont l’utilité est très contestable. Nous le devons même.

Nous avons 1 à 3 heures de vie quotidienne, là, sous la main, pour en faire ce que l’on veut. Pour en faire quelque chose d’autre qu’une course effrénée à la validation sociale et à la laideur digitale vers laquelle nous dirigeons nos yeux et nos esprits.

A nous de choisir entre la lobotomie bleue et nos vies.

Non, nous n’avons pas besoin de ce moyen de communication, il n’est pas indispensable. Nous vivons à l’air de la communication et nous en avons mille autres qui respectent mieux nos rythmes et nos relations et qui font moins la part belle à notre narcissisme.

Notre aliénation, lorsque nous là connaissons, c’est nous qui nous l’imposons.

Ma vie lorsque j’étais sur Facebook consistait à :

Regarder les profils de gens,
Draguer,
Rechercher la validation sociale à chacun de mes postes,
Lire des sous débats politiques qui m’irritaient,
Voir des postes ‘RIP Johnny’,
Cliquer sur des articles putes à clics,
Regarder qui avait liké et voir si je le connaissais, s’il me plaisait,
Au milieu de la rédaction d’un email ouvrir une page web de mon navigateur et ouvrir Facebook sans même m’en rendre compte

Je ne suis plus sur Facebook.

J’avais peur de perdre :

des amis,
des interactions sociales,
de louper des soirées,
de louper des news,
d’être has been.

Qu’ai je perdu ?

Rien. Longtemps encore, après que je me fus désinscrite, mes doigts ouvraient seuls une fenêtre sur mon navigateur, tapaient Facebook dans la bar de recherche et tentaient de se connecter à mon compte supprimé.

Aujourd’hui,
libérée de la répétition des mêmes contenus, des mêmes opinions,
libérée de la bêtise d’un post perdu dans un flot de médiocrité,
libérée de nos profils pages de pub vivantes,
libérée des chats débiles des milieux d’après-midis et qui s’étirent sur une semaine,
libérée des vibrations incessantes d’un téléphone qui me rappelait sans cesse à l’appli Facebook,
libérée des indignations idiotes, dépourvues d’analyse de mes 1258 amis et de moi-même,
libérée de une à trois heures par jour,
libéré mon système nerveux des plaisirs faciles et débilitants,
libérée des comportements automatiques, des clics et des distractions, que l’on consomme avec le même dépit que la 17ème clope de la journée.

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