Le vrai souci de mes confrères journalistes avec le mot « contenu », c’est qu’il désigne le monde tel qu’il est, et pas celui dont ils rêvent. Dans un monde idéal, tout le monde passerait son temps à s’informer auprès des professionnels consciencieux, rémunérés pour la débauche de moyens (compétence, temps, argent), qu’ils mettent au service de l’information loyale du public. Dans le monde tel qu’il est, l’ordinateur, puis le smartphone, ont fait converger vers un seul appareil très addictif à peu près tout ce qui est susceptible de retenir l’attention des usagers. La guerre du contenu est déclarée entre les marques (qui s’y mettent, en recourant précisément aux recettes des journalistes), médias, anonymes, réseaux sociaux, jeux, maisons d’édition et messageries. Libre à chacun d’accepter ou de refuser cette concurrence. Ceux qui la refusent ont déjà perdu. Ceux qui la mènent en faisant le pari du moins-disant ne gagneront que des batailles de court terme…