Réflexion sur les collectifs “organiques”
L'idéal à l'épreuve de la réalité.
Au cours des douze derniers mois, j’ai eu l’occasion de mener à bien différents projets et de m’impliquer avec plusieurs collectifs au Québec et en Europe.
Je constate que le modèle des structures organiques reposant sur le bénévolat possède des limites quand il s’agit de réaliser des projets concrets inscrits dans la durée.
Les bénévoles sont animés de bonne volonté, mais souvent restreints par leur capacité de s’investir à la hauteur du temps minimal pour accomplir les tâches nécessaires.
La motivation est variable et dépend de facteurs externes provoquant des sursauts de peur, d’indignation ou de colère.
Les projets permettant de satisfaire les besoins immédiats des bénévoles et des bénéficiaires ont plus de chance de succès que ceux nécessitant des efforts prolongés pour des bénéfices futurs.
Certaines compétences sont également très difficiles à associer à ce type de projets, car les personnes qui les détiennent préfèrent les monnayer sur le marché du travail. Ce qui est bien sûr parfaitement légitime.
Bien souvent les projets sont portés et réalisés par 1, 2 ou 3 personnes. Une poignée de “leaders” qui malheureusement s’épuisent ou développent de la frustration après un certain temps.
La réalité est que les projets bénévoles sont tout aussi complexes et demandent le même niveau de compétence que n’importe quel projet commercial. Surtout s’il s’agit de développer une visibilité et un impact dans la société et pas simplement dans la communauté partageant des valeurs similaires.
Les initiatives citoyennes sont en concurrence avec tous les autres acteurs de la société qui se disputent l’attention hyper fragmentée du public.
Il existe un véritable “plafond de verre” qui restreint la visibilité des actions à certains groupes de la population. Le contrôle des médias et l’entre-soi favorisé par les réseaux sociaux en sont probablement les causes principales.
Les projets de types “résistance” ou “construction” se heurtent également à la méfiance ou à l’hostilité de la société, ce qui n’est pas le cas pour le monde associatif et coopératif habituel.
Quels modèles d’organisation seraient plus efficaces ?
Faut-il dimensionner les projets comme des “task force” réduites qui correspondent la plupart du temps à la réalité de ceux qui les portent et limiter ainsi le temps et l’énergie consacrés à l’obtention d’un consensus avec de grands groupes ?
Un des freins majeurs est la rémunération. Des organisations pouvant offrir des moyens de subsistance auraient-elles plus de succès à l’instar des coopératives et des OBNL ?
Il y a aussi l’évolution individuelle des acteurs, la capacité à assumer sa souveraineté et à transcender la peur.
Cette transformation prend du temps. Il est difficile de l’accélérer, mais il est possible de la faciliter et de l’accompagner.
Humilité et patience semblent être les attitudes à observer pour être capable de tenir dans le temps.
Indépendamment des résultats opérationnels des projets, ils sont des occasions de rencontre et de partage.
Peut-être est-ce un résultat suffisant pour bon nombre de collectifs ?
Qu’en pensez-vous ?