Le sport, un type de méditation méconnu ?

Alexandre Dada
7 min readFeb 23, 2022

Quand on parle de méditation, on imagine bien souvent le cliché du moine bouddhiste assis en tailleur au sommet d’une montagne, les mains sur les genoux et les yeux fermés.

Il est vrai que la pratique de la méditation est au cœur de nombreuses pratiques spirituelles, mais dans son sens large, elle désigne une pratique mentale qui consiste généralement à focaliser son attention sur le moment présent.

Ne vous est-il jamais arrivé d’être totalement absorbé dans une activité que vous affectionnez au point d’en oublier la journée stressante que vous venez de passer au boulot ?

On peut rapprocher cela à une forme de méditation, car vous libérez votre esprit des pensées compulsives néfastes à votre santé mentale et ramenez votre attention sur l’action dans le présent même.

Ce ressenti, on le retrouve notamment lors de la pratique d’une activité physique.

La connexion corps et esprit pendant la pratique sportive

Pour revenir sur cet aspect du “moment présent”, c’est un peu comme si le temps s’arrêtait pour quelques instants. Pas de passé ni de futur, aucune pensée.

Enfin presque, parce que toute votre attention est focalisée sur l’activité physique en elle-même et les mouvements que vous répétez.

Une expérience qui me vient facilement en tête est celle d’un sport que je pratique régulièrement qui est la musculation.

Ici l’objectif est clair : exécuter des mouvements précis contre une résistance pour provoquer l’hypertrophie des fibres musculaires ciblées.

L’hypertrophie ? c’est simplement l’augmentation de la taille d’un muscle, rien de bien méchant.

Mais ce n’est pas si simple, parce que pour initier la contraction de certains muscles il faut avant tout les visualiser intentionnellement par la pensée.

C’est là que la relation corps-esprit entre en jeu.

Si je veux contracter les muscles pectoraux, j’ai besoin de me parler à moi-même dans ma tête : “OK, contracte-les et soulève la barre avec ces muscles uniquement, reste concentré dessus tant que tu peux pousser !”

Mon corps est intensément connecté à mon esprit puisque je n’ai pas d’autre choix que de soulever la barre si je ne veux pas m’étouffer dessous…

Alors je lui dicte les ordres spécifiques qui sont de pousser avec les pectoraux, tout de suite, maintenant.

Cette connexion, on la retrouve souvent dans l’activité sportive car on a besoin d’être concentré et préparé à anticiper les moindres faits et gestes.

Pour citer les sports collectifs tels que le football ou le basket, la lecture du jeu est indispensable pour éviter de laisser filer les attaquants adverses.

Tout se passe dans la tête : la réflexion est opérée par les pensées sur le moment présent.

C’est la même chose lorsqu’il s’agit d’avancer, l’action de dribbler exige de focaliser toute son attention sur le ballon et sur l’exécution des mouvements.

Pas de place aux pensées compulsives, l’esprit est alerte sur ce qu’il se passe devant lui et la notion du temps semble s’évaporer.

Cet état mental porte même son propre nom, celui de flow (traduit par le flux ou la zone) : un concept élaboré par le psychologue Mihály Csíkszentmihályi en 1975.

“J’suis dans le flow

Propulsé à près de 350km/h dans l’AlphaTauri AT01, les yeux rivés sur le circuit du grand prix et les deux mains crispées sur le volant, Pierre Gasly n’a pas le droit à la moindre erreur.

Pour notre jeune pilote français, il s’agit presque d’une question de vie ou de mort.

C’est d’ailleurs ce qu’il nous partage lors d’une interview pour la chaîne Mashup, au sujet du décès en 2019 de son ami et pilote de F1, Antoine Hubert :

“Quand on fait ce sport là on l’accepte, quand on monte dans la voiture, on sait que potentiellement c’est peut-être… voilà.” (supposé la mort).

La concentration pendant une course dans ce sport atteint un niveau inégalé, aucune place pour la moindre pensée futile dans l’esprit du pilote.
La moindre faute d’inattention peut s’avérer fatale car chaque millième de seconde compte.

Paradoxalement, c’est aussi ce qui fait vivre Pierre et le passionne tant. Il décrit d’ailleurs lui-même inconsciemment le principe clé du flow, qui consiste à atteindre un état mental de concentration maximal lorsqu’on est totalement absorbé par une occupation :

“C’est le seul moment vraiment dans ma vie où j’ai aucune distraction extérieure.
J’ai pas un moment où j’ai le temps ni la présence d’esprit de penser à autre chose… on est dans un esprit de concentration extrême”.

Heureusement pour nous, il n’est pas nécessaire de devenir pilote de F1 pour entrer dans le flow et expérimenter la sensation de “plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement”.

Une activité bien moins éprouvante comme l’écriture, au moment où j’écris ces lignes par exemple, est une porte d’entrée dans le flow.

Je focalise mon attention sur les lettres que je tape sur les touches du clavier.

Je veille tout d’abord à construire une structure digeste et cohérente pour guider le lecteur, puis j’y intègre des phrases qui font sens pour transmettre le message que j’ai en tête.

Du moins j’essaye, car vous lisez mon premier article qui constitue une brique de plus pour consolider mes compétences.

On s’éloigne du sujet là, non ?

L’écriture n’est pas un sport certes… c’est une activité qui ne demande pas d’effort physique mais elle n’empêche pas moins d’atteindre le flow et de profiter de son expérience.

Jouer de la musique ou faire la cuisine sont d’autres exemples qui ne requièrent pas spécialement de ressources physiques.

Ces activités permettent de se plonger intensément dans une tâche qui est coordonnée avec les émotions afin de ressentir une joie spontanée, un trait distinctif du flow.

Je suis d’ailleurs certain que vous avez déjà ressenti ces effets lorsque vous êtes en immersion dans un sport ou une activité que vous affectionnez tout particulièrement.

Engagé et très concentré, vous êtes totalement absorbé par cette occupation et vous ressentez de la satisfaction pendant que vous l’accomplissez.
Vous perdez la notion du temps et ne pensez à rien d’autre, aucune distraction extérieure ne vous interpelle.

Ça vous parle ? Vous avez alors déjà expérimenté le flow, et vous pouvez désormais poser un mot sur ce ressenti.

Sachez reconnaître ces moments de joie et accumulez-les car ils sont directement liés au bien-être mental et contribuent au bonheur.

Quels bénéfices sur la santé mentale ?

Le renforcement du système cardio-vasculaire, la prévention de l’obésité et du vieillissement ou encore l’amélioration de la densité osseuse… les bienfaits d’une activité physique régulière ne manquent pas.

Vous les connaissez certainement déjà et je ne vous apprends rien de nouveau. C’est comme les 5 fruits et légumes par jour, on nous le répète à longueur de journée à la télé.

Une étude publiée en 2011 dans le journal médical The Lancet a même démontré que seulement 15 minutes d’activité physique modérée par jour pourrait diminuer la mortalité globale de 14%.

Cela représente 3 ans de plus à notre espérance de vie, rien que ça !

C’est indiscutable, le sport est nécessaire pour préserver notre santé et accroître notre longévité.

Mais la santé, ça se joue aussi dans la tête.

Les vertus énumérées un peu plus haut s’appliquent à notre santé physiologique (notre organisme), qu’en est-il de notre santé psychologique ?

On peut dissocier la santé physique de la santé mentale pour obtenir une meilleure compréhension de leur fonctionnement, mais elles sont étroitement liées.

Tout comme la méditation, le sport est bon pour le moral.
Il permet de lutter contre le stress, l’anxiété et de ressentir une sensation de bien-être général.

La pratique d’une activité physique régulière permet aussi de réduire les troubles mentaux.

Et tout commence par de petits efforts comme le vélo, la marche ou la course à pied.

En s’immergeant dans l’activité en elle-même et en se concentrant sur le mouvement, le sport permet de se vider la tête en éliminant les pensées compulsives.

Pour être plus précis, ce sont les hormones “du bonheur” qui sont sécrétés dans le cerveau pendant l’activité physique : la dopamine et l’endorphine.

Elles viennent donc en complément de la connexion avec l’esprit et de l’immersion dans le flow, que l’on retrouve dans la méditation.

Résultat : un joli cocktail de bienfaits physiologiques aux notes de vertus mentales.

S’ il vous arrive aussi de fixer des objectifs physiques à atteindre, vous développez par la même occasion une certaine forme de résilience, de détermination.

Des atouts qui forgent d’autant plus votre mindset pour accomplir les différents projets professionnels et personnels que vous avez en tête.

Et derrière l’objectif atteint une fois le chemin parcouru, se dessinent l’estime de soi, la confiance en soi ou encore l’accomplissement personnel.

Un cercle vertueux à expérimenter tout au long de votre vie pour cultiver le bonheur un peu plus chaque jour.

Vous méditez bien plus que vous ne le pensiez, et même sans n’avoir jamais essayé la méditation si c’est votre cas.
J’espère que vous repenserez à cet article en étant pleinement conscient de vos pensées lors de votre prochaine séance de sport.

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Alexandre Dada

J'explore de nouvelles perspectives pour une vie plus saine et intentionnelle. Ma newsletter Paradigmes : http://bit.ly/3CvokmG