Foot amateur : Cinq anecdotes sur Lyon — La Duchère, le club allergique à la défaite en 2023–2024
Pensionnaire de National 3, l’équipe de Lyon — La Duchère a obtenu son billet pour les 32èmes de finale de la Coupe de France au cours du week-end passé. Depuis le début de la saison, les joueurs du président Jean-Christophe Vincent sont même invaincus toutes compétitions confondues et peuvent encore le rester. Voici un aperçu de l’identité du club, à travers cinq anecdotes.
Sa création est liée à la décolonisation de l’Algérie
En juillet 1962, les Accords d’Évian entrent en vigueur et l’Algérie devient une nation indépendante après huit ans de guerre contre le colon français, qui était arrivé en 1830 sur ces terres-là. Cette guerre d’Algérie marque profondément le climat politique français et recompose la société française. La jeune Cinquième République (créée en 1958 dans ce contexte) voit notamment arriver nombre de “Pieds-Noirs” dans l’Hexagone, les citoyens français qui s’étaient installés en Afrique du Nord durant la période coloniale. Ce sont ces personnes dites rapatriées de ce pays méditérannéen qui se trouvent à l’origine de la création du club. Il voit le jour en 1964, quelques mois après “l’Amicale des rapatriés et de leurs sympathisants de la Duchère-Champagne et région lyonnaise”. Ensuite, sa structuration se déroule progressivement jusqu’aux années 1990.
Le club aurait pu connaître le monde professionnel dans les années 1990
Bien qu’ils soient très bien implantés aux yeux des observateurs de football à Lyon, les joueurs duchérois n’ont jamais eu le bonheur d’obtenir le statut professionnel. Dans les faits, du moins. En 1993, l’histoire aurait effectivement dû s’écrire différemment car les hommes du président Jean Rouch étaient parvenus à tenir leur place sur le podium de la troisième division (actuel championnat de National). Des difficultés sur le plan structurel sont néanmoins venues gâcher la fête. De plus, cela se transforme en cauchemar lorsque trois ans plus tard, des soucis économiques provoquent une dégringolade. Le nouveau président Richard Benamou doit alors relever un club rétrogradé en Division d’Honneur. À son départ en 2008, le club venait de disputer un 16ème de finale de Coupe de France contre le Lille OSC, l’un des clubs majeurs de la Ligue 1 de l’époque (entraîné par Claude Puel).
Le coach duchérois a déjà connu un Mondial
En France, quand les amoureux du football pensent à la Coupe du Monde 2006 organisée par l’Allemagne, ils ne peuvent pas oublier l’excellent parcours des Bleus en phase à élimination directe. Plus particulièrement, les victoires contre l’Espagne de Luis Aragones et le Brésil, jusqu’alors champion du monde en titre, ont leur place dans les livres d’histoires. Au même titre que la dramatique finale contre l’Italie et l’inoubliable coup de tête de Zinedine Zidane dans la poitrine du défenseur transalpin Marco Materazzi. Seulement, rien de tout cela ne serait arrivé si les hommes de Raymond Domenech s’étaient inclinés contre le Togo au troisième match du groupe G. L’effectif des Éperviers comptait évidemment les stars Emmanuel Adebayor (ex-Arsenal et Manchester City) ou Kossi Agassa (ex-FC Metz et Stade de Reims) mais aussi Alaixys Romao (ex-OM et Stade de Reims), Robert Malm (consultant beIN Sports) et Ludovic Assémoassa ! Ce dernier, qui partage la fonction d’entraîneur des Rouges avec Karim Bounouara, était âgé de 25 ans lors de la compétition. Il peut se vanter d’une place de titulaire comme latéral gauche au début du premier match des Togolais contre la Corée du Sud. La formation d’Afrique de l’Ouest, qui n’a participé qu’à un seul Mondial était la troisième équipe la plus jeune du tournoi.
Lyon — La Duchère a été le premier adversaire de la carrière d’un champion du monde
Le 8 janvier 2012, l’Olympique Lyonnais de Rémi Garde, déjà vainqueur de la Coupe de France en 1964, 1967, 1973 et 2008 affronte son voisin duchérois qui se trouve au rendez-vous des 32èmes de finale de cette compétition. Seulement, ce n’est pas un exploit du club du Plateau que le football français retiendra ce jour-là. C’est plutôt la première apparition dans la cour des grands du roc Samuel Umtiti. Il remportera d’ailleurs cette édition de la Coupe de France et fera le bonheur des Gones jusqu’en 2016 avant de s’envoler vers le FC Barcelone. C’est aussi lui qui va entrer dans l’histoire en permettant aux Bleus de Didier Deschamps de se qualifier pour la grande finale de la Coupe du Monde 2018 après son décisif et légendaire coup de casque contre la Belgique, au tour précédent. Les belles histoires commencent donc parfois d’une manière anodine.
L’exploit de 2023 contre le SC Bastia n’est pas le seul fait d’armes duchérois en Coupe de France
Le 18 novembre dernier, le public du Stade Balmont — qui ressemble à une forteresse cette saison — a accompagné son équipe bien-aimée vers un exploit. Les coéquipiers de Jafar Demdoum (24 ans), capitaine et auteur d’un doublé de passes décisives dans cette rencontre, se sont offerts le scalp du Sporting Club de Bastia (4–1), équipe qui évolue en Ligue 2. Néanmoins, ce splendide résultat n’est qu’une suite logique dans la relation passionnelle qui unit Lyon — La Duchère et la plus vieille compétition du football français depuis le début du XXIème siècle. En effet, en 2005–2006, la Lyon-Duchère AS (le nom originel du club) s’est inclinée contre le Paris Saint-Germain en huitièmes de finale après avoir renversé deux autres formations de l’élite, à savoir le Toulouse FC et le Racing Club de Strasbourg. Puis en 2019, les portes d’un huitième de finale disputé contre l’AS Vitré (National 2) s’ouvrent à nouveau quand les joueurs du 9ème arrondissement s’offrent le Nîmes Olympique (Ligue 1) en 32èmes de finale et l’ASF Andrézieux Bouthéon (N2) lors des 16èmes. Le début d’année 2024 et le match à venir (week-end du 5 janvier) contre le Puy Foot 43 Auvergne (National 2) dira si l’ivresse de la coupe peut encore se prolonger. La dynamique actuelle indique que oui mais le ballon rond ne sera jamais une science exacte.
Alex Renaud-Bourbon
Photos d’illustrations : www.lyonladuchere.fr
