Maternité : Comment le football français compte (enfin) protéger les mères

Alex Renaud-Bourbon
3 min readMar 7, 2024

Très mauvais élève en matière de protection des joueuses ayant pour projet de devenir mères, le football français a enfin décidé de réagir. De nouvelles mesures vont entrer en vigueur au début de l’été pour faciliter la vie des footballeuses voulant concilier sport et vie familiale.

Les joueuses de l’Équipe de France lors de la Coupe du Monde 2023, avant le match face à l’Australie.

C’est une avancée majeure dans l’histoire du sport féminin tricolore qui se prépare. Au 1er juillet 2024, les joueuses de football évoluant en D1 ou de D2 pourront accéder à une vraie protection juridique en cas de maternité pendant leur carrière. Aucune réglementation officielle n’existait à ce sujet dans le football français. Seul le handball avait concrètement agi en faveur de ses joueuses avec la convention collective ratifiée en 2021.

Une décision cruciale pour l’avenir des mères dans le football

Ces nouvelles dispositions s’articulent autour de trois mesures phares portées par Foot Unis, le syndicat des clubs professionnels français et son président Laurent Nicollin (Montpellier Hérault Sport Club). D’abord, elles garantissent le versement total du salaire de la joueuse pendant 90 jours (soit trois mois au total). Cela s’appliquera à toutes les femmes, qu’elles soient employées dans le football français depuis quinze ans ou quinze jours. Aucun jour de carence, c’est-à-dire sans salaire ni indemnités ne sera toléré. Ensuite, tous les clubs concernés par l’adoption de cette recommandation patronale recevront de l’argent de la part de l’Assurance Maladie pour faciliter ce maintien salarial annoncé. Dans le même temps, ces clubs seront également tenus d’accompagner leurs joueuses financièrement à deux moments clés, à savoir les seize semaines du congé maternité et les trois mois qui viennent après l’accouchement. Cela permet notamment à la joueuse concernée de penser aux premiers mois de son enfant puis à son retour sur les pelouses en étant moins préoccupée par le reste. Théoriquement, des histoires comme celle vécue par Sara Björk Gunnarsdóttir, victime de l’Olympique Lyonnais durant sa grossesse en 2021 ne pourront plus se reproduire.

Patron du MHSC, Laurent Nicollin a agi en faveur des footballeuses avec son syndicat.

Ce bon en avant juridique doit en appeler d’autres

Investis en faveur du développement et d’une professionnalisation plus complète du football féminin français, Laurent Nicollin et Jean-Michel Aulas (ex-président de l’Olympique Lyonnais et membre du Comex de la FFF) se félicitent de pouvoir offrir ces garanties essentielles et nécessaires à la pratique du haut niveau sportif” aux femmes qui peuplent les deux premières divisions françaises. Pour rappel, à partir de la saison 2024–2025, la nouvelle Ligue Féminine de Football Professionnel fera son apparition. Par conséquent, la structuration du football féminin dans l’Hexagone pourra franchir un nouveau cap en prenant exemple sur l’Angleterre et les États-Unis. Toutefois, il est encore nécessaire de débloquer les négociations par rapport à la convention collective censée structurer cette nouvelle Ligue. La victoire historique obtenue sur le terrain de la maternité ne doit pas rester le seul bénéfice accordé aux joueuses.

En attaquant l’OL, Sara Björk Gunnarsdóttir s’est battue pour une meilleure protection des mères dans le foot français.

Alex Renaud-Bourbon

Co-auteur de Naissances et renaissances, enquête sur la maternité dans le sport de haut niveau.

Photos d’illustration : AFP, les Échos/DR, Catherine Ivill/Getty Images.

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Alex Renaud-Bourbon
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Journaliste lyonnais guidé par les petits et grands récits. Sport - Société - Histoires