Réfugiés connectés, ou les technologies pour une société inclusive, ft Singa

Alizée Lozac'hmeur
6 min readOct 2, 2015

Quelques lignes pour découvrir l’histoire d’un projet, construit de bout en bout par des citoyens engagés pour construire des solutions durables à la problématique des réfugiés en France. Quelques lignes pour découvrir comment un entrepreneur social pionnier et un mouvement de citoyens passionnés parviennent à faire bouger les lignes.

SINGA, “Accueillir les réfugiés, renforcer les sociétés”

J’entends parler de Singa pour la première fois lors de l’annonce de la nomination des “fellows” Ashoka 2014, ces entrepreneurs qui inventent de nouvelles solutions pour des problèmes de société qui les touchent et en montrent toute l’efficacité. Erigés en modèle, ces entrepreneurs sont accompagnés dans leur développement à grande échelle. La grande majorité d’eux sont alors copiés dans d’autres régions du monde, preuve de leur succès ! Car qui entreprend pour créer un impact positif sur notre société est heureux de voir sa solution se démultiplier, augmentant de fait son impact.

Singa travaille aux côtés de personnes réfugiées en France pour leur permettre de s’intégrer et de libérer leur potentiel au sein de cette nouvelle société, en tant qu’artistes, journalistes, entrepreneurs, professeur de sport, ou tout autre chose ! Le projet de Singa me rappelle alors mon ami Pierre-Louis, qui donne des cours de français toutes les semaines à des réfugiés afghans, pour leur permettre de s’insérer dans la société française. En plus des cours de français, celui-ci me raconte les anecdotes issues de leurs échanges, avec les récurrentes : “Comment fait-on pour parler à une fille que l’on ne connait pas dans un bar ?” ou “Où rencontrer des français, ailleurs qu’au Pôle Demande d’Asile ?”. Au delà des ces anecdotes et des échanges linguistiques, de vraies échanges culturels ont lieu. Et mon ami Pierre-Louis en sort lui aussi grandi.

Car c’est celui qui me touche et m’interpelle dans la démarche de Singa. “Renforcer les sociétés”. Avec l’idée que l’aide aux réfugiés n’est pas unilatérale, que ces mouvements et migrations contribuent à enrichir nos propres sociétés, a les rendre plus ouvertes, plus riches, plus humaines. C’est ce message aujourd’hui qui naît à de nombreux endroits dans nos sociétés, comme une promesse pour le futur.

Hackaton Réfugiés Connectés

Quelques temps après, je rencontre Guillaume, cofondateur “boussole” de Singa (il donne le cap de son organisation ;) )! Guillaume vient de finaliser une belle étude sur l’usage fait par les personnes réfugiées des nouvelles technologies de l’information et de la communication, “Refugees and ICT”.

Plateformes web, réseaux sociaux, sites de rencontre, systèmes de visioconférence, applications mobiles … Comment les réfugiés qui arrivent dans nos pays se servent-ils de ces nouvelles opportunités ? Car si celles-ci transforment nos vies, elles transforment forcément les leurs !

Après de nombreuses rencontres et analyses, la conclusion tombe : OUI les réfugiés utilisent bel et bien ces outils web et mobiles, qui constituent souvent leur dernier lien avec leur société d’origine et leur premier avec le pays d’accueil. Mais NON, très peu de solutions ne s’adressent à eux, profitant de cette opportunité pour répondre à leurs besoins fondamentaux.

Il n’en fallait pas plus pour titiller la soif d’action des entrepreneurs qui sont en nous : agissons ! Inventons et développons des solutions pertinentes pour les personnes réfugiées au quotidien en utilisant ces outils qu’ils utilisent au quotidien.

A la croisée de l’expérience forte du terrain de Singa, de la communauté d’innovateurs sociaux et des méthodes de créativité de MakeSense, et de l’expertise digitale des élèves de l’école Simplon, nous avons monté le projet Réfugiés Connectés.

De quels besoins parlons-nous ?

Si le problème est bien défini, nous trouvons les solutions ! Nous ciblons 3 problèmes principaux rencontrés par les personnes réfugiées.

  1. Comment permettre aux personnes réfugiées de mieux connaitre leur société d’accueil ? Apprendre la langue française, maitriser les codes socio-culturels associés, rencontrer des français ayant des centres d’intéret commun, accéder aux institutions de droit français, … tout autant d’étapes fondamentales pour s’intégrer.
  2. Comment conserver un lien avec sa société d’origine ? Communiquer de manière sécurisée avec les proches restés au pays, s’informer sur l’actualité de sa société d’origine, et avant tout continuer à agir à distance pour améliorer la situation de son pays sont des préoccupations quotidiennes pour ces personnes en exil.
  3. Comment permettre à ces personnes réfugiées de contribuer activement à la société qui les accueille ? Valoriser les compétences et expériences inédites des réfugiés, développer des synergies sociales, culturelles ou économiques tout en modifiant le regard des citoyens : nous en arrivons à cette notion de “Renforcer” !

A chaque défi, une solution !

C’est le pari que nous faisons chez MakeSense. Sur ces 3 défis ciblés, nous animons avec Julien et Habib 3 ateliers de créativité, réunissant en tout environ 80 bénévoles, pour inventer des solutions concrètes à ces défis. Des personnes réfugiées sont présentes, pour challenger les les premières idées ets’assurer de leur utilité !

A la fin de l’après-midi, 8 idées d’applications étaient nées !

En voilà de bien belles idées !

2 semaines après, des développeurs et designers nous ont alors prêté main forte pendant tout un weekend pour donner vie à ces idées, belles sur le papier. Un weekend de labeur, mais surtout d’échanges, de collaborations et de créativité pour faire de ces rêves une réalité. A la fin du weekend ce sont 3 applications prêtes à être testées qui sortent :)

Une application qui permet à des citoyens d’héberger des réfugiés chez eux, une plateforme ludique pour traduire les expériences multiples et riches de ces personnes en CV utilisable et un wiki collaboratif pour aider aux premiers pas dans un nouveau pays d’accueil.

Mission réussie, impact atteint !

Car il faut choisir, le jury récompense l’application CALM — Comme A La Maison, qui permet à des familles d’accueillir chez eux, sur des personnes réfugiées sur des temps allant de 2 semaines à 6 mois. Cet accueil, loin d’une aide d’urgence, est une main tendue et un tremplin pour accélérer et faciliter l’insertion de ces personnes, via la formation ou le travail par exemple.

Aujourd’hui, après un mois d’existence à peine, plus de 9 000 familles se sont déjà inscrites. Plus que la réussite d’un projet, c’est un symbole fort de tolérance, d’hospitalité et de solidarité qui est envoyé. Preuve que la mobilisation citoyenne a de beaux jours devant elle !

Et vous dans tout ça ?

Si vous aussi vous souhaitez prendre part à ce mouvement et vous mobiliser pour soutenir des solutions à fort impact pour les réfugiés, MakeSense et Singa étendent cette mobilisation dans le monde entier ! Plus d’informations ici.

Nous vous remercions !

Partagez vos idées pour résoudre les défis d’entrepreneurs sociaux autour de 3 axes : la sécurité, l’accès aux besoins primaires, l’inclusion sociale et les opportunités économiques : forward.makesense.org/refugees

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