Les histoires d’un étudiant sans histoires

Partie 1 : Le réveil

Alma Mater
3 min readDec 11, 2017

Un fracas assourdissant réveilla Raph dans son petit appartement de la rue Mouffetard.

Il ouvrit les yeux avec une légère nausée, et tenta de se redresser : le monde tanguait avec véhémence autour de lui. Les coups extrêmement sonores se faisant de plus en plus réguliers, sa tête résonnait comme si on le frappait avec une batte de baseball. Le son abrutissant venait, évidemment, de la voisine obèse du dessus qui s’exerçait à la gymnastique. Comme d’habitude.

Il passa la paume de sa main droite sur ses yeux pour les frotter, comme si elle avait le pouvoir d’effacer chacune de ces douleurs, puis il passa son regard sur la pièce unique de son appartement, inchangée. Alors qu’il se levait, il prit pour point fixe la porte de sa salle de bain, et s’y dirigea non sans mal. Il s’avança vers le lavabo, et ouvrit le pommeau d’eau chaude. Raph passa sa main sous l’eau ; le chauffe-eau ne fonctionnait pas. Comme d’habitude.

Il se résolut à se passer de l’eau froide sur le visage. En se regardant dans le miroir, il vit des cernes sous ses yeux bleus, et ses lèvres asséchées par tout l’alcool qu’il avait bu la veille. Il passa ses mains dans ses cheveux blonds et bouclés pour réfléchir aux évènements du soir dernier : il avait fait la tournée des bars avec des amis. Il y avait Julien, Clément, Jane, Annick… Le jeune homme se souvenait avoir fait trois bars lors de leur barathon, mais ensuite les souvenirs se faisaient extrêmement lointains. Comment était-il rentré chez lui ? Et surtout : quand ? Il n’avait pas l’impression d’avoir dormi énormément, après cette soirée. Comme d’habitude.

À pas lourds, il sortit de la salle de bain pour se rediriger vers son lit. Il était heureux de ne faire la fête que le samedi soir, cela lui permettait de se reposer le lendemain. Avant de s’allonger, il referma correctement les rideaux pour ne laisser aucun faisceau de lumière passer, puis il attrapa du bout des doigts son téléphone posé sur la table basse. Lorsqu’il appuya sur le bouton, il fut aveuglé par la lumière de celui-ci : il avait l’impression d’avoir le soleil à quelques centimètres de ses yeux. Il se dépêcha de baisser la luminosité, et vit qu’il était quatre heures de l’après-midi : encore une journée de gâchée. Comme d’habitude.

Cependant, ce n’est pas la seule chose qu’il vit. En dessous de l’heure, était affiché un sms, d’un numéro qu’il ne connaissait pas. Après une légère réflexion, il l’ouvrit rapidement : « Cette soirée était merveilleuse. Ça faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir avec quelqu’un ! Eh oui, tu sais t’en servir, rassure-toi. ;) J’espère qu’on se verra demain à la fac ! » Cette fois-ci, le fracas était mental. Que s’était-il passé la veille ? Qui était cette personne ? Et comment cela se faisait-il qu’il ne se souvenait de rien ? La peur lui monta rapidement à la tête.

À la porte, quelqu’un frappa en donnant deux gros à-coups puis deux petits : c’était forcément Clément. L’homme aux cheveux bouclés se leva avec la boule au ventre, puis ouvrit la porte :

« Alors, champion ?! Je ne te l’avais pas dit ? Tu gères, mon vieux ! » S’exclama Clément beaucoup trop fort pour Raph et son mal de crâne.

Guillaume Girier

La suite le 18 décembre !

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