Le Manifeste des Z’atYpiques

Choisir d’être soi et rien d’autre : un engagement militant

Anne-Laure Frite
4 min readSep 19, 2016

--

On part encore principe que l’existence se construit entre ce qu’Edgard Morin nomme “la partie prosaïque de la vie” , en opposition à “la qualité poétique de la vie”. L’une étant “ce que nous n’aimons pas faire mais que nous devons faire pour gagner de l’argent”, tandis que l’autre renvoit à notre humanité profonde, faite d’ “émerveillement, communion, admiration, reliance entre les êtres”.

Alors je vous le demande :

Est-il possible de vivre “poétiquement” (c’est à dire , intelligemment) en réduisant la partie prosaïque de la vie à son strict minimum ?

Oui, et beaucoup de gens le font déjà.

Seulement on ne parle presque jamais d’eux.

Nous avons inventé l’argent pour simplifier les échanges, et donc favoriser les relations entre les gens. Il semblerait qu’aujourd’hui une poignée de gens contrôlent l’argent, et donc aussi le temps et la vie de tous les autres gens. Leurs principes idéologiques, construits pour se maintenir en position dominante, continuent de dicter comment nous devons vivre.

Evidemment, cette manière de vivre là n’est pas faite pour que chacun s’épanouisse. On en a rien à foutre, là, de vos élans poétiques intérieurs. De vos rêves. De vos aspirations les plus profondes. Soyez là à 8H00 demain matin, et finissez moi ce dossier pour ce soir. Vous réfléchirez sur votre “temps libre”. Le reste de votre temps ne l’est donc pas.

Bref.

L’humain et son intelligence sont complexes. Nous ne voulons pas l’entendre, peut-être sommes-nous effrayés par l’étendu des possibles, ou encore très ignorants face à la complexité de notre cerveau et de son fonctionnement.

Même si la révolution est en marche, il y a encore des milliers d’âmes à rassurer, nourrir, soigner pour réparer les dégâts causés par des décennies de violence idéologique envers la complexité des êtres et son déni par l’école et le monde du travail.

Peut-être aussi que l’accès à notre propre temps sur terre, la connexion directe à nous-même, fait l’objet d’une lutte de pouvoir dont nous ne percevons pas les rouages. Sans doute portons nous sur nos petites épaules individuelles des problèmes qui ne relèvent pas de notre rayon d’action.

Sans (aucun) doute sommes nous des ressouces extrêmement plus précieuses que nous en avons conscience, puisque les puissants de ce monde se battent pour elles.

Alors, je vous le demande :

Comment est-il encore possible aujourd’hui que le salariat classique, la sédentarité, l’intelligence logico-mathématique et la carrière linéaire soient tant valorisés alors qu’une large majorité de personnes ne correspondent pas à ces standards et enrichissent le monde de manière inégalée ?

Il est grand temps de valoriser ce qu’on appelle trop souvent “l’atypisme”, les parcours complexes, la créativité, la force et le courage de tous ceux qui font des choses passionnantes, parfois envers et contre tout. De mettre sous le feu des projecteurs les artistes, les fondateurs, les créateurs, les entreprenants, les pionniers, les gens perdus qui se cherchent et dont la quête est source d’inspiration, les “multipotentiels”, les caregivers qui mettent leur temps et leur énergie au service d’un monde meilleur pour les autres, tous les autres, et pas seulement les puissants.

Il se trouve que ce sont souvent des femmes (mais pas que).

Il se trouve que ce sont souvent des minorités (culturelles, démographiques).

Mais pas que.

Il se trouve que ce sont souvent des personnes aux influences culturelles multiples (immigrées, voyageuses, expatriées, enfants de la troisième culture…).

Mais pas que.

Il se trouve que ce sont souvent des gens humbles et discrets qui travaillent en solo ou avec un petit réseau de confiance.

Mais pas que.

Il se trouve que les vraies clés pour aider nos enfants à être eux-mêmes tout au long de leur vie et construire le monde de demain sont entre leurs mains.

Chers Z’atYpiques de tous bords, cette publication est la vôtre.

Entrepreneurs, créateurs, innovateurs… ceux qui s’emploient à faire de leur vie une oeuvre d’art sont les bienvenus pour porter cet engagement militant fort : celui d’être soi, et rien d’autre.

Envie de prendre la parole et de faire connaitre vos super pouvoirs (ou ceux de quelqu’un qui vous inspire) au monde ? Ecrivez à l’éditeur : annelaure@retourenfrance.fr
Artiste : Jason Ratliff // jason-ratliff.com

--

--

Anne-Laure Frite

Passionnée par les Internets, je tente régulièrement de devenir chercheuse universitaire ou écrivain célèbre sans jamais y parvenir.