Le danger de la critique

Antoine BM
2 min readAug 14, 2017

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J’adore Céline. Non, je ne parle pas de la chanteuse.

Voyage au bout de la nuit m’a foutu une claque.

Ce mec était un génie lorsqu’il s’agissait de mettre des mots sur des choses que l’on ressent tous, qui nous rongent, et qui sont difficiles à expliquer.

Céline avait cette capacité à traduire le réel en mots, sans tomber dans la grandiloquence littéraire.

On sentait aussi chez lui une grande empathie.

Pourtant, seulement quelques années après, ce même auteur soutiendra le régime nazi et écrira des horreurs antisémites.

Dieudonné était un de mes humoristes préférés, qui avait un talent immense pour démontrer l’absurde et faire rire.

Pourtant, il s’est enfermé dans une escalade de haine et de frustration qui l’a mis au ban de la société.

Ces deux auteurs, bien que très différents, ont deux choses en commun :
1. Ils étaient très talentueux
2. Ils ont été la cible de critiques qu’ils n’ont pas supportées.

Céline d’abord plébiscité par la presse, a vu les critiques pleuvoir et les ventes baisser lors de la parution de son deuxième livre.

Dieudonné, promis à une grande carrière d’humoriste, a fait une blague qui est mal passée, lançant une polémique.

Céline aurait pu accepter les critiques, passer à autre chose, et réaliser un nouveau chef d’œuvre.

Dieudonné aurait pu s’excuser et continuer à faire rire.

Je pense qu’aucun des deux n’était antisémite au départ.

Céline a défendu Émile Zola dans un discours commémoratif, et Dieudonné a travaillé des années avec un juif, qui était aussi l’un de ses meilleurs amis.

Ce qu’il s’est passé, c’est qu’ils n’ont pas supporté la critique.

Ils ont voulu y répondre en gardant leur fierté, et se sont peu à peu murés dans la haine.

Pourquoi je te raconte ça ? Parce qu’en tant que créateurs de contenu, on est sans arrêt sous le feu de la critique. Avec les dislikes, les commentaires, et les « justiciers du web » (journalistes et youtubeurs moralisateurs), on est dans le viseur.

Et on peut à tout moment se faire shooter.

Se faire shooter, c’est subir la critique de trop, la prendre personnellement, et sentir ce désir de vengeance qui monte en nous.

Ce besoin de répondre, de leur prouver qu’ils ont tord.

C’est dangereux.

C’est en partie pour cette raison que j’ai arrêté YouTube, Twitter, les commentaires et tout le bruit des réseaux sociaux.

Je vois les dangers de l’exposition à la critique, et je ne veux pas en être une nouvelle victime.

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Antoine BM

J’ai arrêté mes études à 21 ans pour prendre mon indépendance, vivre de mes vidéos, et voyager.