Regarde le monde changer sous tes yeux !

Alexandre Pachulski
7 min readMar 30, 2020

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Source : ag_photographe sur Instagram

Et soudain, le monde s’arrêta ! Alors que nous étions tous pied au plancher dans notre folle fuite en avant, l’Univers a mis un gros coup de frein, et la presque moitié de l’humanité est confinée à son domicile. Un peu partout dans le monde, les rues sont désertes, la pollution a diminué, les guerres se sont arrêtées. Comme le fait remarquer l’écrivain tchadien Moustapha Dahleb, alors que des millions de personnes meurent chaque année des effets de la pollution et de la malnutrition, il n’aura fallu que « quelques » milliers de mort pour que notre système mondial flanche, pour ne pas dire s’écroule. Parce que cette fois-ci, les morts en question, ce sont nos proches, ça peut même être nous….

Bref, tout ce qui était soi-disant impossible à réaliser s’est réalisé, comme si un génie était sorti de la lampe d’Aladin pour exaucer nos souhaits. Si ce n’est que ce n’est pas arrivé parce que nous l’avons voulu, mais parce que nous avons dû…. La question de savoir ce que l’on va faire en sortie de crise se pose donc bel et bien ! Comme le rappelait récemment l’une de mes collaboratrices, Malraux disait que le XXIème siècle serait spirituel ou ne serait pas. Ce coup d’arrêt est peut-être notre opportunité collective de changer de cap. Chacun chez soi, nous cherchons à nous adapter, à comprendre le sens de ce qui nous arrive, à tenter d’en tirer le meilleur. Morceaux choisis.

  • Se reconnecter à soi et à ses émotions

« Je sais tout de ce qu’est la productivité et la proactivité mais nous ne devons pas oublier cette idée de paix et de connaissance de soi, celle de notre essence véritable ». « Etre à la maison ne va pas seulement ralentir la propagation du virus mais cela nous donne aussi l’opportunité de vraiment se centrer sur nos émotions et d’autres activités spirituelles qui ont longtemps été écartées et ignorées » .

Ces paroles n’émanent pas d’un philosophe (de profession), mais du champion de tennis Novak Djokovic. Car oui, nous avons couru après tout pendant toutes ces années sans nous demander après quoi on courrait vraiment. Un peu comme ces piétons pressés de traverser la rue alors qu’ils ne sont pas pressés.

Comment sortir de la Matrice ?

Nous avons oublié en chemin de nous demander quels étaient nos véritables buts, ce qui importait réellement pour nous. Comme si nous devions rendre des comptes à quelqu’un d’autre que nous. Sommes-nous finalement ces individus coincés dans une bulle dont la seule utilité est de constituer la source d’énergie de « la Matrice » ? Il est grand temps de nous libérer de ce joug invisible de la société et de nous demander ce que nous souhaitons vraiment faire de notre vie.

  • Se questionner sur ses véritables besoins

La chef d’entreprise Inès Leonarduzzi a écrit un article très intéressant nous invitant à mettre en place des mesures fortes à la lueur de ce qui nous arrive : « La première : l’intégration transversale de l’écologie (dans le sens étymologique, étude de l’habitat) et des principes de développement durable. Dès l’école élémentaire, les enfants devraient apprendre la signification d’une pandémie : comment elle naît, à quoi elle est due et comment on l’empêche. Aujourd’hui, nous n’apprenons aux étudiants qu’à être efficaces, performants et produire de la richesse, du PIB. C’est, il me semble, en intégrant à l’éducation nationale des valeurs cardinales écologiques que nous pourrons devenir un pays de citoyens plus que jamais conscients des enjeux présents et à venir ». Partant du principe que la pandémie en cours est la résultante d’une longue séquence de destruction de la planète amenant les animaux à vivre un peu trop proches de nous (dont le pangolin qui n’y est finalement pour rien selon le titre de l’article).

Le pangolin n’y est finalement pour rien

Nous devons aujourd’hui apprendre à concilier de façon plus intelligente nos envies et besoins individuels avec ceux du collectif. Par exemple, j’aime faire de la moto. Non, ce n’est pas le fait de faire quelques tours de temps en temps qui a mis la planète dans ce triste état. C’est en revanche le fait que tout le monde se dise que ce n’est pas ça, qu’il n’y est pour rien, et ne change rien à ses habitudes. Car comme le rappelle Julien Vidal, « ça commence par moi ». Le but n’est pas de tout s’interdire, de ne plus rien faire, et de vivre très longtemps dans un monde que l’on jugerait ennuyeux. Mais ne peut-on pas se questionner sur nos besoins, et faire le tri entre ce qui relève d’un besoin fondamental et d’un simple loisir ? Voire d’un caprice ? Ne peut-on par remplacer un plaisir polluant par un autre, plus respectueux de la planète ? A en croire la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui, ces questions se posent et attendent des réponses rapides, pragmatiques.

  • Ne pas essayer de faire comme avant autrement, mais faire autre chose

Un peu à l’image du télétravail (pour ceux que cela concerne), nous avons essayé la première semaine de continuer coûte que coûte à faire tout ce que nous avions prévu de faire, mais à distance, avec les outils collaboratifs et digitaux à disposition. Pour nous apercevoir que ce n’était pas tenable. Alors nous avons posé le stylo une seconde et nous sommes demandés qu’est-ce qui serait le plus intelligent à faire compte-tenu des circonstances données.

Source : Drew Beamer sur Unsplash.com

Cela a eu un bel impact sur nos processus de décision. Nous avons en effet redécouvert avec bonheur l’efficacité et la vertu des circuits courts. Ne pouvant plus nous adonner aux dizaines de réunion habituelles et aux circuits de validation sans fin, les équipes se coordonnent plus simplement, loin des notions de hiérarchie, créent de nouvelles réponses à de nouveaux problèmes, et avancent finalement beaucoup mieux comme ça. Plutôt que de dépenser des millions d’euros en conduite du changement, s’agirait-il finalement de faire davantage confiance aux gens et de les laisser travailler tranquillement ?

D’autre part, plutôt que d’essayer de maintenir artificiellement en vie des projets qui ne sont plus d’actualité, ne peut-on pas se recentrer sur sa communauté ? Se demander ce que l’on peut faire pour elle, comment l’aider au mieux, sincèrement ? Sans mettre en avant la notion économique, mais d’abord la notion sociétale, sociale, du fait de la situation inédite à laquelle nous devons tous faire face. Ensemble. Nul doute que la porte de sortie de la crise se trouve plutôt dans cette direction.

  • Apprendre à nous écouter

Tout cela n’est possible que si nous cessons de vouloir paraître et commençons à « être vrais ». Si l’on regarde ce qui se passe en entreprise, il est de plus en plus courant de faire part de son humeur du jour en début de réunion. Si l’initiative est intéressante et a le mérite de permettre à l’émotionnel de s’introduire en entreprise, elle est souvent annihilée par la volonté de paraître. Que vont penser les autres si je dis que je me sens mal ? Que je suis inquiet du dénouement de cette crise ? Que j’ai peur ? Ce qui conduit chacun à braver tout cela pour aboutir à un « tout va bien », qui ne veut rien dire et fait perdre du temps à tout le monde….

Le mythe de Superwoman

Que faut-il pour que cela change ? Une envie sincère que chacun aille au mieux, ce qui veut nécessairement dire qu’il puisse être lui-même. Certains considéreront que ces réflexions n’ont pas leur place dans l’environnement professionnel, où il ne s’agit pas de faire ce que l’on veut mais ce qui doit être fait. Il ne s’agit pas d’être soi-même mais d’être celui que l’on « doit » être. Nous avons vu pendant des siècles où cela menait…. Et si nous ne sommes pas capables de nous écouter sincèrement au sein d’une équipe, que peut-on espérer au sein de nations ? Ou à l’échelle globale ? Et comment espérer écouter la planète, qui fait tout pour se faire entendre mais que nous n’écoutons plus, comme si nous étions indifférents à l’hôte qui nous héberge….

Saurons-nous ré-écouter la nature ?

Bref, ce confinement nous force à des questionnements inédits, auxquels il s’agira d’apporter des réponses menant à une véritable transformation, pour ne pas dire une mutation. Et cela passera forcément par une plus grande écoute de soi et des autres. Et comme dirait Pierre Mortez (Thierry Lhermitte) à Zézette (Marie-Anne Chazel) dans Le père Noël est une ordure : « si vous ne le faites pas pour vous, faites-le au moins pour nous » !

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Alexandre Pachulski

Author of UNIQUE(S) // Chief Product Officer @TalentSoft // Youtuber (Talents of Tomorrow) // Blogger (http://lestalentsdalex.com )