Lost in confinement !

alexandre pachulski
5 min readMar 17, 2020

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Lost in confinement !

What the « f… » is going on? C’est un peu ce que je me demande tous les matins en me réveillant depuis quelques jours. En France, la situation a été crescendo sur un temps très court. Du coup on est un peu passé de « je vais éviter d’aller voir tonton Bernard qui tousse » à « chacun chez soi », pour 15 jours (renouvelables façon période d’essai). Même si on ne peut plus se rendre au bureau pour aller bosser, on a bien bien compris qu’il ne s’agit pas de vacances et qu’on est censé bosser. Cette dernière remarque s’appliquant bien sûr au faible pourcentage de personnes qui peuvent télétravailler. Certains doivent encore aller sur le lieu de travail, certains n’ont plus de travail du tout (quasiment tous les commerçants…), et certains sont en train de se demander comment se réinventer (les gens qui travaillent dans l’évènementiel ou le tourisme par exemple).

Mais entre les formulaires à remplir pour aller promener son chien, les réunions en visioconférence étalées tout au long de la journée, et les enfants autour — pour ceux qui en ont — qui veulent jouer avec vous, n’ayant pas encore totalement saisi la notion de travail, on ne comprend pas bien ce qui se passe. Simplement parce que l’on n’a jamais vécu une situation similaire, que personne n’a de mode d’emploi, et que ce ne sont pas les films d’anticipation hautement anxiogènes qui vont nous aider (rappelons que le film « Contagion » de Steven Soderbergh est en tête des ventes sur les plateformes de VOD… #weird).

Alors, comme dans toute situation étrange et inconnue, on essaye de se raccrocher aux fondamentaux, pour se constituer une sorte de « petit guide de survie en période de confinement ». Je n’ai pas encore beaucoup de tuyaux à partager concernant la vie familiale, mais en voici quelques uns concernant la vie professionnelle (et pour ceux que ça intéresse, Thomas Pesquet a créé un petit tutoriel).

  • Oublier les frontières pro-perso

Depuis l’apparition des médias sociaux, nous n’avons eu de cesse de débattre autour du fait qu’il n’y avait plus de distinction entre la vie personnelle et professionnelle, qu’il n’y avait qu’un grand tout au sein duquel on se comportait différemment en fonction des moments (au bureau, chez soi, avec des collègues, avec des amis, etc.). Certains opposant qu’il fallait mieux distinguer vie intime et vie publique que vie perso et vie pro.

Bref, ces centaines d’heures de débat sont de toute façon aux oubliettes. Concrètement, je suis en train d’écrire cet article dehors, en me gelant un peu j’avoue, parce que l’enfant de mes amis avec qui nous nous sommes confinés a décidé de chanter Yelllow Submarine a tue-tête. Voyant cela, il est gentiment venu me rejoindre dehors pour me faire manger des cailloux-macarons. Tout cela après avoir fait quelques visioconférences avec, au choix, un collègue qui appelait de sa voiture dans son parking pour expliquer aux siens que c’était le temps du travail, et un autre qui était plus tranquille et a pu me présenter son chien (qui visiblement aime bien les visioconférences). Voilà.

Comme si l’heure n’était plus aux réflexions intellectuelles, aux élucubrations sur les potentialités du 21ème siècle, mais à la mise en pratique de ce que l’on pressentait bien depuis des années. Oui, le travail doit s’adapter à nous plutôt que l’inverse ! Pour cette période de confinement c’est certain, mais probablement pour la suite également. Bienvenue pour de vrai dans le 21ème siècle. Dommage qu’il nous ait fallu ça pour y rentrer.

  • S’intéresser sincèrement aux autres

Avant de faire semblant de passer en télétravail comme si de rien n’était, regardons la situation en face et acceptons-là. Certains célibataires sont coincés chez eux dans un 20m2. D’autres sont au contraire en famille avec leurs enfants, ou leurs parents, à gérer comme ils peuvent. Sans parler de ceux qui ont soit contracté le coronavirus, soit côtoyés des gens qui l’ont contracté. Avec l’anxiété que cela peut évidemment générer. Et ce pour une durée qui, avouons-le, sera probablement supérieure à quinze jours. Il faut d’abord digérer cela avant de pouvoir se projeter sur toute autre chose.

Bien sûr, la vie va devoir reprendre ses droits, et il va falloir nous réinventer. Qu’il s’agisse de l’expérience de travail ou non, sachant qu’on ne sait déjà plus quand elle commence ou s’arrête. Ne serait-ce que parce que même si la situation est difficile et anxiogène, elle aura une durée limitée ! On peut donc saisir cette période pour préparer l’après (mais ce sera le thème d’un article à suivre). Mais pour l’instant, l’heure est au lien social !

Comment rester en contact les uns avec les autres afin de ne pas se sentir seuls, isolés. Ce lien social qui va nous permettre, assurément, de traverser cette période de façon (un peu) plus sereine. Demandons à chacun comment il va, ce qu’il ressent, partageons simplement nos vécus comme le feraient des amis. Afin de prendre soin de l’autre, à distance certes, mais l’attention est palpable à distance et indispensable. Sans en faire trop non plus. Certains préféreront peut-être ne pas être trop sollicités. La beauté de l’être humain réside dans sa diversité. Découvrons-la, sincèrement, candidement, pour une fois. Et respectons la.

  • Personnaliser les relations au travail

Cela fait aussi des années que nous parlons de la nécessité de personnaliser l’expérience de chacun, afin de répondre conjointement à ses attentes personnes et ses ambitions professionnelles. Aucun doute, c’est le moment ! Cela résulte en fait naturellement du point précédent. Une fois que l’on comprend que chacun vit la situation différemment, a des besoins, attentes, contraintes qui lui sont propres, il nous faut adapter nos interactions en fonction de cela. Et apprendre à combiner ses contraintes avec celles des autres, de façon souple et bienveillante.

Demandez à vos collègues, ou à vos collaborateurs si vous êtes manager, ce qui arrange le plus les personnes avec lesquelles vous devez interagir. Cela peut-être de fixer des créneaux récurrents qui leur permettront de s’organiser au mieux et leur donnera des repères, ou bien au contraire tenter de se connecter en improvisant davantage. Comme m’a dit une collaboratrice : “Mon petit dernier de neuf mois va un peu se foutre de mon agenda”. CQFD. Le plus important dans cette période est que chacun sente que la priorité est son bien-être, et de pouvoir faire librement et sans aucune pression en fonction de ses contraintes, attentes, possibilités (et de son wifi aussi…). La encore, le respect d’autrui doit prendre le dessus.

La vie continue, différemment pendant une période donnée, et reprendra son cours. A nous de jouer pour installer un nouveau mode de vie, réinventer notre expérience de travail, renforcer plus que jamais — et presque paradoxalement — le lien social, dans ce moment où ce lien est malmené. N’hésitez pas à partager votre propre expérience, puisque cet article n’a finalement pas d’autre but que de continuer de papoter, presque comme on le ferait autour d’un verre. Alors à tout de suite 😉

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