Ce qu’être cultivé veut dire.

Anj Pambüh
2 min readJun 4, 2019

Ce post est le deuxième d’une série qui en compte trois. Le premier est ici.

Partons d’Alain Badiou, pour lui faire dire ce qu’il ne dit pas tout à fait : être cultivé, c’est être de plain-pied avec les grands dispositifs de pensée de l’humanité, ceux que l’on ne peut pas ignorer sans avouer par la même occasion que l’on est un barbare complet.

Badiou écrit ici en réponse à Michel Onfray. A l’époque de l’article, le fondateur de l’Université populaire de Caen vient de publier un pamphlet contre la psychanalyse freudienne et son fondateur. Dans son texte, Badiou insiste sur ces grands massifs que sont les oeuvres de Charles Darwin, Karl Marx et Sigmund Freud : tous des penseurs. Mais, rien n’interdit de tenir pour dispositifs de pensée des oeuvres de poésie, de littérature, de peinture, de cinéma, de musique, de sculpture, et d’architecture.

Détournons aussi Emmanuel Kant (Qu’est-ce que les Lumières ?: “Les lumières sont ce qui fait sortir l’homme de la minorité qu’il doit s’imputer à lui-même”. La phrase relève de ce qu’on pourrait appeler une éthique générale des conduites subjectives. Elle est ici requise (réquisitionnée ?) au service d’une éthique restreinte de la connaissance. Et je dois dire que j’aime assez l’idée qu’être cultivé, c’est se donner les moyens de son émancipation effective.

Pensons encore à Kant (Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ?), laissons-le se faire féconder par Hannah Arendt, et disons qu’être cultivé, c’est savoir “choisir ses compagnons parmi les hommes, les choses, les pensées, dans le présent comme dans le passé”.

Voilà !

C’est tout ça que j’ai voulu dire quand, dans le billet précédent de cette série, j’ai parlé de faire sa demeure à l’intérieur des œuvres et d’y instaurer une circulation qui rende intelligibles à soi-même et les œuvres et le monde.

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Anj Pambüh

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