Consensus scientifique concernant les effets pour la santé des RNI émis par les infrastructures et appareil de télécommunication sans fil grand public

Ariane Beldi
6 min readMay 9, 2019

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Depuis les années 90 et les premières craintes émises concernant les risques que les fours à micro-ondes pouvaient faire courir aux gens, ce ne sont pas moins de 25'000 études qui ont été menées sur les rayonnements non-ionisants (RNI) émis par nos appareils électro-ménagers et les infrastructures qui les alimentent, notamment les réseaux de télécommunication sans fil grand public. Celles-ci ont été menées aussi bien par les industriels (souvent parce que la loi le leur demande pour obtenir des autorisation de mise sur le marché) que par des chercheurs travaillant pour des organismes publics (universités, agences gouvernementales, etc.).

Agences publiques internationales et nationales

1. L’Organisation mondiale de la santé (OMS)

D’abord, l’OMS. Ils ont quelques pages qui sont assez bien faites et qui résument bien la problématique: https://www.who.int/peh-emf/about/WhatisEMF/fr/index1.html.
De manière générale, l’OMS estime que les normes actuelles utilisées par les infrastructures et appareils nous préservent de tous dangers avérés pour la santé. Le site montre aussi qu’aucun lien de cause à effets n’a jamais pu être établi, en plus de 20 ans de recherche, entre cancers et ces ondes. Ces études n’ont pas non plus pu mettre en évidence l’existence d’une électrosensibilité.

S’appuyant sur un examen approfondi de la littérature scientifique, l’OMS a conclu que les données actuelles ne confirment en aucun cas l’existence d’effets sanitaires résultant d’une exposition à des champs électromagnétiques de faible intensité. Toutefois, notre connaissance des effets biologiques de ces champs comporte encore certaines lacunes et la recherche doit se poursuivre pour les combler.

Certains militants ont accusé l’OMS d’avoir recruté des experts vendus à l’industrie et de se baser sur des constats manipulés par cette dernière ou même d’imposer des précautions dans ses bâtiments supérieures à celles de ses recommandations. Ces accusations sont sans fondements et relèvent pratiquement de la diffamation.

2. L’Union internationale des télécommunications (UIT)

Les recommandations de l’UIT de 2018 (désolée, je n’ai trouvé qu’en anglais): https://www.itu.int/ITU-T/recommendations/rec.aspx?rec=13643.
Celles-ci montrent qu’aux seuils actuels, les RNI émis par les infrastructures de télécommunication sans fil grand public ne présentent pas de risques avérés pour la santé humaine et qu’ils sont 10 fois plus strictes en Suisse que dans le reste de l’UE.

Whilst most countries adopted these scientifically based RF-EMF guidelines, a small group of countries, regions or even cities within the same country, especially in Europe (e.g., Poland, Russia, Italy, Switzerland, Paris city and regions in Belgium), use limits that are ten to a hundred times lower. (p.2)

Le rapport des derniers ateliers de l’UIT sur la 5G (2018): https://news.itu.int/5g-electromagnetic-field/.
Ils vont bientôt de nouveau se réunir, en mai. Ce rapport confirme les précédents.

3. L’Office fédéral de la santé publique — OFSP (Suisse)

Les rapports de l’OFSP (2016):

  • Des fiches sur les divers appareils électro-ménagers émettants des RNIS: https://www.bag.admin.ch/bag/fr/home/gesund-leben/umwelt-und-gesundheit/strahlung-radioaktivitaet-schall/elektromagnetische-felder-emf-uv-laser-licht/emf.html
  • Dossier: Téléphones mobiles et smartphones (2016): https://www.bag.admin.ch/dam/bag/fr/dokumente/str/nis/faktenblaetter-emf/faktenblatt-smartphone.pdf.download.pdf/faktenblatt%20smartphone%20f.pdf.

Il subsiste des incertitudes quant aux effets sur la santé d’une exposition prolongée au rayonnement à haute fréquence émis par les téléphones mobiles ; une exposition de courte durée ne présente quant à elle aucun risque. Des incertitudes subsistent également quant aux effets sur la santé d’une exposition prolongée au rayonnement à basse fréquence généré par les composants électroniques et la batterie des appareils; une exposition de courte durée ne présente aucun risque. (p.1–2)

L’étude Interphone livre de faibles indices allant dans le sens où le risque d’apparition d’une tumeur cérébrale maligne pourrait augmen-ter en cas d’usage fréquent du téléphone mobile.(p.2)

4. Le Scientific Committee on Emerging and Newly Identified Health Risks — SCENIHR (UE)

Les rapports du SCENIHR de 2015:

The results of current scientific research show that there are no evident adverse health effects if exposure remains below the levels set by current standards

Sociétés savantes

Mise au point de 2009 par l’académie nationale de médecine en France: https://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1163

Le National Cancer Institute (USA) qui fait une veille de la recherche sur les liens entre RNI et cancer (dernière mise à jour au début 2019). On y trouve notamment une grosse bibliographie, avec des liens directs vers certaines études ou autres rapports: https://www.cancer.gov/about-cancer/causes-prevention/risk/radiation/electromagnetic-fields-fact-sheet

Études emblématiques et méta-analyses

Magazine des consommateurs

Et un résumé global par le magazine français Que Choisir, que j’ai trouvé pas mal et qui est entièrement accessible aux non-abonnés (alors que les autres articles nécessitent un accès payant): https://www.quechoisir.org/decryptage-ondes-electromagnetiques-l-argumentaire-des-associations-passe-au-crible-n9569/

La 5G

Concernant la 5G, il faut savoir que ce sont les mêmes ondes qui sont utilisées que pour la 4G, la 3G, la 2G et la 1ère Génération. Ce qui diffère, c’est la gamme de fréquences utilisées, mais ces fréquences sont déjà utilisées depuis belle lurette pour les radiocommunications (https://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1150):

La majorité des utilisations classiques des radiocommunications se situent entre 150 kHz et 100 GHz, avec une très forte concentration entre 150 kHz et quelques dizaines de GHz.

À ce jour, la téléphonie mobile utilise surtout les fréquences situées entre 0.3 et 3GHz, tandis que les fréquences destinées à la 5G ces prochaines années, soit entre 3 et 30GHz, sont utilisées essentiellement pour les alarmes anti-intrusion et les radars. Elles sont moins saturées que les fréquences actuelles utilisées par la 3G et la 4G. Cela ne signifie pas non plus qu’à partir de 2020, nous serons tous obligés de changer de téléphone portable. De même que la 3G est toujours en fonction, des années après que la 4G ait été introduite, il en ira de même pour cette dernière qui restera en service probablement jusqu’en 2025–2026, voire plus longtemps.

En réalité, l’introduction de la 5G devrait permettre de désengorger certains réseaux, tout en permettant le développement de technologies qui n’ont rien de lubies nées dans des cerveaux de capitalistes déchaînés. Parmi celles-ci, on trouve notamment l’usage de robots de très haute précision à distance en chirurgie (un chirurgien localisé dans un pays peut manipuler un robot de chirurgie à des milliers de km de là). Mais, aussi dans le téléguidage de voitures intelligentes, lesquelles pourraient, par exemple, nous permettre d’émettre bine moins de CO2, puisqu’elles conduiraient d’une manière bien plus rationnelle. On parle aussi de l’introduction de smartgrid dans la gestion de l’approvisionnement en électricité, afin de réduire les déperditions et de rationaliser la consommation électrique. Et bien d’autres innovations qui pourraient non seulement nous faciliter la vie, mais aussi la rationaliser, de manière à ce que nous arrêtions de consommer n’importe comment. On est donc loin d’un cauchemar écologique et sanitaire que nous prédisent certains.

Conclusion

Comme on peut le constater, toutes ces institutions, qui sont publiques et agissent de manière transparente, estiment qu’à ce jour, il n’y a pas de preuves scientifiques de liens de cause à effets entre les RNI émis par nos appareils et infrastructures de télécommunication grand public, qui fonctionnent selon des standards et des normes qui intègrent déjà le principe de précaution, et d’éventuels cancers ou d’autres problèmes de santé pour les humains ou les autres organismes vivants.

Il faut ajouter que de nombreuses études ont été menées pour tester l’hypothèse de l’électrosensibilité ou même de l’hyper-électrosensibilité, mais qu’à ce jour, il n’a pas été possible de montrer que les gens sont capables de distinguer entre des appareils allumés ou éteints. De plus, on a aussi tenté de trouver des mécanismes physiologiques qui permettraient aux êtres humains de ressentir et de détecter ces ondes, mais là aussi, les études n’ont rien donné (https://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2403). Cela ne signifie pas que les souffrances des gens pensant être électrosensibles sont niées. Absolument pas. Personne ne dit que ces gens affabulent ou, pire, simulent. Ils ont bien des problèmes de santé. Mais, pour l’instant, il n’y a aucune preuve qu’ils soient causés par les RNI de nos dispositifs de télécommunication ou électroménagers. Cela signifie que les associations qui s’acharnent à vouloir maintenir ces patients dans de telles convictions ne leur viennent alors pas du tout en aide, puisqu’elles contribuent à retarder un diagnostique qui peut déboucher sur une prise en charge efficace.

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Ariane Beldi

#Guide en rédaction/recherche, adepte de la #zététique (promotion du #doute rationnel et de la #méthode scientifique), du #libre et membre du #PartiPirate CH.