Des vertus de la pensée narrative en éducation

Les récits pour la formation de l’identité et de l’esprit critique

En lisant l’article publié dans le Devoir le 24 février 2014 intitulé « Conserver la pensée narrative chez l’élève », la question se pose de savoir quelles sont les vertus d’enseigner l’histoire à partir de récits, une question particulièrement importante pour le travail de la Fondation Azrieli qui se concentre sur les récits de survivants de l’Holocauste.

L’article s’intéresse, à partir de l’ouvrage rédigé par Létourneau : Je me souviens ? Le passé du Québec dans la conscience de sa jeunesse, à la dissociation qui existe entre l’histoire du Québec telle qu’elle est enseignée dans le système scolaire et qui se concentre sur les compétences comme la citoyenneté, la résolution de problèmes et la formation de l’esprit critique, et l’histoire du Québec telle que les élèves en font et s’en font le récit, qui est donc narrative par nature et au sein de laquelle la survivance joue un rôle essentiel – la survivance des francophones en milieu anglophone.

Or, l’argument de l’article de Stéphane Lévesque est que, par-delà les limites d’un récit purement national, la pensée narrative ne devrait pas être abandonnée complètement car elle permet, entre autres, de faire réfléchir sur les récits, sur les tissus narratifs dans lesquels les élèves s’inscrivent et qui donnent sens à leur réalité et à leurs actions.

De plus, la narration permet de se faire plus aisément une représentation du passé, des événements qui, sinon, semblent si lointains et étrangers. De par sa linéarité, la pensée narrative est plus aisée à suivre, elle obéit à une chronologie qui souvent mobilise le rapport cause-conséquence entre les événements décrits, un rapport logique qui facilite la conceptualisation et la mémorisation.

Dans le cas précis des récit de survivants d’événements historiques majeurs comme l’Holocauste par exemple, la narration permet une identification à l’auteur/e et, de manière générale, l’histoire vécue est plus ‘parlante’ que l’histoire des chiffres.

Dans le cadre du cheminement identitaire de l’élève, développer la pensée narrative lui permet aussi de réaliser dans quel contexte et dans quel tissu narratif il ou elle s’inscrit personnellement, en se comparant – et les écrivains avaient l’âge de leurs lecteurs à l’époque – à l’auteur.

D’une certaine manière, l’élève en même temps qu’il devient lecteur devient co-témoin et, partant de la position de co-témoin, il est ensuite plus aisé de devenir soi-même témoin de son temps, de sa propre époque. Cette activité ici aussi est l’occasion de développer l’esprit critique.

Aurélien Bonin, Éducateur

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The Holocaust Survivor Memoirs Program

Preserving & publishing the memoirs of Canadian Holocaust survivors to promote Holocaust education and break down models of intolerance and exclusion.