Pourquoi 2017 sera une année hyper excitante pour la Tech française

Credits: Mark Esquerra (http://www.themarkeworld.com/)

Fin 2016, un frémissement. Quelques levées de fonds visibles, quelques affiches pour un ‘Noël tech’, quelques mots d’hommes politiques en campagne sur l’importance des ‘tarteups de l’innovation numérique’, comme les premières bulles qui émaillent la quiétude de la scène tech française.

A y regarder de plus près, tous les ingrédients semblent réunis pour que le timer de la cocotte-minute soit réglé sur 2017. Je pense que l’année à venir sera celle de l’ébullition dans l’écosystème tech français. Une année charnière, un changement d’état. Et personnellement, je me sens très privilégié d’être aux premières loges, en face du chef, bref, je suis bouillant.

Mon état d’esprit pour 2017

Voici ce qui me fait penser ça.

Financement : toujours plus

• Des fonds historiques pleins aux as : les mastodontes Partech Ventures (en un peu plus de six mois : €100m pour le Seed, €400m pour le Growth, sans doute un fonds Venture VII dans les tuyaux) et Idinvest (€250m pour le Growth, €155m pour le Venture en 2015, une centaine de m€ par an en FCPI), n’en finissent plus de lever. Alven et Iris Capital ne devraient pas tarder, sans doute aussi avec des montants colossaux … ;)
• Des petits nouveaux qui démarrent fort : Daphni et sa plateforme (€150m), Korelya entre la France et la Corée (€100m), Blackfin qui ambitionne €120m pour ‘la fintech’, Otium qui industrialise sa stratégie venture et Global Founders Capital qui staffe la France… il y a des new kids on the block et ils sont arrivés les poches pleines de bonbons
• Corporates : l’éléphant dans la pièce quand on suit un peu l’écosystème. Les corporates français, après avoir fait (un peu) d’investissements indirects en tant que LPs se sont pris au jeu et commencent à être de plus en plus nombreux à faire de l’investissement direct dans les startups. Schéma intéressant : il n’y a plus seulement les entreprises très industrielles qui le font, mais de plus en plus de secteur tertiaire : Assurances, etc. Pour en savoir plus, voici un très bon papier de Bilal.

Beaucoup, beaucoup d’argent donc à déployer. Plus de cash que dans un clip de Booba. Sans aucun doute beaucoup plus qu’en 2016, mais le taux de croissance des startups prometteuses est-il le même ?

Deux possibilités si jamais ce n’est pas le cas : ou bien les VCs vont allouer plus d’argent aux meilleurs (et donner les moyens aux startups françaises de viser plus haut est une excellente nouvelle), ou bien certains entrepreneurs qui n’auraient normalement pas été financés vont lever et survivre quelques quarters de plus … intéressant :)

‘Education’ / Spirit : la cour des grands

• De plus en plus pros, de plus en plus tôt : les fondateurs se professionnalisent de plus en plus tôt. Je vois de plus en plus d’entrepreneurs suivre leurs chiffres, faire évoluer leurs business models en fonction, tout mesurer, comprendre immédiatement les leviers de création de valeur … même faire des analyses de cohortes avec trois mois de data :)
• Des références : aussi difficile soit-elle à définir, TheFamily joue sans aucun doute un rôle prépondérant dans ce spirit de d’ambition, de travail, de culture conquérante très forte.
• Formation : HEC et 42, l’EM Lyon et Centrale Lyon, ou encore Jean de La Rochebrochard et son No-MBA program, ENFIN ! les superbes initiatives de mélanges d’étudiants de différents cursus commencent à fleurir et à se pérenniser. La désiloïsation et l’apprentissage de la nage balancé dans une mer glacée et déchaînée sont en marche

Écosystème : un nouveau cœur ?

• Une profusion : pas un jour sans un nouvel incubateur (voire trop), un nouveau programme corporate avec les startups, un nouveau concours de pitch pour être bien certain qu’il y en ait assez pour que chaque startup en gagne un (un peu comme les médailles pour le vin)… L’écosystème s’étoffe plus vite que les features de Snap sont copiées par Facebook.
  Quoi de mieux qu’un mapping pour mieux vous y repérer ?
• Grand Central Station F : beaucoup d’attentes pour ce ‘plus grand incubateur du monde’ qui ouvrira au printemps prochain, qui pourrait bien devenir un pôle autour duquel s’organise cet écosystème. Un endroit iconique, menée par une super team (Rachel, Roxanne, Marwan and co), et surtout l’ambition de parler à tout le monde : VCs locaux, étrangers, incubateurs, media, corporates …

Un vent Freyssinet sur un écosystème qui s’échauffe

Ambition : fly me to the moon

• Longtemps cantonnée dans les technologies de disruption (=changement de la chaîne de valeur — souvent par désintermédiation, d’un marché existant), la tech française est de plus en plus reconnue pour les technos de frontière (= ouverture d’un nouveau marché, souvent par une révolution des usages basée sur une technologie de recherche poussée).
• En premier lieu, l’intelligence artificielle (Facebook ne s’y est pas trompé en établissant son équipe de recherche en IA à Paris) et la réalité virtuelle. Niklas Zennström, fondateur de Skype et du fonds Atomico a même décrit Paris comme le “fer de lance de la deep tech”.

Comme quoi, on ne sait pas seulement pousser les taxis à faire des opérations escargot, on peut aussi réfléchir aux prochains grands paradigmes :)

Visibilité : -tech everywhere

• Un peu plus discrètement que le ‘Tech Summit’ de Donald Trump, véritable All-Star Game des pontes tech US, la tech s’impose de plus en plus dans les discours politique. Alain Juppé et François Fillon étaient par exemple l’attraction du dernier France Digitale Day. Emmanuel Macron continuer de faire du numérique un de ses chevaux de bataille. Bref, la tech est si porteuse d’espoir qu’elle devient l’argument en or pour les hommes politiques, portant les projecteurs sur cet écosystème
• Les media traditionnels commencent à parler de plus en plus du numérique et des startups, parfois sans y comprendre grand-chose. C’est d’après moi le dernier maillon de l’essor de cet écosystème startup français, il n’y a pas véritablement de medium crédible, analytique et critique sur les startups, il n’y a que les levées de fonds qui sont couvertes … peut-être pour 2017 !

Tout le monde n’est pas prêt pour cette année charnière. Certaines nouilles trop molles seront dissoutes. Certaines pâtes trop dures prendront plus de temps. Mais pour les pâtes fraîches, la cuisson sera al dente. 2017 a l’air appétissante, et ça tombe bien, j’ai FAIM.