Running with the wolves

Benjamin Böhle-Roitelet
8 min readNov 16, 2018

--

Entreprendre, c’est accepter de ne pas faire que des heureux, ni d’être immédiatement compris de tous.

Entreprendre, c’est accepter de tracer la piste et d’être ensuite parfois vilipendé par ceux qui l’ont utilisé, ou l’utiliseront.

Mes chers amis,

Je suis aujourd’hui contraint de prendre une décision difficile relative à l’avenir de la société EKITO, sur laquelle je vous dois quelques explications.

Les quatre associés fondateurs d’EKITO, dont je faisais partie, avaient imaginé un modèle par essence fragile: une entreprise dont l’objet serait “d’aider”, plus que de “faire de l’argent”.

Un “social business”, utile à son territoire, à mi-chemin entre une entreprise et une association, en raison des fonctions sociales que nous avions imaginées il y a 13 ans.

Une telle entreprise a deux particularités, un objectif classique d’équilibre économique, mais aussi une contrainte liée aux risques, définis par son objet même, sa singularité et surtout par son histoire.

EKITO s’est ainsi construite sur la base d’une expertise technique, reconnue par de nombreux grands comptes et permettant, outre le regroupement de compétences précieuses, d’assurer un revenu régulier à la société.

Cette autonomie financière nous a permis de partager ce savoir-faire et d’accompagner plusieurs centaines de porteurs de projets Grand Groupes, Startups, étudiants ou associatifs au cours des années écoulées.

Certains projets ont connu un développement considérable, d’autres ont échoué. C’est bien là le risque que nous avons assumé dès le départ.

En réalité, ce risque est demeuré mesuré, dès lors que l’activité d’EKITO a toujours été soutenue par un modèle économique sain.

Cette double ambition d’excellence et de partage s’est accompagnée de la mise en œuvre d’une gestion la plus horizontale possible.

En effet, donner des conseils de vertu sociale est une chose, les appliquer à soi-même est un préalable, si l’on veut être pris au sérieux.

Dans ce cadre, j’ai toujours veillé à mettre en œuvre un mécanisme de rémunération attrayant pour les collaborateurs d’EKITO, en CDI, avec un salaire généralement supérieur à 3.000 euros net, des tickets restaurant à deux chiffres et avec une volonté permanente de les associer à toutes les décisions importantes de l’entreprise.

Cette approche a été présentée et défendue avec fierté et à maintes reprises par les collaborateurs d’EKITO eux-mêmes :

https://www.ekito.fr/people/culture-ekito/

https://www.ekito.fr/people/chef-de-rien/

https://www.ekito.fr/people/on-est-tous-admins-et-ca-fonctionne/

https://www.ekito.fr/people/la-vie-en-teletravail/

https://www.ekito.fr/people/ingenierie-de-la-confiance/

https://www.ekito.fr/people/les-chief-happiness-officer-arrivent/

Toutefois, j’ai vite appris à mes dépens que cette confiance ne peut être accordée sans certains garde-fous.

Ainsi, en 2011, alors que je revenais d’une immobilisation pour un grave souci de santé, je découvrais que la société EKITO était victime d’un détournement de fond opéré son ancien DAF, pour un montant qui avec ses conséquences directes approchera les 500.000 euros.

J’aurais pu considérer à l’époque que la situation était irrémédiablement compromise et mettre un terme à cette aventure, n’étant plus en mesure de payer les salaires à la veille de Noël.

Cependant, malgré ce choc financier, j’ai pris le risque de continuer, en révélant la situation à l’ensemble des collaborateurs d’EKITO et en investissant à nouveau personnellement et financièrement.

L’enquête pénale, puis la condamnation de l’auteur de ce détournement ont nécessité plusieurs années d’efforts et vient seulement d’aboutir, en juin 2018, à un recouvrement, malheureusement partiel, de cette somme.

Ce détournement a évidemment généré un passif pour la société mais n’a jamais empêché EKITO de maintenir une activité positive et saine, tout au moins tant que l’ensemble de ses membres se concentraient sur leurs tâches et avançaient dans la même direction.

En 2016, afin de soutenir d’autres projets, en France et à l’étranger, j’ai fait le choix de confier, temporairement, la gestion de la société EKITO à son Directeur Général, Monsieur Laurent BLONDON, bénéficiaire à ce titre, d’un mandat social étendu et des responsabilités légales associées.

EKITO ayant acquis une certaine autonomie de fonctionnement, j’ai envisagé une cession de la société, en premier lieu à ceux que je croyais les plus impliqués et les plus légitimes, à savoir ses salariés.

Certains salariés se sont montrés intéressés et ont envisagé une reprise d’EKITO sous la forme d’une SCOP avant de dériver dangereusement vers des actes de concurrence déloyale d’une rare violence.

Il est bien évident que des salariés sur le point de devenir associés, et donc propriétaires de la société, avaient tout intérêt à s’impliquer plus encore et à développer l’image et l’activité d’EKITO.

Je n’ai pas imaginé qu’il puisse en être autrement.

Et pourtant !

Peu ou mal conseillés, je constate que certain des futurs candidats à la reprise ont pris le parti de détruire EKITO, même pas en vue d’en racheter les lambeaux à la barre du Tribunal de Commerce, mais bien pour monter une entreprise directement concurrente après avoir méthodiquement détournés, pendant plusieurs mois, clients, salariés et prestataires au profit de leur future structure.

Ainsi, il est établi et attesté que les salariés candidats ont étudié favorablement, dès le mois de juin 2018, le montage d’un projet concurrent plutôt que de reprendre des actifs, tout en prétendant par la suite être les seuls légitimes à une reprise, sans jamais, évidemment, évoquer leur projet concurrent.

Voyant le projet de reprise SCOP patiner, j’ai donc immédiatement recherché et trouvé, assez facilement, d’autres investisseurs prêts à reprendre EKITO avec son équipe et son vieux passif, au demeurant assez secondaire vu le caractère positif à bien des égards de l’activité et du positionnement de l’entreprise.

De manière totalement hallucinante, les salariés autrefois candidats à une reprise, ont alors multiplié les menaces de démission collective, de blocage de la société et les critiques en tout genre afin de dissuader, avec succès, les investisseurs et repreneurs venus successivement se présenter à EKITO.

Plus grave encore, je découvre que Madame Mélanie TISNE-VERSAILLES, Cadre salariée EKITO, a été jusqu’à transmettre à plusieurs reprises des informations comptables fausses ou orientées aux salariés en vue de leur présenter une situation obérée puis de leur proposer d’investir dans une société concurrente. Je n’y ai pas cru. Les mails présents sur les serveurs d’EKITO et obtenus de manière parfaitement légale, sont malheureusement édifiants.

Ces mêmes informations erronées, validées par l’équipe dirigeante, ont ensuite été transmise à la presse accompagnée de propos malveillants et, pour tout dire, gravement diffamatoires à mon égard et à l’égard d’EKITO.

Clairement mise en garde par le journaliste sur la déloyauté de ses agissements, s’agissant d’informations confidentielles, Madame Mélanie TISNE-VERSAILLES regrettait, au contraire, que celui-ci « ne soit pas allé plus loin » en lui annonçant plusieurs témoignages et soutiens improbables qu’elle savait ne pouvoir obtenir.

Ces articles malhonnêtes ont ensuite été relayés par ces mêmes salariés aux clients et partenaire d’EKITO entretenant ainsi une prophétie autoréalisatrice.

Cette dernière publication a achevé de me convaincre, de même que tout repreneur, de l’impossibilité de poursuivre l’activité d’EKITO avec une équipe travaillant contre les intérêts mêmes de leur structure.

Comme je l’indiquais, d’autres projets m’occupent à présent et je survivrai quoi qu’il en soit, aux procès d’intentions et aux calomnies grossières qui m’ont été dernièrement rapportées.

Tel n’est malheureusement pas le cas de la société EKITO.

Me sont actuellement transmis les mails échangés entre les collaborateurs ainsi que de nombreux témoignages détaillés de clients, prestataires et même anciens salariés, me permettant d’affirmer, parmi de nombreuses découvertes que :

- Des demandes de clients, et en particulier de grands comptes, ont été enterrées pendant de longs mois, notamment par Monsieur BLONDON, alors même que cela conditionnait l’équilibre financier d’EKITO.

- Malgré de nombreuses relances, le Directeur Général, Monsieur Laurent BLONDON, a délibérément refusé de répondre à l’administration fiscale, pendant plusieurs mois, entrainant une remise en cause, prévisible et, de fait, prévue, de crédits d’impôts recherche, pour un montant considérable.

- Messieurs Laurent BLONDON et Olivier BEARN n’ont pas hésité à indiquer à un sous-traitant « qu’à la suite de la reprise d’EKITO par ses salariés, ils « s’arrangeraient » pour lui régler ses factures restées impayés après le dépôt de bilan de la société actuelle »

- Messieurs Laurent CARBONNAUX et Laurent BLONDON ont entrepris, dès le mois de mai 2018, de détourner les clients d’EKITO au profit d’une autre structure en s’inquiétant quand même de l’existence « de clients pour lesquels une « trahison » d’Ekito pourrait ne pas passer » mais partageant bien l’intérêt économique de « planter la boite ».

- Monsieur Arnaud BOUDOU également très explicite, écrivait : « On arrête de prendre tout nouveau projet. On règle les affaires courantes sur les projets en cours : bref, on finit ce qu’on à faire sur ceux avec un périmètre défini et court, on se désengage (comment ?) des autres. On passe le temps restant à monter tous ensembles le projet ekito­replace en ne faisant que ça. »

- Monsieur Olivier BEARN, plus prudent, demandais la suppression de ce mail pour ne « pas laisser de message comme quoi on laisse planter le bateau ».

Je découvre, au passage, le « projet » de Madame Mélanie TISNE-VERSAILLES, pétri de belles « valeurs », mais consistant, en réalité, pour ne « prendre aucun risque », à toucher le chômage le plus longtemps possible et faire travailler les plus méritants en freelance sur des clients détournés, en constatant que « c’est plutôt une très belle tréso que nous pourrons constituer ».

L’URSSAF aurait sans doute apprécié !

Pendant quelques mois, les propos rassurants, mais en réalité mensongers et même concertés, des cadres d’EKITO m’ont intoxiqué avec succès.

Le fait que des salariés veuillent monter dans le train de l’aventure entrepreneuriale est une bonne chose que j’encouragerais toujours.

Le fait que des collaborateurs d’EKITO, avec le soutien actif du Directeur Général et de quelques tiers douteux, se coordonnent et s’organisent en vue de détourner activement les clients, actifs et prestataires d’EKITO à leur seul profit, pourrait relever d’une qualification pénale.

Faut-il rappeler qu’un mandataire social tel qu’un Directeur Général est directement responsable de sa gestion et ne peux évidemment pas agir au détriment de l’intérêt social de la société ?

Je constate que certains se sont cru arrivés un peu vite et ont imaginé pouvoir “gérer” EKITO à leur guise ou plutôt, conformément à leurs seuls intérêts, en vue d’un détournement méthodique de ses actifs.

Cette stratégie n’est pas très fine et devient inacceptable, dès lors que l’on se place brusquement en situation de concurrence directe, en oubliant la loyauté minimum qu’implique le statut de salarié.

Ayant passé sept ans à me battre pour faire condamner l’auteur d’un détournement de fond et recouvrer les sommes détournées, je sais que la justice a son rythme propre, mais finit par aboutir.

Dans l’immédiat, je ne peux, en revanche, accepter que l’ensemble des salariés d’EKITO puisse faire les frais de ces actions.

Faute d’avoir admis à temps que la pire menace pour EKITO venait de l’intérieur, je ne puis à présent vous promettre qu’une chose, c’est que je me battrai donc à nouveau le temps nécessaire afin que l’honneur d’EKITO d’une part, mais aussi et surtout que l’ensemble de ses membres passés et actuels ne soient pas injustement salis et que la mention d’EKITO sur un CV soit toujours considérée à sa juste valeur.

En l’état, je suis donc contraint de prendre la mesure du caractère irrémédiable de la situation et de demander l’ouverture d’une procédure collective pour EKITO, sans présentation d’un plan de sauvegarde.

Avec vous, j’ai vécu 13 années intenses, de succès, d’échecs, de combats, de joies et de surprises bonnes et, parfois, moins bonnes.

“Failure is success if we learn from it.” — Malcolm Forbes

J’ai ainsi énormément appris de chacune de ces expériences, qui me servent désormais tous les jours, de manière positive, sur des projets que j’ai choisi bien différents, dans leurs déroulés et dans leurs organisations.

J’espère qu’il en sera de même pour une bonne partie d’entre vous et ne doute pas que nous partagerons, à l’avenir, bien d’autres aventures.

--

--

Benjamin Böhle-Roitelet

fondateur de Relief, d'ekito, contributeur du développement de FailCon en France, et de plusieurs écosystèmes startups…