TFE0.2 — Humer la tendance

Dussart Benoît
10 min readFeb 26, 2019

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Avant de poursuivre ma réflexion quand au sujet de mon TFE (cf mon premier article), je voulais récolter une tendance générale plutôt que de simplement me baser sur mes propres suppositions. Après avoir décortiqué tous ces chiffres je me rends compte que là où la majorité annonce souvent une globalité intéressante, les petits trésors de réflexion se cache souvent dans un témoignage anodin… c’est un peu ça la magie des stats 🎉

Cet article est plutôt long donc voici un petit sommaire:

  • Résultat du Google form et constatations
  • Réflexions par rapport aux réponses et à la société
  • Benchmarking
  • Redéfinition de mes envies & idées
  • MVP?

Le Google form — Érotisme & sexualité

Si vous n’y avez pas répondu c’est ici

L’échantillon:

À l’heure actuelle, je suis proche des 300 réponses et mon échantillon se compose comme ceci:

Homme et femme à part relativement égale — au niveau de l’orientation sexuelle je pense que chacun est représenté
Une population majoritairement jeune (j’avoue être un peu déçu, j’aurais apprécié plus de diversité à ce niveau mais je suppose que cela montre aussi la tendance en terme d’ouverture par rapport à la sexualité confronté au numérique — cf ma mère me demandant si je me suis fait hacker ou si c’est normal ce questionnaire à propos de sexualité — ) — Une parité relativement respectée entre les personnes en couple et célibataire

Par rapport à l’érotisme:

Le vecteur principal de l’érotisme est l’haptique (qui devance nos yeux alors que la vue est majoritairement notre sens principal)
L’érotisme à l’air d’avoir sa place dans le monde numérique

Mes constatations :

-> L’érotisme à sa place dans le numérique, et potentiellement afin de faire naitre du désir / excitation et de (mieux) découvrir son corps et sa sexualité.

Une remarque intéressante est apparue:

“ Ce n’est pas mon corps que je dois mieux connaitre, c’est celui de mon/ma partenaire ”

Idée supplémentaire: une approche éducative à la tolérance, l’acceptation et au plaisir de soi et celui des autres

Par rapport à leur sexualité:

Masturbation:

2 à 7 fois / semaine en moyenne

Sexe:

1 à 5 fois / semaine en moyenne

Culpabilité / malaise par rapport au sexe et à la masturbation :

  • (77%) Pas de malaise
  • (10%) Par rapport à mon éducation
  • (8%) Par rapport au conjoint
  • Aucun résultat par rapport à la religion
  • Certains témoignages montre un malaise vis à vis de son propre corps
  • Certains se demandent si ils sont asexuel

Mes constatations :

  • Les gens ont une mauvaise connaissance & acceptation de soi
  • Il y aurait une forme de tabou à prendre du plaisir seul.e
Les rapports “classiques/basiques”

Mes constatations :

Je remarque un attrait aux diverses formes de coït et à la fellation alors que le cunnilingus est avant-dernier dans ce que j’appellerais les « classiques ».

En somme, pour une grande majorité l’acte sexuel se définit par un coït et/ou un rapport buccal (avec une priorité pour la fellation).

Quand l’acte sexuel se finit-il?

J’avais intentionnellement limité le choix à une réponse afin de forcer les gens à faire un choix, ce qui signifie pour eux, l’acte sexuel se finit:

J’aimerais souligné le fait que certaines femmes ont choisis la réponse: “à l’éjaculation masculine”

Mes constatations :

  • 14% (dont des femmes) pense que l’acte sexuel doit se finir quand M. a joui
  • 60% ont donné priorité à l’orgasme (le sien ou celui du partenaire) même si l’un des deux n’avait plus envie
Je ne listerais pas les types de fétichisme pratiqué ou qui rendent curieux: mais ceux ci restent relativement courant, de l’ordre du BDSM & Jeux de rôle, tenues sexy, exhibitionnisme et voyeurisme, …
Une partie reste indécise, d’autres indiquent qu‘il n’osent pas découvrir plus, ou qu’ils attendent l’initiative du partenaire

Mes constatations :

-> Ici le plus intéressant est de confronter les résultats avec la question précédente :

Si 73% disent ne pas avoir de fétiches, 82% aimeraient découvrir de nouvelles pratiques (possiblement enfouie).

Mes constatations :

Dans les témoignages je note deux grandes tendances :

  • D’une part le partenaire qui n’a pas la même libido que vous
  • D’une autre part le partenaire qui n’a pas les mêmes envies que vous en terme d’épanouissement sexuel.

Dans les deux cas le problème vient principalement d’un manque de communication et d’une entrave sociale.

La forme?

Mes constatations :

Les gens semblent plutôt intéressé par du contenu traitant de sexualité mais restent relativement basique ou indécis quant à la forme (articles et témoignages principalement — peut-être est-ce le plus objectif et rassurant)

Au niveau du contenu en lui-même, voici quelques propositions que j’ai reçu :

  • Explorer des pratiques plus en détails + préventions des risques liées à cette pratique (+ aides + astuces?) apparement il est difficile de trouver des images explicative/didactique sans tomber sur du porno (voir le compte instagram jouissance club, qui avait été supprimé il y a quelques heures)
  • Forme de podcast érotique (uniquement sonore (ASMR) ? ou ajouter une ou des dimensions en plus?) -> stimuler les sens et l’imagination
  • Chatbox / guide pour se découvrir (son corps et sa sexualité)

Cadre d’utilisation d’un app pour découvrir son corps, sa sexualité, de nouvelles pratiques, augmenter son plaisir, …

Un peu plus de 50% des répondants aimerait l’utiliser avec leur partenaire lors de rapport — la grande tendance est au mobile: que ça soit seul, en couple, pour s’informer, s’amuser, …

Tout ça c’est bien beau… mais ça sert à quoi?

Dans l’ensemble je retiens que:

La sexualité est une vaste question et l’érotisme encore trop flou et confondu/associer avec la pornographie

Pourquoi pas de la pornographie?

Outre le fait que, je pense, la direction de l’école n’aurais pas fortement apprécié l’idée ; je remarque qu’il y a déjà beaucoup de mouvance autour du porno féministe, éthique, voire éducatif. Certes une plateforme à la mesure des géants du porn (tel Xtube, Pornhub & cie) et regroupant ces vidéos d’un nouveau genre serait le bienvenu mais… on va dire que ça sera pour plus tard

Écouter les répondants?

Au vu des résultats de Form, il me semble intéressant de me diriger vers une “progressive web app” (avec — si j’ai le temps — la possibilité d’une consultation sur desktop). Néanmoins, si j’étais vraiment à l’écoute des besoins du moment et de la population des internets, il me semble qu’une plateforme d’échanges, de discussion, de relation serait l’idéal… (pour remplacer et lutter contre la discrimination/l’abus de pouvoir et de pudeur de Tumblr, Instagram, Facebook et autres réseaux socials frigides et puritains) néanmoins je n’en ai ni les compétences ni les ressources nécessaires.

Coup de gueule!

J’en profite pour parler d’une autre tendance — bien moins sympa — qui règne en maitre sur les internets en ce moment:

À l’heure de ce qu’il me semble être une forme de révolution sexuelle & sociale, je m’indigne de voir des plateformes (ayant le poids et les moyens — $$$ — de faire pencher la balance et d’accompagner cette révolution en lui donnant les moyens nécessaires) décider de revenir 50 ans en arrière et bannir purement et simplement toutes formes d’éducation sexuelle, d’érotisme, de contenu à propos des travailleurs du sexe (dois-je rappeler que c’est surement le plus vieux métier du monde? ), …

Des plateformes comme Tumblr avaient permis à des millions de personnes de ne plus se sentir isolées, anormales, … face à leur sexualité. Et là où le World Wide Web était censé créer et renforcer les liens, on arrive à un ségrégationnisme latent.

Et maintenant?

Maintenant, je me sens coincé :

  • La plateforme? Comme expliqué plus haut c’est hors de question.
  • Un annuaire d’informations? Ça manque certes mais ça ne m’emballe pas.
  • Une appli informative? Oui, mais ça manque de quelque chose.
  • Une expérience interactive érotique? ÇA ça serait ma came, mais encore faut-il définir plus précisément la chose.

Un peu de Benchmarking:

J’ai passé beaucoup de temps à consulter les applications existantes en lien avec l’érotisme et la sexualité:

D’une part on a les app de jeux coquins :

Souvent des gages qui ferait même frémir de honte “Cinquante nuances de Grey” par leur nullité

souvent très kitch, pas sérieuse pour un sous, elle me laisse personnellement un arrière gout de pastis resté trop longtemps sous le soleil.

À la limite, on a “Jeu couple”, “kinky” & “Sex Actions” qui proposent des fonctionnalités intéressantes:

  • Pour “Jeu couple”: une échelle de valeur en terme de “température” (soft jusqu’à extrême)
  • Pour “Kinky”: réveler certains informations uniquement si les deux personnes touche l’écran (voir les images mauve), ce qui crée une zone d’intimité (bon après tu triches facilement il suffit d’avoir deux doigts)
  • Pour “Sex Actions”: déjà un bouton “refuser” (ça semble pourtant banal mais ça évite à l’utilisateur de se sentir forcé et sans issues), mais aussi et surtout une personnalisation du jeu en fonction de nos limites.

Ensuite on a les app d’informations sur la sexualité:

On ne va pas se le cacher: c’est bien bien moche, pas du tout ergonomique/ UX, à la limite du lisible, …

Je n’ai rien de particulier à dire, aucune ne m’a surprise ou enchanté : elles font le taf (et encore pas toujours — car oui le cunnilingus existe et devrait être expliqué au même titre que la fellation — ).

Entre le jeu et la communication, il y a les app de couple:

Spicer — Happy couple — Can’U

Dans ce type d’app, le principe est relativement simple: des questions/défis sont proposés aux partenaires afin de mieux connaitre leurs envies.

Interwine — une app pour le couple restant sobre et érotique
  • “Spicer” est un tinder-like d’actes sexuels où l’on se connecte avec son partenaire afin de mieux découvrir ses gouts (si les deux aiment ça match)
  • “Happy couple” fonctionne sur un principe de question avec choix de réponses multiples où l’on tente de deviner la réponse de son partenaire
  • “Can’U”, des défis à se lancer entre partenaires.

Pour finir — et c’est relativement récent — on a les app liées à des sextoys connectés:

Pour le coup le concept de base est vraiment chouette et certaines sont intéressantes, sobre mais érotique, parfois ludique, … en revanche une chose m’a particulièrement frappé: on parle d’app qui contrôle un sextoy à distance (ça peut aller de 1m jusqu’à l’autre bout de la planète), or — et malgré le fait que ça soit des application native et non des web app — aucune n’a de traduction haptique, sonore, … par rapport à ce que l’on fait “subir” au partenaire. Ce qui signifie en gros qu’on pourrait tout à fiat blesser son partenaire sans le vouloir, aller trop loin, …

Je ne m’étais jamais vraiment pencher sur ce qu’était ma définition de l’UX, et dans ce cas, je dirais: “ Comprendre à tout moment ce que l’on fait et être en confiance du résultat ”. Or je me suis projeté utilisant ces app, et aussi design soit elle, j’étais mal à l’aise de ne pas comprendre ce que je faisais.

Redéfinitions des mes envies & idées

Utilisez le deep Learning/ slow Learning pour retrouver de l’interaction avec l’humain plutôt que de le remplacer par une machine qu’on tente d’éduquer à combler nos désirs

-> permettre aux gens d’envoyer des données sur leur sexualité (ce qui les fait jouir, leurs astuces, ce qui les excite, … ) Et les récolter et partager pour permettre à tous de s’informer et d’avoir une sexualité plus ouverte et épanouie

Spacialisation, Rendre visible ce qu’on ne veut pas voir :

-> map / mapping /réalité augmenté/ retour haptique des zones érogènes (mieux connaître le corps et les points sensibles) Avec un système de bon ou pas pour pouvoir apprendre (vu qu’on est pas tous foutu pareil )(via du body painting érotique? -> voir app de tatoo “InkHunter”)

Carnet de bord d’exploration de son corps et sa sexualité (et guide d’exploration)

Carte à gratter ?

Compte rendu d’exploration ?

Le fameux MVP?

Pour être honnête il n’est pas encore très clair mais une chose mais semble limpide: la première chose à faire est de proposer une expérience en accord avec l’utilisateur, pour cela il faudra définir — comme pour mon google form — le genre, l’orientation sexuelle et peut-être les envies de la personne afin de lui proposer du contenu — quel qu’il soit —sans le brusquer et lui faire découvrir un monde inconnu/méconnu.

En terme de cheminement:

  • Arrive sur la page d’accueil — informe sur le contenu
  • Nombre d’utilisateur: Seul? À deux? Plus?
  • Définit le genre et l’orientation sexuelle
  • Définit où il.s/elle.s en est/sont dans la sexualité
  • Informe/ demande si il veut lancer l’expérience/ accéder au contenu

Doit-il avoir son propre compte? Le question reste en suspend, car oui un compte est pratique afin de personnaliser aisément l’expérience, mais un compte peut faire peur quand à l’utilisation des données, surtout avec un sujet aussi sensible et personnel.

Si il doit y avoir un MVP fixe:

C’est de permettre à l’utilisateur.s de découvrir sa sexualité (et s’exciter?) via un contenu propre, éthique, sans jugement, .. de lui donner les cartes pour se libérer et s’épanouir.

Une forme de wikipédia de la sexualité

MAIS…

Je garde en tête l’idée d’une expérience interactive qui puisse stimuler les sens, être utilisée à deux, que ça soit pour s’informer ou augmenter le plaisir… et je continue de creuser.

Alors oui ça n’est pas vraiment un MVP, plutôt une base d’architecture mais dans le cadre d’un sujet aussi complexe et délicat, il me semble être de la première importance de tout faire pour mettre l’utilisateur en confiance, qu’il se sente d’une part écouter et dans une zone de confort qui sera son sas d’entré vers une exploration sexuelle.

Merci pour votre lecture et désolé pour la longueur — parait que la taille ça ne compte pas —

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