MinuteBuzz n’est plus un site, mais…

Benoit Raphael
3 min readOct 3, 2016

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Maxime Barbier et Laure Lefevre, les fondateurs de MinuteBuzz

La dernière fois que j’ai écrit sur MinuteBuzz c’était il y a trois ans et c’était pour dire que cette jeune startup qui avait démarré en flèche avant de partir dans tous les sens était à un tournant. Le site spécialisé dans la captation de tout ce qui buzzait sur Internet avait décidé de couper la plupart de ses branches, et de ses effectifs, essentiellement des journalistes, pour se recentrer sur la “création d’émotion”. Leur modèle, c’était Buzzfeed. En un an, MinuteBuzz avait doublé son audience, dont 60% venait des réseaux sociaux.

Aujourd’hui, les deux jeunes entrepreneurs ont décidé de prendre un nouveau risque : ils ont supprimé leur site. Ils ne sont pas les premiers à le faire. Mais ce n’est pas une décision simple. Parce que MinuteBuzz vit de la publicité. A partir d’aujourd’hui, MinuteBuzz sera partout où sont les gens : Facebook, Instagram, Snapchat, YouTube, Twitter. A partir d’aujourd’hui, MinuteBuzz devient une sorte de télé. 100% vidéo. “En 2010 on était 100% articles”.

Je dis “une sorte de télé”, parce que la télé du futur ce n’est pas que ça : du contenu vidéo sur les réseaux sociaux. C’est plus complexe. La télé du futur c’est un mélange de contenus vidéos qui tient compte de l’extension du domaine de la vidéo consommée par la nouvelle génération : du binge watching chez Netflix à la télé linéaire (encore 50% des jeunes la regardent 1h par jour), aux événements live (que Twitter et Facebook essaient de truster) et puis tout le reste. 1h devant la télé, 1h devant Netflix et plusieurs heures par jour à snacker des vidéos un peu partout, dans le métro, dans la rue, le soir, le matin, au déj… Donc MinuteBuzz est la télé du temps fragmenté et augmenté qui depuis quelques années a considérablement bouleversé l’univers de ces professionnels de la vidéo dont les maîtres étaient jadis dans les couloirs des chaînes de télé, et qui aujourd’hui s’éparpillent partout. Avec des chiffres impresssionnants.

Le nouveau MinuteBuzz ce sera 600 vidéos par mois, 10 producteurs vidéo. Avec une grille de programmes : des rendez-vous, dont certains en live, des contenus courts à partager, toujours un peu de buzz parce que le “broadcast yourself” (cest dire les gens du monde entier qui font des vidéos) est toujours plein de surprises, mais beaucoup plus de création.

Côté modèle économique, à côté des producteurs de vidéos, 15 créatifs qui bosseront avec les marques pour financer tout ça. Pas de pre-roll (c’est ç la dire ces pubs pénibles qu’ont vous impose avant chaque vidéo si vous n’avez pas encore installé de bloqueur de pub), pas de format intrusif. Mais du sponsoring, des contenus cool créés spécialement pour les marques et diffusés sur les réseaux de MinuteBuzz ou sur ceux des marques. Et un format qu’ils testent de pub à la fin leurs vidéos (qui sont vues en moyenne 60% jusqu’à la fin).

C’est un modèle qui fait ses preuves depuis pas mal de mois chez les nouveaux médias. Et chez MinuteBuzz, c’est aujourd’hui 5M€ de chiffre d’affaires.

Il y a un risque : pas de site veut dire moins de données, même si de plus en plus d’outils existent, et l’acceptation de vivre dans un océan déchaîné dont les maîtres des courants s’appellent Snapchat, Facebook et Instagram, dont les algorithmes font la loi. Et parfois des morts. La clé pour surnager : la créativité. La capacité à devenir une marque. MinuteBuzz en a trois “MinuteBuzz”, “Hero” et “Super Bon” (ancien “Om Nom Nom” abandonné parce que leurs clients n’arrivaient pas à le prononcer…, qui rassemblent à elles-seules 8 millions de fans.

Et 1,5 milliards de vidéos vues en 2016 dont 95% sur Facebook et Instagram.

Pas mal :)

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Benoit Raphael

AI & Media innovator. Entrepreneur. Creator of Le Lab (Europe 1) , Le Plus (l’Obs), Le Post (Le Monde). Chief Robot Officer at Flint.