UX Writing — Fiche spécialité #4

Les spécialités centrées utilisateur à la loupe

Vous construisez un produit numérique centré utilisateur ? Vous voulez une équipe avec les bonnes compétences ? Ou vous aimeriez vous former mais ne savez pas par où commencer ? La série d’articles “Les spécialités centrées utilisateur à la loupe” est faite pour vous !

Chaque semaine, une fiche « spécialité » basée sur des interviews décortique l’une des grandes étapes de ce processus :

Les spécialités centrées utilisateurs pour un produit numérique

Ces fiches sont basées sur des interviews de professionnels, qui travaillent à des postes et dans des entreprises variés, mais qui sont surtout experts dans la spécialité en question. Je ne vous partage donc pas une vérité absolue, mais des expériences croisées.

. . .

Dans cet article :

Après avoir lu cet article, vous comprendrez ce qu’est l’UX Writing et comment cela intervient dans un projet digital centré utilisateur. Vous saurez également les compétences requises pour cette spécialité, et les outils et méthodes fréquemment utilisés.

Retrouvez les mots marqués d’un astérisque dans le lexique à la fin de l’article !

. . .

L’UX Writing, c’est quoi ?

Mission

L’UX writing (ou rédaction pour l’expérience utilisateur) écrit les textes et les mots qui vont guider l’utilisateur tout au long de son parcours sur une interface numérique.

Cette spécialité intervient conjointement avec l’UX design* dès la création des parcours utilisateur*, puis travaille avec l’UI design pour garantir une mise en page et des textes complémentaires.

Livrables

• Microcopies*
• Contenu textuel des écrans
• Glossaires
• Charte éditoriale*

Ne pas confondre avec…

… Le copywriting, dont le but est de vendre le produit ou service qu’il décrit.

Dans le cas de l’UX writing, il s’agit uniquement de guider l’utilisateur pour que son expérience se passe bien et qu’il ait toutes les informations au bon moment.

… Le content design, qui arbitre tous les contenus d’une interface : textes, sons, animations, éléments graphiques, images, vidéos, etc. Il décide de la forme idéale pour transmettre une information à l’utilisateur. Il peut aussi intervenir sur un produit global, et dire qu’une affiche répondra mieux aux besoins de l’utilisateur qu’un site web.

L’UX writing est une partie du content design qui intervient uniquement sur les textes des interfaces numériques.

Compétences clés

1. Vulgariser et restituer clairement l’information
2. Analyser et synthétiser l’information
3. Savoir chercher et comprendre la façon de parler des utilisateurs
4. Excellente maitrise de la langue écrite
5. Avoir une appétence pour les produits numériques
6. Curiosité et capacité de remise en question
7. Aimer le langage

Journée type

Matin

Je réponds à des mails, puis je travaille sur les textes des interfaces.

Je participe à un benchmark* avec l’UX designer : il regarde les fonctionnalités, je me concentre sur les mots. Je fais aussi de la recherche en allant sur des forums fréquentés par les utilisateurs finaux, pour comprendre leur façon de s’exprimer et m’adapter à leur modèle mental*.

J’itère ensuite sur certains textes, en faisant plein d’essais directement sur les maquettes. Il m’arrive de vérifier l’orthographe d’un mot ou de rechercher des synonymes.

Après-midi

J’ai plusieurs réunions, car je travaille avec une grosse équipe et que mon entreprise alloue beaucoup de temps aux réunions et au partage.

Enfin, j’avance sur la charte éditoriale et le tone of voice* de la marque.

Exemple d’intervention sur un projet

Projet : page de connexion à un groupe audiovisuel français.

En arrivant sur la page d’accueil, l’utilisateur doit créer un compte alors qu’il a simplement envie de regarder la télévision.

J’ai d’abord travaillé avec l’UX design pour déterminer les points de friction des utilisateurs.

Je travaille ensuite la forme et le fond des arguments pour créer un compte. Mon objectif est de rassurer l’utilisateur, sans surcharger la page. Par exemple, je mets en avant le fait que le service reste gratuit même s’il faut créer un compte.

Ensuite, je collabore avec l’UI design pour présenter le contenu de la façon la plus pertinente possible.

Pour ce projet, j’avais à la fois une casquette d’UX writing (rédaction du formulaire, des boutons et de tous les éléments de l’interface) et de copywriting (arguments incitant à créer un compte).

Outils

• Rédaction : Figma, suite Office, CNRTL (synonymes et proxémy)
• Recherche utilisateur : forums en tout genre, Contentsquare
• Gestion des connaissances utilisateur : Coda ou Notion
• Veille : sites québécois (fervents défendeurs de la langue française), livres sur l’UX writing
• Organisation du travail : Atlassian (Jira, Confluence)

Méthodes

• Ateliers utilisateurs
• Benchmark*
• Conversation mining*

Formation

Exemple de formation

L’UX writing peut s’apprendre en passant par un BTS d’édition, et/ou par des formations sur des sujets tels que le copywriting, le storytelling, le community management, l’écriture pour le web, le design emotionnel, et autres sujets connexes.

Cet apprentissage peut se faire en autonomie, ou en passant par des instituts comme le Laptop ou Open Classroom.

Exemples de reconversion

Dans l’UX writing, on trouve beaucoup d’anciens rédacteurs techniques, de juriste ou de copywriter.

Par où commencer ?

Si cette spécialité t’intéresse mais que tu ne sais pas par où commencer, voici les premiers petits pas à faire :

• Forme-toi au design : si tu as les mots sans le design, tu vas être bloqué tout le temps. Il faut être capable d’avoir une vision d’ensemble et de connaître les métiers du design et leurs contraintes.
• Travaille ta gestion des mots : regarde ce qui se fait, et fais des tests directement dans les maquettes.

Défis

• Trouver les bons mots pour donner toutes les informations nécessaires, mais de la manière la plus concise possible.
• Arriver suffisamment en amont dans un projet. L’UX writing doit être intégré dès la phase d’UX design pour être pleinement efficace, mais dans la pratique, il arrive généralement après l’UI design.
• Faire comprendre qu’une phrase ne se décide pas en un claquement de doigts : il faut connaître le parcours complet de l’utilisateur pour que ce soit cohérent, prendre en compte le SEO s’il y en a, l’accessibilité, le tone of voice s’il existe, etc.

Lexique

UX Design : Conception d’expérience utilisateur (focus la semaine prochaine)

Parcours utilisateur : chemin qu’une personne suit lorsqu’elle interagit avec un produit ou un service. C’est comme un voyage avec différentes étapes.

Maquette : Dessin de l’écran plus ou moins détaillé.

• Maquette Lo-fi (basse fidélité, utilisée en UX design, aussi appelée wireframe en France)
• Maquette Hi-fi (haute-fidélité, utilisée en UI design)

Microcopie : court morceau de texte qui sert à guider et informer les utilisateurs dans une interface. Cela peut être des étiquettes de boutons, des pages d’erreur, des formulaires, des messages de chargement, des instructions, etc.

Conversation mining : analyse des conversations des utilisateurs autour d’un produit ou service pour mieux comprendre leurs besoins et améliorer leur expérience.

Modèle mental : façon dont une personne pense et comprend le monde qui l’entoure, pour concevoir une expérience qui correspond à vision des choses.

Benchmark : étude et comparaison des meilleures pratiques de produits ou services similaires, pour s’inspirer de leurs succès pour améliorer notre propre travail.

Charte éditoriale : règles et recommandations qui définissent la manière dont le texte doit être rédigé pour maintenir la cohérence et assurer une expérience d’utilisation harmonieuse.

Tone of voice : style et personnalité de l’écriture utilisée dans une interface utilisateur. Il peut être amical, formel, humoristique, ou tout autre style qui correspond à la personnalité de la marque ou du produit.

. . .

La semaine prochaine, on verra la spécialité UX design à la loupe ! Restez dans la boucle en me suivant sur LinkedIn.