Hackathon Musée 3.0, retour d’expérience

Antoine Blanchard
6 min readOct 25, 2018

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Le week-end dernier, les 20 et 21 octobre 2018, j’ai participé à mon 1er hackathon, ou défi créatif collectif, co-organisé par Niort Numéric, Niort Agglo et le SPN. Au centre de ce hackathon, le musée niortais B. d’Agesci, musée que vous pouvez découvrir sans quitter votre fauteuil via Google Maps.

Aperçu du Musée Bernard d’Agesci de Niort (crédit : Google Maps)

Une performance et beaucoup d’émotions

Quelle ne fut pas notre surprise à l’énoncé du sujet…

Sujet : “Quels dispositifs numériques et interactifs novateurs pouvez-vous créer autour d’une expérience thématique dans un parcours intégrant 7 oeuvres spoliées pendant la 2nde Guerre Mondiale, déposées au musée B. d’Agesci ?”

Stupeur et tremblements parmi les participants. Aucun d’entre nous n’était préparé à être ainsi plongé dans cet épisode douloureux que fut le génocide juif de la seconde Guerre Mondiale.

Passé l’effet de surprise, nous avons été transportés dans le sujet. Il faut dire que nous étions sous la houlette d’Emmanuelle Polack, spécialiste du pillage des collections d’œuvres d’art en France durant la seconde Guerre Mondiale, et celle de Laurence Lamy, conservatrice et directrice du musée B. d’Agesci à Niort. Les deux femmes ont su nous transmettre leur passion pour l’histoire que nous avons intensément ressentie nous-mêmes pendant 24h.

Notre marathon intellectuel et sportif était lancé. Les participants se dirigeaient vers une nuit blanche grisante de code et d’écriture.

Une organisation en 3 temps

Durant les premiers instants de ce marathon, mes co-équipiers et moi-même faisons les présentations. Qui est qui ? Qui fait quoi ? Pourquoi chacun est là ? Puis, dans la foulée de ces présentations, nous partageons chacun à tour de rôle notre compréhension et notre interprétation du sujet.

Débute ensuite une longue séance de “tempête de cerveaux”, s’étirant de la mi-journée à la fin de l’après-midi, lors de laquelle nous alternons les phases de divergence et convergence d’idées. Nous structurons notre réflexion en suivant la méthodologie du “Cercle doré” de Simon Sinek : définir le “Pourquoi ?” de notre solution, avant de préciser le “Comment ?” puis son “Quoi ?” L’exercice nous donne du fil à retordre. Nous nous attardons longuement pour nous entendre sur le “Pourquoi ?”. Pour en savoir plus sur ce “Cercle doré”, je vous invite à consulter cet article détaillé de 1min30.

Illustration du “Cercle doré” de Simon Sinek (crédit : 1min30)

Enfin, troisième acte : après le dîner nous nous lançons dans une longue nuit blanche (ou presque) de prototypage de notre solution et d’écriture de notre pitch de 3 minutes de présentation de notre solution.

5 problèmes à résoudre

L’un de nos premiers problèmes à résoudre, nous l’avons lu entre les lignes du sujet. Certes, notre objectif était de concevoir un dispositif permettant la création d’un parcours thématique… Toutefois si notre solution pouvait se révéler duplicable pour créer d’autres parcours thématiques, elle n’en serait que plus séduisante pour la directrice du musée, notre commanditaire. Nous avons garder cette contrainte à l’esprit tout au long de notre réflexion.

Problème #1 : Comment concevoir non pas un parcours thématique, mais plutôt une solution duplicable permettant la création de plusieurs parcours ?

Revenons-en à notre sujet : créer un parcours s’affranchissant du sens traditionnel de visite guidé par l’architecture du lieu. La solution nous apparut rapidement et se matérialisa sous la forme des tablettes tactiles récemment mises en service au musée. Celles-ci offraient déjà aux visiteurs la possibilité de réaliser des parcours en autonomie amenant à la découverte d’oeuvres distantes les unes des autres. Pour des raisons évidentes de mise en oeuvre de notre solution, nous souhaitions capitaliser sur cet existant.

Problème #2 : Comment rapprocher dans un parcours de visite 5 oeuvres qui ne sont pas exposées aux côtés les unes des autres dans le musée ?

C’est une petite phrase de l’historienne Emmanuelle Polack qui nous a ensuite orientés sur une piste originale. Elle nous avait indiqué que, pour réaliser son travail d’authentification des oeuvres spoliées, elle havait pour habitude de retourner chaque tableau pour se concentrer sur son dos et en étudier les détails (chocs, traces, indications manuscrites…). Ceci nous aiguilla sur la piste de quelque chose à réaliser avec l’envers des oeuvres.

Puis, c’est lors de notre seconde visite au musée qu’un autre détail nous a interpelés. Chacune de ces cinq oeuvres visibles dans le musée (1) était exposée sur un mur dont nous pouvions faire le tour. Ca y est, nous tenions notre concept : offrir la possibilité aux visiteurs de découvrir le dos des oeuvres grâce à la réalité augmentée (2), ceci afin d’accéder à un contenu enrichi sur chacune (3). Ce concept est illustré ci-dessous.

Problème #3 : Comment rendre l’usage de notre solution original, de sorte qu’il soit mémorable pour les visiteurs du musée ?

1- Avers : “Madame Adélaïde en Diane” de Nattier (l’une des cinq oeuvres exposée au public)
2- Revers : projection du dos du tableau grâce à la réalité augmentée avec matérialisation d’une interaction
3- Revers : illustration de contenu enrichi qu’il est possible d’affiché une fois l’oeuvre “retournée”

Une difficulté demeurait toutefois encore à résoudre. Comment rendre visible au public du musée deux oeuvres entreposées dans les réserves, impossibles à exposer dans leur état ? Nous avons alors eu l’idée de proposer l’utilisation de chevalets blancs vierges. Ces chevalets disposés dans le musée seraient, via la technologie de réalité augmentée, les supports de la projection virtuelle des oeuvres en réserve non présentables au public.

Problème #4 : Comment inclure dans notre parcours de visite 2 oeuvres non visibles du public car présentes dans les réserves du musée ?

Enfin, notre dernière problématique pointa le bout de son nez lorsque nous commençâmes à réfléchir à la façon de présenter notre solution : comment allions-nous pitcher ? Car il était évident que nous pourrions jamais illustrer toute notre solution avec un prototype réalisé en une nuit.

C’est alors que nous nous sommes lancés dans la mise en scène de notre pitch conçu tel une pièce de théâtre. L’un des mem bres de notre équipe jouerait un visiteur et utilisateur d’une tablette tactile embarquant notre solution. Un second jouerait la voix off guidant le parcours de notre visiteur et renforcerait l’impact de notre démonstration. Enfin, un troisième incarnerait le narrateur qui présenterait notre solution afin de combler les vides qui ne pouvaient être illustrés par notre prototype et sa démonstration.

Problème #5 : Comment réaliser une présentation la plus exhaustive de notre solution sachant que notre prototype ne peut se suffire à lui-même ?

10 pitchs pour 1 podium

Revivez en vidéo les pitchs de présentations des dix équipes concurrentes.

Notre équipe termine ce marathon sur la 2ème place du podium. Merci Marie-Elise, Florent, Catherine et Jocelyne pour ces moments riche en couleurs. Merci à notre historienne Emmanuelle pour ce voyage dans le temps, à la conservatrice du musée et à ses médiatrices pour cette “folle nuit au musée”. Et bravo aux GO pour cette organisation aux petits oignons !

A nous la 2ème place sur le podium. Bravo l’équipe !

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