Breizh Rugby
10 min readJun 9, 2024

Le RC Vannes va-t-il pouvoir se maintenir en Top 14 ?

Le Rugby Club Vannes a atteint le plus haut niveau français, le Top 14 ! Plus dur championnat du monde et très envié des Nations de rugby de la planète ! Quel exploit des Bretons qui remportent pour la première fois, le titre de champion de Pro D2 avec cerise sur le gâteau, le bouclier de Brennus ! Cette victoire 16–9 contre Grenoble, restera gravée à jamais dans l’histoire du rugby breton.

Photo Canal +

Le RC Vannes suit une ligne assez linéaire depuis 1997 où tous les 8/10 ans, il monte d’un étage. En 1997, le club accédait à la Fédérale 2, quatrième échelon français. En 2006, les bleus montaient en Fédérale 1, anciennement troisième échelon. La dernière montée en Pro D2, le deuxième échelon, datait de 2016. Et voilà qu’en ce samedi 8 juin à Toulouse, 8 ans après, les Morbihannais l’ont fait : monter en Top 14 ! C’est irréel !

Faisons le tour du propriétaire en plusieurs points :

Le stade de la Rabine

La Rabine, où deux tribunes sur quatre ont déjà été refaites porte sa capacité à 11865 places avec le dernier aménagement de la tribune Nord, la nommée Lucien Jaffré. Le RCV et la ville de Vannes planchent sur cette tribune : elle devrait être agrandie au delà de ces 450 places qui viennent d'être effectives en ce début de printemps 2024, et enfin, plus tard, ce sera la tribune d’honneur.

Bientôt le stade se dotera d'un nouveau PC sécurité. L’ensemble de cet équipement passera de 35 m² aujourd’hui à 59 m2, il sera nécessaire de supprimer une cinquantaine de places assises. « Ce nouvel espace permettra au stade d’être compétitif pour accueillir des grands matchs internationaux », indique la Ville. Les travaux seront fait durant l'intersaison.

Au total, au début de la saison 2024-2025,
la Rabine aura une capacité totale de 11815 places.

À moyen terme, le Stade de la Rabine aura une capacité de 14000 places. C’est le minimum pour espérer survivre en Top 14 dans l’élite française.

La Rabine, Vannes

Le centre d’entraînement et de performance.

À l’automne 2022, le RC Vannes s’est doté d’un incroyable outil de développement avec son centre de performance « D’Aucy Park » d’une surface de 2400 m2, situé au cœur du complexe Jo-Courtel, le lieu de vie historique du club. Le centre de performance du RC Vannes comprend deux niveaux avec, notamment, une salle de musculation de 400m2, deux bassins de récupération, une salle de restauration de quatre vingt couverts et une salle de réunion pouvant accueillir des séminaires et des soirées partenaires d’une capacité de près de cent personnes. Il permet de réunir le groupe pro, l’association et le personnel administratif sur un site unique, exceptionnel. Il va permettre aux jeunes pousses bretonnes, de plus en plus en nombreuses dans le groupe professionnel ou en équipes de France jeunes, de se projeter à Vannes.
Cet outil d’exception d’un coût d’environ cinq millions d’euros a été financé pour moitié par les collectivités locales (Région Bretagne administrative, Conseil du Département et Golfe Morbihan Vannes Agglomération). La ville de Vannes a, elle, financé la halle qui abrite le terrain synthétique jouxtant le bâtiment.

Le D'Aucy Park (photo RC Vannes)

La Formation

Il faut en Top 14, un excellent réservoir de jeunes à incorporer à l’effectif quand celui-ci compte beaucoup de joueurs blessés. C’est là que le bât blesse malgré l’émergence de nouveaux talents Bretons comme Desjeux, Floc’h, Cotarmanac’h et T. Mezou ou non Breton comme Taccola. Il y a un an dans la presse, le manager Jean Noël Spitzer regrettait de ne pas avoir un club satellite à moins de 50 km pour épauler Vannes.

Aujourd’hui sur le championnat Espoir, le RCV n’est pas armé en volume de joueurs. Il a sa compétition et doit fournir les pros. Il faudrait 50 joueurs et le RCV ne les a pas. Il n’y a pas de pyramide. Il est nécessaire d’avoir des doubles licences et il faudra donc que le RCV ait un club satellite en Fédérale 1 dans un rayon de 50 km pour les avoir ces joueurs. La montée du voisin Auray en Fédérale 2 en ce printemps 2024, pourrait changer la donne. Le manager Alréen Régis Loubéry (ancien mythique talonneur vannetais en Fédérale 1) a déjà annoncé que des joueurs Espoirs de Vannes auront une double licence et pourront ainsi jouer pour Auray et pour Vannes.

La formation prend du temps et de l’argent mais elle est essentielle pour le RCV selon Olivier Cloarec. Le président rappelle que c’est un gage d’unité avec l’association RC Vannes. Parmi les dossiers urgents, la construction en dur de locaux pour remplacer les modulaires qui s’entassent à Jo-Courtel, trouver une solution pour financer l’internat Montcalm dont le coût, 85 000 euros chaque année, n’est plus viable, le recrutement de joueurs dans le Grand Ouest pour permettre l’éclosion chaque saison de 2 ou 3 joueurs professionnels.

L'un des défis est aussi d'avoir un jour en Top 14, un tiers de joueurs nés et formés en Bretagne, à démarrer un match. En Pro D2, le RCV arrive enfin à le faire. Le plus grand des défis, au plus au sommet, sera de fédérer tous les Bretons de Ouessant à Clisson derrière une seule et grande équipe qui représentera la Bretagne. Et avec cela, amener les plus grandes entreprises bretonnes en support du RCV pour porter le pays breton au plus haut.

Le Landivisien Youenn Floc'h (photo Instagram Youenn Floc'h)

Quels sont les partenaires et sponsors du RC Vannes engagés dans cette grande aventure ?

Le RC Vannes est un produit et une image qui se vendent bien. Dans la mêlée, avec 500 partenaires bretons, l’intérêt des entreprises pour le RC Vannes (Morbihan) ne faiblit pas.

On ne peut pas citer tous les partenaires, mais simplement énumerons les premiums : Intermarché, BMW, Arkea, Amor fruits, D'aucy, Eureden, Nestenn, SBV, Poule Toque, SILL, STEF et Virage conseil.

Avec 500 partenaires, les quatre espaces réceptifs du stade reçoivent 1300 VIP à chaque match. Le club peut encore progresser. La seule limite, c’est la jauge d’accueil de la Rabine. Un stade totalement adapté.

Les arguments pour vendre les espaces VIP et leurs prestations, les abonnements et la publicité ne manquent pas. Le club a une très bonne image en Bretagne. Il véhicule les valeurs du rugby, la simplicité, la convivialité, l’humilité. Il offre un spectacle évènement à tout type de public et de clients.

L’hermine sur le logo, le Bro Gozh ma Zadoù avant les matchs, la broderie bretonne sur les maillots, la Bretagne est omniprésente au RC Vannes et le président veut continuer à le développer. « Nos partenaires sont 100 % breton et on n’est pas prêt à s’ouvrir à l’extérieur pour le moment. Il y a encore des possibilités de développement et c’est aussi pourquoi on a une oreille attentive du côté des collectivités. »

Depuis quelques années, le jour de match à La Rabine, c’est "l'endroit où il faut être". La majeure partie des spectateurs ont un fort sentiment d’appartenance au club, à un territoire la Bretagne et à son aventure.

Pour les partenaires, le but recherché n’est pas le même. Certains viennent passer un agréable moment. D’autres ne viennent que pour rencontrer des acteurs économiques et faire du business. Une grande partie vient pour associer sport et affaires.

Aujourd’hui, D’aucy est le premier partenaire « premium » d’un club qui se repose sur la quantité de ses sponsors. Pour passer à l’échelon économique supérieur, il faudra probablement imaginer l’arrivée d’un très gros sponsor. Un groupe très important dans le secteur de l’agro-alimentaire est prêt à suivre le RCV. Ce groupe attendait la montée en Top 14, c’est fait. Il s’agit, à mon humble avis, du groupe Jean Floc’h, un groupe qui compte 13 sites de production, emploie 2 100 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros. En outre, déjà sponsor du FC Lorient au football, ces derniers descendent en ligue 2. Alors pourquoi pas Jean Floc’h sur le maillot dès cet été ?!

Aller chercher un autre très grand groupe comme Yves Rocher à La Gacilly (56) serait aussi porteur d’avoir un autre gros sponsor dans son panel.

Avec l’accession du club dans l’élite, il faudra entraîner les grandes entreprises et les grands groupes bretons dans son sillage pour survivre au plus haut niveau.

Logo RC Vannes

L’économie

Pour survivre durablement en Top 14, il faut passer le cap des 20 millions d'euros de budget. Seul club professionnel dans une Bretagne à 4 départements, 5 si on inclut la Loire-Atlantique, le RCV pourrait être accompagné par des grands groupes bretons avec l'image bretonne qu'ils véhiculent, pour réussir ce grand projet.

Le président du RC Vannes s’est exprimé l’automne dernier, Il avait évoqué un projet du club pour les trois années à venir avec un budget qui passerait de 12 à 14 millions d’euros (budget prévisionnel Pro D2) mais aussi un effort sur la formation, les infrastructures et un club ancré dans son territoire breton.

Le club avait cette saison, un budget de 12 M€, en hausse d’un million d’euros par rapport à la saison passée.
Un budget de 14 millions pour la saison 2025-2026 dans un an, était programmé. Mais avec la montée dès cet été, avec les droits TV, le budget des Morbihannais passera automatiquement de 12 millions à 19 ou 20 millions d’euros !

Avec ses 520 partenaires, l’objectif était que ces partenariats privés amènent 5,6 M€ cette année. L’objectif est déjà atteint ! Parmi les autres recettes, les subventions des collectivités (Ville, Agglo, Département et Région) à hauteur de 600 000 €, la billetterie pour 1 M€, les droits télé pour 2 M€ et enfin les places de réceptifs.

Vannes et son président avaient des doutes sur sa capacité à remplir la Rabine en Pro D2, mais ils ont fait 11299 spectateurs de moyenne avec des guichets fermés à chaque match sur les derniers matchs du printemps. Au total, 169481 spectateurs ont assisté aux matchs. Pour la demi-finale contre Béziers, 27000 personnes voulaient un billet !

En Top 14, le RCV fera tout le temps le plein à la Rabine soit 11815 places. Et pourquoi pas faire une délocalisation au Roazhon Park (30000 places) de Rennes pour recevoir le grand Stade Toulousain avec le meilleur joueur du monde, Antoine Dupont, par exemple ?! Il le faudra pour faire en profiter le peuple breton !

Le peuple breton est derrière son équipe !

Conclusion :

Les joueurs avaient annoncés vouloir aller en finale et gagner le titre, c’était leur projet, ce n’est pas le président Olivier Cloarec qui l’avait stipulé. Le projet est atteint ! Bravo aux joueurs et au Staff ! Le maintien en Top 14 sera difficile. C’est une élite très resserrée où il est très difficile de s’y installer. Et cela pour plusieurs raisons : le niveau de jeu très au dessus de la Pro D2, les salaires des joueurs qui explosent et le nombre de très bons joueurs que ça demande pour y survivre.
On l’a vu avec Oyonnax cette saison qui a galéré alors que le club de l’Ain avait survolé la Pro D2 la saison dernière. Ils ont connu également le Top 14, il y a quelques saisons, mais malgré cela, ils ont échoués… La Rochelle a aussi fait l’ascenseur au début de la décennie précédente avant de réussir à se stabiliser et de quelle manière !

Photo LNR

Avec la montée du Rugby Club Vannes en ce samedi 8 juin 2024 à Toulouse, le club se retrouve soudainement au pied de l’Everest devant lui. Ce sera très difficile de faire signer des joueurs avec le niveau Top 14, même ceux en fin de contrat sont presque tous déjà casés. Se tourner vers l’étranger, les Îliens du Pacifique ? Le club a déjà fait signer quelques joueurs pour la saison prochaine, mais ils ont le niveau Pro D2…

Plusieurs joueurs de l’effectif actuel et pas des moindre arrivent à un âge avancé (Tafili, Bresler, Leafa, Blanchard, Ruru, Le Bail, Kalamafoni, Duplenne). D’autres vont quitter le club comme le géant Irlandais O’Shea notamment, mais il n’y a pas que lui…Bain, Bazin et Bordelai s’en vont également. Il faut dès à présent recruter 6 à 9 joueurs qui pourront lutter en Top 14. La tâche est très ardue pour faire signer ceux qui sont dans le viseur du coach du RCV.

Le chantier s’annonce immense avec cette montée historique, mais on sait que le RC Vannes est prêt à relever tous les défis ! Jean-Noël Spitzer le manager n’aura pas de vacances, dès la fin du titre célébré avec le peuple breton, il doit se remettre au boulot ! Un travail colossal l’attend jusqu’à la reprise du Top 14.

Alors oui, c’est tout à fait faisable de voir Vannes perdurer dans l’élite, mais il faudra du temps avant de se stabiliser à ce niveau. Le RCV fera sans doute l’ascenseur au début, mais au final, après 2030, il y aura vraiment moyen de rester en Top 14. Il faudra digérer ce titre et essayer de bien figurer dans l’élite pour cette première saison. Elle sera très très difficile, tellement les autres clubs sont armés…Comment en laisser deux derrière au classement ? La coupe d’Europe viendra aussi manger de l’énergie et des hommes…

On espère vraiment que le RC Vannes tienne la route en Top 14. Il faudra être tous unis derrière notre équipe pour qu’elle se sublime afin de ne rien lâcher et essayer d’aller chercher un premier maintien dans l’élite du rugby.

Bevet Gwened ha bevet Breizh !!!

Mikaël Guiziou.

Photo Le Télégramme
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Ici c'est le rugby breton ! Du plus gros Vannes au plus petit La Feuillée. Conception équipe nationale XV Breizh. Je surveille aussi les joueurs pros bretons.