Breizh Rugby
8 min readMar 28, 2024

Le Rugby Club de Vannes peut-il objectivement survivre en Top 14 en cas de montée ?

Le Rugby Club Vannes continue de se développer année après année jusqu'à probablement atteindre le plus haut niveau français bientôt, le fameux Top 14, plus dur championnat du monde et très envié des Nations de rugby de la planète.

Le RCV suit une ligne assez linéaire depuis 1997 où toutes les décennies, il monte d'un étage. En 1997, le club accédait à la Fédérale 2, quatrième échelon français. En 2006, les bleus montaient en Fédérale 1, anciennement troisième échelon. La dernière montée en Pro D2, le deuxième échelon, date de 2016. En se projetant, cela nous amène à 2026, ce qui va coïncider avec la fin de la rénovation du stade de la Rabine.

Le stade de la Rabine

La Rabine, où deux tribunes sur quatre ont déjà été refaites porte sa capacité à 11865 places avec le dernier aménagement de la tribune Nord, la nommée Lucien Jaffré. Le RCV et la ville de Vannes planchent sur cette tribune : elle devrait être agrandie au delà de ces 450 places qui viennent d'être effectives en ce début de printemps 2024, et enfin, plus tard, ce sera la tribune d’honneur.

Bientôt le stade se dotera d'un nouveau PC sécurité. L’ensemble de cet équipement passera de 35 m² aujourd’hui à 59 m2, il sera nécessaire de supprimer une cinquantaine de places assises. « Ce nouvel espace permettra au stade d’être compétitif pour accueillir des grands matchs internationaux », indique la Ville. Les travaux seront fait durant l'intersaison.

Au total, au début de la saison 2024-2025, la Rabine aura une capacité totale de 11815 places.

À moyen terme, le Stade de la Rabine aura une capacité de 14000 places. C'est le minimum pour espérer survivre en Top 14 dans l'élite française. Une élite très resserrée où il est très difficile de s'y installer. Et cela pour plusieurs raisons : le niveau de jeu très au dessus de la Pro D2, les salaires des joueurs qui explosent et le nombre de très bons joueurs que ça demande pour y survivre.

La Rabine et Vannes vue du ciel

La Formation

Il faut en Top 14, un excellent réservoir de jeunes à incorporer à l'effectif quand celui-ci compte beaucoup de joueurs blessés. C'est là que le bât blesse malgré l'émergence de nouveaux talents Bretons comme Desjeux, Floch, Cotarmanac'h et T. Mezou ou non Breton comme Taccola. Il y a un an dans la presse, le manager Jean Noël Spitzer regrettait de ne pas avoir un club satellite à moins de 50 km pour épauler Vannes.

Aujourd'hui sur le championnat espoir, le RCV n'est pas armé en volume de joueurs. Il a sa compétition et doit fournir les pros. Il faudrait 50 joueurs et le RCV ne les a pas. Il n'y a pas de pyramide. Il devrait y avoir des doubles licences et il faudrait donc que le RCV ait un club satellite en Fédérale 1 dans un rayon de 50 km pour les avoir ces joueurs.

La formation prend du temps et de l’argent mais elle est essentielle pour le RCV selon Olivier Cloarec. Le président rappelle que c’est un gage d’unité avec l’association RC Vannes. Parmi les dossiers urgents, la construction en dur de locaux pour remplacer les modulaires qui s’entassent à Jo-Courtel, trouver une solution pour financer l’internat Montcalm dont le coût, 85 000 euros chaque année, n’est plus viable, le recrutement de joueurs dans le Grand Ouest pour permettre l’éclosion chaque saison de 2 ou 3 joueurs professionnels.

L'un des défis est aussi d'avoir un jour en Top 14, un tiers de joueurs nés et formés en Bretagne, à démarrer un match. En Pro D2, le RCV arrive enfin à le faire. Le plus grand des défis, au plus au sommet, sera de fédérer tous les Bretons de Ouessant à Clisson derrière une seule et grande équipe qui représentera la Bretagne. Et avec cela, amener les plus grandes entreprises bretonnes en support du RCV pour porter le pays breton au plus haut.

Quels sont les partenaires et sponsors du Rugby Club de Vannes engagés dans cette grande aventure ?

Le RC Vannes est un produit et une image qui se vendent bien. Dans la mêlée, avec 500 partenaires bretons, l’intérêt des entreprises pour le Rugby-club de Vannes (Morbihan) ne faiblit pas.

On ne peut pas citer tous les partenaires, mais simplement énumerons les premiums : Intermarché, BMW, Arkea, Amor fruits, D'aucy, Eureden, Nestenn, SBV, Poule Toque, SILL, STEF et Virage conseil.

Avec 500 partenaires, les quatre espaces réceptifs du stade reçoivent 1300 VIP à chaque match. Le club peut encore progresser. La seule limite, c’est la jauge d’accueil de la Rabine. Un stade totalement adapté.

Les arguments pour vendre les espaces VIP et leurs prestations, les abonnements et la publicité ne manquent pas. Le club a une très bonne image en Bretagne. Il véhicule les valeurs du rugby, la simplicité, la convivialité, l’humilité. Il offre un spectacle évènement à tout type de public et de clients.

L’hermine sur le logo, le Bro Gozh ma Zadoù avant les matchs, la broderie bretonne sur les maillots, la Bretagne est omniprésente au RC Vannes et le président veut continuer à le développer. « Nos partenaires sont 100 % breton et on n’est pas prêt à s’ouvrir à l’extérieur pour le moment. Il y a encore des possibilités de développement et c’est aussi pourquoi on a une oreille attentive du côté des collectivités. »

Depuis quelques années, le jour de match à La Rabine, c’est "l'endroit où il faut être". La majeure partie des spectateurs ont un fort sentiment d’appartenance au club, à un territoire la Bretagne et à son aventure.

Pour les partenaires, le but recherché n’est pas le même. Certains viennent passer un agréable moment. D’autres ne viennent que pour rencontrer des acteurs économiques et faire du business. Une grande partie vient pour associer sport et affaires.

Aujourd’hui, D'aucy est le premier partenaire « premium » d’un club qui se repose sur la quantité de ses sponsors. Pour passer à l’échelon économique supérieur, il faudra probablement imaginer l’arrivée d’un très gros sponsor. Un groupe très important dans le secteur de l’agro-alimentaire serait prêt à suivre le RCV, en cas d’accession en Top 14. Il s'agit, à mon humble avis, du groupe Jean Floc'h, un groupe qui compte 13 sites de production, emploie 2 100 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires d'un milliard d’euros. Aller chercher un autre très grand groupe comme Yves Rocher à La Gacilly (56) serait aussi porteur d'avoir un autre gros sponsor dans son panel.

S'il le club accède bientôt dans l'élite voire même dès cette année, il faudra entraîner les grandes entreprises et les grands groupes bretons dans son sillage pour survivre au plus haut niveau.

L’économie

Pour survivre durablement en Top 14, il faut passer le cap des 20 millions d'euros de budget. Seul club professionnel dans une Bretagne à 4 départements, 5 si on inclut la Loire-Atlantique, le RCV pourrait être accompagné par des grands groupes bretons avec l'image bretonne qu'ils véhiculent, pour réussir ce grand projet.

Le président du RC Vannes s’est exprimé l'automne dernier, Il a évoqué le projet du club pour les trois années à venir avec un budget qui passera de 12 à 14 millions d’euros mais aussi un effort sur la formation, les infrastructures et un club ancré dans son territoire breton.

Le club a cette saison, un budget de 12 M€, en hausse d’un million d’euros par rapport à la saison passée. L’objectif est de passer à 13 la saison prochaine et 14 la saison d’après pour figurer dans le Top 3 des budgets de Pro D2.
Donc un budget de 14 millions pour la saison 2025-2026, est programmé. En cas de montée dés cet été, avec les droits TV, le budget des Morbihannais passerait automatiquement de 13 millions à environ 16 voire 17 millions d'euros.

Avec ses 500 partenaires, l’objectif était que ces partenariats privés amènent 5,6 M€ cette année. L'objectif est déjà atteint ! Parmi les autres recettes, les subventions des collectivités (Ville, Agglo, Département et Région) à hauteur de 600 000 €, la billetterie pour 1 M€, les droits télé pour 2 M€ et enfin les places de réceptifs.

Vannes et son président avaient des doutes sur sa capacité à remplir la Rabine en Pro D2, mais ils font plus de 10 000 spectateurs de moyenne depuis avec des guichets fermés réguliers !

En Top 14, le RCV fera tout le temps le plein à la Rabine soit 11815 places. Et pourquoi pas faire une délocalisation au Roazhon Park (30000 places) de Rennes pour recevoir le grand Stade Toulousain avec le meilleur joueur du monde, Antoine Dupont, par exemple ?!

Conclusion :

Les joueurs annoncent vouloir aller en finale et gagner le titre, « c’est leur projet, ce n’est pas moi qui leur ai fixé" a dit Olivier Cloarec.
Le président veut s’installer chaque année en haut de tableau, « faire un match de phase finale à domicile pour offrir ça à nos supporters, nos partenaires, on sait que ça crée de belles fêtes et que ça maintient les dynamiques pour continuer à se développer. »

Le maintien en Top 14 serait difficile.
On le voit avec Oyonnax cette saison qui galère alors que le club de l'Ain avait survolé la Pro D2 la saison dernière. Ils ont connu également le Top 14, il y a quelques saisons, mais malgré cela, c'est dur ! La Rochelle a aussi fait l'ascenseur au début de la décennie précédente avant de réussir à se stabiliser et de quelle manière !

Si le Rugby Club Vannes monte le samedi 8 juin 2024 à Toulouse, il se retrouvera soudainement au pied de l'Everest devant lui. Ce sera très difficile de faire signer des joueurs avec le niveau Top 14 à ce moment là, même ceux en fin de contrat seront déjà casés. Se tourner vers l'étranger, les Îliens du Pacifique ? Le club a déjà fait signer quelques joueurs pour la saison prochaine, mais ils ont le niveau Pro D2. Plusieurs joueurs et pas des moindre arrivent à un âge avancé (Tafili, Leafa, Blanchard, Ruru). Le chantier s'annonce immense en cas de montée, mais on sait que le Rugby Club Vannes est prêt à relever tous les défis !

Alors oui, c'est tout à fait faisable de voir Vannes perdurer dans l'élite, mais il faudra du temps avant de se stabiliser à ce niveau. Le RCV fera sans doute l'ascenseur au début, mais au final, après 2030, il y aura vraiment moyen de rester en Top 14 !

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Ici c'est le rugby breton ! Du plus gros Vannes au plus petit La Feuillée. Conception équipe nationale XV Breizh. Je surveille aussi les joueurs pros bretons.