Article 5 : Sans métrique, le Powerpoint n’est rien : espoir de levée et App B2C

Car Blabla
4 min readDec 13, 2018

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Opération reconquête ?

Après un tel désaveu (Mobauto), qui plus est d’un investisseur, il me semble que la logique aurait été d’une remise en question, d’un état de ce qu’on sait faire / ne sait pas faire, de ce qu’on souhaite faire / ne pas faire, voire d’un pivot.

Ce n’est pas réellement ce que le CEO décida.

En août 17, les seuls changements furent de se focaliser sur le barycentre de l’activité en France - Paris - et sur la sous-traitance de l’App mobile en Moldavie et en Ukraine.

Objectif : vendre le boitier connecté comme un « must-have » pour chaque utilisateur de voiture !

Considérant que le produit est inconnu et la technologie indigente, l’idée est d’agréger tout ce que des partenaires ou d’autres start-up font comme proposition de valeur intéressante.

L’objectif est de les inclure gratuitement mais en marque blanche (sans les nommer) sur le produit Omega central. En leur faisant miroiter du business qd il y aura du volume.

La fourberie est double :

  • On présente un produit de Omega alors que c’est une API tierce (1)
  • On présente la « top innovation d’Omega » dans son boîtier connecté pour justifier d’inclure l’offre tierce en marque blanche, alors qu’Omega ne propose que du vent à date.

Là encore c’est brillant. On peut aussi le considérer malhonnête intellectuellement et méprisable déontologiquement.

Mais Omega gagne sur tous les tableaux : en invoquant son secret recipe (2), elle passe pour une vraie boite tech avec plein de R&D sans débourser un centime !

Une App Grand Public ? Facile !

Vaste programme que de s’adresser au grand public (B2C) sans proposition de valeur claire, sans technologie, sans budget marketing.

Si vendre un objet grand public from scratch (3) est toujours plus périlleux que vendre un service (contraintes de coût du matériel, de stock, de distribution), créer une Application n’est pas moins une gageure.

Là on a cumulé.

Quand en août 2017 la décision fut prise de créer notre App B2C en MVP (Minimum Viable Product (4)), les scenarii variaient de 6 à 8 semaines pour la livraison, d’1 semaine de tests et d’1 à 2 semaines de correctifs, soit 8 à 11 semaines, donc livraison pour mi-novembre au plus tard.

La réalité du développement logiciel - surtout avec des sous-traitants à distance - a finalement abouti à une livraison de l’App iOS (Apple) SEULE début décembre, à peine testée et en MMMVP…

Fin 2017, la part de marché en France d’Apple (iOS) est de 17%, Android détenant 83% du marché (5).

Une version Android stable et qui fonctionnera pour les principaux fabricants (Samsung notamment) sera finalement livrée… fin avril 2018.

Et, surtout : toujours aucune promesse tenue sur la réalité de la technologie que l’App est censée montrer !

Comment lever des fonds et tenir une valorisation sur RIEN de concret ?

Si aucune application n’est livrée, les concours de start-up ne manquent pas. Et si Omega n’a aucune technologie commercialisable, son discours (pitch) marketing est redoutable : bien intégré par l’orateur (hello!), l’argumentaire est difficilement opposable.

On a gagné beaucoup de prix et autres médailles en chocolat.

En revanche, le plan de fundraising (levée de fonds) ne marchait pas tout seul. Pour plaire aux fonds, il faut promettre une martingale. Inonder le marché automobile (~270M de voitures en Europe, autant aux US) avec un boitier connecté peut sembler une bonne idée.

Mais :

  • cette accroche n’est pas nouvelle (ici par exemple),
  • une idée ne vaut rien, seule l’exécution compte,
  • défendre une forte valorisation de société (>10M€) sans aucun produit/service commercialisable est compliqué.

Bref, en décembre 2017 aucun investisseur sérieux n’était prêt à remettre au pot. Ce qui pose problème quand on a un cash-burn mensuel de plusieurs centaines de milliers d’euros en sous-traitance pour tenter de développer quelque chose…

Dans les dépenses figuraient également en bonne place les frais de voyages de tours du monde du CEO : Il restait rarement plus de 10 jours sur le même continent, à rencontrer chaque investisseur, fonds, fonds de fonds, administrateur de groupe,… en essayant de faire monter les enchères.

C’est le thème de l’Article 6 :
Think Global. Quand un pitch est rôdé, il est global.

(1) API : wikipedia. Schématiquement : les interfaces de connections des services informatiques entre eux. Par exemple : vous louez une voiture chez Y en réservant votre billet d’avion chez X.

(2) Recette secrète. En fait moins on en dit sur la tech, mieux c’est. Surtout quand on n’a pas grand chose à dire.

(3) à partir de rien : c’est une expression qui arrive souvent dans la vie d’une start-up.

(4) Produit minimum viable, bon résumé ici

(5) La part de marché d’Android dans le monde est similaire et autour de 80%.

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