Transformation numérique du droit : une formation universitaire voit le jour

Case.one France
4 min readAug 21, 2017

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20 ans après les Etats-Unis, la France voit naître ses premières LegalTech et avec elles les prémices de ce qui annonce une révolution de la pratique juridique traditionnelle. Sur un secteur bouleversé, les principaux intéressés semblent laissés pour compte : comment l’avocat peut-il faire face à ce qu’il appréhende comme une concurrence déloyale, tout du moins une perte de monopole ? Comment les cabinets d’avocats doivent-ils tirer avantage des nouvelles technologies ? Quelles armes offrir au juriste de demain pour l’associer justement à la transformation numérique du droit ? Une première formation universitaire voit le jour à Paris 2, inscriptions ouvertes du 1er au 30 septembre 2017.

Former le juriste de demain, un programme Open Law

La formation des étudiants en droit est-elle en adéquation avec la réalité professionnelle ? Pas sûr. La transformation numérique de la matière juridique rend-elle obsolète le parcours universitaire des juristes du futur ? Sans doute… La réflexion mérite d’être développée, et vite. Au risque de voir sortir d’écoles des jeunes avocats inadaptés, en concurrence avec des pairs d’horizons éloignés (plus) compétents.

Dès ses débuts, l’association Open Law Le droit ouvert s’interroge et interroge sur la voie pédagogique à emprunter pour bien former les juristes de demain. Dans le cadre de son programme « économie numérique du droit », cet acteur institutionnel du secteur de la LegalTech souhaite repenser les méthodes d’enseignement d’une part, les objectifs de compétences d’autre part — soulignant les carences actuelles en la matière. En jeu : l’utilisation des outils technologiques dans la pratique quotidienne de l’avocat. En ligne de mire : la mise en place de nouvelles formations.

Quels enjeux pour les formations du juriste de demain ?

Dans un contexte où les nouvelles technologies se développent à grande vitesse, les enjeux de nouvelles formations axées transformation numérique du droit et LegalTech sont difficiles à cerner.

- Apprendre aux étudiants en droit et aux élèves avocats à utiliser les outils numériques ? Là n’est pas la problématique centrale. Les jeunes actifs se familiarisent désormais trop rapidement aux nouvelles technologies — elles-mêmes de plus en plus intuitives — nul besoin de leur apprendre. En outre, le temps où un logiciel unique était utilisé sur le long terme est fini : les startups proposent sans cesse des solutions de plus en plus innovantes et performantes aux futurs juristes et avocats.

- Apprendre aux actifs à coder afin d’automatiser leurs tâches les plus chronophages ? Peu d’intérêt, dans la mesure où les LegalTech B2B font cela pour eux, très bien pour la plupart, et pas cher.

L’objectif principal de la mutation des formations universitaires — ou au moins de la création de cursus mieux adaptés : la sensibilisation des étudiants aux dernières évolutions technologiques du numérique au service du droit, et à leurs conséquences pour les acteurs intéressés du secteur. D’un point de vue pratique, il s’agit en outre de former des professionnels capables de porter des projets innovants. Le constat est sans appel : les entreprises et les cabinets cherchent de plus en plus de profils polyvalents, qui maîtrisent aussi bien le droit que la technologie, et rares sont les candidats (issus d’une formation en France, tout du moins). Cette demande importante des structures juridiques devrait être satisfaite grâce à des parcours universitaires repensés… Des postes de chief digital officer, des services marketing aptes à créer une offre adaptée aux nouvelles attentes des clients, les débouchés s’annoncent intéressants.

L’Université Paris 2 Panthéon-Assas et l’ERAGE prennent des mesures concrètes

S’intéresser au marché américain, participer au salon de la LegalTech en France, miser sur des diplômes à l’étranger… le professionnel du droit — aguerri ou en devenir — qui le souhaite dispose de plusieurs moyens pour se sensibiliser à la transformation numérique de la sphère juridique. Pour se former, il aura dès 2017 une formation universitaire à disposition.

Les cours commencent en novembre, le DU de l’Université Paris 2 Panthéon Assas fait une entrée remarquée : on n’étudie plus le droit du numérique et des nouvelles technologies, mais bel et bien les possibilités ouvertes par les nouvelles technologies et le numérique sur le marché du droit. Juristes, avocats ou ingénieurs : les profils visés sont variés — et le niveau d’expérience tout autant. Se former à titre initial, ou s’adapter aux évolutions de la profession dans le cadre d’une formation continue — au profit des entrepreneurs, des directeurs juridiques ou même des magistrats — il s’agit de recruter des créatifs et des innovants pour construire le droit de demain. La formation en 2 semestres comporte une partie théorique, puis un projet concret comme une sorte de hackathon.

Spécifique aux élèves avocats — du Grand Est uniquement, pour le moment — le programme d’innovation de l’ERAGE suit également cette voie d’adaptation indispensable. D’autres écoles d’avocats la suivront-elles ?

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