Un Infrarouge dont vous êtes le héros

Charly Pache
8 min readSep 26, 2020

--

Vision d’un monde parfait.

Maquillage

Mercredi 23 septembre 2020, l’équipe de tous.ch était conviée à participer à l’émission Infrarouge sur la RTS, au titre prometteur de “Covid, la quarantaine éternelle?” Nous étions tous — c’est le cas de le dire — en pleine ébullition, déjà pour choisir qui de nous allait représenter le mouvement. Le choix n’était pas simple à faire entre un politicien aguerri à l’exercice, mais politiquement coloré et un citoyen engagé mais moins bon orateur (moi). Ni pour nous, ni pour l’équipe d’Infrarouge. La veille, nous avions été informés que l’émission se ferait à 4, avec une sociologue, un médecin cantonal, un professeur de médecine et nous. Vraisemblablement un 2 contre 2. Mercredi notre participation avait été réduite à une moitié d’émission et des invités s’étaient ajoutés, pour se retrouver avec deux ministres cantonaux de la santé un peu doublons. Au final, nous avons pu monter sur le ring à peine une dizaine de minutes en fin d’émission, en raison de ‘retard dû à l’actualité’, soit la discussion sur les 2500 personnes mises en quarantaine à l’école hôtelière de Lausanne. Le moment de débat le plus intense et controversé avant notre arrivée sur le plateau a certainement été la discussion pour savoir si une quarantaine devrait durer 5, 7 ou 10 jours. De plus, le seul invité qui partageait notre vision sur le plateau s’est retrouvé seul contre 4 pendant 45 minutes. Malgré une excellente capacité oratoire, son propos a été dilué dans une mare de dialogues attendus et déjà entendus mille fois à d’autres occasions. De notre côté, nous nous étions préparés en équipe pendant deux journées en vue d’un vrai débat, en nous réjouissant de pouvoir poser de vraies questions. Vu mon rôle d’étoile filante, la frustration était grande à l’issue de l’émission. Heureusement pour notre moral, de nombreux messages de soutien nous sont parvenus après coup. Merci à eux !

Pour que notre travail en amont ne soit pas totalement perdu, spécialement pour chaque signataire de notre manifeste, voici ce que cette émission aurait pu être dans une autre dimension, si l’âge du capitaine et la vitesse du vent avaient été différents. Des questions qui reviendront dans les prochains débats nous l’espérons et que nous vous invitons, chère lectrice et cher lecteur, à vous en faire les ambassadeurs.

Présentation de tous.ch

“Bonsoir et merci infiniment pour votre invitation. Ce soir je représente tous.ch, un collectif de citoyens qui se pose des questions par rapport à la gestion actuelle de la crise du Covid en Suisse. Au coeur de notre action se trouve un manifeste, signé par plus de 5000 citoyens préoccupés. Parmi eux se trouvent une soixantaine de médecins, 155 infirmières et aide-soignants, 400 psychologue et thérapeutes ainsi que 100 chefs d’entreprises. Nous voulons nous assurer qu’un débat démocratique, dans une des meilleures démocraties du monde, puisse avoir lieu. Nous souhaitons plus de transparence, nous assurer de la proportionnalité et du bien-fondé des mesures prises par nos autorités ainsi qu’une communication claire des objectifs à atteindre de la part des celles-ci.”

Nous tenons à préciser d’entrée que nombre de nos membres ont été touchés de près par l’épidémie, ont perdu des proches, et que notre but n’est pas de nier ou minimiser les souffrances des familles concernées. Nous avons reçu beaucoup de témoignages relatant du stress et de la souffrance.”

Absence d’objectifs clairs

“Au printemps, lors du semi-confinement, l’objectif était clair. Il s’agissait de casser la courbe des décès pour éviter une surcharge du système hospitalier. La population a joué le jeu et l’objectif a été atteint, même avec de la marge. On parlait alors des décès journaliers. Mais aujourd’hui, quel est l’objectif ? 0 décès ? 0 infection ? Pourquoi la métrique principale n’est plus le nombre de décès mais les ‘cas’ ? Pour mémoire, lors d’un point de situation des HUG fin mars, la Dre Jacquériot Bausch affirmait que “ce qui représente le mieux les épidémies, c’est la mortalité”. Actuellement, les instructions et les buts ne sont pas clairement communiqués par les autorités. À partir de quelle situation les mesures seront-elles assouplies ? Quel est le plan de sortie, la stratégie ? Quelles sont les métriques ? Une partie de la population à l’impression d’être dans un tunnel sombre dont nous ne voyons pas le bout, sans savoir où est la sortie et pour combien de temps nous y serons. Une guerre contre un ennemi invisible.”

Garantir la proportionnalité

“Un principe de base inscrit dans la Constitution suisse est que l’activité de l’État doive répondre à un intérêt public et doive être proportionnée au but visé. Nous nous posons des questions sur la proportionnalité des mesures actuelles. Peut-on encore parler de crise sanitaire majeure pour quelques dizaines de décès par mois alors qu’au total en Suisse nous perdons plus de 5000 âmes dans le même laps de temps ? Il n’y a eu au total ces 4 derniers mois 40 fois moins de victimes que lors des 2 premiers mois de l’épidémie, pourtant la peur est identique. Est-ce que la peur de ce virus n’est-elle pas exagérée maintenant que l’on sait que sa létalité n’est pas de plus de 3% comme initialement estimée, mais est plus proche de 0.1%? Nous voyons de plus avec le recul que la première vague n’a causé aucune surmortalité dans la population, même chez les plus de 65 ans qui constituent 95% des décès covid (voir chiffres OFS et OFSP). Est-ce qu’on ne peut pas affirmer, en constatant que 97% des victimes étaient déjà soignées pour une autre maladie, que leur moyenne d’âge est très élevée et que 50% d’entre elles vivaient en EMS, que peu de ces victimes sont en définitive des victimes “supplémentaires” par rapport à une année “normale”? Aujourd’hui, nous avons également suffisamment de recul pour voir que les scénarios catastrophes, à l’instar de celui de l’EPFL fin avril (voir image ci-dessous), ne se sont pas produits et ne méritent plus qu’on leur accorde du crédit.”

Entre juillet et août, il y aura eu finalement 24 décès Covid en Suisse. Soutenez les journaux et lisez l’article complet ici : source.

Qui sont les plus faibles que nous voulons protéger?

Quarantaines en chaîne, chute économique, les effets de bord des mesures actuellement ont des conséquences désastreuses sur d’autres pans de la société. On peut citer la saturation des services psychiatriques, les pertes d’emplois, faillites et le nombre de suicides en hausse. Pour être plus léger, nous pourrions parler aussi du gaspillage de toutes ces choses que l’on jette et désinfecte, tout ce matériel engagé, pour une utilité toute relative. Des séquelles psychologiques et sociales pour les enfants. Il est bien entendu louable de vouloir protéger les plus faibles mais qui sont les plus faibles qui demandent le plus de protection au final? Les milliers de personnes que l’on a vu faire la queue pendant 5 heures pour chercher de l’aide alimentaire aux Vernets ne font-ils donc pas également partie des plus faibles? Et les enfants? Ou ceux qui dans le silence absolu des médias se sont ôtés la vie cette année? Ces paramètres sont-ils sérieusement pris en compte dans la gestion de la crise. Au final, les baisses de recettes fiscales dues au crash économique, l’explosion du chômage, la précarité croissante ne desserviront-ils pas les plus faibles? Sachant cela, la balance bénéfice-risque des mesures actuelles pourrait être en fait négative et parler contre des mesures strictes si on prenait tous ces éléments en compte.”

Les mesures strictes sont-elles la bonne voie?

“On peut être surpris également de constater qu’on ne trouve aucune différence de cas positifs, hospitalisations et décès entre des cantons stricts comme Genève et des cantons plus souples comme Berne. Idem pour les Pays-Bas qui viennent de lever l’obligation du masque sauf pour les transports publics. Est-ce la bonne stratégie de suivre les pays stricts, comme la France ou l’Espagne alors que ce sont eux qui ont les pires résultats en termes de décès? Quand on voit que ce sont les pays qui font le plus confiance en leur population qui s’en sortent le mieux, ne devraient-on pas suivre ces exemples ? De plus, on voit de plus en plus que comme chaque étage décisionnel préfère en faire plus que pas assez, sur le terrain, dans les écoles, les entreprises, les différents cantons, les mesures divergent et vont souvent au-delà de ce que l’OFSP préconise à la base.”

De la transparence vers la confiance

“Pour gagner la confiance de la population, les autorités ne devraient-elles pas faire preuve de plus de transparence ? La population a besoin d’être traitée comme un vrai partenaire, à 100%. La population, c’est elle qui gère la société au quotidien, les entreprises, les familles, les enfants. Les autorités ne sont pas tout. Plus les autorités imposeront des mesures sans effort pédagogique et sans faire l’effort d’expliquer, plus la société continuera d’être tendue et crispée. Nous voulons par exemple que soient publiée l’analyse des certificats de décès. L’Italie a fait ce travail depuis longtemps pour découvrir que le coronavirus a en réalité joué un rôle dans seulement 12% des morts comptés comme covid, les autres causes, comme un cancer, une crise cardiaque ou une attaque étant majoritaires. Cette situation est également due au fait que certains pays gardent indéfiniment l’information d’un test positif et que quelqu’un qui meurt plusieurs mois après le test d’une autre cause est toujours ajouté à la liste des morts covid. Le Royaume-Uni a récemment adapté sa pratique et a ainsi ‘perdu’ 5300 morts du covid. En Suisse nous ne savons pas combien de temps est gardée l’information d’un résultat positif et l’analyse des certificats de décès n’a à notre connaissance pas été faite. Des zones d’ombre entourent également les tests utilisés, leur fiabilité, nous aimerions voir les analyses de ces tests, savoir par exemple quel est le nombre de cycle des PCR en Suisse, sachant qu’au-delà de 30, on amplifie le matériel génétique de manière à obtenir des résultats positifs pour des personnes qui ne sont en réalité pas contagieuses. Quand on sait ce que coûte une quarantaine — car elle ne vient rarement seule et peut concerner des centaines de personnes — mieux vaut s’assurer de bien faire les choses et de ne pas en faire trop pour rien.”

Conclusion

M. Poggia, lorsque vous disiez le 28 août dernier :

“Nous sommes fatigués, y compris d’expliquer, et nous souhaiterions que l’analyse objective des faits, ici et ailleurs, suffise à convaincre du bien-fondé de nos mesures.”

Nous vous répondons simplement :

“Nous sommes aussi fatigués, y compris d’expliquer, et nous souhaiterions que l’analyse objective des faits, ici et ailleurs, suffise à convaincre du bien-fondé de nos questions.”

Tant que des réponses claires ne seront pas données à ces interrogations, il y aura des gens qui se les poseront. Nous souhaitons que les autorités présentent des informations claires, objectives et transparentes sur tout ce qui concerne la crise, les mesures et leurs justifications et nous communiquent des objectifs clairs et une stratégie de sortie. Pour en finir avec ce sentiment de peur et d’incertitude permanentes qui ruine nos sociétés, les plus belles années de nos enfants et le plus beau moment de toute vie, le moment présent.

Nous souhaitons tout de même remercier Infrarouge pour nous avoir laissé une place et les invités pour leur accueil bienveillant et leur ouverture malgré nos divergences.

Et vous cher public, à vous d’agir !

--

--