Handisport : quels progrès reste-t-il a faire ?

Au sein des universités françaises, les étudiants et les équipes pédagogiques tentent de trouver des solutions pour favoriser l’intégration des jeunes en situation de handicap. Rencontre avec Jonathan Hivernat, champion de France de rugby fauteuil, qui nous fait part de son avis sur la situation actuelle.

Emma Chenin
5 min readApr 15, 2019

C’est au Petit Palais des Sports de Toulouse que nous avons fixé un rendez-vous. La concentration se mèle à la convivialité. Le capitaine de l’équipe, Jonathan Hvernat, nous accorde quelques minutes pour nous faire part de son avis sur la question du militantisme au travers du handisport.

Handisport et parcours scolaire

Du haut de ses 28 ans, il revient d’abord sur sa vie étudiante. Sa scolarité s’est effectuée majoritairement à Toulouse. Il oscille entre Paul Sabatier et l’Université Capitole, tout en maintenant ses activités sportives.

“L’autonomie est très prolifique, mais il faut la mesurer en fonction de la personne et de son domaine de compétences”

C’est a ce niveau qu’intervient “la Mission Handicap”. Elle a pour rôle de conseiller les jeunes dans l’aménagement de leurs études et mesure les mises en place nécessaires pour chacuns. Selon Jonathan, c’est un véritable travail de collaboration entre la Mission, les équipes pédagogiques et surtout soi même.

Cependant, malgré les efforts, les barrières existent toujours. Du collège au lycée, l’exclusion est réelle. Une manque d’éducation ou encore d’information selon Jonathan.
Elles se brisent petit à petit en veillissant.

“Paul Sabatier propose une prise en charge optimale. La mission handicap du Capitole n’a pas assez d’expérience et joue moins son rôle”

Tout est une question de vécu.
Nous revenons ensuite sur les compétitions scolaires réservées au handisport. On peut toujours améliorer les choses selon Jonathan.

Le handisport doit être encouragé a travers le parcours scolaire mais aussi le sport scolaire.

Logo UNSS France

L’UNSS, Union Nationale des Sports Scolaires a des vraies lacunes, si l’on compare à ses voisins européens.
Les jeunes en situation de handicap ne sont pas assez encouragés à faire du sport à travers leur parcours scolaire dès le plus jeune âge, d’aprés Jonathan.

Logo FF Sport U

Quant à la Fédération Française des sports Universitaires, les lacunes sont encore plus grandes. Jonathan nous confie le début de ses études à aujourd’hui aucune progrès n’a était fait. Il n’existe littéralement rien pour permettre aux handicapés de pratiquer un sport dans le cadre de leurs études supérieures.

“Il y a besoin d’ouvrir la pratique et l’esprit, on doit avoir la volonté”

Le capitaine de l’équipe de France participe a de nombreux salons et discussions afin de tenter de résoudre cette problématique à travers la création de projets et organismes.

Parcours d’un champion

Jonathan Hivernat revient ensuite sur sa pratique actuelle du handisport.
Son palmarés est impressionnant. Il pratique le rugby fauteuil depuis 9 ans, et est déjà 7 fois champions de France avec le Stade Toulousain dont il est capitaine, 1 fois champion d’Europe avec l’équipe de France et a participé a deux Jeux Olympiques. Il prépare actuellement les Jeux de Tokyo et Paris 2024.

Point de la victoire inscrit par Jonathan Hivernat (21) lors que la Finale de la Coupe de France de rugby en 2018.

Fort de cette notoriété et de son experience, il tente de faire connaitre et reconnaitre le handisport comme un sport de haut niveau.

“Il y a la même exigence pour les sportifs valides et handicapés, mais pas la même reconnaissance”

Pour lui, le manque de consideration est un frein au progrès. Une sensibilisation dès le plus jeune âge pourrait être la solution la plus efficace selon le champion de France.
A la question “vous arrive-t-il de vous engager pour faire changer les choses ?”, la réponse est oui.
Pas de manifestation au sens propre mais de la discussion pour ouvrir les esprits.

“C’est un devoir de partager ce qu’il se passe, autant dans le monde du handicap que du handisport”.

Il n’y a que comme ça que nous ferons avancer les choses.
Les campagnes existent et marquent les esprits ? Mais quel bénéfice sur la durée ?

Campagnes APF, Toulouse Interim, OsezLeHandisport

Pour Jonathan, il faudrait prévoir un parcours de sensibilisation pédagogique au sein des écoles, à la manière des enseignements d’éducation sexuelle, qui font encore polémique aujourd’hui malgré leur nécessité. En effet, le système scolaire en France s’avère être très en retard sur l’intégration de ce types d’enseignements, qui sont pourtant essentiels.

Son club et lui interviennent a leur échelle, auprés des plus jeunes, mais il affirme que ce n’est pas encore assez. “La masse” a éduquer est encore trop importante.

La non considération du handisport en tant que sport de haut niveau est le reflet de la considération de la societé sur les handicapés.
Il ne sont pas ou peu payés, ne disposent pas de tous les aménagements et financements nécessaires à la pratique de leurs sports, et il en est de même dans leur vie quotidienne.
Malgré les lois imposées en 2005, des batiments ont encore des infrastructures non adaptées, certaines universités notamment. Un retard intolérable selon Jonathan.
Le sponsoring et les subventions sont rares dans le domaine du handisport.

“Il faut arriver à débourser entre 6 000 et 8 000 pour avoir un fauteil adapté a notre sport”

Un espoir malgré tout

La diffusion des jeux paralympiques sur France Télévision en mars dernier s’annonce comme un fer de lance du progrès.
Le handisport n’est plus un cercle fermé, il est diffusé au grand public, qui manifeste un intérêt certain pour les disciplines.

Les sportifs attendent beaucoup des nouvelles mesures, dans l’audiovisuel notamment, qui devraient contribuer à affirmer leur statut.

Pour en savoir plus sur notre champion, nous vous proposons cette timeline retraçant son parcours exemplaire

--

--