L’effort adapté

Mon cul c’est du poulet
6 min readNov 11, 2015

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Etes vous déjà entré dans une salle de musculation pour trouver Robert, allongé sur un banc, tentant de pousser trois fois son propre poids ? On voit bien qu’il souffre. On voit bien qu’il n’y arrive pas, que ses veines tentent de devenir des artères.

Tu te fais du mal Robert. S’il te plait, arrête. On t’aime.

Source : Glory Owl

J’ai déjà fait mon laïus sur le noob shaming dans notre société. Je ne reviendrais pas là dessus. Je pense que dans l’imaginaire collectif, il existe une limite absolue au dessus de laquelle une activité est “admise comme un véritable effort”. En dessous t’es un petit rigolo.

Notre bon Robert ici présent a accepté de répondre à quelques petites questions.

Robert : Bonjour.

Mon cul: Bonjour Robert et merci de nous accorder cette petite interview.

Robert: C’est bien normal.

Mon cul: J’insiste.

Robert: Non vraiment, c’est rien.

Mon cul: Non j’arrête cette interview pue la merde. Je vais parler à ta place. C’était un test de format. Ne te prend pas la tête ce n’est pas personnel.

Après cet échec cuisant, je me vois obligé d’expliquer à la place de ce bon Robert pourquoi il agit comme ça.

Robert: Je suis toujours là en fait…

En réalité Robert est probablement passé après Gérard (ouais j’ai ouvert le dictionnaire des prénoms, y’a un problème, tu veux qu’on en parle ?). Gérard, 7 ans de pratique, enchaîne 30 répétitions de 100kg en souriant. Avouez que c’est rageant non ?

Ha mais oui voila pourquoi je pensais à Gérard. Inconscient de mes deux …

Robert ne veut pas se taper la honte devant Gérard. Il veut impressionner, ne pas flancher, faire partie du groupe.

Robert: Ca devient gênant là. Je vais y aller …

Sache que ton corps a une capacité liée à ton activité, ton alimentation. C’est un peu le truc impressionnant : sa capacité d’adaptation. Oui, ton corps s’adapte. Si on devait mettre ça sur une formule ça donnerait :

capacité + (effort * jours) -> nouvelle capacité

Du coup tu me répondras :

“Donc au plus je fais d’efforts, au plus ma capacité sera élevé non ? Donc Robert a raison”.

Hum, non.

Vois-tu la courbe de progression (promis ça viendra) plafonne. Il est donc pratiquement inutile de courir plus vite ou pousser des poids plus forts, ça n’accélérera en rien ta progression. Et tout ce gâchis d’énergie va créer un traumatisme chez toi.

Je. Dois. Tenir. Coute. Que. Coute.

Au plus tu nourriras ce traumatisme avec ta nouvelle “bonne résolution de bien être”, au plus tu replongeras fort dans tes anciens vices. C’est ainsi que Robert, ne voyant pas ses efforts récompensés, risque d’abandonner en se sentant nul, faible ou en trouvant refuge dans “l’échec prédestiné”.

Robert: De toute façon c’était pas mon truc.

Merci Robert, parfaite illustration du propos !

Ceci est donc valable dans tous les efforts que nous devons déployer. Se dépasser c’est très bien, c’est même comme ça qu’on progresse. Vouloir imiter l’autre ou se punir en se faisant du mal, est voué à un probable échec.

Le couple amoureux se regardait dans les yeux en savourant une délicieuse raclette. Elle esquissa alors un regard de peur à son cher et tendre : “Profitons, demain on reprend le régime”. Et ils soupirèrent ensemble.

J’ai quelque fois entendu le terme d’alimentation punitive. Bien sur que tu mérites d’être punis petit salopard. Tu oses prendre du plaisir en mangeant ? Deux mois de soupe ça t’apprendra, vaurien !

En sport et en nutrition, c’est comme dans la bible, il y a des valeurs qui se répètent. Sur l’aspect progression, un ratio que j’aime beaucoup c’est 70%. Et je te l’ai magnifiquement illustré :

Si tu regardes le cas du calory burning et de la démarche classique :

  1. Je calcul le minimum syndical de calories à ingurgiter pour survivre (parce que je le mérite bien, j’ai été méchant)
  2. J’attend les résultats comme on me l’a promis

Prenons l’exemple d’un homme ingurgitant environ 3000 calories par jour dans son régime usuel. Il se trouve nez à nez sur un point le représentant sur un graphique. Le point dis : “oui tu es là gros lard”. Dans une belle zone toute rouge. A ce moment il a bien compris que ce qu’il fait est mal et il est bien décidé à y remédier.

Ha mince je lui ai pas donné de prénom à celui là. Disons Robert aussi.

Robert: Ha mais lâchez-moi la grappe à la fin !

Robert lit clairement qu’il est sensé s’alimenter sur la base de 2000 calories par jour. Il est super motivé. C’est parti. Seulement Robert, il va en chier. Pourquoi ?

  • Parce que manger lui apportait un plaisir dans ses journées de paperasse
  • Parce que son estomac attend sa dose de bouffe
  • Parce que son cerveau attend ses apports en sucre (oui je parle bien de drogue là)

Et ce sevrage trop violent va lui donner un coup au moral. Evidemment, si Robert en sortant du travail a des trompettes qui l’attendent avec une ribambelle de pom pom girls qui crient “Robert ! Robert ! T’es trop fort ! On t’adore !”, il va surement tenir le coup. Malheureusement ce n’est pas son cas.

Robert: Des fois je sors avec des filles hein …

Si on se fie au diagramme des 70%, comment peut-on l’adapter à Robert ?

/!\ Attention ce qui va suivre est hautement approximatif et contient des formules de produit en croix dignes des plus grands érudits de la planète, vos yeux pourraient ne pas s’en remettre /!\

Robert a choisi la valeur de 2000 calories, correspondant à son minimum pour être en bonne santé d’après le prestigieux site www.calculer-ici-votre-imc-avec-les-outils-les-plus-perfectionnes-des-scientifiques-en-blouse-blanche-du-coup-des-gens-de-confiance.com.

On peut donc dire que 2000 est sa capacité max. Il va donc être le bonhomme tout rouge. Si 3000 est son 50%, on en déduira que son 70% sera :

3000-(3000–2000) * (70–50) / (100–50)= 2600

Soit environ 400 calories de moins par jours. 130 calories de moins par repas. Un seul sucre au lieu de deux dans tes trois cafés de la journée. Contente toi de la moitié du bol de riz servi avec ton menu sushi que tu apprécies tant, le tour est joué pour le repas du midi !

Bien plus accessible non ?

Il y a une deuxième valeur magique qui marche bien c’est 2 semaines. Oui je te parle de toi, le gentil névrotique qui se pèse tous les jours.

Je ne comprend pas hier j’ai perdu 50g, aujourd’hui j’en ai pris 40

On va se mettre d’accord tout de suite : tu n’es pas un bol de farine. Respecte la bonne parole de Mon Cul : 2 semaines.

2 semaines c’est le temps qu’il faut a ton corps pour s’adapter. Tu pourras y voir des progressions en sport, la mise à jour de tes capacités max. En dessous, considère que ce ne sont que des fluctuations de la mesure physique.

2 semaines, c’est aussi mentalement un objectif accessible. Un objectif à ta portée. Suffisamment éloigné pour le voir comme un sommet à gravir. Suffisamment proche pour ne pas abandonner en route.

Dans la méthode SCRUM, on appelle cela un sprint. (J’y reviendrais … oh oui agilité, ton petit cul aura droit à son propre article)

Ainsi, après 2 semaines de test, tu aviseras si tu veux retenter l’aventure pour deux nouvelles semaines avec le même format, ou t’ajouter un nouveau petit défi à ta portée pour les deux semaines suivantes.

Mon ami, tu viens de faire ton premier pas dans le Cercle Vertueux.

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Mon cul c’est du poulet

Mon Cul, c’est un mec sorti de nulle part qui te parle de nutrition, de sport, et de changements personnels. C’est une sorte de un charlatan bienveillant.