Roller coaster hormonal — congélation d’ovocytes (partie 2)
J’ai repoussé longtemps avant d’écrire cet article. Un peu par flemme, car je savais qu’il allait me demander pas mal d’énergie pour retrouver toutes les infos, les dates, les démarches… J’ai repoussé par besoin aussi, pour avoir le temps de digérer tout ce qui s’est passé. Mais si j‘attends trop longtemps, je sais que je ne l’écrirais jamais cet article. Et ce serait dommage de ne pas partager mon vécu aux femmes qui auraient envie de se renseigner sur la procédure. Dommage aussi d’oublier tous les moments lunaires et cocasses que j’ai vécu au fil de cette congélation d’ovocytes. Alors, let’s go. Partie 2.
Si ce n’est pas déjà fait, allez lire la partie 1.
Mai 2024 : début du traitement et règles qui jouent à cache cache
J’ai l’appel téléphonique avec l’anesthésiste. Prévu à 11h, celui-ci m’appelle à 12h. Je vous raconte pas mon état de stress en attendant l’appel, j’ai encore cru qu’on m’avait oubliée… Je crois que c’est l’histoire de ma vie, d’être oubliée, abandonnée… Faudra que j’en parle à ma psy.
L’anesthésiste est hyper sympa au téléphone, il me pose tout un tas de questions : si je fume, si je bois, si j’ai des soucis de santé dans ma famille, si j’ai déjà eu une anesthésie générale… blablabla. Cela lui permet d’évaluer mon profil.
Apparemment, je suis éligible aux 2 options : anesthésie locale ou anesthésie générale. Selon les centres de PMA, parfois on n’a pas le choix. On peut nous imposer l’une ou l’autre solution. Mais là, j’ai le choix, et il m’explique alors les 2 options :
- Anesthésie locale : on me fait une piqure en locale (dans le vagin donc) pour m’anesthésier pendant la ponction. Je suis consciente pendant la durée de l’intervention qui dure environ 15 minutes. Je peux prendre un petit tranquillisant avant pour me déstresser si jamais je suis anxieuse. Je ressortirais en étant plus fraîche que sous AG (anesthésie générale, t’as capté), vu que mon corps aura moins de produit à éliminer (je raconte avec mes mots, désolée s’il y a des médecins dans la salle et que j’emploie pas du tout le bon jargon).
- Anesthésie générale : on m’endort, boum. Je suis endormie pendant l’intervention. Je peux être un peu plus fatiguée post opération par rapport à l’anesthésie locale.
Bon, globalement, il y a des pour et des contre dans les deux cas. J’explique à l’anesthésiste que je pencherais plutôt pour l’option en local. Le fait d’être consciente, de savoir ce qu’on va me faire me rassure. Mais que j’ai un peu peur de la douleur. Il me dit que c’est très subjectif selon les personnes. Certaines peuvent avoir très mal, d’autres pas du tout.
Il sort sa botte secrète en me disant que je peux opter pour une anesthésie locale au début et que si jamais je panique ou que j’ai trop mal, je peux demander une AG. Il sera derrière la porte, prêt à intervenir à tout moment si on l’appelle.
Je l’imagine debout, l’oreille collée contre la porte du bloc, à guetter le moindre bruit suspect. Je ne sais pas s’il a dit ça pour me rassurer ou si c’est vraiment le cas.
Toujours est-il que ça me rassure. Je pars sur l’option anesthésie locale.
Entre temps, je récupère à la pharmacie les mille produits aux noms incompréhensibles (parfois des médicaments génériques, donc les noms ne correspondent pas toujours aux ordonnances. Pensez à bien noter les équivalents pour ne pas vous tromper). Dans ma pharmacie de quartier, le pharmacien est adorable et me donne la totalité du traitement pour que je sois tranquille et m’éviter de revenir. Ils seront d’un grand soutien tout au long des démarches (cœur sur eux).
Je commence donc à prendre les cachets de Provames (des oestrogènes) pour déclencher mes règles.
La consigne étant : au premier jour de mes règles, je dois écrire aux infirmières de Tenon en mode “Coucou j’ai mes règles”. À partir de cette info, celles-ci me donneront la date pour commencer les piqûres.
Bon, forcément, il y a un couac : je suis censée partir en vacances en Bretagne. Un peu galère de gérer ça à distance, surtout que certains produits doivent se garder au frais… Avec 3h de train, c’est pas fifou. J’hésite à me trimbaler une petite glacière.
Finalement, après renseignement auprès de ma pharma (love love), ils me disent que je peux sortir le Puregon hors du frigo sans souci. Je décide donc d’emporter avec moi mon kit pour les premières piqûres au cas où mes règles se déclencheraient avec l’air breton.
Je vous rappelle que mes règles c’est “surprise surprise”, donc je ne sais pas quand elles vont se pointer. Mais Provames doit les déclencher, on garde espoir pour qu’elles se pointent à mon retour de vacances.
Je passe ma semaine en Bretagne sans que mes règles ne se déclenchent. C’est cool, mais ça commence à m’inquiéter car les règles sont censées débouler 10 jours max après le début du traitement. Si je ne les ai toujours pas au 10e jour, je dois prévenir les infirmières de Tenon. C’est ce qui arrive. Celles-ci me répondent : “Ok, venez demain à Tenon pour une écho à 8h”.
Euhh, ça va être compliqué les gars… Je suis actuellement à Beig-Meil en train de bouffer une quantité astronomique de crêpes et de galettes.
Elles sont compréhensives (apparemment ce n’était pas un impératif de faire cette échographie à ce moment-là de mon cycle) et me disent de poursuivre les comprimés. Si jamais je n’ai pas mes règles dans 3 jours, alors je devrais les prévenir. À nouveau, toujours R. Mes règles ne se pointent pas, les reloues… Les infirmières me calent alors un rendez-vous d’écho le lundi matin à 7h. Ouf, je serais rentrée la veille au soir à Paris. Elles me précisent que si mes règles se déclenchent d’ici le rendez-vous de contrôle, je n’aurais pas besoin de venir.
Mes règles ont le sens du timing, car arrivée chez moi à 22h30 le dimanche soir, bingo ! Elles sont là :) Je peux donc annuler le rendez-vous du lendemain matin à Tenon et dormir un peu.
Le mail en question :
Dans le ventre ou dans la cuisse ?
Suite à cette info cruciale de FUCKING date de règles, les infirmières me donnent enfin la feuille de route pour mon traitement :
J’ai la date de ma première piqûre, yihaaaa ! Je vais devoir commencer d’abord avec le Puregon à faire tous les jours entre 18h et 19h. Le produit est à insérer dans un stylo seringue, un peu comme les piqûres d’insuline. Puis j’enchaînerai avec un autre produit, le générique de l’Orgalutran, le Fyremadel (ces noms de l’espace…). C’est une vraie seringue cette fois, mais déjà prête à l’emploi. J’aurais ensuite des examens de contrôle tôt le matin (à 7h à l’hôpital) pour vérifier comment mes follicules réagissent aux traitements.
J’ai pas mal hésité sur la logistique des piqûres. Est-ce que j’allais les faire en solo ou faire appel à une infirmière ? Une amie avait choisi l’option infirmière, elle en était très contente. Une autre, en parcours de PMA, les avait faites toute seule. Malgré un certain stress au début, elle m’avait dit que ça se faisait.
Après réflexion, j’ai opté pour la solution débrouille.
J’avais la flemme de dépendre d’un lieu, de me déplacer dans un cabinet chaque jour, de devoir trimballer les produits avec moi… Je me disais que je serais plus flexible en faisant les piqûres moi-même à la maison.
En plus, ma pharmacie de quartier adorée m’a dit qu’ils pouvaient m’assister. Ils ne sont pas en droit de me faire les piqûres, mais ils peuvent être à mes côtés pour me guider dans toutes les étapes avec un petit tuto Youtube. Je choisis cette option, je me sens en confiance avec eux. En plus, la pharmacie est juste en bas de chez moi et ils sont trop mims.
Le 7 juin, je m’en vais donc faire ma première piqûre de Puregon à la pharmacie. J’avais au préalable regardé un tuto Youtube, je vous recommande de le faire. Ça permet de se rassurer et de bien comprendre les différentes étapes le jour J.
Après m’être bien lavé les mains, avoir désinfecté mon ventre (j’avais le choix entre la cuisse et le ventre, j’ai opté pour le ventre), après avoir inséré la cartouche dans le stylo et mis l’aiguille sur l’embout, c’est parti. La pharmacienne me dit : “C’est bon, vous pouvez piquer, ça fait pas mal”. Un peu hésitante sur le mouv (je ne me suis jamais piquée de ma vie), j’y vais franco, hopla. Effectivement, ce n’est pas si dérangeant. Une fois l’aiguille insérée, il suffit de presser le stylo pour y injecter le produit. Voilà, c’est déjà fini. Je suis rassurée de la démarche finalement assez simple.
Le 2e jour, je m’en vais donc me piquer toute seule chez moi comme une grande. Enfin, pas vraiment seule, un mec que je fréquente depuis quelque temps est là pour m’assister. C’était d’ailleurs assez drôle quand j’ai dû lui expliquer mon parcours de congélation d’ovocyte au 2e date : “Alors en fait, je suis vieille, et je sais pas si je veux des enfants, donc voilà quoi…”.
J’ai un peu hésité avant de lui en parler vu qu’on ne se connaissait pas trop. Mais je trouvais ça nul de garder ce projet aussi important pour moi. Et en même temps, parler de ça, c’était prendre le risque de lui faire peur en passant pour une maboule prête à tout pour faire des gosses. J’ai choisi l’option 2. Il n’a pas eu l’air de paniquer.
Bref, je suis avec lui pour faire ma deuxième piqûre. En soit, je n’ai pas vraiment besoin de lui. Mais ça me rassure de savoir qu’il y a quelqu’un à côté de moi pour vérifier la procédure. Et puis, ce n’est pas un moment hyper sympa, on peut vite se sentir seule. J’étais contente qu’il soit là pour me faire un petit câlin post piqûre. Il était d’ailleurs hyper investi, à checker la vidéo deux fois pour être sûr.
Je poursuis donc les piqûres jusqu’à la première écho, une semaine plus tard. La veille, je dois commencer une seconde piqûre, Fyremadel (ou Orgalutran, c’est pareil). Tout ça, en plus du Puregon. Je garde le Puregon dans le ventre et je fais la 2e piqûre dans la cuisse. La pharmacienne me prévient que je peux avoir une sensation désagréable avec la nouvelle piqûre, un peu comme un vaccin. Effectivement, je ressens une gêne dans ma jambe après la piqûre, comme si j’avais la jambe engourdie. En plus, cette fois ce n’est pas un stylo, il s’agit d’une vraie seringue. Les choses sérieuses commencent…
Écho de contrôle : bataille navale et partie de bingo
Le vendredi 14 juin, j’ai donc rendez-vous à 7h à l’hôpital Tenon. Mes amies m’avaient prévenu : il faut arriver en avance car c’est la politique du premier arrivé, premier servi. Dès qu’on arrive, on doit noter son nom sur un petit papier accroché au mur. Puis les infirmières nous appellent par ordre d’arrivée pour réaliser les prises de sang et les échos.
La salle est remplie de femmes, seules ou en couple. Des “vraies femmes” pour la plupart, enfin, qui ont l’allure de futures mamans potentielles. Elles ont des sacs à main de dames et des bottines. Moi je suis en jean baskets avec mon sac à dos. J’ai l’impression d’être une fraude.
On finit par m’appeler pour la prise de sang, puis j’attends à nouveau un moment avant de faire l’échographie pour contrôler mes follicules. L’échographe me reçoit, me parle à peine, elle me dit de me déshabiller et de m’installer sur la table d’examen. Je retire ma culotte et je m’allonge mal à l’aise. Elle me tend alors un stylo et une feuille vierge avec un trait au milieu et me lâche : “je vais vous donner des nombres, vous devrez les noter dans les cases”.
Je la regarde avec de grands yeux, je ne vois aucune case sur son papier. Je retourne la feuille dans tous les sens, la déplie, je cherche à comprendre. Elle me regarde en soufflant à moitié. Elle me dit : “nan mais il faut pas la déplier”. Je lui rétorque qu’il n’y a pas de cases sur sa (putain) de feuille, mais 2 colonnes. Elle me répond : “oui, bah dans les colonnes quoi”.
Ça commence bien.
S’ensuit une partie de bingo où je note à la suite des chiffres incompréhensibles :
8,7
13
11
12,9…
(j’ai jamais fait de bingo, mais c’est l’idée que je m’en fais).
D’abord dans la colonne de droite. Puis dans la colonne de gauche.
Elle me réclame ensuite la feuille et me dit que je peux me rhabiller. Voilà, j’ai aucune idée de ce que je viens de noter. Je me doute bien que la colonne de droite doit avoir un rapport avec mon ovaire droit et la colonne de gauche avec mon ovaire gauche, mais c’est quoi ces chiffres ? Est-ce que c’est mon nombre de follicules ? J’en ai 13 ? Ou bien 8,7 ?
Je me souviens de mon écho de 2022 où le gars en avait compté 26 et m’avait dit que c’était super. Mais, 2 ans ont passé depuis, est-ce que ma réserve ovarienne a baissé ? Je suis perdue…
Et je n’ai pas beaucoup plus d’explications en face. L’échographe finit par me tendre le compte rendu de l’examen, ainsi qu’une ordonnance avec des antalgiques à prendre la veille et le jour de la ponction.
Je la questionne : “Mais, j’ai combien de follicules du coup ?”. Elle me répond laconique : “c’est écrit sur le papier”.
Je baisse les yeux sur le compte rendu. C’est du jargon de médecin, des chiffres sont annotés avec des abréviations, je capte r. Je vois finalement sur une ligne “OVD” et “OVG” j’en déduis qu’il s’agit du petit nom de mes ovaires, droit et gauche. En face, la série des nombres que j’avais notés sur la feuille est reportée.
Je lui redemande : “Ok… mais du coup, combien j’en ai à gauche ? Et à droite ?”
C’est tout juste si elle ne me souffle pas dessus tellement elle est blasée.
Elle : “Il faut compter les nombres dans chaque case”.
J’insiste : “Ok… Donc 6 à droite ?”
Elle : Oui.
Je confirme : “Ok… Et 7 à gauche ?”
Elle (toujours aussi inexpressive) : “Oui.”
Je ressors de cet entretien totalement à l’ouest. Je pensais avoir une réserve de dingo, avec 13 follicules de chaque côté, finalement j’en ai moitié moins. Je suis dépitée. Si ça se trouve, je fais tout ça pour rien, je ne vais même pas avoir assez d’ovocytes lors de la ponction (oui, je sombre vite dans les pires scénarii à chaque déception… C’est mon mécanisme par défaut. Team verre à moitié vide).
Surtout, je suis choquée du manque d’information et de considération de la nana. Je m’en fous qu’on me mette à contribution pour l’examen, mais bordel explique-moi ! Explique-moi que ce que je vais devoir noter c’est la taille de chacun de mes follicules pour connaître leur maturité. Explique-moi que la colonne de droite c’est mon ovaire droit et la colonne de gauche, c’est mon ovaire gauche. Explique-moi que je suis au début du traitement et que les chiffres indiqués à ce jour ne sont PAS définitifs. Qu’ils vont encore progresser.
Un peu de pédagogie et d’humain, ça aurait fait toute la différence.
Suite du traitement : bleus à gogo et grosse chialade
Après le contrôle, je reçois un appel de la gynéco de Tenon. Suite à la prise de sang et à l’écho, elle m’informe que mes follicules réagissent bien au traitement, qu’ils sont dans la norme (ah bah good to know). Toutefois, il faudrait leur donner un petit coup de pouce pour qu’ils soient encore plus matures. Du coup, on va adapter mon traitement.
Je dois continuer Orgalutran mais arrêter Puregon et le remplacer par un nouveau produit à récupérer en pharmacie : Fertistart. Le nom est un peu sexy, ça fait presque envie.
Sauf que c’est un truc un peu bizarre avec des poudres à mélanger. Souvent, les poudres à mélanger, ça n’arrive qu’à la toute fin du traitement, juste avant la ponction. Un peu comme le boss final des jeux vidéo, quoi.
À nouveau, je me rends dans ma pharma de quartier pour qu’ils m’assistent sur cette nouvelle piqûre. C’est un peu le bordel cette fois, la pharmacienne, très gentille, galère, elle n’est pas trop au fait de cette piqûre. Je me sens moins en confiance, mais on arrive quand même au bout du truc. Ça me fait mal quand je me pique. J’ai une réaction immédiate de rougeur sur le ventre, qui se transformera rapidement en bleu. Je me sens bif bof.
Ah oui, petit point émotionnel. Jusqu’à présent, ça allait plutôt pas mal psychologiquement. J’appréhendais forcément la réaction des hormones sur mon moral, mais après une semaine de traitement “todo bem”. Je me sentais juste un peu fatiguée, c’est tout.
Mais cette nouvelle piqûre (et les massives doses qui vont avec) allaient commencer à me foutre à plat.
Je dois suivre ce nouveau traitement pendant 3 jours, jusqu’à la nouvelle écho de contrôle, qui aura lieu le lundi 17 juin. Le dimanche 16 juin au soir, jour de la Fête des Pères (je ne sais pas pourquoi je précise cette info, ça n’a pas son importance), au moment de me piquer seule, j’ai mal. Un bleu immédiat se forme sur mon ventre.
Je pleure.
En voyant mon corps avec des bleus, des rougeurs sur la cuisse, j’ai l’impression de me faire du mal. Je me demande un peu pourquoi je m’inflige tout ça. Alors que je ne suis même pas sûre de vouloir des enfants. Je me sens aussi très seule dans cette démarche. Il y a un côté assez déprimant à se piquer toute seule chez soi le soir en rentrant du taff. Un truc un peu honteux, presque. J’ai pas de mec pour m’épauler dans ce projet. Je fais ça seule et franchement, ça craint. Les scénarii de l’angoisse débarquent à nouveau en masse, surtout avec la dose de cheval d’hormones que je m’injecte depuis 10 jours. Je suis à fleur de peau.
C’est pile à ce moment (où je m’injecte cette piqûre douloureuse) que j’ai une sensation de rejet. Je suis écoeurée des piqûres. Comme si je les vomissais. Je me dis : “Ok stop, j’arrête de me piquer toute seule, j’en peux plus”.
Heureusement, avec l’écho du lendemain, j’allais normalement être déclenchée ASAP pour la ponction. Le traitement devrait donc toucher à sa fin.
Je me rends le lundi matin à la 2e écho de contrôle et BONHEUR je ne tombe pas sur la nana du bingo. C’est une femme toute douce avec un accent italien qui me reçoit. Avec un grand sourire, elle me demande de m’allonger sur la table d’examen. Son assistante est là pour noter les informations qu’elle voit sur son écran, tandis qu’elle s’exclame : “Ohhh mais c’est très joli ce qu’on a là !!! C’est très très beau”. J’ai envie de chialer quand elle dit ça. Parce que c’est trop chou de complimenter mes follicules, parce qu’elle est douce, parce qu’elle m’explique tout et parce que je suis pleine à craquer d’hormones et que je chiale depuis 2 jours sans raison.
Elle répond à toutes mes questions, me dit que j’ai une bonne dizaine de follicules et qu’a priori, je devrais être ponctionnée mercredi. En sortant, les infirmières me confirment la date : je serais bien opérée mercredi matin. Je dois donc arrêter le traitement habituel dès aujourd’hui et faire les dernières piqûres de déclenchement ce soir à 20h30. Yes !
Une piqûre d’ovitrelle (un stylo seringue pré-rempli) et de décapeptyl (les fameuses poudres à mélanger, aka le boss final) pour déclencher mon ovulation 35 à 40 heures plus tard.
J’en vois enfin le bout. Je ressors de Tenon toute souriante. Mes follicules sont en forme, j’ai une date d’opération et je vais enfin arrêter de me piquer. Je jubile.
Je me mets en quête de trouver une infirmière pour me faire les piqûres du soir. Sauf qu’à 20h30, la plupart des cabinets sont fermés… Et pour une intervention à domicile, c’est compliqué de trouver une infirmière disponible en last minut. La chialade commence à nouveau à pointer le bout de son nez. J’écume Doctolib, je demande à tous mes amis s’ils connaissent des infirmières / médecins susceptibles de me faire la piqûre. J’ai bien vu le tuto en ligne, je pourrais gérer le mélange de poudres, mais je ne me sens plus de me piquer solo. Je suis arrivée à saturation. Ça me donne la nausée rien que d’y penser.
J’arrive finalement à booker un rendez-vous en banlieue parisienne, à Maison Alfort, à 40 minutes de chez moi. C’est mon amie Lucile qui m’a donné le contact, c’est là où elle avait fait ses piqûres 6 mois auparavant pour sa propre congélation d’ovocytes. L’infirmier me dit qu’il ferme normalement à 20h, mais qu’il restera à 20h30 pour m’attendre. Je trouve ça trop sympa (à deux doigts de chialer, encore, face à tant de gentillesse).
Mon rendez-vous est fixé. Je respire et je sèche mes larmes…
…Jusqu’à ce que je reçoive un appel de Tenon dans l’après-midi qui m’informe que mes résultats sont bons, mais qu’un petit jour supplémentaire serait idéal pour laisser mes follicules grossir un peu plus. On décale donc la date de l’opération à jeudi matin. Je dois poursuivre mon traitement habituel ce soir et faire mes piqûres de déclenchement le lendemain. Tout est décalé d’un jour, quoi.
Au téléphone, j’acquiesce en retenant les sanglots dans ma gorge. Je raccroche et je laisse les flots de larmes sortir. C’est ridicule de pleurer pour un rendez-vous décalé, j’en ai bien conscience. Mais à ce moment-là, je me noie dans un verre d’eau.
Je dois rappeler le cabinet de Maison Alfort pour décaler mon rendez-vous au lendemain et trouver un cabinet pour ma piqûre habituelle. Heureusement, je trouve plus facilement vu que je dois faire la piqûre à 18h (les cabinets sont encore ouverts).
J’ai les yeux bouffis, mais mes rendez-vous sont à nouveau calés.
Je me rends le soir même dans le cabinet pour que l’infirmière me fasse ma piqûre. Je lui explique que j’ai tout fait moi-même jusqu’à arriver à un écoeurement il y a 1 jour, que j’ai des bleus et que je n’y arrive plus.
Elle hoche la tête, entendue : “Ah oui ça arrive tout le temps, on finit par en avoir marre.” Elle me dit d’ailleurs qu’elle serait incapable de se piquer elle-même.
Elle regarde mon pauvre ventre et me dit que j’ai dû piquer trop près du nombril, qu’il y a plein d’artères à ce niveau et que c’est pour ça que j’ai eu des bleus. Ah. Sur le tuto Youtube ils disaient pourtant qu’il fallait piquer à 3 doigts du nombril.
Anyway.
Le lendemain, c’est le boss final. Je me rends à Maison-Alfort, au bout de la ligne 8 de métro, et je fais les 2 piqûres pour déclencher l’ovulation. L’infirmier a du mal à décrypter l’ordonnance, une histoire de flacons et d’ampoules à mélanger et j’avoue que ce n’est pas très clair. On ne comprend pas s’il faut mélanger 2 flacons de poudre avec 2 ampoules de liquide, ou bien 2 flacons de poudre avec 1 ampoule de liquide…
Ça me perturbe de voir que lui aussi ne comprend pas trop. J’ai peur qu’on ne m’injecte pas ce qu’il faut, peur de ne pas être prête pour le jour de la ponction, peur d’avoir fait tout ça pour rien. Mon cerveau recommence ses pires scénarii, Spielberg calme-toi.
Finalement, mon infirmier tranche. Il dit que ce qui compte, ce sont les poudres (c’est ça le produit qui va déclencher l’ovulation). Le liquide, on s‘en fiche un peu, c’est juste pour diluer. Alors let’s go.
Je vous conseille de bien demander des explications au personnel soignant sur les dosages car les ordonnances sont parfois incompréhensibles. Quand on la reçoit, on s’en fout un peu, on ne lit pas. Mais le moment venu, ça peut être assez perturbant, donc vérifiez tout bien en amont si possible.
Je rentre chez moi, je me sens légère. Je suis prête pour la ponction le lendemain.