Tinder Surprise: récit d’un match truqué

Luc, calme et volupté
7 min readFeb 5, 2017

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[SPOILER] Briefing introductif: Il sera question de swipe, d’arnaque à la photo de profil et de la date la plus pétée de l’histoire de France…

Tinder, tout le monde sait ce que c’est. Mais si… L’application hyper épanouissante et pas addictive du tout qui a fait du smartphone le meilleur ami de l’homme en chien. Aveu: je m’y suis moi-même mis récemment, balayant d’un revers du pouce deux ans d’anti-tinderisme primaire. Il fallait les écouter, les analyses du “Luc d’alors”, sorte de vegan des rapports amoureux pour lequel toute relation ne résultant pas d’un portage de couilles hollywoodien était entachée d’un incurable déficit de panache.
Oui… je me suis créé un profil. Abandonnant mes naïves vanités lors d’une escapade à Copenhague (ville d’avions de chasse s’il en est) où je ne connaissais aucun baye, j’ai gagné les rangs de “l’armée des lâches” tant décriée.

Oui… je me suis créé un profil.

De retour à Paris, j’y suis resté. Et ce n’est pas le même Tinder. Pas du tout. C’est le jour et la nuit, De Gaulle et Hollande.

Avant de vraiment rentrer dans le vif du “sujet” (i.e. la date la plus pétée de l’histoire de France), je dois dire deux-trois petites choses concernant l’application, et plus spécifiquement ses utilisatrices ; pas toutes, juste celles qui dégoûtent…

Paris, ville de l’amour? Tinder-ment parlant, c’est archi faux. Je n’ai pas sous les yeux les stats exactes, style le ratio filles positivement valables/nombre d’utilisatrices, etc., mais c’est relativement catastrophique…
Entre:
-les cassos (bouffonnes desperates et insécures ascendant no-life) qui mettent en description: “à la recherche du bonheur et d’une relation sérieuse / plan cul oust! / etc.”, en s’imaginant sans doute que des types sainement constitués vont sur Tinder pour se caser avec la première venue, lui jurer amour, assistance et fidélité, et ce, avant même le premier rdv ;
- les touristes/programmes d’échange/globetrotters anglo-saxonnes qui ont l’air de parcourir la planète façon route de la faciale ;
- les mademoiselles-tout-le-monde sans skills (“je suis marrante et créative”… Bah prouve-le wesh, t’as 500 caractères pour balancer un petit trait d’esprit) ;
- les insta-chieuses riches et bonnes en quête de sugar daddy ;
- les grosses soit disant décomplexées (“je suis ronde et très bien dans ma peau”… tout en ne mettant que des selfies visage/décolleté, et en cachant soigneusement la circonférence de leurs bras ou tout autre indice sur leur corpulence réelle) qui sont en rébellion contre la sélection naturelle et qui tentent de modifier leur position dans la chaîne alimentaire à coup de “si t’es un de ces bouffons qui aiment les planches à pain, passe ton chemin car je ne suis pas intéressée. Cordialement.” ;
- et j’en passe, et des meilleures… mais flemme.

Bref, dans ce marécage de tarées (de même que côté filles, Tinder doit sans doute être une immense réserve naturelle de loss/boulets/relous), la part de meufs vraiment matchables par choix (“Hmm… elle a pas juste l’air bonne, elle. Ce serait bon délire découvrir ce dont elle est faite”) est vraiment infime (4–5 par jour)… Comme dans la vraie vie quoi, la fameuse aiguille dans la botte de foin.
Et en parlant de real life, ça arrive que des matches débouchent sur un rencard… ce qui *magie magie* me ramène à mon sujet: la date la plus pétée de l’histoire de France.

Le match en question a eu lieu avec une Léa, petite brune un peu bimbo-banlieue de type italienne. La photo de profil de l’intéressée (selfie plongeant dans le décolleté) et l’autre photo (regard évasif, bouche légèrement ouverte, cheveux détachés) ne laissait certes pas entrevoir une bastos de compétition, mais at least un bon petit baye. Et c’était confirmé par l’expertise unanime du panel de potos auquel j’ai montré les photos: “hotties belong together” me disais-je.

Donc, dans la continuité du match, je porte mes couilles derrière l’écran tactile et lui demande son num après quelques messages taquins où je vois qu’elle lâche pas mal de “mdrr” (note à moi-même: rédiger un article sur l’antagonisme “mdr”/“haha” comme aspect contemporain de la lutte des classes). S’en suit un projet de rdv, qui sera concrétisé quelques jours plus tard. Ne la sentant pas d’un raffinement extrême, j’opte pour Bastille comme lieu de ralliement et un bar rue de la Roquette comme lieu de la date. Bar qui n’a pour intérêts que sa carte de cocktail longue comme le bras et son happy hour ; autrement, l’endroit est “médiocre”:
- ambiance obscuro-lounge bas de gamme assortie aux écrans tv allumés ;
- popcorn parfum polystyrène offert par la maison ;
- serveurs ni avenants ni compétents ;
- clientèle majoritairement constituée d’un type de pollution* que je ne souhaite pas dénigrer gratuitement mais assez facilement rattachable (du fait de ses caractéristiques vestimentaro-capillaires et de ses manières) à ce qu’on appelle… les “beaufs”.
* “population” (lapsus du correcteur automatique)

Retour au sujet.
Le jour J, vers 19h10 ou 20: elle m’envoie un texto pour me dire qu’elle est devant Les grandes marches. J’arrive un peu après, en provenance de Richard Lenoir, donc je ne m’aventure pas à son niveau et l’appelle pour lui dire que je l’attends vers l’Indiana. Un groupe de gens traverse ; je ne la vois pas dans le tas. Mais (par magie) je sens à un moment un regard posé sur moi, et identifie qu’il émane d’un mélange dégueulasse de kilos en trop, de gêne et de cheap-ance (= le fait d’être cheap, exemple concret: son petit collier en tissu élastique bon marché autour du cou). “Oooh… putain, putain! C’est quand même pas elle?”. Je re-regarde le groupe attentivement et me rends compte qu’il n’y a personne d’autre correspondant à mon match. “Putain, putain! Je suis niqué. Je fais quoi maintenant? (…) Je mets ma capuche et je pars en courant? (…) Pfff putain. C’est cheum de faire ça, je vais rester. Je vais écourter. Sa mère, c’est surréaliste. Sa mère. Sa mère.
Donc je suis resté.

“Oooh… putain, putain!”

Dès le “salut ça va? (+bise)” j’ai compris que la personne, en plus d’être un gros thon qui remplit sa vie de merde d’arnaques à la photo de profil, n’était pas à l’aise dans ses souliers: respiration un peu courte, intonation de voix vacillante, etc. Bref, en plus d’être un gros thon qui remplit sa vie de merde d’arnaques à la photo de profil, elle n’assumait pas et se faisait dessus. C’est là que j’aurais dû assumer pour deux, et lui dire bye bye, cash. Je l’ai pas fait, peut-être à cause mon côté “chrétien” (“elle s’est tapée un long trajet pour venir”) ou parce que je ne m’étais jamais figuré que ça existait, ce genre de plans.
Par défaut, nous sommes allés “boire un verre”, tous les deux… Et moi le calice, accessoirement. Jusqu’à la lie, ou presque, soit dit en passant (celle-là c’est juste pour la rime. En vrai, ça allait très bien: j’étais nonchalamment calé dans un sofa et je fixais en me retenant de rire les gens qui nous observaient l’air consterné… SAUF SI, nul n’en aura jamais la certitude, ils s’en foutaient et j’étais juste dans une phase de parano).

Ah, et si d’aventure on veut faire mon procès à coups de “t’es sérieux Luc quand tu parles des gens comme ça?” et autres “putain mais comment t’es hautain toi en fait !”, il faut savoir que la qualification de “gros thon qui remplit sa vie de merde d’arnaques à la photo de profil” n’est rien de plus qu’un constat étayé:
1/ “Gros thon”: cf 2/
2/ “Arnaque à la photo de profil”: je ne parle pas d’une petite douille un peu vicieuse et de bonne guerre, je parle de plus de 20 kilos d’écart entre ce que la photo suggère et la réalité.
3/ “remplit sa vie de merde d’arnaques à la photo de profil”: pendant le rdv elle m’a dit que j’étais le même que sur ma photo, j’ai dit “ok” ; à un autre moment, après un blanc de 2min-2min30, je lui demande comment ça marche pour elle sur Tinder, elle me dit que tous les mecs qu’elle like la likent mais que ça change pas sa vie. Là, j’ai compris un truc: j’ai été le mec le plus naïf d’Île-de-France en ne vérifiant pas préalablement son fb.

Plus jamais.

Mais le plus drôle, c’est quand même que j’ai payé son verre. 10,50€. Haha. Le cœur léger (“elle est quand même venue depuis Nanterre, cette grosse merde”). Au revoir. Num supprimé. That’s it.

Au revoir. Num supprimé. That’s it.

Ça y est, c’est la fin de cette chronique. Heureusement, sa mère. Parce qu’à force d’écrire sur cette date de merde, j’ai l’impression que ma bite a rétréci.

Piste de réflexion : https://www.hommesdinfluence.com/articles/16527_tinder.html

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