Aux abords du fédéralisme belge (Le saviez-vous #4)

CIVIX
3 min readNov 17, 2018

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D’unitaire à fédérale, centralisée à parsemée, nombreuses sont les personnes qui aujourd’hui se perdent dans le labyrinthe qu’est la Belgique fédérale actuelle.

Certes, il nous paraît tout à fait normal de ne pas maitriser dans les moindres détails une architecture institutionnelle arborant pas moins de 8 parlements et 6 gouvernements. Ne s’arrêtant pas là, notre pays affiche une diversité d’entités telles que les communautés, régions, provinces et communes, qui confirment la complexité propre à l’architecture politique belge. Au terme de cet article, nous vous invitons à découvrir les transformations essentielles qui ont amenées la Belgique à proposer pareille décomposition politique.

Au terme de la journée du 21 juillet 1831, Léopold 1er, notre premier souverain, prêtait serment de rester fidèle à notre Constitution. Celle-ci présentait le régime belge au titre d’une Monarchie constitutionnelle parlementaire. A cela nous pouvons ajouter que la Belgique était un état centralisé sur Bruxelles, affichant une politique unitaire.

Cela veut dire qu’il n’y avait que deux assemblées parlementaires belges (Le Sénat et la Chambre), représentant le peuple et légiférant sans distinctions aucunes des langues ou de circonstances géographiques. Suivant cette logique, il n’existait non plus qu’un seul gouvernement, s’occupant d’exécuter son pouvoir sur l’ensemble du territoire belge.

La Belgique est née dans un contexte assez particulier, coalisant des cultures et langages différents. Ceux-ci peuvent tant bien symboliser une force, de par l’union de peuples latino-germaniques, que représenter une fragilité politique. Nul besoin de rappeler que la première moitié de l’histoire belge est marquée par des disparités entre une culture francophone dominatrice à l’économie flamboyante, et un peuple flamand qui peine à survivre et se bat pour se faire représenter. Et c’est dans cette logique que les années 1930 voient des idéologies fédéralistes francophones émerger. Ces derniers souhaitaient séparer le Sud du pays de son nord, jugeant qu’ils freinaient une puissance économique présentée parmi les plus puissantes de son ère.

Aux suites de la seconde guerre mondiale, le scénario tend à s’inverser. Les dommages causés par la Grande Guerre sont désastreux pour l’économie wallonne. A cela, procédant à des calculs d’opportunités, les dirigeants belges répondent d’un investissement majoritaire dans une économie flamande qui ne cesse de se renforcer. Les clivages linguistiques et culturels sont alors à leurs points culminants, tandis que les piliers de l’économie wallonne marquent leur mécontentement face à la politique d’investissement du gouvernement du moment. D’autres tensions se font ressentir, notamment dans le milieu estudiantin, avec la séparation de l’Université Catholique de Louvain et de l’Université Libre de Bruxelles en deux branches linguistiques distinctes.

De ces nombreuses situations périlleuses, une réelle nécessité de séparer plus spécifiquement les besoins des uns et des autres se fait ressentir. Le paysage pluriculturel belge a besoin d’être fragmenté pour répondre au mieux des intérêts de ses citoyens. S’en suit alors la première réforme de l’état. Celle-ci marque le fer de lance du processus de fédéralisation de la Belgique.

Datée de 1970, elle procédera à une création des communautés, dont on entend souvent parler aujourd’hui. Au nombre de trois, on retrouve ainsi une communauté française, flamande et germanophone. La deuxième réforme de l’état, elle, vit le jour dans le courant de l’année 1980. Elle a pour conséquence de créer deux régions : la région wallonne et la région flamande. 8 ans plus tard, la région Bruxelles-Capitale sera créée à la suite de la troisième réforme.

1993, 2001 et 2014 sont les dates auxquelles ont eu lieues les trois prochaines réformes de l’état. Non sans la moindre utilité, elles ne sont toutefois pas indispensables à la compréhension du paysage politique actuel. Il conviendra, dans un prochain article, d’expliquer la hiérarchie qui existe entre ces différentes entités, leur fonctionnement ainsi que les actes législatifs ou exécutifs qu’ils peuvent chacun en leur sein adopter.

Léopold Bellemans

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