Capitalisme, socialisme et démocratie V : Le socialisme est-il possible?
Nous nous étions, en quelque sorte, quitté sur un cliffhanger de taille… Les socialistes avaient refermé la main sur une proie de choix, le plus grand défenseur du Capitalisme avait concédé que ce système était condamné à s’effondrer à terme…
Une dissolution qui était bien de nature endogène, le système sécrétant de l’intérieur sa propre transition à terme vers le socialisme en sapant de lui même sa propre légitimité et en bâtissant les fondements de l’alternative qui lui succéderait…
Une dissolution qui était bien de nature endogène, le système sécrétant de l’intérieur sa propre transition à terme vers le socialisme en sapant de lui même sa propre légitimité et en bâtissant les fondements de l’alternative qui lui succéderait…
Poussant le zèle jusqu’à retirer de leur pied une épine qui y était douloureusement enfoncé, la plus grande critique adressé à leur système socio-économique, celle formulée par Ludwig von Mises… Royal pour ne pas dire impérial…
Nous aurons amplement le temps de réaliser qu’avec un allié comme celui-ci, les malheureux n’avaient plus besoin d’une Némésis cruel pour leur susurrer la plus implacable des oraisons funèbre…
Mais pour apprécier ce cadeau empoisonné à sa juste valeur, prenons la peine de restituer la critique de Mises. Thèse qu’on formule généralement par L’impossibilité du calcul économique en système socialiste
Thèse qui fût complété et raffiné par son disciple Hayek, mais aussi Walter Lippmann et Michael Polanyi (qu’il faudra sortir de l’ombre de son frère Karl, un jour..)
Pour saisir pleinement l’argumentaire de Mises, il ne serait sans doute pas inutile de (re)découvrir sa conception de l’économie comme Praxéologie (je renvoie à cet article qui porte sa marque)
On peut prendre comme point de départ l’axiome de Jean-Baptiste Say, qui garde un fond de vérité malgré les mille nuances dont il faudrait le revêtir. “L’argent est un voile qui dissimule les échanges de biens ou de services”
Une des nuance en question serait celle-ci, l’argent, en tant qu’intermédiaire des échanges, va de fait créer une commensurabilité entre des choses (et des données hétérogènes).
Et surtout, il va permettre de synthétiser une masse phénoménales de données pour les ramener à des signaux intuitifs qui permettront à une quantité proprement gigantesque d’agent de se coordonner entre eux dans un objectif commun
Pour prendre un exemple ridiculement simple, si une marchandise devient plus rare pour une raison quelconque (épuisement d’un gisement de matière première, embargo aboutissant au même résultat, catastrophe climatique détruisant la récolte, nouvel usage découvert pour la matière) si, dans le même temps, la demande pour cette même marchandise reste constante, son prix va mécaniquement augmenter (la marchandise étant plus rare, l’acheteur ne peut plus s’offrir le luxe d’aller voir ailleurs, le vendeur est donc en position de force)
Cette augmentation de prix va envoyer un signal à l’ensemble des acteurs du marché. Si la pénurie a lieu dans une région ou un pays donné, les fournisseurs des zones non impactés vont inondé la zone de pénurie de marchandises puisque cette dernière s’y vendra plus cher que dans leur zone de chalandise ordinaire. Certes, à court terme, il récolteront des profits de par leur position avantageuse, mais à moyen terme, les stocks se renouvelant, les prix reviendront à la normal.
On peut facilement enrichir l’exemple, si des stocks de marchandises ne sont pas disponibles, alors l’augmentation du prix incitera d’autres entreprises à détourner leur appareils productifs pour la fabrication de cette marchandise plutôt que d’autres ou construire les appareils et se procurer les matières premières nécessaires à la production de cette marchandise, etc… Et c’est là que les choses peuvent devenir vite vertigineuse…
Cette matière première et ces matériaux qui vont devenir nécessaire à la production du bien en pénurie, ils vont être retiré du circuit alors même qu’ils étaient demandés à un autre usage, que va-t-il se passer alors? Si cela passe un certain seuil, leur prix va augmenter
Le même phénomène va se réactiver, des stocks situés à l’autre bout de la planète vont être mobilisés pour combler la pénurie, ou l’appareil productif va être réorganisé pour reconstituer les stocks, etc…
Ce sont des chaines de productions véritablement vertigineuses qui peuvent se déployer pour la production d’un Bien aussi simple en apparence qu’un sandwich, un grille-pain ou… un crayon
Un nouvel infini se déploie quand on prend un peu de recul. Chaque parcelle de terrain, chaque stock de matière première, chaque individu avec son éventail de compétences, peuvent être utilisés à une quantité illimités d’usages et de combinaisons différents…
Pour organiser des choses aussi terre à terre que produire du pain et le distribuer à la population, il faut organiser une quantité phénoménale de ressource, et ce en prenant en compte la quantité encore plus gigantesque d’usage alternatif auquel elle pourrait être utilisé
Et le rôle du marché sera précisément de synthétiser tout ça, à la totalité des acteurs en même temps à travers un mécanisme simple… le prix
On peut concevoir immédiatement le rôle de l’entrepreneur au sein de ce système… celui de mettre en lumière de nouvelles manière d’utiliser et de combiner les ressources matériels et humaines existantes, pour les utiliser de manière plus efficace…
Et comment saura-t-il que l’usage qu’il anticipe sera plus efficace que l’usage existant? Parce qu’il générera un profit, à savoir une différence net positive entre les ressources qu’il a consommé pour produire un bien/service et le prix qu’il en obtient auprès du consommateur
Le profit n’est pas simplement une carotte, c’est un critérium/signal pour détecter un meilleur usage potentiel des ressources, que ce soit pour remédier à une crise ou satisfaire plus de besoins avec la même quantité de moyens
C’est précisément parce qu’il est une abstraction capable de digérer absolument tout et n’importe quoi (de la nourriture à la culture en passant par la guerre et la médecine) que l’argent rend possible la coordination de l’ensemble du système économique
Mieux, non content de rendre possible l’addition impossible de chou et de carottes, il donne une précision arithmétique à des questions aussi complexe que “la société a-t-elle besoin de pénicilline, du dernier volume de Naruto ou de glace à la vanille? Et en quelle quantité, à telle moment donné, et en fonction de l’ensemble des zones géographiques donnés, et en prenant en compte l’ensemble des imprévus qui peuvent survenir entre aujourd’hui et plus tard, chamboulant les plans initiaux?”
Cependant, pour que l’argent puisse assurer cette fonction de signal du meilleur usage actuel et potentiel des ressources à notre disposition (et ca inclut les stocks de ressources potentiels à découvrir), certaines conditions sont nécessaires…
L’existence de l’argent en lui même (duh), mais aussi une indépendance relative des unités économiques, et un espace commun à ces unités où elle pourrait se coordonner, s’informer les unes aux autres des ressources matériels et humaines dont elles disposent et se mettre d’accord sur leur coordination, par ex, la quantité de temps de travail, et les conditions de ce même travail que peut accepter un groupe d’humain lambda A pour produire des godasses au lieu de chemises, etc…
Et que s’apelerio le Marché. Maintenant, si on veut procéder sans cette indépendance relative des unités économiques (et donc des moyens de productions), sans l’intermédiaires des échanges, l’argent… eh bien, un problème se pose…
Le planificateur se retrouve immédiatement noyé sous une masse quasi infini d’informations à décoder, tâche d’autant plus complexe qu’elles changent en permanence, et surtout…sans grille de lecture pour les décoder…
En effet, le planificateur, pour faire a minima, aussi bien que le marché, devrait disposer à lui tout seul, de la TOTALITE des informations détenus par l’ENSEMBLE des acteurs du marché…
Maitriser non seulement la totalité des sciences, mais également la totalité des arts et métiers, sans compter une infinité d’information triviales comme la géographies de chaque rues au monde, les compétences de chaque être humain, etc…
Le critère de la quantité de temps de travail, source de la valeur, si chère à Marx? Nous avons pratiquement une réfutation supplémentaire du concept là…
Le temps de travail pouvant être alloué aussi bien à la production de biens utile qu’inutiles, dissolvant tout dans une même homogénéité fade qui peut absolument tout dire… et rien dire au final…
L’utilité, entendu comme satisfaction des besoins, qui est au fond le critère ultime d’efficience? Encore faut-il la mesurer, et qui pire est, de manière objective… Walras avait trouvé une solution toute bête…
Pour mesurer le degré de besoins réelles des acteurs pour tel bien ou tel service, forçons les à participer à une vente aux enchères où ils négocieront entre eux la quantité de services qu’ils se rendront mutuellement pour satisfaire leurs besoins…
Oui, une fois encore, c’est le marché, qui nous dévoile une autre de ses fonctions : Mesurer les besoins réels des acteurs économique. Mais si on choisit de procéder sans…on se condamne à tâtonner à l’aveugle…
C’est l’ensemble de ses problématiques que Mises synthétisait dans sa thèse Impossibilité du calcul économique en système socialiste (aka, un système sans argent, ni marché, ni d’indépendance des moyens de production sans laquelle il ne peut y avoir de marché)
Pour ceux qui veulent approfondir ces arguments cf Le socialisme de Ludwig von Mises, The logic of liberty de Michael Polanyi, La cité libre de Walter Lippmann, De l’utilisation de l’information dans la société de Friedrich Hayek.
Un argument puissant, donc…mais Schumpeter, se caressant négligemment le menton, dispose d’une manière de résoudre la difficulté… Bien évidemment, le remède en question risque de vacciner beaucoup de leurs illusions…
Avant d’aborder le vif du sujet, notre brave économiste commence par déblayer le terrain, pour reprendre ses propres termes…
Il s’agit donc de délimiter les contour précis du sujet en le balisant de quelques définitions. Le comparatif s’établira entre les sociétés mercantiles et les sociétés socialistes.
“La société mercantile est un système institutionnel dont il suffit de mentionner 2 éléments : la propriété privée des moyens de productions et la régulation du processus productif par le contrat (ou la gestion ou l’initiative) privés.
Toutefois, un tel type de société n’est pas, en règle général, purement bourgeoise. En effet, nous avons reconnu qu’une bourgeoisie industrielle et commerciale est incapable d’exister, sinon en symbiose avec une couche non bourgeoise
Une société mercantile n’est pas d’avantage synonyme de société capitaliste. Celle-ci, cas particulier de la société mercantile, est caractérisée par le phénomène additionnel de la création de crédit, de la pratique, à laquelle se rattachent tant de traits distinctifs de la vie économique moderne consistant à financer les initiatives au moyen du crédit bancaire, c’est à dire avec de la monnaie (billets ou dépôts) fabriquées Ad Hoc
Par société socialiste, nous désignerons un système institutionnel dans lequel une autorité centrale contrôle les moyens de production et la production elle-même ou encore, pouvons-nous dire, dans lequel les affaires économiques de la société ressortissent en principe au secteur public et non pas privé.
Le terme socialisme centralisé indique seulement que ce régime ne comporte pas une pluralité d’unités de contrôle dont chacune représenterait en principe un intérêt distinct ni, notamment, une pluralité de secteurs territoriaux dont la coexistence risquerait de faire revivre une grande partie des antagonismes inhérents à la société capitaliste.”
Pour éviter d’autre malentendu, Schumpeter précisera que sa définition n’implique pas un caractère absolu de l’Autorité centrale, cette dernière pourra être subordonné à un conseil, un parlement, ou de se soumettre aux audits d’une cour des comptes.
Bref, notre économiste pose une définition suffisamment souple pour que l’autorité en charge de la planification puisse en principe être subordonné à d’autres instance, en droit de lui opposer un veto sur certaines décision.
Qui plus est, cette planification centralisé ne précise pas le degré exact de liberté qui sera concédé aux agents de terrains (par ex, les directeurs des différentes branches ou usines)…
“Pour l’instant, j’admettrais, non sans hardiesse, que la marge adéquate de liberté aura été expérimentalement fixé et effectivement alloué aux “managers” en sorte que le rendement ne soit compromis, ni par les ambitions effrénées des subordonnés ni par l’accumulation sur le bureau ministériels de rapports et de question en suspens, ni par des directives ministérielles évoquant les méthodes de gouvernement du roi Ubu”
Des nuances et précisions qui ont toute leur importance puisque, ce faisant, Schumpeter laisse ouverte la possibilité d’une comptabilité du socialisme avec un système démocratique, point crucial dans sa démarche, on le verra…
En effet, de par la souplesse de ses définitions, les contours du socialisme ainsi tracées restent flous. Il peut être compatible avec un système démocratique, mais encore aristocratique ou autocratique, religieux ou athée, pacifiste ou belliqueux, élitiste ou non, etc…
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Schumpeter a mis en suspens la question de l’Etat dans ses définition. Ce dernier, historiquement source d’un compromis entre bourgeoisie et seigneurs féodaux, à tout le moins en occident, peut prendre une forme radicalement différente au sein d’une économie planifié.
La question de la Culture en régime socialiste et du type d’être humain que ce système façonnera est également mise entre parenthèse, l’économiste laissant chacun libre de déterminer à quel point Marx avait raison ou tort sur ce point..
Ces préliminaires étant posés, il est temps pour Schumpeter de répondre au défi lancé par Mises. Le socialisme est-il seulement possible en théorie?
“Considérée du point de vue de l’économiste, la production-y compris le transport et les opérations relatives à la commercialisation- n’est pas autre chose que la combinaison rationnelle de facteurs existants, compte tenu des contraintes imposées par les conditions technologique
Dans une société mercantile, la tâche consistant à combiner ces facteurs implique leur achat ou leur location et les revenus individuels qui caractérisent une telle société sont précisément engendrés par le processus d’achat ou de location
En d’autres termes, la production et la répartition du produit social ne sont que deux aspects différents d’un seul et même processus qui affecte simultanément ces deux phénomènes
Or la différence logique-ou purement théorique- entre une économie mercantile et une économie socialiste consiste en ce que, dans cette dernière, la solidarité entre la production et la répartition cesse d’exister
Comme, à première vue, les moyens de productions n’y sont pas évalués par un marché, et comme, d’un point de vue encore plus important, les principes ne permettraient pas, même si de telles valeurs existaient, d’en faire le critère de la répartition. il s’ensuit que l’automatisme répartiteur d’une société mercantile fait défaut à une société socialiste.
Ce vide doit être comblé par un acte politique, disons la constitution de la communauté collectiviste.
Cet acte (ou décision) politique devrait résulter (tout en les déterminant à son tour dans une large mesure) du caractère économique et culturel de la société, de son comportement, de ses buts et de ses achèvements cependant, d’un point de vue économique, il aurait un caractère complétement arbitraire.”
En d’autres termes, le caractère socialiste de la production ne détermine en rien le type de (re)distribution concrète que cette société sélectionnera..
Elle pourrait être structuré de manière strictement égalitariste, de manière méritocratique, en termes d’équité (mode à chacun selon ses besoins, par ex), pour orienter les agents vers tels mode de vie plutôt que tel autre, ou tout autre objectif culturel et moral qu’on veut…
Une règle devra néanmoins être instituée.
“Supposons donc que les convictions éthiques de notre communauté socialiste, tout en étant foncièrement égalitaire, prescrivent simultanément que les camarades soient libres de choisir entre tout les biens de consommation que le ministère est en mesure de produire ou consent à produire (la communauté pouvant, bien entendu, refuser de produire certaines marchandises, par ex des boissons alcoolisées).
Admettons, en outre, qu’il soit donné satisfaction à l’idéal égalitaire en délivrant à chaque personne -les enfants et peut-être d’autres individus, comptant pour des fractions de consommateurs dans la mesure où les autorités compétente en déciderait ainsi un ticket représentant son droit à une quantité de bien de consommation égale au quotient du produit social disponible pendant la période comptable courante par le nombre des ayant droits, tout les tickets étant annulés au terme de cette période
On peut se représenter ces tickets comme des bons donnant droit à la Xéme partie de tout les aliments, vêtements, article ménager, maison, auto, séances de cinéma, et ainsi de suite ayant été ou étant produit pour la consommation.
C’est à dire d’être délivrés aux consommateurs pendant la période considéré. Ces bons pourraient être libellés en telles ou telles marchandises, cependant en vue d’éviter la masse complexe et superflue des trocs qui devraient alternativement prendre place ente les camarades, il serait plus commode de les libeller en unité ou lunes ou soleils…ou même dollars, et de prescrire que les unités de chaque marchandises seraient délivrées contre remise d’un certain nombre d’unités conventionnelle.
Ces “prix” débités par les magasins sociaux devraient, étant donné nos hypothèses, constamment répondre à la condition consistant en ce que chacun de ces prix étant multipliés par la quantité existante de la marchandise correspondante le total des produits de ces multiplications devrait équivaloir au total (arbitraire à tout égard) des bons remis aux camarades.
Cependant, il ne serait pas nécessaire que le ministre responsable fixe des prix spécifiques, sinon par voie de suggestions initiales.
Etant donné les goûts des consommateurs et leurs “revenus dollars” égaux, révéleraient par leur réaction à ces suggestions initiales à quel prix ils seraient disposés à acquérir la totalité du produit social, à l’exception des articles dont personnes ne se soucierait de s’embarrasser, et le ministère devraient alors ratifier ces prix s’il souhaite liquider ces stocks”
On peut commencer à voir s’esquisser les contours de la “solution” proposé par notre économiste… Pour être viable, un système socialiste devra accepter d’être un décalque jusqu’à un certain degré…d’un système capitaliste…
Le fonctionnement du Paradis socialiste, et la différence concrète avec l’enfer capitaliste…
Etudions plus en avant les modalités de mise en œuvre d’un socialisme fonctionnel.
Pour que la solution de réplication du marché suggéré par Schumpeter puissent démarrer (les agents négociant le tarif auquel ils sont prêt à échanger leurs dollars, pardon, tickets d’attribution contre des marchandises), il faut présupposer une production initiale de ces biens
Le fameux défi de Mises consiste à expliquer comment cette production anticipée pourrait être accomplie rationnellement, c’est à dire, en sorte qu’elle se traduise par le maximum de satisfaction et ce dans les limites imposés par les ressources disponibles, les possibilités technologiques et les autres conditions du milieu économique.
“Pour faciliter notre tâche, nous supposerons que les moyens de productions existent en quantités données et jusqu’à nouvel ordre invariable. Ceci posé, admettons que le comité central se fragmente en comités spécialisés par branche de production ou mieux encore, admettons qu’il existe pour chaque branche une autorité chargée de la gérer et de conférer avec le comité central, lequel contrôle et coordonne tout les gérants ou conseil de gestion.
Le comité centrale, pour accomplir cette fonction, alloue les ressources productives-toutes placées sous son contrôle-aux autorités spécialisés, conformément à certaines règles.
Supposons que le comité prescrive que les gérants des branches peuvent obtenir, sous les 3 conditions suivantes, en quantité quelconques, les biens et services instrumentaux réclamés par eux
En premier lieu, ces gérants doivent produire de manière aussi économique que possible.
En second lieu, ils sont tenu de virer au comité centrale, en échange de chaque unité de bien ou de service instrumentale, un montant fixé à l’avance des “dollars de consommateur” que leurs ont livrés leurs livraisons antérieures de bien de consommation-nous pourrions tout aussi bien dire que le comité centrale se déclare “prêt à vendre” à n’importe quelle gestion des quantités illimités de marchandises et services instrumentaux sur la base de prix spécifiés.
En troisième lieu, les gérants sont tenu de commander et d’utiliser toutes les quantités (et non pas des quantités inférieures) que, en produisant de la manière la plus économique, ils sont en mesure d’employer sans être forcés de vendre une fraction quelconque de leur produit pour un nombre de “dollars” inférieur à celui qu’ils doivent virer au comité centrale en règlement de quantité correspondantes de bien de production
En termes plus techniques, cette condition signifie que la production doit atteindre, dans toutes les branches, un volume tel que les “prix” deviennent égaux (et pas seulement proportionnels) aux coût marginaux.
La tâche de chaque comités de gestion est désormais uniquement déterminés, De même que, de nos jours, toute firme appartenant à une branche concurrentielle, sait, aussitôt que lui sont connues les possibilités techniques, les réactions des consommateurs (leurs goûts et revenus) et les prix moyens de productions, ce qu’elle doit produire, en quelle quantité et comment, de même les gérants de notre communauté socialiste sauraient ce qu’ils doivent produire, les procédés à appliquer et les quantités de facteurs à acheter au comité centrale, aussitôt que les barèmes de “prix” de ce dernier auraient été publiés et que les consommateurs auraient manifestés leurs “demande”.
Il suffit que le comité centrale fixe un seul prix pour chaque bien instrumentale d’une quantité donné (…) et s’assure qu’un tel prix “déblaie le marché” en ce sens qu’aucune quantité de biens instrumentaux inutilisés ne lui resteraient sur les bras et qu’aucune quantité supplémentaire ne serait commandé à ces “prix”…”
On pourrait facilement reconstituer la mécanique du signal de profit. Si une nouvelle machine X permet de produire la même quantité de bien pour une quantité inférieur de biens instrumentaux, ou permettait de produire plus de biens pour la même quantité…
Les gérants, ayant l’obligation de produire de manière aussi économique que possible, adopteraient cette nouvelle technologie en conséquences. Qu’ils soient autorisés ou non à conserver ces “profits” importe peu, l’essentiel est que le signal d’optimisation des ressource existe
En d’autres termes, pour peu qu’il conserve l’institution monétaire, alloue une marge de libertés aux différentes unités de productions et impose un impératif de rentabilité ou un équivalent proche, un système socialiste pourrait répondre au défi de Mises
Possibilité que Mises lui même avait plus ou moins envisagé du reste, mais parce que justement un système de ce type ne serait pas socialiste de son point de vue, rentrant plutôt dans la catégorie du mutualisme ou du syndicalisme…
Si les ressources de la communauté socialiste à un stade donné étaient entièrement mobilisés au maintien de la consommation à son stade actuelle, bloquant l’ajout de nouvelles infrastructures améliorant la production (construction d’un pont ou d’une voie ferré par ex), les camarades pourraient y pallier en réduisant leur consommation ou en travaillant au delà du nombre d’heures fixés par la loi (une réglementation des conditions de travail étant plus ou moins tacitement impliqués dans le système hypothétique)
On peut même concevoir un process automatique analogues au mécanisme des sociétés mercantile, qui ne nécessiteraient pas d’interventions du comités centrale au coup par coup pour palier à ce type de difficultés par décrets extraordinaire…
Il ne faudrait pas grand chose après tout…Abroger la condition selon laquelle les bons donnant droit à des biens de consommations sont annulés s’ils n’ont pas été utilisé à la fin d’une période donnée. Bref, de renoncer à l’égalité absolu des revenus et d’autoriser le comité centrale à procéder à la distributions de primes récompensant les heures supplémentaires et les profits, pardon, épargnes générés par une utilisation plus optimales des ressources par le comités centrales…
Avec ce type de signaux, les camarades d’une économie socialiste se coordonnerait avec une efficience comparable à celles des acteurs d’une économie capitaliste, mieux, ces signaux pourraient également fonctionner comme incitations…
Redoutable… Mais comment n’y a -t-on pas pensé plus tôt? Wait…
Bon, le socialiste en général n’a pas à être d’un égalitarisme strict après tout… néanmoins, on ne peut pas s’attendre raisonnablement d’un système socialiste qu’il tolère le même niveau d’égalité que les sociétés capitalistes pour générer un taux d’investissement équivalent
D’autant que le niveau d’inégalités des sociétés capitalistes n’est pas toujours suffisant pour parvenir à cet objectif, un mécanisme supplémentaire pourrait néanmoins résoudre la problématique…
On pourrait par exemple, oh, laissez les profits se constituer et se cumuler au sein des différentes unités de productions au lieu de les maintenir à l’état virtuel, comme signal d’orientation de la production…
Il serait peut-être intelligent de procéder à la mise en place d’unités spécialisés dont la fonction serait de stocker ces profits…d’ailleurs, tout ces dollars, pardon, bon à la consommation, inutilisés, c’est un peu stupide, non?
Comparons ça à une consigne où nous stockerions nos vêtements et nos voitures quand nous ne les utilisons pas… un petit malin pourrait se dire qu’il serait intelligent de prêter les vêtements ou voitures à d’autre personne qui en serait démuni mais que faire si nous revenons plus tôt que prévu pour réclamer le vêtements ou la voiture que nous avions confié à la consigne pour une période donné? Facile, on prête le vêtement où la voiture d’un autre client de la consigne…
Pour peu que le turn over soient assez élevés, cet arrangement serait même optimal pour tout le monde, les voitures et vêtements inutilisés seraient utilisés par d’autres qui en ont la nécessité au lieu de prendre la poussière…et de laisser des infortunés dépourvu
Vous me direz que mon arrangement hypothétique est des plus curieux, après tout, je n’ai pas la garantie que le stock de vêtements ou de voitures que j’ai dans mes entrepôts correspondent exactement à ceux que m’ont laissés les clients venu récupérer leur biens…
Mais cette problématique ne se pose plus quand on parle d’un bien fongible et durable comme le seraient nos dollars, pardon, nos bon à la consommation sans date de péremption…
On pourrait donc imaginer que nos b… (toussote) Entrepôt à profits… (toussote) Entrepôt pour stocker l’épargne généré par une utilisation optimale des ressources, bref, que ces entrepôts, prêtent leur dépôt à des camarades nécessiteux…
Vous savez quoi? Pour inciter les camarades gestionnaires de dépôt à allouer plus efficacement leurs stock de dollar, et les inciter à une gestion optimales de leur dépôt à réserves fractionnaires, autorisons les à se faire payer leur prêts qui deviendrait une location…
Mieux, autorisons les également à générer des profits pour une utilisations optimales des ressources monétaires, qui aura ainsi permis de coordonner épargne des uns avec investissement des autres, et répartis les risques selon un fonctionnement analogue à une assurance
Puisque les camarades entrepreneurs ayant utilisés leurs investissement pour générer du profit, payant pour la location des fonds mis à disposition, compenseront les camarades dispendieux qui ont dilapidés les fonds loués, ou les auront utilisés à mauvais escient…
Baptisons donc ces unités de stockage Banque, la locations des fonds de dollars prêt, et la rémunérations de ces prêt, donnons-lui ne doux nom de Taux d’intérêt…
Enfoncé ce paléo libertariens de Mises, il fonctionne à plein régime notre système socialiste… Impossibilité? Ah, on rigole bien! Comment ça, mon socialisme n’est qu’un ersatz de Capitalisme?
Rien de plus faux, bande de béotiens! Un système socialiste digne de ce nom ne peut pas tolérer l’existence d’une infâmie comme le chômage pour commencer! Et les inégalités ne sont là que pour améliorer la productions, nous n’allons pas condamner des camarades à la misère.
Même siiiiii….il va bien falloir trouver des incitations pour éviter que des tire au flanc ne fournissent pas un efforts optimal pour suivre les objectifs de production du comité centrale… On pourrait envisager des amendes en réduisant la quantité de bon versés par ex
Et si ça ne marche pas… les châtiments corporels ou les restrictions de libertés sont aussi des alternatives viables. On ne peut pas avoir recours au fouet du chômage, alors il faudra bien criminaliser au sens littéral les comportement non rentable.
Les syndicats protestent? Oi, oi, oi, camarade syndicaliste, as-tu oublié que dans une économie planifié, les syndicats n’ont qu’une fonction, servir de courroie de transmission entre les travailleurs et le comité centrale… s’ils commencent à demander plus, et à faire grève, ce sont, ipso facto, des saboteurs contre-révolutionnaires qui sabotent le plan de production. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de la tolérance que leur offraient ces chiens capitalistes…
Ne dites donc pas que le Socialisme réel est fonctionnellement identique au capitalisme, il offrira un degré de liberté, y compris celle des travailleurs et de respects des droits fondamentaux inférieurs au Capitalisme et alors même qu’il est soumis au même impératif de rentabilité et à la même morale catallactique. Mais nous aurons l’occasion de creuser ces points…
Continuons d’explorer le socialisme théorique de Schumpeter d’autant que les objectifs de son modèle sont plus subtils et nuancée qu’il n’y paraît…
Notre économiste avait en effet gardé une certaine souplesse dans sa conception d’un système socialiste, laissant explicitement ouverte la possibilité de combiner la planification économique avec des instance de contrôle du comité centrale…
Instance qui pouvait parfaitement s’avérer démocratique. N’oublions pas le troisième terme du triptyque : Capitalisme, Socialisme…et démocratie… et l’un des objectifs de Schumpeter est bien de démontrer que Démocratie et Socialisme peuvent s’avérer compatible
Mais nous n’en sommes pas encore à ce point de l’analyse, tâchons néanmoins de ne pas réduire le modèle socialiste schumpétérien à une simple démonstration par l’absurde particulièrement fourbe…
“…en dehors d’une exception éventuelle en ce qui concerne les heures supplémentaires, je n’ai pas laissé aux camarades, pris individuellement, la capacité de fixer la quantité d’heures de travail à accomplir par eux, étant d’ailleurs entendu que, en leur qualité d’électeurs et par d’autres procédés, ils peuvent exercer sur cette décision autant d’influence qu’ils en exercent sur la répartition des revenus, etc..
Je ne leur est pas non plus concédé, en ce qui concerne le choix de leur emploi, d’avantage de liberté que le conseil central ne peut et ne veut leur accorder, compte tenu des exigences de son plan général.
On peut se représenter une telle organisation en se référant au service militaire obligatoire. Un tel plan se rapprocherait beaucoup de la formule “A chacun selon ses besoins, chacun doit contribuer selon ses aptitudes” ou tout du moins, on pourrait, moyennant quelques modifications, l’adapter à cette formule. Cependant, alternativement, nous pourrions également laisser à chaque camarade le soin de décider combien de travail et quel genre de travail il se propose d’accomplir.
En pareil cas, l’autorité devrait essayer de réaliser l’affectation rationnelle de la main d’œuvre au moyen d’un système d’incitation, des primes étant à nouveau offerte pour les heures supplémentaires, mais encore tous les travaux aux fins d’obtenir, en tout lieux, une “offre” de main d’œuvre de tout genre et de toute qualification qui soit adéquate à la structure de la demande des consommateurs, et au programme d’investissement.
Une relation évidente s’établirait entre les primes et le caractère attrayant ou fastidieux de chaque emploi ainsi que l’habilité à acquérir pour le remplir : elles présenteraient donc une certaine similitude avec le barème de salaire d’une société capitaliste.”
Schumpeter nous invite d’ailleurs à ne pas inverser l’ordre des choses… L’économie socialiste théorique qu’il construit n’est pas modelé sur le Capitalisme qu’elle essaie de répliquer…
Ce sont les institutions qu’on associe historiquement et culturellement au Capitalisme qui sont modelés sur le cadre de la rationalité économique…Il n’est donc pas étonnant qu’elles soit aussi présente dans une économie socialiste organisé rationnellement
Dans tout les cas, le système socialiste de Schumpeter peut résister aux objections de Mises comme d’Hayek, et pourrait même arguer de supériorité sur le capitalisme standard…
En effet, une des incertitudes fondamentales qui peut paralyser le gestionnaires d’entreprise en économie capitaliste, la réaction de ses concurrents, qui pourraient rendre un investissement caduc par ex, elle pourrait ne plus se poser en économie socialiste
Le comité centrale pouvant faire la passerelle entre les différentes entreprises pour les coordonner et mutualiser leur ressources…
Tâche qui cesse d’être aussi titanesque que le pensait Hayek, de par le recours à des mécanismes décentralisés et un degrés d’indépendance des unité productives autorisant une certaine division du travail dans un cadre cybernétique
Inconvénient de retranscrire la pensée d’un troll comme Schumpeter, les arguments qu’il déploie sont souvent à double tranchant, on ne sait pas toujours s’il est sérieux ou subtilement ironique, et s’il ne dissimule pas des bombes à retardement sous la soie de ses concessions
Néanmoins, certaines pistes de réflexions méritent d’être souligné. En premier lieu, notre économiste soulève un point intéressant, qui est le symétrique de son analyse du processus de déclin du capitalisme…
Le Capitalisme a non seulement des difficultés à susciter l’adhésion et un attachement aux institutions qui lui sont nécessaire, mais tend même à générer une hostilité à son égard…or le socialisme n’a pas cette difficulté.
Si un salarié faisait preuve de zèle ou de patriotisme vis à vis de son entreprise ou traiter son employeur avec la déférence d’un vassal pour son suzerain légitime, ce serait vu comme ridicule, une forme d’hypocrisie obséquieuse ou de l’irrationnalité…
Même la fierté professionnelle et le sens du devoir tendent à être vu avec dédain, le cynisme formant la zeitgeist des agents du capitalisme, qui font souvent une fierté du fait de ne pas être dupe du système et d’être des mercenaires contraints et forcés n’attendant qu’une occasion de gruger un système qu’ils perçoivent comme exploiteur et qu’ils essaie d’exploiter à leur tour… or le cadre change du tout au tout dans un régime socialiste comme celui théorisé par Schumpeter
La distinction privé/public s’évaporant, du moins au sens courant de ces mots, il ne serait plus forcément absurde de s’identifier avec son entreprise, cette dernière devenant une extension de la Nation et sa production étant vu comme une contribution aux efforts communs plutôt qu’une appropriation des fruits de son travail par une caste d’héritiers…
Schumpeter note, en passant, que l’essor du rationalisme, inséparable du capitalisme comme de la modernité, a eu cette effet d’éroder la soumission à l’autorité.
L’Autorité constituant, rappelons-le, une hiérarchie dont la légitimité de la position respective de chacun sur l’échelle est reconnu librement par tous, quel que soit sa position…
Et le propre du rationalisme comme de l’esprit critique, sera de demander des justifications à cette adhésion au lieu de considérer l’obéissance et l’adhésion comme allant de soi… Bref, le prestige et l’aura de supériorité des classes dominantes n’est plus effectif
Un phénomène qui s’est développé graduellement, et l’économiste soupçonne que pendant un temps, les ouvriers et travailleurs ont détourné sur les patrons les habitudes d’obéissance hérité du féodalisme d’antan…
Toujours est-il que l’illusion de l’autorité est brisé…et qu’il se pourrait bien que la discipline d’une manière ou d’une autre, soit nécessaire pour combler ce vide et forcer l’adhésion des récalcitrants à la position…
Discipline qui pourrait prendre la forme de la pression collective, possible dans une atmosphère de patriotisme économique rendu possible par le socialisme, des sanctions pécuniaires àun stade plus sévère que ce que pouvait s’offrir les capitalistes d’antan… En effet, dans un régime qui suscite l’hostilité et non l’adhésion, il y a une limite à la marge de sanction socialement acceptable pour un patron vis à vis de son employé, en dehors du renvoi
Et encore…dans un système socialiste cependant, l’employé qui rechigne ou refuse de coopérer…devient socialement un traitre, qui se livre à un comportement anti social à l’encontre du bien commun, comportement qu’on peut facilement stigmatiser, et donc sanctionner, voir criminaliser… De plus, note Schumpeter, les conséquences du renvoi dans une économie socialiste sont autrement plus dévastatrice que dans une économie capitaliste (eh, en pays socialiste, il n’y a qu’UN SEUL employeur)
Quand je vous dit que c’est un troll et qu’il n’est pas toujours facile de voir s’il défend ou enfonce le socialisme. Et de toutes façons, l’URSS montrait concrètement que le socialisme peut dans certaines configurations aller infiniment plus loin que le capitalisme pour châtier
Schumpeter note également que le socialisme peut recourir également aux rémunérations symbolique de la distance sociale ou des avantages en nature, ce qui permet d’avoir la carotte des incitations tout en respectant l’égalitarisme
De manière générale, et c’est intéressant, il a une approche très sociologique quand on lui oppose la nature humaine… A savoir que pour lui, elle relève bien plus qu’on ne le croit, de l’adaptation à un environnement donné
On renvoie, une fois de plus, à la métaphore du plateau de Monopoly de Denis Colombi que Schumpeter n’aurait pas rejeté, bien au contraire…
Notons, comme énième illustration de son art du trolling, que Schumpeter ne manque pas de sarcasme pour ces socialistes incapable de vanter un avantage pourtant évident de leur système…l’abolition des impôts…