Invisible lives de Viviane K Namaste : L’éffacement des personnes transgenre
Un autre ouvrage qui gagnerait à être mieux connu ou même seulement connu dans nos vertes contrées…
N’en déplaise à une mythologie tenace dont les conservateurs de toutes obédiences sont particulièrement friands, les faits ne parlent jamais d’eux même…
D’autant plus normal que les faits sont comme la vérité, ils ne se présentent jamais dans leur nudité mais dans les oripeaux dont on les a préalablement revêtu…et le tailleur ne fabrique pas simplement des vêtements mais aussi des hommes et des femmes pour reprendre le proverbe
On sélectionne toujours ce qui est digne d’être retenu comme fait en premier lieu, la manière dont on mesure ce qui est qualifié de faits, les éléments de l’arrière-plan et de contexte qu’on juge pertinent ou non d’intégrer ou de maintenir dans les marges
Les faits sont déjà lourds de théories, et les théories ne sont jamais candides mais colorés de jugement de valeur et d’impensés, eux même fruits de l’histoire, une histoire qui est souvent celle d’une lutte digne de celle dépeinte par Marx et Kojève…
C’est la thèse centrale de l’ouvrage, on ne peut comprendre les trans que par le prisme de l’invisibilisation ou plutôt de l’effacement qu’iels subissent de la part de la société, y compris des sciences sociales…
L’analyse de la trope rhétorique de la Métaphore par Max Black peut nous servir de fil directeur comme de point d’entrée…
Une métaphore ne doit pas se comprendre comme la substitution d’un concept à un autre, ou la mise en lumière d’une réalité commune entre deux choses, les éclairant ainsi l’une par l’autre, ni substitution, ni comparaison, la métaphore coupe plus profond…
Si on qualifie l’homme de “loup pour l’homme” par ex, on choisit implicitement les caractéristiques qui seront conceptualisé comme proprement humaine, ou les plus déterminantes/pertinentes pour comprendre l’être humain…
A savoir celle qui peuvent rapprocher l’humain de l’idée qu’on se fait du loup (une manière aussi de construire réciproquement la figure du loup) Prédateur, agressif, affamés, en lutte constante avec ses semblables comme les animaux qui lui serviront de proie, etc…
Idem quand Max Weber établit une connexion métaphorique entre le gouvernement/la bureaucratie et une machine. Ce simple outil rhétorique va orienter la manière dont seront organisé les réflexions et les recherches sociologiques ultérieures…
La métaphore d’une administration comme une machine n’est pas arbitraire et dénuée de pertinence, (administration comme machine doivent opérer avec un certain degré de prédictibilité, toutes deux répondent à des commandes par les opérateurs, etc…) mais cette métaphore va en retour modifier son objet, en impliquant d’autre comparaison (les organisations doivent être conçu sur le modèle d’un outil conforme aux visées d’un planificateur, qui gagnerait en efficience si on les reconstruisait autour d’un design conscient)
A partir de là, on peut comprendre en quoi les sciences sociales comme les médias ne sont jamais aussi neutre et impartiaux qu’ils le prétendent, contribuant à la production de la réalité qu’ils prétendent simplement mettre en lumière
Il suffit de voir comment le focus sur les trans a été sur “la production du transgenre par la science médicale” (impliquant qu’iels n’existaient pas auparavant, insistant sur l’artificialité de la transidentité, l’associant au pouvoir médical ou à la psychiatrisation…) ou le focus sur l’éternelle question du Pourquoi? ou du Comment? (y compris le “comment avez-vous su que vous être trans?”), sommant implicitement les trans de justifier une existence qui, de ce fait, n’est pas vu comme naturelle/légitime/allant de soi
Qui plus est, le focus sur le pourquoi et le comment de la transidentité passe sous silence un fait essentiel, la situation concrète des trans dans la société, la stigmatisation, la discrimination, l’oppression et les tentatives d’éradications dont iels font l’objet
Les sociologues qui iront étudier les prostitués trans ne s’interrogeront jamais sur la situation concrète qui a poussé les trans à se tourner vers la prostitution en premier lieu…
Que ce soit les difficultés à accéder à d’autres sources de revenu de par la manière dont la société les voit, les barrières que la pauvreté et l’exclusion place devant leur possibilité de transition, le fait d’être renié par leurs proches suite à leur coming out, etc…
Mais l’exclusion peut être plus subtil et insidieuse que ça… y compris chez celleux qui se pensent progressistes… Par ex, les adeptes de la théorie queer…
En associant les trans aux mouvements politiques Gay et lesbien, en les “mettant en scène” comme des outils de remise en question de l’hétérocentrisme ou de la binarité de genre, on invisibilise les trans qui ont le malheur d’être…binaire et hétérosexuel et ne peuvent donc être intégrés à cette grande narration, si ce n’est peut être comme aliénés ou réactionnaires qui fétichisent des catégories sociales aliénantes ou confondent le signifiant et le signifié…
Qui plus est, en faisant mine de considérer que la continuité entre luttes gays/lesbiennes pour la reconnaissance et celle des trans va de soi, on invisibilise la manière parfois immondes dont les mouvements LG ont traités les trans…
Des mouvements qui parfois s’appuyaient sur celleux qu’ils qualifiaient d’anomalies pour renforcer leur propre respectabilité auprès de la bonne société en jouant sur le contraste… Gays et lesbiennes ne sont pas si “déviantes “ que ça par rapport à d’autres..
On nous serine avec le mythe construit autour des drag queen… Soit, et on oublie que dans certains milieux, on les cantonnait à la scène, et que celles qui avaient le malheur de se prendre trop au sérieux (les trans) étaient ridiculisés/ostracisés…
Et on pourrait aussi évoquer la manière dont certains artistes gays conceptualisait la transidentité comme du déni vis à vis de l’homosexualité dont il fallait se débarrasser pour faire son vrai coming out, sous peine de voir sa vie finir en tragédie sordide…
Il y a eu aussi la manière dont certains librairies lesbiennes faisaient les éloges de cette immondice de Janice Raymond, invoquant son autorité pour refuser de prêter leur assistance aux trans qui demandaient leur aide pour revendiquer leurs droits face à l’exclusion
Sans compter le fameux festival musical du Michigan, lieux de revendications lesbiennes qui acceptaient fort bien les hommes trans tout en fermant la porte aux femmes trans… (deux facettes de la même transphobie)
Ce dernier cas est intéressant, puisqu’il montre aussi ce que les gays et lesbienne choisissent de retenir de leur propre communauté…
La polémique du festival du Michigan était vu comme un débat en interne au sein des lesbiennes pour savoir si on pouvait ou non y intégrer les trans…
Polémique qui n’auraient eu aucun sens dans la communauté des prostitués de Montréal, au sein de laquelle les lesbiennes et les cis n’avaient aucune difficultés à accepter les femmes trans au sein de leur famille et en tant que femmes…
Une frange de la population féminine comme lesbienne qui n’étaient pas vu comme légitime au yeux de leur représentantes, en admettant qu’elles avaient seulement conscience de cette communauté…
On peut ainsi comprendre comment Namaste va déconstruire la déconstruction, que ça soit celle des théoricien.nes queers ou celle des sociologues de terrain…
En usant des trans comme métaphore/outil d’exploration des mécanisme du genre, Butler et ses disciples réduisaient leurs “objet d’étude” au rang de symbole d’autre chose (crise des conceptions traditionnelles du genre, oppression de classe ou exclusion raciste…), les traitant comme de simples textes flottant dans le vide, sans s’interroger sur le contexte social de l’exclusion spécifique que subissaient les personnes transgenre…
Avec tout le respect et l’affection que j’ai pour Judith, la critique tape là où ca fait mal, même s’iel a largement rectifié le tir dans Défaire le genre (mais ces nuances et ces évolutions ne sont pas forcément celles retenues par ses disciples lambda)
Idem pour les sociologues… Que ce soient les immondices qui gravitaient autour de Raymond et stigmatisaient/diabolisaient allégrement les trans sous couvert d’une neutralité de façade et d’une critique de l’establishment médical et du système patriarcal
Même les sociologues qui n’avaient pas ce genre de visées nauséabondes de manière explicite n’étaient pas dénué de problèmes… On l’a vu avec la manière dont certains étudiaient les prostituées trans sans s’interroger sur l’exclusion qui les avaient amenés dans ces marges
On le voit aussi avec leur focus sur la production du transgenre et les épreuves que leur impose le corps scientifique et médicale… aveugle par ex, aux problématiques trop concrètes de la communauté, comme leur surexposition au Sida de par la négligence à leur égard…
Un cas d’école des plus intéressant à décortiquer, concernant l’effacement des trans, seraient la manière dont la société a construit sa propre image du mouvement punk…
En effet, on tends à associer le mouvement punk à la violence et l’hypermasculinité toxique, y compris sous la forme de l’homophobie et du racisme… Même les médias qui présenteront une image plus “positive” (en surface) de cette culture joueront sur le contraste
Des punks transgenre/homosexuels, engagés pour la justice sociale ou qui ne sont tout simplement des voyous excités à l’idée d’exercer la violence sur les passants seront vu comme des anomalies, des exception, une évolution qui va à rebours du mouvement d’origine…
Gageons que certains blâmerait les woke pour cette décadence…mais justement, non seulement le mouvement punk n’avait rien de monolithique, mais l’évolution ne s’est pas forcément faite de la manière qu’on s’imagine, comme une déviation des origines…
A l’origine justement, il s’agissait d’un mouvement musical influencé par le glam rock, et qui avait hérité de ses racines un jeu avec les codes du genre, l’ambiguïté sexuelle, la transgression des normes hétérocentrée et patriarcales…
Raison pour laquelle les minorités sexuelles/de genre n’ont pas infiltrés le mouvement, elles gravitaient déjà autour à l’origine, en raison de l’écho qu’il faisait résonner avec leur propre expérience de marginaux et d’exclus en révolte…
Le cas de Jayne County est des plus parlant… Il s’agissait d’une chanteuse transgenre, active sur la scène punk new-yorkaise au début du mouvement… Elle fut prise à partie par un spectateur lors d’un concert, qui l’insulta en la taxant de queer…
Entrainant une escalade d’insultes qui passa le relais au poings et au matraquage à coup de micros quand l’agression cessa d’être simplement verbal et que la chanteuse se défendit… A la fin de la soirée, elle fût arrêtée par la police…
Certains des membres les plus en vue de la scène punk se mobilisèrent pour financer sa défense légal, allant jusqu’à mettre aux enchère des reliques comme les bottes de Bowie, ou faisant des concerts autour de l’événement auquel contribuèrent des pontes…
On peut donc voir que les trans provoquaient des frictions au sein du mouvement dès l’origine, mais aussi qu’iels étaient suffisamment acceptés pour que la famille les voit comme des leurs au point de s’investir pour leur défense…
Comment expliquer le contraste avec une image du mouvement punk au sein duquel les transgenre seraient une anomalie au mieux, une impossibilité au pire? Du regard des médias et de la boucle de feedback…
En braquant les projecteurs sur les Sex pistols, au point que l’association fût bien vite une réduction, et en se focalisant sur les affrontements violents au cours de leur concert, on construisit une image du Punk qui finit par le remodeler…
Illustration parlante des thèses de Foucault dans L’archéologie du savoir. Les déclarations/observations ne sont pas simplement des signes pointant vers autre choses qu’eux mêmes, pas plus qu’un atome fonctionnant de manière autonome…
Ce sont des fonctions qui regroupent plusieurs unités et illustrent les propriétés communes qu’on leur attribue. Propriété qui forment la matérialité de l’observation/déclaration…
Il ne faut donc pas comprendre ça comme des réalité immémorial qui existaient de toutes éternité, en vase clos… La matérialité en question peut changer, elle donne vie à la déclaration, mais souligne également ses limites comme la possibilité de sa réinscription…
La déclaration quand elle émerge dans sa matérialité à un statut, va être intégré au sein de différent réseaux et champs d’utilisation, soumise à des transfert ou des modifications ainsi qu’à différentes stratégies à l’issue desquelles son identité sera maintenu ou modifiée
Raison du focus de Foucault sur les discours en tant qu’objets plutôt que sur les objets du discours, des discours qui vont façonner, modifier et créer la réalité qu’ils s’imaginent décrire…
Bref, l’objectif de Namaste sera justement d’étudier la manière dont les discours sur les trans (re)produisent leur effacement plus ou moins conscient…
Un autre exemple pertinent sera les œuvres culturels, romans, pièces de théâtre ou films, qui useront de la transidentité comme métaphore politique. (Priscilla, folle du désert, Le sexe des étoiles, Hosannah…)
Les métaphores n’ont rien de neutre ou d’innocents, on l’a vu précédemment, alors que penser d’œuvre qui useront des trans comme métaphores des identités nationales/sociétés en crise, de la déliquescence urbaine, ou de la grande ville progressiste par opposition au pays profond?
D’autant plus que les trans seront choisi et mis en scène comme symbole de par leur association avec l’artificialité, le travestissement dans tout les sens du terme, l’aliénation au sein d’un monde étranger, la prostitutions, l’homosexualité refoulée, la mise en scène, etc…
Quand une minorité est utilisée comme symbole d’une crise sociétale, d’une perte de repères ou de la marginalité, ca n’a rien de candide, et ce n’est pas dénué d’impact sur la manière dont la même minorité sera perçu et traité…
Il n’est pas difficile de voir les similarités avec l’utilisation des trans par la théorie queer, la sociologie ou l’ethnométhodologie…
Néanmoins, il ne faudrait pas être naïfs pour autant, en sombrant dans le manichéisme… Les femmes, les lesbiennes et gays peuvent (re)produire des schémas d’invisibilisation d’autres minorités, comme de minorités au sein de leur propres communautés, on l’a vu…
Mais les trans eux mêmes peuvent basculer dans ce piège… quand par exemple, certains d’entre eux traceront des parallèles entre la transphobie et l’oppression raciste…
Si on peut faire un parallèle entre la discrimination/l’oppression/la réduction d’une personne à un de ses traits physique (la couleur de peau pour les racisés, les génitoires de naissance pour les trans), partir sur cette voie, c’est invisibiliser…les trans racisés
Dans le même ordre d’idée, dénoncer la psychiatrisation des personnes trans, c’est oublier la réalité des classes sociales, surtout des plus laborieuses pour lequel se faire diagnostiquer peut être la seule voie à une transition…
Qui plus est, inscrire la lutte pour les droits des trans dans la continuité du mouvement des droits civiques comme le font certains, cela revient à croire que le mouvement en question est parvenu à l’émancipation des minorités racisées (spoiler, non)
Bref, si elle ne fait pas preuve de recul critique, une revendication de droits peut aboutir, in fine, à l’invisibilisation et l’exclusions d’autres personnes qui ne gagneraient rien, voir même perdrait des droits en chemin…en plus de légitimer un système producteur d’exclusion
Dans l’étude des violences dont sont spécifiquement victimes les personnes transgenre, Namaste rappelle quelques bases… En premier lieu, la manière dont l’espace publique a été codifié au masculin, ramenant implicitement les femmes à la sphères du privé…
Espace public non seulement masculin, mais aussi hétérocentriste. A partir de là, toutes femmes qui se promènera seule dans l’espace publique, sans justification, sera dans la situation kafkaïenne d’avoir violé une loi implicite…
Ce n’est pas un hasard si les prostitués étaient jadis qualifiés de “filles publiques”, témoignage parlant de la manière dont on se représentait les femmes qui ne comprenait pas leur statut d’invité de passage dans un espace qui ne leur était pas réservé…
Rappelons aussi que la non-conformité aux normes de genre est souvent la marque favorite des homophobes…Un garçon jugés trop efféminés sera qualifié de “pédale/tantouze/etc…” sans que l’agresseur s’inquiète de connaître l’orientation sexuelle réel de sa cible…
Ajoutons que l’étude ethnométhodologique de Suzanne Kessler et Wendy McKenna avait mis en lumière la façons dont nous assignons des significations sociales aux corps pour les ranger dans la binarité masculin/féminin et que les indices masculins tendent à supplanter les indices lu comme féminins.
Dans les images montrées aux sujets, la présence d’un pénis entrainait 95% de chance d’être le signe de l’image d’un homme…
Pour que le pourcentage d’identification au féminin atteigne le même score, deux indices supplémentaires devaient être ajouté à un vagins…
A partir de ce cumul, on peut comprendre pourquoi les personnes trans, et plus particulièrement transféminine soient d’avantage exposés au risques d’agressions… Il faut également noter que les risques que l’agression se termine par un viol sont supérieur pour les femmes trans
L’idée sous-jacente qu’un “homme qui désire tant que ça être une femme devra être traité comme tel, et la manière dont les femmes sont supposés être traitées et corrigés quand elles ont le malheur de sortir des normes.”
Or les campagnes de préventions de violence envers les personnes LGBT mettront l’accent sur l’orientation sexuelle (“être gay, lesbienne ou bi n’est pas un crime, les agresser en est un”), occultant ainsi la dimension du genre qui est pourtant, on l’a vu essentielle…
S’agissant du marqueur utilisé par les agresseur pour repérer les gays/lesbiennes/bi/transgenre qu’ils ciblent…
Cette manière d’occulter la dimensions du genre, ainsi que les jeux de pouvoir et de repressions des déviants qu’il implique, elle ne doit pas simplement être imputé aux forces de l’ordre, mais aussi aux activistes gays qui n’en faisaient pas le focus de leurs plaintes
Il faut également ajouter le rôle de la volonté de répression des prostitués dans les agressions qui visent les personnes transgenre, ces dernières étant surreprésenté dans cette catégorie, et considéré comme des cibles faciles à agresser pour faire fuir leur collègues
Once again, un aspect crucial du problème qui passe à la trappe si on le réduit à la dimension homophobie, qui est complément absente en l’espèce…
On peut ajouter d’autres facteurs, comme le fait que les personnes transgenre interpellés (par ex pour racolage) auront 9 chance sur 10 d’être incarcéré dans une prison/cellule collective correspondant au sexe qui leur a été assigné à la naissance…
Renforçant leur chance d’être agressée pendant la détention, en plus de les inviter à prendre une distance méfiante avec la police, les rendant plus vulnérables aux agressions, ces victimes ayant moins de chance d’être défendues/appeler à l’aide, seront vu comme cible facile
La section sur les difficultés d’accès aux soins médicaux ne nous apprends rien de nouveau, ou plutôt se montre encore trop actuelle alors que l’ouvrage est sorti à l’aube du nouveau millénaire…
Comme le savent déjà les lecteurs de Serano (Whipping girl) Beaubatie (Transfuge de sexe), Shon Faye (The transgender issue) ou Mme Espineiran (Transidentités et transitude), le regard médical reste profondément cissexiste…
En témoigne l’anecdote classique de cette femme trans qui s’est vu refuser une prescription d’hormones, la première fois, son médecin ne la jugeant pas suffisamment crédible et sérieuse comme “vraie” trans, avant de se voir accorder le précieux Sésame, 3 semaines plus tard…
La différence qui poussa le même médecin à revoir son diagnostic? Suivant les conseils d’autre patients, elle était venu consulter en robe en plus de se maquiller, alors qu’elle était revêtu d’une tenue neutre, la première fois…
Ce qui en dit long sur le cissexisme des médecins (personne ne remet en question l’identité ou la féminité d’une femme cisgenre si elle porte des vêtements “masculins” ou ne se maquille pas) mais aussi sur leur sexisme tout court…
Une vraie femme se conforme aux stéréotypes de genre, c’est bien connu… (sarcasme) Ajoutons à ça le manque chronique de formations des médecins, qui sont souvent moins compétent sur l’effet des hormones et les corps trans que leurs propre patients…
En témoigne ces médecins qui ont appris, incrédule, l’existence de l’œstrogène par injection via leur patientes, les docteurs sceptique à l’idée que la progestérone puisse avoir de l’effet sur les personnes sans utérus ou la négligence voire l’ignorance des risques de cancer du sein pour les femme trans… Ignorance sur l’aspect médical et psychologique de la transidentité qui rends les médecins lambda hésitant à prescrire les thérapies hormonales nécessaires aux transitions…
Si on ajoute l’arbitraire kafkaïen des médecins pour déterminer la ligne entre les “vraie” trans et les personnes confuses, et le bon vieux transmédicalisme (la transidentité est vu comme une maladie mentale, il faut démontrer avoir les bon symptômes et respecter le script)et qu’on combine ça aux risques d’outing forcé auprès de ses proches, on comprends facilement que les trans puissent avoir des difficultés à accéder aux transitions, particulièrement en dehors des grands centre urbains…
Les médecins safe (et au vu des conditions, la barre est basse, un médecin incompétent mais relativement malléable peut suffire) étant une denrée rare, les exceptions qui confirment la règle seront vite débordés…
Notons qu’un suivi médical n’est pas la seule raison qui pousse les trans à essayer autant que possible de passer par un médecin plutôt que le marché noir, il y a également une forme de reconnaissance sociale dans la prise en charge… Reconnaissance qui manque, on le voit
Namaste se focalise sur la situation canadienne, mais comme le pointait Serano, l’effacement des trans pouvait aller un cran plus loin aux US, à une époque pas si lointaine…
En effet, certains médecin n’hésitaient pas à y encourager leurs patientes à couper les ponts avec leurs relations, changer de travail, de ville, voir d’Etat, et à s’inventer un nouvel historique pour cacher au monde leur transidentité, qui était jugé trop dérangeante…
Et il ne s’agissait pas d’un simple encouragement au passing pour la sécurité de leur patiente contre la transphobie, non, c’était bien le confort mentale de la société cisgenre qui était la préoccupation des médecin…
Devant l’asymétrie de pouvoir face à un corps médical qui refuse de se former adéquatement pour comprendre et traiter cette clientèle, les trans sont une clientèle captive qui ne peuvent se permettre le luxe de trop en dire à leur médecin, conséquence de l’angoisse constante à l’idée de sortir du cadre d’un script arbitraire, entrainant la sanction de se voir coupés de l’accès aux thérapie hormonales…
Concernant les rapports tendus (euphémisme) entre la police et les transgenre, la réalité est encore plus sordide.
La transphobie n’est pas seulement ordinaire chez les forces de l’ordre, elle est systématique et disons le mot, systémique… Particulièrement quand ça concerne les prostituées trans, à la jonction des deux formes de persécutions policières…
Dostoïevski comme Kafka nous montraient qu’accorder une fractions de pouvoir à un individu médiocre suffisait à en faire un dictateur prenant un plaisir tout particulier à abuser de sa position, évidence qui se vérifie une fois de plus…
Rester en positionnement auprès des prostituées pour faire fuir leur clients, prendre leurs photos sans raison en faisant comprendre qu’elles seront ajoutés à leur dossier…
Parmi la liste du harcèlement ordinaire, mégenrage systématique et usage du deadname, même quand les démarches de changement d’état civil ont été effectuées, stalking qui ne fait même pas l’effort de prétendre être une filature…
Usage d’insulte homophobe et transphobe, voir de pronom déshumanisant (it, dont l’utilisation est réservé aux objets), refus d’enregistrer les plaintes pour harcèlement selon le mode classique “Blâmons la victime qui l’a un peu cherché quand même”
Et nous restons en surface, on peut aussi citer les agressions physiques effectués en toute impunités, les petits kapos n’hésitant pas à déplacer leur victimes à la périphérie de la ville pour mieux les tabasser…
Nul besoin d’avoir commis un crime ou même de faire l’objet d’un mandat d’arrêt, le crime en question étant au final celui d’exister… et dans un monde qui criminalise la prostitutions et le racolage, on pourra toujours tout justifier…
L’abolitionnisme est et restera toujours une philosophie d’immondices sexistes et de pick me up astiquant les bottes du patriarcat et applaudissant le contrôle littéralement policier des corps et des âmes, ainsi que la violence et les abus sur les plus faible…
Bien évidemment, la conséquence évidente de cette transphobie quasi intentionnalisé sera de rendre les trans encore plus vulnérable aux agressions comme aux relations abusives puisqu’elles n’iront ni porter plainte ni appeler à l’aide les forces de l’ordre…
L’effacement institutionnalisé est évidemment bien ancré dans le traitement des fugueuses et SDF trans… Les structures d’accueil ne sont pas adaptés, leur personnel n’est pas formé et d’une ignorance ahurissante…
Beaucoup ignore tout des difficultés inhérentes à la situation des trans qui pousse beaucoup à la rue et à la prostitution (situation abusive en famille, difficultés à trouver de l’aide auprès des proches, barrière à l’accès au logement, travail, etc…)
Prison comme centre d’accueil auront en commun de traiter les trans en conformité avec leur genre assigné à la naissance, les “hommes” entre eux, les “femmes” entre elles, allant jusqu’à encourager énergiquement à la soumissions aux normes de genre(vêtements, refus du maquillage)
Quand les personnes trans ne se verront tout simplement pas refuser l’accès, de peur que leur présence soient source de trouble…
La configuration canadienne décrite par Namaste est de fait horriblement similaire à la situation britannique dépeinte par Shon Faye (The transgender issue), et alors même que plus de 20 ans séparent les 2 ouvrages…
Ajoutons-y une hostilité palpable de la part des bénévoles/travailleurs sociaux, qui iront jusqu’à forcer certaines trans à dormir dans le couloir faute de leur assigner un dortoir, on comprends que les trans en difficultés évitent les centre d’accueils, sauf en dernier recours.
Ce qui les poussera d’autant plus facilement à se tourner vers les réseaux de prostitutions où les squat gangrené par l’usage de drogue dure… Namaste a définitivement raison de parler d’effacement volontaire des trans
Problématique sur lesquelles se penchent régulièrement les chercheurs et chercheuses trans, rarement leurs collègues cis, y compris théoricienne queer et féministes, l’épistémologie du point de vue situé est une triste réalité
Nous avons évoqué la situation des centres d’accueil pour les mineurs en difficultés, mais la situation des centres d’hébergement pour les SDF adultes ne vaut guère mieux… la seule différence positive étant que leurs employés connaissent un peu mieux l’existence des trans
Mais les centres étudiés par Namaste lors de son enquête pratiquaient de fait une discrimination assumé… Oscillant entre 3 positions… Le refus pur et simple des femmes trans quel que soit leur situation…
Leur acceptation sous conditions qu’elle soit post-opératoire, ou leur acceptation si elles disposent d’attestation prouvant qu’elles ont fait les démarches nécessaires à une vaginoplastie…
Dans les 3 cas, certaines femmes sont plus égales que d’autres face à la misère puisqu’on ne demandera pas aux femmes cis de “prouver” leur féminité…
L’argument invoquée est bien sûr l’éternelle ritournelle terf, la menace que les trans exercerait ou pourrait exercer sur le confort ou la sécurité des autres résidentes… avec parfois le détour hypocrite que l’exclusion des trans se justifient pour leur propre sécurité
On notera la similitude avec les arguments des immondices de la manif pour tous quand il s’agissait de barrer l’adoption aux couples homosexuels, il faut mettre les enfants à l’abri de l’homophobie indirect que pourrait leur infliger leurs camarades. Le culot des ordures…
Pour en revenir aux centre d’accueil des SDF, Namaste ne manque pas de noter que leur politique revient implicitement à assimiler le genre d’une personne à son sexe ou plutôt ses génitoires. Réduction au destin biologique des plus “féministes”
On pourrait y ajouter une bonne dose de culture du viol (les individus doté de pénis sont prédateur par nature)et de sexisme oppositionnel mais bref… Et à aucun moment les centres n’envisagent de résoudre le problème en éduquant les autres résidents si nécessaire…
L’inconfort d’une résidente transphobe (ou même d’une résidente transphobe hypothétique, ces dernières n’étant même pas consulté par les employés avant leur verdict) aura la priorité sur la sécurité d’une sdf trans… Once again, l’effacement…
Et la politique de “tolérance” des centres qui acceptent les trans étant passé par la transition chirurgicale ou en passe de le faire, elle ignore bien évidemment les difficultés d’accès à cette opération pour la majorité des trans…
Des difficultés qui ne sont pas uniquement d’ordre financière, certaines des rares cliniques à offrir ce service traiteront ouvertement avec mépris les travailleuse du sexe, alors même que c’est trop souvent la seule source de revenu disponibles pour certaine trans
Ici comme ailleurs, la pauvreté est un crime qu’il faut expier par la double peine… Les choses n’ont guère changé depuis le temps où la misère en elle-même était un crime passible de la potence…
Ajoutons que du temps de Namaste, et les choses ne se sont guère amélioré là dessus, les personnes séropositive se voient refuser purement et simplement l’accès à l’opération par les chirurgiens…
La politique des centres d’accueil est donc, de fait, une politique de discrimination vis à vis des personnes séropositives… En plus d’être un exemple criant de police des corps pour leur mise en conformité…
Les seuls trans légitimes seront celles que la société a défini arbitrairement en tant que tel, les corps comme les âmes qui ne correspondent pas aux normes de la binarité stricte des genre seront donc exclus comme impossibilité…
Peu importe que ce soit les discriminations dont elles font l’objet qui les prive de la possibilité de mettre leurs corps en conformité avec les standard de féminité ou que les personnes se sentent à l’aise avec leurs corps et n’ont pas besoin d’une transition “complète”
Quant aux centres qui acceptent de se contenter de documents établissant les démarches entamés pour une futures opérations, ils oublient les difficultés des trans avec le corps médical, évoqués plus haut, ainsi que la réalité concrète de la pauvreté…
Des personnes à la rue n’ayant pas les moyens financier de payer les honoraires du médecin qui accepterait de leur fournir le certificat qui débloquerait les portes des centres d’accueil les plus tolérants…
Comme on pourrait s’y attendre, les employés des centre se sentent également en droit de juger les sdf trans sur leur passing, seule celles qui auront la féminité la plus crédible passeront leurs portes…
Les électrolyses n’étant pas gratuite, les hormones non plus outre les difficultés d’y avoir accès, et ajoutons que les femmes trans incarcérées pour une raison X ou Y se seront vu couper l’accès à ses hormones et auront donc subi une masculinisation forcée…
Et il est aisé de comprendre comment cette discrimination des centres vis à vis des trans peut avoir un impact sur leur estimes d’elle même, accentuer leur dysphorie de genre comme leur dépression, renforçant leur exposition à la tentation du suicide ou de la drogue…
Comme on peut s’y attendre, ces barrières à l’entrée des centres d’accueil renforce également la vulnérabilité des personnes trans face aux relations abusives, étant coupés des alternatives à court terme permettant de s’en évader…
Des difficultés similaires existent pour les centres de désintoxication en raison de la transphobie ambiante et du manque d’éducation des employés (qui feront pratiquement de la thérapie de conversion soft aux personnes trans qui confient leur transidentité)
On peut amplement constater que Namaste n’exagère pas quand elle parle d’effacement des personnes trans par une société qui fait d’elles des impossibilités en son propre sein… Effacement entretenu par des sciences sociales qui laisse cette réalité dans leur angle mort.
Et nous arrivons au cœur de l’effacement des trans par la société, le gatekeeping médical au sein des cliniques…
Once again, rien de nouveau sous le soleil pour les lecteurs et lectrices de Beaubatie, Shon Faye, Serano, Arnaud Allesandrin ou Espineira… Mais ajoutons une voix supplémentaires à un chœur qui n’est jamais entendu…
Transmédicalisme oblige, c’est aux gardiens du temple, les médecins, de séparer le bon grain de l’ivraie, et déterminer si la transidentité d’un patient est réelle ou non, lui offrant ainsi les moyens de la concrétiser…
Le point de vue du patient est donc privé de légitimité d’entrée de jeu, sa perception d’elle même mise en doute, et elle doit se montrer conforme au script et aux pré-jugés des procureurs du procès de Kafka…
Tout en sachant que les procureurs en questions sont souvent farci de conception cissexiste, sexiste tout court, homophobe et avec une conception de la déontologie toute relative concernant le respect de la dignité de la patientèle, y compris dans la rédaction de leur dossier
Intéressant de noter que dès les années 90, les médecins se plaignaient des infâmes transactivistes qui voulaient faire de l’accès à la transition un droit qu’on ne pouvait bloquer sous peine de discrimination…
Mais bref, pour délivrer le précieux Sesame de la prise en charge des frais de la chirurgie de réassignation, la seule voie d’accès pour la majorité des trans, le patient doit faire la preuve de son sérieux…
Pas simplement pour la chirurgie, puisque les mêmes praticiens peuvent aussi exiger des preuves de sérieux pour la délivrance des hormones…qui passent par un outing forcé du patient auprès de ses proches et collègues, en plus de transitionner socialement pendant un an.
Et encore faut-il avoir réussi à subvenir à ses besoins au cours de cette transition sociale quand on a dépourvu la malheureuse de toute possibilité de passing, et ce au sein d’une société transphobe…
Difficultés d’emploi? L’emploi en question n’est pas jugé respectable ou stable (travail du sexe, qui est souvent tout ce qui reste aux personnes trans)? Ce sera la double peine, puisque cela démontrera le manque de sérieux de la patiente aux yeux des médecins…
Même selon la propre logique des docteurs (éviter le regret suite à des actes irréversibles) ce n’est guère cohérent, le traitement hormonal, dont ils refusent l’accès direct, en usant des mêmes prétextes que pour la chirurgie, peut être un moyen pour la personne en phase de questionnement de s’assurer de son identité.
Et si les effets des hormones peuvent être réversibles et limités en cas d’erreur, il n’en va pas de même avec le outing…
On exige donc d’une personne qu’elle prenne le risque de détruire ses relations amoureuses, amicales, familiales et professionnelles (s’exposant à la précarité) en plus de s’exposer à un risque plus élevés de harcèlement moral et d’agressions, on l’a vu…
Conséquences qui ne peuvent pas s’effacer d’un coup de baguette magique une fois qu’une vie sociale et une vie tout court a été réduit en miettes, quand cela n’aboutit pas au suicide, mais qu’importe aux médecins? Ils n’auront pas fait d’erreur en accordant la transition à un cis
Bien évidemment, les praticiens laisseront leur propre sexisme colorer leur perception de la crédibilité que peut avoir la féminité ou la masculinité d’une patiente… Tout ce qui compte c’est qu’elle soit conforme à leur idée du genre qu’elle revendique…
On l’a vu avec les marqueurs sociaux comme les vêtements ou le maquillage, mais cela peut porter sur le physique des patientes en lui même. Certains médecin usant de leur propre attirance sexuelle envers les patientes comme critère d’évaluation du bien fondé d’une transition
Et même sans aller jusqu’à cet extrême, il y a cette idée constante que c’est le confort de la société qui doit primer sur celui de la patiente.
Peu importe le bien être que la transition procure à celui ou celle qui la demande, seul compte la crédibilité du résultat aux yeux des non concernés, qui ne doivent pas voir de fêlure dans leur bel univers de binarité des genre rigide et bien délimité
Ajoutons les discriminations déjà mentionnée pour la séropositivité (qui peut être d’ailleurs invoqués comme prétexte pour l’exclusion des prostituées trans), le casier judiciaire, ou l’âge (pas de prise en charge en dessous de 21 ans)
Les préjugés de classe joue également un rôle non négligeable dans la manière dont les médecins évaluent le sérieux de leur patient tout comme sa maturité et sa capacité à avoir conscience des conséquences de ses choix…
Standard qui aboutira de fait à une discrimination envers les plus pauvres, les plus jeunes (renié par leur famille, et à la rue, sans compétence à vendre sur le marché du travail…), ou les catégories sociales stigmatisées (minorités ethniques par ex)
Notons que les pauvres sont également les plus exposés aux risques d’agressions et de harcèlement transphobes (condamnés à utiliser les transports en communs, à vivre dans des logements collectifs ou des quartiers difficiles, etc…)
Est-ce que je dois préciser que les mêmes barrières à l’entrée et la même mentalité discriminatoire se dresse au cours des procédures de changement d’état civil?
Rappelons d’ailleurs qu’à une époque pas si lointaine, 2016, l’administration française imposait aux trans la stérilisation forcée comme prix de leur reconnaissance par le plus froid de tout les monstres froids…
Ce qui va aboutir à de nouvelles formes de discriminations quotidienne, de par l’écart entre l’identité “officielle” et l’identité réelle de la personne trans… Entrainant des suspicions de fraude ou d’usurpations d’identité, des difficultés supplémentaires à l’accès à l’emploi, ou à l’ouverture d’un compte bancaire, et surtout, cela équivaut à un outing forcé régulier, avec ce que ça entraine comme risque d’abus, de résistance passive-agressive et de mégenrage délibérée…
En témoigne les éternelles difficultés des trans avec la police, les employeurs, les infirmières, les facultés ou les assesseurs…
Tout les chemins mènent à Rome, et par les multiples portes qu’elle a ouverte, Namaste a démontré la solidité de sa thèse, à savoir une déconstruction complète du discours habituel sur la transidentité comme produite par le pouvoir médical…
Un discours récurrent, aussi bien chez les transphobes assumé comme Janice Raymond, ou de manière plus insidieuses chez bon nombre de sociologues ou de théoriciennes féministes réduisant la transidentité à une métaphore de leurs thèses…
La vérité est que si la société produit les trans, elle les produit comme impossible… ce qui se traduit par leur marginalisation, leur discrimination, leur exclusion, leur invisibilisation, et leur persécution quotidienne, bref, leur invisibilisation…
Y compris par la manière dont ils sont (re)présentés comme des anomalies, des contradictions, des tragédies, des farces ou des symptômes de crises par la culture, et pas seulement populaire mais aussi académique…
Elle illustre également la manière dont la communauté trans n’existe pas à proprement parler mais forme plutôt une nébuleuse de communautés fractionnés où certaines franges sont plus égales que d’autre…
La visibilité médiatique des quelques trans qui ont réussi à se tailler une place dans un système qui cherche à les effacer du corps social, elle n’aura guère d’impact pour l’adolescent mis à la porte du foyer familial, la prostitué persécuté au quotidien ou le trans séropositif
Et si on assimile, pour le meilleur comme pour le pire, les trans à la communauté LGBT, cette solidarité, sans être toujours de façade, dissimule la manière dont les gays et lesbiennes contribuent aussi à la (re)production de l’exclusion des trans