La fin de la politique : Bonus Track : La stabilité Macroéconomique, un objectif illusoire?

Marie la rêveuse éveillée
5 min readApr 8, 2023

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Bon, après moult hésitations, je vais retranscrire la section de l’ouvrage de Dillow consacré à la stabilité Macroéconomiques.

Le sujet est intéressant en lui-même, bien qu’il sera sans doute rébarbatif pour la majorité de ma TL, mais il remet tellement de chose à plat qu’on y perdrait au change si on le mettait de côté, donc Let’s go…

C’est une constante du Capitalisme, les cycles économiques, à savoir les alternances entre expansions (les fameux booms) et effondrement, les crises…

Une réalité qui en a fait phantasmer beaucoup, que ce soient ceux qui y voyaient une mécanique qui aboutirait à terme à l’effondrement final du capitalisme ou ceux qui rêvaient d’abolir le cycle, et plus particulièrement le revers négatifs, les crises…

Prima facie, c’est un objectif qui semble aller de soi, tout le monde est perdants au cours d’une récession, les plus démunis plus que tout les autres, étant dépourvu d’actifs offrant un refuge en cas de troubles à l’échelle de la société entière…

Si nous sommes tous égaux face à la crise économique, certains sont plus égaux que d’autre… Une famille riche peut s’offrir le luxe d’une récession, une famille pauvre constamment sous pressions pour seulement joindre les 2 bouts ne peut pas endurer les phases négative du cycle

Qui plus est, une instabilités économiques récurrentes aura nécessairement un impact de long terme sur la croissance, et donc l’élévation global du niveau de vie…

De plus, les pertes de profit en phase de récession sont plus élevés que les hausse de profit en phase d’expansion…

Pour couronner le tout, les pertes d’emplois pendant les phases de récessions peuvent entrainer des effets d’hystérèse…

Les travailleurs voyant leur compétences et leur capital humain se dégrader pendant les phases d’inactivités, au point d’avoir des difficultés à retrouver un emploi lors de la phase de reprise, occasionnant une hausse du taux naturel de chômage, en plus d’entraîner en prime une perte de productivité à l’échelle global, des compétences disparaissant purement et simplement…

On pourrait donc croire que tout pointe en faveur de la stabilité… Eh bien, faisons-nous l’avocat du diable, quelles sont les arguments en faveur de l’instabilités financières?

A)L’incertitude peut encourager l’investissement. En cas d’économie d’échelle (mettons qu’un hôtel de 400 chambres soit moins cher à construire qu’un hôtel de 200 chambres quand on intègre le retour sur investissement à terme de par sa capacité à accueillir de plus grand flux)

Puisque les situations d’incertitude accroissent les probabilités de ce genre de pic de demande, alors cela peut pousser les entreprises à franchir le pas, et à investir dans les moyens d’y faire face.

B)Théorie des coût d’opportunités. Pendant les phases de boom, les entreprises sont trop occupés à suivre la demande pour prendre le temps de réfléchir à une manière d’améliorer leur efficacité ou de favoriser leur croissance, une récession susceptible de laisser la place à une phase d’expansion à court terme peut, en ralentissant temporairement la demande et donc l’activité, offrir aux entreprises l’opportunité de faire ce genre d’ajustement profitable sur le long terme.

C)La théorie des cycle de liquidation : La fameuse destruction créatrice si chère à Schumpeter, les recessions sont une forme de nettoyage de l’économie, supprimant les entreprises les moins rentables, relocalisant leurs ressources et employés vers des usage plus profitable

D)L’encouragement à l’innovation : Si une innovation suppose des coût fixes élevés (comme le maintien constant d’un développement Recherche et développement) et si la fenêtre d’opportunité pour recueillir les bénéfices de l’innovation est limitée, par exemple parce que des concurrents peuvent venir réclamer leur part du gâteau et ronger vos marges trop vite pour en profiter, alors les phases de boom, et d’accroissement brusque de la demande, seront les carottes qui pousseront les entreprises à franchir le pas

E)L’asymétrie d’apprentissage : Il est plus facile d’acquérir une compétences que de la perdre pour de bon, en conséquences, le renforcement de capital humain pendant les phases de boom surcompense sa dégradation pendant les phases de recessions

Sur le long terme, nous obtenons donc un taux de progrès technologiques plus élevés sur long terme en contrepartie d’une instabilité économique…

Il pourrait donc y avoir un conflit entre la stabilisation à court terme, et la croissance de long terme…

Bien évidemment, il y a largement matière à débat et controverse sur chacun de ces points, et il est délicat de trancher dans un sens comme dans l’autre pour déterminer si les effets positifs de l’instabilité économique surpassent ses effets négatifs.

Raison pour laquelle, une fois de plus, il s’agit…d’un choix politique. Il n’y a pas de réponse “correcte” devant laquelle tout le monde devrait sagement s’incliner…

Mais par dessus tout, se focaliser sur la stabilité macroéconomique, c’est rater la forêt à force de se concentrer sur l’arbre… On peut perdre son emploi en phase d’expansion économique, tout comme on peut le conserver en phase de récession…

Pour la simple et bonne raison que toutes les entreprises ne sont pas exposées de la même manière aux variations du cycles économiques. Et les pertes d’emplois tendent à être concentrés…

Dans la configuration britannique, 94% des destructions d’emploi entre 1989 et 1991 étaient concentrés…sur 20% de l’ensemble des entreprises…tandis que la moitié des entreprises avaient procédé à des embauches.

Décrire le déroulement des récessions à travers des agrégats macroéconomiques ou des modélisations d’entreprise type aboutit à une distorsion de notre vision de la réalité concrète de l’impact des fluctuations sur les entreprises

Les points pertinents sont la manière dont différentes catégories d’entreprises réagissent aux récessions plutôt que la manière dont l’entreprise moyenne y réagit…

Sur le long terme, la sécurité de l’emploi a donc bien peu à voir avec la stabilité macroéconomique, nous avons de bonne chance de perdre notre job, même pendant un boom, de bonne chances de le conserver, même pendant une récession, le cycle ne fait qu’altérer à la marge

En vérité, la stabilité macroéconomique n’a au fond aucune valeur pour un individu particulier, elle donne juste aux gouvernants l’illusions de nous offrir une différence fictive…

Mais c’est au fond l’éternelle constante du managérialisme, la promesse qu’un contrôle centralisé par une élite nous protégera des aléas de l’existence…

Une illusion mais les libertés et la sécurité qu’on a sacrifié pour offrir leur pouvoir à cette élite de bonimenteurs, c’est un coût bien réel…Trop réel…

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Marie la rêveuse éveillée
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Written by Marie la rêveuse éveillée

Une personne qui s'égare souvent parce qu'elle passe son temps à se chercher...

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