Les annales de la Compagnie Noire

Marie la rêveuse éveillée
5 min readSep 25, 2023

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Un petit article sur une de mes série de Dark Fantasy préférée, Les annales de la compagnie noire.

Une saga de fantasy qui sort des sentiers battus à plus d’un titre, née sous la plume de Glen Cook, ancien militaire de son état, expérience qui donne une atmosphère toute particulière à cet univers.

Univers que certain ont décrit comme “la guerre du vietnam sous LSD”. Il s’agit donc d’un excellent représentant d’un sous-genre de la fantasy, la Fantasy militaire…

Qu’est ce que la fameuse compagnie noire qui donne son titre et son tempo à la saga? Il s’agit grosso modo d’un mix entre les grandes compagnies de mercenaires du moyen âge et la légion étrangère française telle qu’on l’a phantasmé…

Un groupe de mercenaires qui accueille les nouveaux venu sans poser de questions, les invitant à laisser leur passé comme leurs regrets derrière eux pour se fondre dans la solidarité avec les autres marginaux qui forment cette compagnie de soldats de bric et de broc….

Parmi les traditions qui soudent tout ces déclassés, la plus importante de toutes, celle qui fondent leur solidarité, ce sont les fameuse annales.

Un des membres de la compagnie se verra confier la tâche de rédiger des chroniques/carnet de bord du quotidien de la compagnie, et d’en faire la lecture au coin du feu à intervalles régulier…

Rituel qui permettra aux trouffions de puiser dans l’expérience de leurs prédécesseurs en quête d’une solution à leurs problèmes actuels, ou tout simplement de se rappeler que leurs ainées ont réussi à tirer leur marrons du feu après s’être retrouvé au sein d’une m… bien plus noire…

Mais c’est aussi une manière de se sentir faire partie d’un tout, de se rappeler des morts qui forment la généalogie de votre nouvelle famille, et savoir que si vous tombez au champ d’honneur, votre propre nom résonnera au coin du feu, murmuré par celleux qui prendrons le relais

Car la compagnie noire est ancienne, de fait elle existe depuis plusieurs siècles… mais on s’en doute, s’agissant d’une compagnie de mercenaires opérant à tous les points chaud, une partie des annales n’a pas survécu aux aléas de la guerre comme de l’histoire…

Paradoxe hautement symbolique, cette “famille” et cette armée de déclassé qui se sont évadé de leur passé, elle a rompu le lien avec son propre passé…

Ielles ont conservé la bannière des fondateurs, ainsi que les deux noms de cette étrange armée, “La compagnie noire” et “La dernière compagnie franche de Katovar”

Katovar… Est-ce un souverain, mort depuis longtemps? Un royaume? Une divinité? Une ville état dont les ruines sont enterrés quelque part sous les poussières de l’histoire? Ielles ne savent pas, ou plutôt ielles ne savent plus…

Le récit des mésaventures de la Compagnie noire nous sera conté par l’annalistes du moment, Toubib, le médecin du groupe de mercenaires…

Un carnet de bord, écrit à la première personne, par un trouffion qui vit la réalité dans l’Histoire de son point de vue, pouvant survoler des grandes batailles historiques d’un bref compte rendu… “Nous sommes venus, trois jours plus tard, la ville tombait entre nos mains.”

Et inversement, il pourra se focaliser longuement sur une partie de cartes avec ses frères d’armes, évènement bien plus important à ses yeux que les simagrées des puissants à l’arrière-plan…

Un récit volontairement parcellaire, raconté avec la gouaille d’un vétéran qui décrit son quotidien sans s’embarrasser de fioritures, et assume qu’il n’est pas un historien impartial mais un acteur dont la parole doit être pris avec un grain de sel…

L’autre point fort de la saga est qu’elle évacue toute forme de manichéisme, c’est une compagnie de mercenaires qui se vendent au plus offrant, pas un groupe de paladins vertueux…

Assez semblable au jeu vidéo Tyranny qui vous proposait de vivre une sage de Fantasy, du côté des oppresseurs et des impérialistes, la Compagnie noire est un récit de fantasy du point de vue de celleux qui seraient classés comme antagoniste dans tout autre récit de Fantasy…

Et quel est l’employeur actuel de nos mercenaires qui ne sont pas là pour se poser des questions de moralité mais doivent réfléchir au moyen de simplement survivre dans un monde hostile?

Il s’agit d’une femme, Eh oui, et pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit pratiquement, comme l’ont remarqué les blogueurs du Culte d’Apophis, d’une déconstruction de la Galadriel de Tolkien…

Une Galadriel qui aurait choisi de succomber à la tentation de l’anneau unique, aurait épousé Sauron, avant de le planter par derrière pour prendre le contrôle des nazguls…

Possibilité que Tolkien avait envisagé de lui même, je cite les paroles de Galadriel dans La communauté de l’anneau :

“Et maintenant enfin il vient. Vous me donnerez librement l’Anneau ! A la place du Seigneur Ténébreux, vous établirez une Reine ! Et je ne serai pas ténébreuse, mais belle et terrible comme le matin et la nuit ! Belle comme la mer et le soleil et la neige sur la montagne !

Terrible comme la tempête et l’éclair ! Plus forte que les fondements de la terre. Tous m’aimeront et désespéreront !”

Elle leva la main et de l’anneau qu’elle portait jaillit une grande lumière qui l’illumina elle seule, laissant tout le reste dans l’obscurité. Elle se dressait devant Frodon, paraissant à présent d’une taille démesurée et d’une beauté insoutenable, terrible et digne d’adoration.”

ais ce cadre étant posé, il me faut évoqué une autre spécificité des Annales de la compagnie noire, c’est un récit de fantasy qui était précurseur en termes d’inclusivité, et de ce point de vue, a plutôt bien vieilli…

Un récit qui laisse la part belle aux femmes, aussi bien chez les antagonistes que les protagonistes, donnera un rôle de premier plan à une personne non-valide, dont l’un des personnages récurrents est un sorcier grincheux dont la pigmentation n’est pas celle d’un homme blanc

Et si la saga commence dans une version démystifiée et grise de l’univers de Tolkien, Glen tracera très vite sa propre route pour trainer sa compagnie dans une version dark Fantasy de l’Inde, que ce soit au niveau du folklore, de la religion ou de l’organisation sociale

Ce qui fait, sans (trop) spoiler, que l’une des annalistes de la Compagnie noire (car oui, plusieurs chroniqueurs et chroniqueuses se succèderont) sera l’équivalent dark fantasy…d’une indienne musulmane, puisque d’autres marginaux, déclassés ou aventuriers rejoindront la compagnie durant son périple…

Il est intéressant de noter que si la compagnie est composés de blanc en premier lieu, lorsqu’ils partiront en pèlerinage vers leur point d’origine, ielles tomberont sur un avant-poste laissé par leurs prédécesseurs…

Un avant-poste qu’ielles trouveront durant leur traversée…de l’équivalent dark fantasy de l’Afrique, et le nom “Compagnie noire” prendra alors un tout autre sens…

Quand nos braves mercenaires réaliseront qu’à force d’inclusion de nouveaux frères d’armes et de passage de flambeaux au cours des siècles, cette compagnie composé en majorité d’hommes blancs à l’heure d’aujourd’hui était à l’origine une compagnie d’homme littéralement noirs

Pour en savoir plus, je vous invite à consulter les reviews disponibles chez le culte d’Apophis. (section Cook, Glenn)

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Written by Marie la rêveuse éveillée

Une personne qui s'égare souvent parce qu'elle passe son temps à se chercher...

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