L’expérience de la Nation chinoise, où la problématique de l’émergence de la conscience dans un cadre matérialiste…

Marie la rêveuse éveillée
5 min readMay 10, 2023

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Pour respecter une certaine continuité, si je me fendais d’un article supplémentaire sur les difficultés du matérialisme?

Et pour cela, nous allons revenir sur deux points évoqués précédemment, en premier lieu, la fameuse expérience de la chambre chinoise de John Searle.

Et en second lieu, la problématique de l’unité de la conscience (qu’on peut trouver chez Saint Augustin, Descartes, Leibnitz, Kant, Hasker, William James ou encore Bergson…)

De manière intéressante, l’expérience de Searle avait été anticipé par le physicien soviétique Anatoly Dneprov dans une nouvelle de SF intitulé “The game”.

Il nous demandait d’imaginer le scénario suivant, les 1400 délégués du congrès soviétique des jeunes mathématiciens acceptent de se livrer à un jeu purement mathématique proposé par le professeur Zarubin

Le jeu en question nécessite que les participants se transmettent des messages composés uniquement à partir de 0 et 1, selon des règles précises.

Un jeu qui va se prolonger plusieurs heures, laissant les participants la tête dans le sac, sans la moindre idée du sens de leur activités abstraites. Une des mathématiciennes est tellement épuisée qu’elle est prise de vertige et met fin à sa participation juste avant la fin

Le lendemain, le professeur explique à ses petit cobayes que leur jeu consistait à simuler le fonctionnement d’un ordinateur dénommé Ural alors qu’il procédait à la traduction d’une phrase en portugais. Un langage qui n’était parlé par aucun participants au jeu…

La phrase en question était “ “Os maiores resultados são produzidos por — pequenos mas contínuos esforços” Sentence que les mathématiciens avaient traduits sans le savoir par “The greatest goals are achieved through minor but continuous ekkedt”

L’erreur de traduction pour le mot effort s’expliquant par le disfonctionnement que constituait le départ de la mathématicienne qui n’était plus en état de participer…

Au niveau individuel concret, aucun des participants au jeu n’était en capacité de traduire la phrase en portugais, alors même que le système qu’ils constituaient sans le savoir avait pu procéder à la traduction..

Ce qui est une variation du point de Searle, un ordinateur est analogue à un groupe humain manipulant des symboles dont ils ne comprennent pas la signification, se contentant d’appliquer des règles indépendantes du contenu des symboles.

La question qui pourrait se poser est donc la suivante, peut-on affirmer que la congrégation de mathématiciens dispose d’une conscience connaissant la signification de la phrase en portugais?

Dans une conception fonctionnaliste de la conscience, ou si on adopte la théorie causale de la conscience, il nous faudrait répondre oui. La conscience étant défini par l’exécution d’un algorithme…

Peu importe que l’algorithme en question soit exécutés par des composants électroniques, des neurones d’un cerveau humain, ou un groupe d’être humains jouant le rôle d’un collectif de neurones ou d’un assemblage de processeurs.

Évidemment, l’expérience de notre propre conscience nous montre amplement qu’elle n’est pas réductible à une configuration de ce type. Nous connaissons la signification des symboles que nous employons…

Une signification qui est bien plus large que la simple exécution mécanique d’une règle telle que le comprenne les fonctionnalistes. On peut l’illustrer avec l’exemple du Vleu de Goodman…

Le mot Vleu désigne des objets présentement colorés en vert mais qui deviendront bleu à une date ultérieur (qui peut être demain matin, dans un an, dix ou un millénaires, peu importe…)

A un certain niveau, Vert et Vleu seraient identiques, puisque les mot seraient prononcé en présence des mêmes objets, sauf que les deux mots visent deux choses radicalement différent, et que Vleu n’est pas synonyme de vert, même si leur champs d’application est le même

Maintenant, effectuons une variante de l’expérience de la chambre chinoise… Pour commencer, nous distribuons des talkie-walkie à chacun des habitants de la Chine.

Chaque membre de ce collectif de plus d’un milliard d’êtres humains devra jouer un rôle similaire à celui d’un neurone dans le cerveau humain.

La liaison du collectif est assuré par un réseau de satellites, et toutes leur communications seront reliés à un androïde, baptisé pour l’occasion “Nation Chinoise”.

Chaque fois que les senseurs du robot percevront un phénomène extérieures (perception visuel d’un objet, audition d’un son, contact “tactile” avec un corps, etc…), les informations seront retransmis au collectif d’êtres humains qui constituent le “cerveau”.

Un “cerveau” qui traitera les informations qui seront reçu, et renverra des directives au robot qui constitueront ses réactions aux stimuli extérieure.

Le robot pourra ainsi se “nourrir” en allant s’alimenter à un chargeur si sa batterie se rapproche de zéro, se redresser s’il est tombé par terre en se prenant la jambe dans une racine, il peut même se frotter la jambe en question si nous le “programmons” pour simuler la douleur

Viens donc la question dérangeante, formulé par Ned Block… Est ce que le robot “Nation chinoise” ou la population de la Chine qui forme son cerveau dispose d’une conscience identique à celle d’un être humain?

Techniquement, le groupe organisé pour jouer le rôle de cerveau du robot est fonctionnellement identique à un cerveau humain, et si notre cerveau génère une conscience, alors cela devrait être le cas de la nation chinoise dans ce contexte…

Mais nous sentons bien que quelque chose coince dans cette conclusion… Non seulement, il n’y a pas besoin de postuler une conscience qui aurait un contenu subjectif par dessus le collectif..

Contenu subjectif qui serait constitué par la fameuse Qualia… Le robot/cerveau collectif perçoit en quelques sortes la douleur, les couleurs, la faim ou autres… mais il ne dispose pas des sensations correspondantes pour une conscience

Attribuer une conscience à la Nation chinoise serait donc inutile, d’une part, et d’autre part, c’est une Deus ex machina qui jaillirait ex nihilo, sans qu’on puisse expliquer comment cette nouvelle couche de la réalité se manifeste…

La problématique est que dans une conception matérialiste, les humains sont identiques au Robot Nation Chinoise. Seul existe les particules dont ils sont constitués, et les interactions entre ces particules…

Or nous savons de première main que nous disposons bien d’une conscience, que la qualia existe, tout comme nous savons que nos pensées, nos désirs et nos paroles ont une signification déterminé..

Nous en revenons à un faisceau de problématique déjà formulées par Descartes (ses réponses à Gassendi), Leibniz (le fameux moulin étant au final une variation de l’expérience de la Nation chinoise), Saint Augustin et Hasker…

Bien sûr, cela peut se recouper avec les questions soulevés par Derek Parfit, dont on peut imaginer des variantes…

Imaginons que nous remplacions un de nos neurones par un circuit électronique. Ou par deux récepteurs connectés à des être humains utilisant des Talkie Walkie et assurant le même rôle que le neurone amputé…

On peut raisonnablement penser que notre conscience serait toujours là… Mais si on continuait le processus? Jusqu’à ce que la totalité de nos neurones soit constitués par la population de la Chine communiquant par Talkie walkie, notre conscience sera-t-elle encore là?

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Marie la rêveuse éveillée
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Written by Marie la rêveuse éveillée

Une personne qui s'égare souvent parce qu'elle passe son temps à se chercher...

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