Modeste introduction à la pensée de Spinoza
Consacrons un article au prince des philosophes, j’ai nommé Baruch Spinoza
En premier lieu, Spinoza était panthéiste, Deus sive Natura, “Dieu ou plutôt la Nature”. De fait, quand le philosophe évoque Dieu, il faut plutôt entendre la Réalité.
Une réalité par nature infinie, puisqu’elle ne peut être bornée par rien d’autre…que la réalité elle-même, la seule chose qui pourrait lui faire obstacle serait déjà intégrée en son sein, à moins d’être… non-existante.
De la même manière, la Réalité est Éternelle, rien n’a pu exister avant la réalité pour la produire, car alors cette cause du réel serait elle-même…part de la réalité.
En vertu de l’axiome Ex nihilo, nihil fit, “Rien ne nait de rien”, le néant n’aurait pu engendrer la réalité, celle-ci ne peut donc avoir de commencement dans le temps.
Par ailleurs, il ne peut exister qu’une seule réalité, la seule alternative au réel étant…le néant. Une autre réalité ne serait qu’une autre région du réel.
Raisonnement plus facilement compréhensible si on se rapproche de la démonstration d’origine de Spinoza. Prenons l’Espace, il ne peut avoir de limite, puisqu’on peut toujours concevoir quelque chose au delà de cette limite…
Il ne saurait y avoir deux ciels, disait fort justement Zerthimon, et de la même manière, il ne pourrait y avoir deux espaces, ces derniers étant intégré…dans un espace plus grand qui les englobe.
Ainsi nous avons Dieu, Eternel, infini, cause de soi (puisque, nous l’avons vu, il ne peut avoir de cause extérieure, celle-ci devant déjà exister) et cause de toutes choses…
(Si une chose a un commencement dans le temps, elle nécessite une cause extérieure, si cette chose peut être cause de sa propre existence, elle serait Dieu, et comme nous l’avons vu, il ne pourrait y avoir deux Dieux au sens où nous avons défini ce terme)
Cette base étant posée, Spinoza est moniste. Pensée et matière (ou plutôt étendue/Espace dans le cadre de Baruch) sont deux aspects d’une réalité qui est comme nous l’avons vu, unique.
Unique mais avec une infinité de dimensions (attributs) même si deux seulement nous sont accessibles, l’Espace et la Pensée.
L’univers physique et l’univers mental sont le reflet l’un de l’autre, l’âme d’une chose est l’idée de cette chose dans le monde de la pensée. Notre âme est donc l’idée de notre propre corps.
Spinoza est également déterministe, ce qui découle à la fois de son rationalisme, et de sa conception de Dieu. La réalité existant nécessairement de par sa seule nature, elle ne saurait être autrement qu’elle n’est.
Le possible est simplement le fruit de notre ignorance de la nature des choses comme de la chaine infini des causes/effets. Imaginant que le réel pourrait être différent de ce qu’il est, parce que nous n’avons accès qu’à une portion des informations…
A ce sujet, il y une saveur définitivement spinoziste à l’argument de Bergson contre la vieille ritournelle “Pourquoi quelque chose et non pas plutôt rien?”
L’argument serait grosso modo le suivant : Néant/rien est une option relative et non absolu, quand je cherche mes clés dans ma boite à gant, et que je vois qu’il n’y a rien, la position est vrai dans le sens “il n’y a pas mes clés”, fausse dans l’absolu puisque la boite à gant en question peut contenir mouchoir, préservatifs, armes à feu, exemplaire du manifeste trans… et même si elle ne contenait rien de tout ça(notez la formulation), elle contiendrait particules élémentaires invisible ou à tout le moins un espace vide
Néant/rien/non-existence sont donc des concepts relatifs, on les utilise pour dire en réalité “Il y a des choses mais pas celle qui m’intéresse”, il est donc absurde de les appliquer à la globalité de toutes les choses.
C’est d’ailleurs par ce type de réflexions que Spinoza s’attaque à l’illusion du libre-arbitre ou de la volonté libre. Nous nous pensons libre car nous avons conscience de nos désirs sans avoir conscience des causes qui nous font désirer telle chose plutôt qu’une autre.
Spinoza illustrait l’erreur de raisonnement par l’exemple d’une pierre qu’un coup de pied mettrait en mouvement mais empruntons plutôt l’analogie autrement plus lumineuse de Schopenhauer avec l’eau…
Imaginons que l’eau soit dotée d’une conscience, elle pourrait se dire. “Si je voulais, je pourrais devenir solide” (si la température atteignait zéro degré, oui) “ou encore m’évaporer librement dans l’atmosphère” (si la température atteignait 100 degrés, oui), “J’ai aussi la possibilité de m’élancer librement dans les cieux en un seul geyser puissant…” (si on la canalise dans une fontaine qui la projettera, oui).”Je pourrais faire tout cela si je le voulais, mais je n’en éprouve pas l’envie, et c’est uniquement pour cette raison que je demeure tranquillement là, sous forme de lac”
Notre propre situation, selon Spinoza, n’est pas différente de celle de l’entité aquatique hypothétique, ignorante des causes qui altèrent son état, et attribuant ses différentes formes à une capacité hypothétique qu’elle nomme “volonté”
Nous ne sommes pas un “empire dans un empire”, mais un simple maillon dans la chaise de la causalité. Notre volonté ne s’auto-determine pas, de fait, nous n’avons pas de volontés, simplement des volitions particulières et déterminées par notre nature ou les corps qui nous affectent
Via cette machine de guerre conceptuelle, Spinoza va se livrer à une démolition implacable du finalisme comme de l’anthropomorphisme naïf.
Et ce via sa révolution copernicienne “Nous ne désirons pas les choses parce qu’elles sont bonnes, mais les estimons bonnes parce que nous les désirons.”
Ainsi les concept d’ordre et de chaos se verront pulvérisés par un raisonnement analogue à celui dont nous avons usé plus haut vis à vis du néant.
Nous qualifions d’ordre les arrangements de choses que nous pouvons appréhender ou nous remémorer plus facilement ou qui font intuitivement sens pour nous, de désordre ou de chaos les arrangements que nous ne pouvons conserver en mémoire.
Par exemple, nous pouvons conserver dans notre esprit une statue de marbre, mais nous ne pourrions en faire de même avec la forme de chaque débris éparpillé sur le sol suite à un glissement de terrains, alors même que l’arrangement, la forme comme la configuration de ses débris est on ne peut plus rationnel, déterminé par la nature du sol, les atomes qui le composent, leur interactions selon les lois naturelles, etc…
De fait, le raisonnement de Spinoza sur ces sophismes/biais cognitifs pourrait s’appliquer aussi bien à la pensée magique, au conspirationnisme, ou au vision anthropomorphique naïve nous faisons percevoir l’homosexualité ou la transidentité comme “contre-nature” ou l’intersexuation comme une “anomalie” Contre-nature et Anomalie étant des concept humains, trop humains, “asile de l’ignorance” dans le cadre spinoziste.
Nous avons eu l’occasion de le voir précédemment, dans la perspective spinoziste, l’univers mental est un reflet de l’univers physique et réciproquement. Notre âme est donc l’idée de notre corps.
Idée qui reflétera, en conséquences, toutes les différentes manière dont ce corps est affecté par les autre corps composant l’univers.
En bonne logique, cette idée nous en apprendra plus sur la manière dont ce corps est affecté par le monde que sur le monde qui l’influence.
Pour traduire les analyses de Spinoza dans un cadre plus conforme aux évolutions de la science, les stimulis extérieurs vont générer des influx nerveux qui creuseront leurs sillons dans nos neurones, y laissant ainsi des traces, les souvenirs/habitudes/habitus.
Ces traces se réactiveront face à une nouvelle perception de l’objet qui les as créé en premier lieu, mais pourront également s’enclencher par le mécanisme de l’association d’idée.
Par exemple, une personne violemment agressée par un individus vêtu de jaune pourra développer des crises de paniques face à un objet de la même couleur ou inversement, nous pouvons apprécier un plat parce qu’il est associé aux souvenirs de l’adorable grand-mère qui nous le mitonnait.
Bien évidemment, la trace d’un objet perdurera en son absence, continuant de nous affecter, et lorsqu’elle s’activera, nous considérons l’objet comme présent dans le monde, tant que nous n’aurons pas été exposé à des informations démontrant sa disparition.
Ainsi l’idée de Pierre peut continuer d’exister dans l’esprit de Paul (en tant qu’idée de la trace que la perception de Pierre a laissé dans le corps de Paul) même après la mort de Pierre…
Mieux, si je puis dire, Paul considérera Pierre comme vivant, tant qu’il n’aura pas reçu de faire-part de décès l’informant de sa disparition. Ce qui met en lumière la différence entre l’Idée de Pierre (son âme) et l’idée de Pierre dans l’âme(l’idée) de Paul.
L’idée de Pierre dans l’âme de Paul ne nous informe pas de l’état de Pierre dans le monde, mais de la manière dont le corps de Paul a été affecté par Pierre. Illustration du fait que notre âme nous en apprend plus sur nous même que sur le monde…
Ce cadre étant posé, Spinoza va pouvoir établir une pierre angulaire de son système, le Conatus, à savoir l’effort de chaque chose pour persévérer dans sa propre existence, effort qui sera qualifié de désir quand il est conscient de lui-même
Spinoza aurait pu conceptualiser le conatus comme une simple inertie ontologique, chaque chose perdurant dans l’existence tant que rien ne vient la perturber, mais il a choisi, au contraire, d’en faire une force pleinement active.
Les choses ne vont pas simplement se conserver en l’état, elles vont s’imposer dans l’existence, et même tendre spontanément à renforcer leur existence en assimilant d’autres entités.
Bien évidemment, il y a l’exemple parlant de l’alimentation, mais on peut citer également l’araignée qui tisse sa toile et étend son emprise sur le monde, la manière dont nous construisons des villes et adaptons le monde à notre existence…
La manière dont l’artiste se réapproprie la matière brute (ex un bloc de marbre) pour y imprimer sa marque et en faire son œuvre, etc…
Notons que le conatus n’a pas nécessairement à prendre la forme d’une conquête ou d’une assimilation, il peut également se manifester comme synergie avec les autres entités. Un individu qui apprend à nager ne va pas conquérir l’eau à proprement parler, il va comprendre comment harmoniser les mouvements de son corps avec ceux des corps de nature aqueuse.
Les affect sont tout simplement la manière dont le monde extérieur va affecter notre corps, et Spinoza les classifiera en deux catégories, la tristesse et la joie.
La tristesse correspondra à une diminution de notre puissance d’agir, et donc d’exister (les deux étant inséparable), la joie à une augmentation de cette puissance d’agir/d’exister.
Fort de ce triptyque (Tristesse, Joie, Désir), et en le combinant au mécanismes des traces et de l’associations d’idée, Spinoza parviendra à reconstituer ou plutôt à construire géométriquement l’ensemble de la psychologie humaine.
Pour ne prendre que deux exemple, l’amour sera la joie qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure, la haine sera une tristesse qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure.
Tout cela ne manquera pas d’entrainer une multitudes de conséquences des plus subversives. Revenons ainsi à Dieu, ou plutôt à la conception spécifique que Spinoza donne à ce terme.
Chaque chose s’efforce de persévérer dans l’existence, Dieu compris, en conséquence la tristesse ne peut venir que d’une cause extérieur, or nous l’avons vu, rien n’existe en dehors de Dieu, ce dernier ne peut donc être affecté de tristesse. CQFD
En conséquence, il serait dépourvu de sens de lui attribuer des émotions comme la colère, des désirs comme celui de recevoir l’adoration des êtres humains, ou des objectifs (comme créer le Monde pour que ses habitants lui rendent un culte)
Toutes ces idées évoqués à propos de Dieu relève de l’anthropomorphisme, notre ignorance de Dieu nous pousse à lui attribuer des caractéristiques humaines (trop humaines).
De manière générale, les êtres humains, on l’a vu, ont conscience de leurs désirs mais pas des causes qui les font désirer une chose plutôt qu’une autre, attribuant leurs volitions à une entité abstraite, la volonté.
Les êtres humains agissant, mus par leur désir, finissent par faire de cette observation la base de leur compréhension du monde, et un mécanisme d’explications des aspects de la réalité.
Si nous trouvons des animaux ou des fruits et légumes pour nous nourrir dans la nature, nous imaginons qu’ils ont été placé là pour servir cette fonction, bref, nous inversons l’ordre des choses, faisant de l’effet la cause fondamentale.
Spinoza est, à de multiples niveaux, un précurseur génial de Darwin de par sa critique des explications d’ordre téléologique, du finalisme ou des conceptions anthropomorphique de la nature.
Revenons donc à Dieu, ce dernier cessent d’être un père fouettard ou un Big Brother puritain épiant chacun de nos gestes. Dépourvus de tristesse, donc de manque, donc de désirs donc d’objectif, il a créé le monde de par la nécessité de sa propre nature.
Monde au sein duquel il n’interviendra pas sous forme de miracle, étant dépourvu de désir comme d’objectif, il n’en a littéralement pas le besoin.
Spinoza est sans doute l’un des plus grand représentant d’une pensée de l’immanence. Toute transcendance est exilé de son cadre de pensée, Dieu n’est plus hors du monde, il fait corps avec le monde, il EST le monde.
Encore une affinité avec Nietzsche, la volonté de bannir les arrière-mondes qu’on projette par delà l’horizon indépassable du réel.
Spinoza est-il un athée qui s’avance masqué, jouant subtilement de l’ambiguïté des termes qu’il a choisi pour l’armature extérieure de son système de pensée?
Dans le cas du Traité Theologico politique, il joue clairement de l’ambiguïté, parlant de Lois de Dieu ou de commandement divin pour désigner les lois scientifiques ou les préconisations de la prudence.
Quoiqu’il en soit, il se situe clairement dans le sillage d’Epicure (pour laquelle il confessait une sympathie certaine), “L’impie n’est pas celui qui rejette les dieux de la foule mais qui attribue au dieux ce que leur prêtent les opinions de la foule”
De toutes les manière, Spinoza est fonctionnellement un athée, quand bien même il n’est pas ressorti complétement indemne de la yeshiva comme des lectures de Maimonide, influence qui a donné un esprit des plus talmudiques à son “athéisme” rationaliste.
Quid des Valeurs? Du Bien et du Mal? Du juste et de l’injuste? De la Vérité? Elles sont déchues de leur piédestal pour devenir au fond toutes relatives
Nous ne désirons pas les choses parce qu’elles sont bonnes mais les estimons bonnes parce que nous les désirons. La musique est bonne (source de joie) pour le mélancolique, peut être mauvaise (source de tristesse) pour une personne qui fait son deuil et indifférente à une sourde
Il n’y a de toute manière plus de libre arbitre, simplement les chaines de la causalité. Plus d’idées fausses non plus, puisque dans le système de Spinoza, une idée de peut, par définition, être en décalage avec le réel.
Une idée ne peut pas être fausse à proprement parler, elle sera simplement incomplète, mutilée ou confuse. Reflétant l’état de notre corps et de sa connaissance partielle du réel qui l’entoure, non celui du monde.
A la moralité succédera donc…L’Ethique. La direction à prendre dans la vie sera de suivre les inclinations de notre nature, de cultiver la joie et non la tristesse, d’étendre nos connaissances sur le monde plutôt que d’errer dans le brouillard de notre ignorance…
Et si l’homme est un loup pour l’homme (Spinoza aura également des affinités avec Machiavel dans sa conception de la politique), l’homme peut également devenir un Dieu pour l’homme.
Car en nous associant à nos semblables, nous formant comme un corps plus vastes, disposant de plus vastes capacités à agir et donc à exister.
Il est à noter que dans la perspective spinoziste, la distinction naturel/artificiel se dissout complétement. Si une ruche, une termitière ou un récif coralien sont des productions de la nature, une centrale nucléaire, un gratte-ciel ou un organisme génétiquement modifié le seront tout autant. De facto, cela fait partie des arguments mobilisés par Spinoza contre Descartes et sa distinction entre les humains et les animaux…
On en revient à cette idée que l’être humain n’est pas une exception glorieuse, un empire dans un empire, indépendant du reste du monde, mais une part intégrante de ce dernier, parcelle de la nature et non pas étranger en son sein.
Une chose de plus qui rapprocherait Spinoza des biologistes contemporain comme Julia Serano
Si vous voulez creuser une pensée dont je n’ai fait qu’effleurer timidement la richesse inépuisable, je vous invite à commencer par l’édition Intégrale de philo des appendices I et IV de l’Ethique
Vous pourrez enchaine avec l’adaptation en bande dessinées du Magnum Opus du penseur, qui en constitue une version (légèrement) abrégée, accompagnée d’illustrations pédagogiques.
Le même auteur nous a également livré une ’adaptation du Traité de la réforme de l’entendement en bande dessinée
Encore une fois, un petit chef d’œuvre de vulgarisation, l’auteur a un talent certain pour rendre vivante et intuitive une pensée qui s’exprime parfois de manière aride et abstraite aux non-initiés.
D’une manière que Spinoza lui même aurait sans doute approuvé. J’avais lu sa version (inachevée) du Discours de la méthode, et n’en avais pas retenu grand chose si ce n’est le mécanisme d’engendrement des idées…
Mais avec l’ajout d’illustrations pédagogiques et d’exemples concrets, il est beaucoup plus aisée, non seulement de saisir mais de garder en mémoire les raisonnements dépliés par le sage d’entre les sages.
Deleuze avait fort bien mis en lumière la façons dont l’individualité de Spinoza était présente sous l’agencement abstrait et froidement rationnels de ses démonstration, perçant parfois la surface comme une éruption volcanique…
C’était déjà présent dans cette œuvre de jeunesse, et il est fascinant de contempler le contraste entre Spinoza et son maître Descartes…
Pour reprendre les mots de Jacqueline de Romilly, on fait de Descartes un penseur du doute alors qu’au fond, c’était quelqu’un qui détestait le doute de tout son être et établissait une méthode pour s’en délivrer et trouver l’oasis de la certitude bien ancrée.
Formellement, le Traité de la réforme de l’entendement comme le Discours de la méthode vise le même objectif, offrir au lecteur des règles pour la direction de l’esprit…
Mais Spinoza donne à son projet un spin et une orientation fort différente de celle de René, à savoir qu’il le traite d’entrée de jeu sous l’angle de la recherche du bonheur, dans un monde où nous sommes ébranlés par la recherches de biens illusoires à la félicité ambivalente
Pour le philosophe marrane, bien penser n’est pas séparable de bien vivre, et la vérité ne fait qu’un avec le bonheur. Autant et bien plus que des règles pour la direction de l’esprit, ce sont des règles pour la direction de notre vie qu’il place sous nos yeux.
Je pense néanmoins qu’il ne faut pas traiter cette bande dessinée comme une introduction à Spinoza, mais plutôt comme un appendice de l’Ethique, la démarche étant plus aisée à suivre dans sa globalité que sous l’angle partielle du traité de jeunesse où la pensée bourgeonnait
Et même si le magnum opus (comme son adaptation) se suffise très bien à eux même, cette petite bombe intellectuelle mérite quand même qu’on se penche dessus puisqu’elle permet de mieux saisir sa déconstruction des idées fausses (ou plutôt mutilée/partielle) ainsi que les nuances de sa conception nominaliste de l’univers.
Quoiqu’il en soit, la lecture de ces trois livres vous donnera les bases nécessaires pour aborder l’ouvrage stimulant mais musclé de Gilles Deleuze
Par la suite, n’hésitez pas à aller à la source même et compléter l’Ethique par le Traité politique, la Correspondance et pour finir le Traité Théologico Politique.
Quant à mes lecteurices libertaires, nul doute qu’iels feront leur miel du Petit Lexique philosophique de l’anarchisme de Daniel Colson, disciple de Deleuze mais également de Spinoza, relu dans une optique libertaire
Celles et ceux qui veulent creuser la pensée de Baruch pourront se pencher sur mon article plus élaboré, et celles et ceux qui souhaiteront me soutenir pourront se pencher sur mon Ko-fi.