4 Leçons Du Coronavirus Pour Préparer La Crise Environnementale (Part. 1/2)

Clément Gavault
7 min readApr 14, 2020

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Non, la nature ne reprend pas encore ses droits, mais on peut l’y aider

Les images ont fait le tour du monde :

  • Les satellites de la Nasa montrant la chute spectaculaire de la pollution en Chine
  • L’eau des canaux redevenue limpide à Venise, faute de bateaux remuant le fond
  • Les sommets de l’Himalaya visibles à 200 km pour la première fois depuis 30 ans en Inde…

Il y a quelques jours, je suis encore tombé sur un de ces articles vantant les bienfaits du confinement pour Mère Nature, présentée ces derniers temps comme la grande gagnante du brutal coup d’arrêt à notre économie.

Images des satellites de la NASA montrant une chute significative du niveau de pollution au dioxyde d’azote au dessus des grandes villes chinoises

Mais il ne faudrait pas crier victoire pour autant.

Loin de là.

Tous les experts sont formels : ces effets certes impressionnants à court terme n’auront aucune conséquence à long terme sur le changement climatique. Pour reprendre ses droits, la nature aurait besoin de bien plus que quelques mois.

Cette chute impressionnante de la pollution a produit des effets bien visibles, et cela en très peu de temps. Mais tout ce que cela nous montre, c’est que les nuages de pollution ont en fait une durée de vie très courte, et qu’ils s’en iront très vite si on réduit notre consommation d’energies fossiles. Au contraire, le CO2, lui, s’accumule dans l’atmosphère pendant des siècles. Avec sa longue durée de vie, le dioxyde de carbone accélère l’effet de serre, même si on arrête d’en émettre.

Si on arrêtait les émissions du jour au lendemain, il resterait encore 40% du surplus de CO2 dans 100 ans, 20% dans 1000 ans et 10% dans 10.000 ans. Il faudrait même plus de 20.000 ans pour que l’atmosphère revienne à son niveau initial d’avant 1900. (Source : GIEC, rapport n°5)

Ce n’est donc pas en quelques mois que l’on va définitivement régler le plus grand défi de l’histoire de l’humanité, d’après le nom de la tribune publiée par Le Monde en 2018 et signée par 200 personnalités françaises.

En revanche, il semble que l’on puisse tirer d’autres conclusions, plus intéressantes, simplement en observant la manière dont le monde a réagi face à la pandémie actuelle.

Dans cette partie, nous commencerons par voir les deux premières leçons.

1. L’homme a décidément bien du mal à apprendre de son histoire

Le plus surprenant avec les crises comme les pandémies, c’est qu’on soit encore surpris qu’elles arrivent.

Ce ne sont pourtant pas les exemples qui manquent : la lèpre, la peste, le choléra, la tuberculose, le paludisme, le sida, et bien sûr la grippe. Autant de maladies infectieuses qui ont frappé l’humanité à travers les siècles. Autant de cas pratiques qui constituent une expérience inestimable.

Tirer les leçons de son passé n’a rien de nouveau, c’est la méthode qu’ont utilisé les dirigeants du monde entier pour déterminer le chemin à prendre pour leur pays ou leur organisation. C’est aussi la méthode que j’ai utilisée, dès les premiers signes de l’épidémie, pour tenter de la comprendre, anticiper son évolution et prendre des décisions éclairées en conséquence.

Cette méthode révolutionnaire tient en un mot.

L’Histoire.

Avant d’être une matière scolaire synonyme d’ennui dont certains gardent encore le traumatisme, l’histoire est un outil d’analyse formidable et accessible à tous.

En effet, qu’est-ce que l’histoire si ce n’est l’étude de ce qui a été ? Et à quoi sert cette étude, si ce n’est à anticiper ce qui sera ?

Ici, il ‘‘suffisait’’ d’observer l’évolution de l’épidémie dans les premiers pays pour se faire une idée de ce qui allait arriver dans les suivants (courbe des cas, importance du dépistage, efficacité du confinement). Ça, c’est pour l’histoire à court terme.

Pour l’histoire à plus long terme, on pouvait chercher à tirer les leçons des épidémies passées, comme Ebola il y a quelques années, le SRAS de 2003 ou encore la redoutable grippe espagnole qui avait décimé entre 50 et 100 millions de personnes il y a un siècle (durée de la récession économique, changement des habitudes, impact social).

Le plus surprenant avec les crises comme les pandémies, c’est qu’on soit encore surpris qu’elles arrivent.

Certains ont même donné un nom à cette science : la clioépidémiologie, du nom de Clio, la muse de l’Histoire dans la mythologie grecque, soit l’étude des épidémies passées pour guider le présent.

De la même manière, il semblerait logique de vouloir tirer les leçons de la crise du Covid-19 pour préparer d’autres crises à venir.

Ça ne pouvait pas tomber mieux, puisqu’on en a justement une sous le coude.

2. Il est facile de sous estimer une menace invisible

Comme le Covid-19, le CO2 est très trompeur. Il faut attendre longtemps pour en sentir les symptômes, mais ses effets peuvent être ravageurs et s’installer sur le long terme.

On pourrait donc aller encore plus loin et directement comparer la crise environnementale au virus lui-même. En transposant la situation actuelle à plus grande échelle, on peut en effet trouver de nombreux points de similitude entre le Covid-19 et le réchauffement climatique.

Si le Covid-19 a pu faire autant de ravages, c’est qu’il est très trompeur. Sa durée d’incubation est relativement longue, « 5 à 6 jours en moyenne avec des extrêmes de 2 à 12 jours, ce qui justifie la période de quarantaine de 14 jours » d’après l’Institut Pasteur.

Pendant cette durée il est difficile de détecter les symptômes, mais le virus est bien présent et le patient peut être contagieux à son insu. « L’installation des symptômes se fait progressivement sur plusieurs jours, contrairement à la grippe qui débute brutalement. »(ibid)

De la même façon, on ne peut pas se fier aux conditions météorologiques visibles pour jauger les concentrations très préoccupantes des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. En effet, ceux-ci s’installent progressivement sur plusieurs années et persistent sur plusieurs siècles. A l’inverse des éruptions volcaniques par exemple, qui projettent brutalement des gaz et particules dans l’air avant de disparaître rapidement.

Pour poursuivre notre comparaison, on peut dresser un parallèle entre les personnes âgées particulièrement vulnérables aux effets du virus et les pays en voie de développement. Ces populations les moins équipées sont effectivement en première ligne des effets dévastateurs apportés par un changement climatique : on peut citer la montée des eaux, des ouragans et cyclones de plus en plus intenses ou la diminution des ressources (eau potable, nourriture, énergie).

Les jeunes qui se croient intouchables par le virus, ayant donc du mal à respecter les mesures préventives, ont un petit quelque chose des pays occidentaux, parfois aussi développés qu’irresponsables.

La cause principale de leur propagation semble même être identique. C’est en effet par l’activité humaine que le virus se multiplie et que le climat se réchauffe ou que la biodiversité chute.

Rien qu’à lui, le protoxyde d’azote est un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le CO2. Ce gaz, connu comme gaz hilarant, est devenu en quelques années le premier destructeur de la couche d’ozone. Ses émissions d’origine humaine (dites «anthropiques») sont en augmentation considérable depuis l’époque préindustrielle, principalement en raison de la fertilisation des sols et des engrais dans l’agriculture.

Logiquement, comme la cause est similaire, les mesures préventives les plus efficaces sont les mêmes : le confinement pour freiner l’activité humaine empêche aussi bien le virus que la pollution de proliférer.

  • D’un côté, les pays ayant tardé à mettre en place des mesures de confinement pour préserver leur économie ont été traités d’irresponsables (UK, US).
  • Il faudrait maintenant garder la même rigueur de l’autre côté pour condamner ceux qui tardent à diminuer l’impact de leur activité, au prétexte de vouloir laisser tourner leur économie un peu plus longtemps.

D’après les calculs d’un chercheur de l’université de Stanford début mars « la réduction de la pollution en Chine a probablement sauvé vingt fois plus de vies que celles qui ont été perdues en raison du virus »

Des deux côtés finalement, c’est le même enjeu : entre la bourse ou la vie, il faut choisir.

Suite au prochain épisode…

Je remercie chaleureusement le confinement, sans lequel mon premier article n’aurait sûrement jamais existé.

Merci de l’avoir lu jusque là !

Maintenant, à vous de décider s’il y en aura d’autres !

N’hésitez pas à me dire si avez aimé, laisser des claps si c’est le cas (il suffit de rester appuyé sur le bouton d’applaudissement pour en laisser entre 1 et 50 👏) et dites moi ce que vous voudriez lire dans le futur !

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Clément Gavault

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