Sous l’enrobé, le pavé !

Benjamin Griveaux
3 min readApr 27, 2019

Si, en mai 1968, les rues de Paris vibraient au cri de « sous les pavés, la plage ! », ce week-end, c’est avis de marée noire sur les pavés du 7ème arrondissement ! Le championnat du monde de “e-formula” fait escale à Paris pour le e-prix 2019. A cette occasion, une centaine de mètres de pavés autour des Invalides seront recouverts par 9000 mètres cubes de bitume, du bitume renouvelable et réutilisé pour d’autres usages nous rassure-t-on le plus sérieusement du monde !

Voulue à l’origine comme une vitrine de la voiture électrique, la Maire de Paris souhaitait faire de cette compétition un « vecteur de promotion des mobilités douces auprès des citoyens ». Objectif respectable certes…mais quel choix singulier que d’opter pour des Formule-e développant 270 chevaux et 230 km/h en vitesse de pointe. Question douceur, on a connu mieux. Question proximité avec les attentes des Parisiens aussi, quand on sait que la vitesse moyenne aux heures de pointes est d’environ 16 km/h…

Revenons-en à nos pavés. Enfin, à nos quelques centaines de mètres de pavés recouverts d’un enrobé bitumé pour l’occasion. Pas très durable non plus quand on sait que cette section des Invalides est classée et que cet enrobé devra-être retiré dès dimanche soir. Sitôt utilisé, sitôt enlevé. Quand on aime les travaux, on ne compte pas !

On nous dit que l’empreinte carbone sera compensée. A voir. Mais personne n’a pensé à compenser l’empreinte pénibilité de cette course. Car comme chacun le sait, les travaux n’entraînant évidemment aucune gêne de circulation dans la ville pour les Parisiens comme pour ceux qui viennent y travailler, pourquoi se priver de ce plaisir ?

De l’aveu même des organisateurs ce sont 5 000 tonnes de matériel, 2 péniches et 6 jours de travaux pour quelques heures de course…Sans parler des 3 stations de métro et des Invalides fermés. N’hésitons pas non plus à boucler la moitié du 7ème arrondissement dès ce mercredi pour assurer le montage, l’événement et le démontage. Les travaux ne gêneront sans doute pas ceux qui roulent en formule-e, ni les aficionados des paddocks où le bruit des coupes de champagne se disputera aux décibels des tonitruants moteurs.

Et l’électrique dans tout ça ? Pour l’actuelle Maire de Paris l’objectif de la compétition est également de « valoriser les constructeurs automobiles qui font le choix d’investir dans ce domaine ». J’ai eu beau chercher dans les sponsors de l’événement hormis BMW qui y promeut ses modèles électrique (dont l’entrée de gamme est affichée à 39 950€…sic), je n’ai pas trouvé beaucoup d’autres constructeurs auto.

Bref rien qui n’améliore concrètement la vie des Parisiens.

Quand on sait que Paris regorge de routes et trottoirs à entretenir, de nids de poule à réparer, de rues à nettoyer. On se dit que la municipalité a perdu le sens des priorités et de l’intérêt de Paris et des parisiens.

Il y a quelques semaines la Mairie de Paris à aussi fait le choix de reconduire jusqu’en 2022 l’organisation de cet événement. Pourquoi prolonger ainsi le calvaire des Parisiens ? Pour continuer à démontrer l’utilité de la voiture électrique ? Pour cela, il y avait Autolib’… Et il y a aussi, tout simplement, les Parisiens eux-mêmes qui montent sur la première marche du podium en nombre de véhicules électriques immatriculés. Voilà d’ailleurs la seule course qui m’intéresse.

Pas de paddock, ni de petits fours pour moi ce week-end. Et, si les Parisiens me font confiance, pas de e-prix 2020 à Paris.

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Benjamin Griveaux

Député de Paris, candidat à la mairie de Paris pour rendre aux Parisiens le plaisir et la fierté de vivre à Paris