Lara Trump, Première Belle-Fille

Philippe Corbé
5 min readJul 17, 2024

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La bru de l’ex-président est passée en huit ans de petite main d’une émission de divertissement à co-présidente du parti républicain. Au sein du clan Trump, elle est désormais la femme qui compte.

Lorsque Lara Trump est montée sur la scène de la convention républicaine de Milwaukee pour conclure la deuxième soirée en primetime, à l’heure la plus écoutée, en direct sur toutes les grandes chaines qui ont repoussé leurs journaux télévisés pour ne pas rater la fin de son discours bien plus long que ceux de toutes les figures du parti qui s’étaient exprimés avant elle, la belle-fille de l’ancien président a achevé la reprise en main par le clan familial du GOP, comme le surnomment les Américains, le Grand Old Party de Lincoln, Theodore Roosevelt, Eisenhower, Reagan, désormais transformé en MAGA Party, le parti du Make America Great Again.

Il y a neuf ans, lorsque le milliardaire a descendu l’escalator de la Trump Tower pour lancer sa campagne présidentielle que peu imaginaient victorieuse et qui hérissait alors tous les barons du parti, Lara Trump venait d’épouser Eric, le deuxième fils Trump. Elle travaillait comme assistante de production d’une émission tabloïd en syndication (je ne voudrais pas sembler condescendant envers Inside Edition : mon mari adore la regarder, et il m’arrive de me laisser prendre à ce flot de cancans de célébrités, des faits divers sordides, des vidéos virales et d’histoires d’inconnus émouvantes).

Aujourd’hui, cette mère de famille de 42 ans, mère de deux petits-enfants du patriarche, est la co-présidente du parti républicain, et à ce titre l’hôte de cette convention.

Parfois, les seules personnes en qui on peut avoir confiance sont les membres de la famille”, confie Lara Trump au Washington Post.Pour lui, cela a malheureusement souvent été le cas.

Quelques heures après la tentative d’assassinat dont son beau-père venait d’être victime, Lara a posté une image de Trump avec les mains du Christ sur ses épaules, complétée d’un verset de la Bible : “Ne crains rien, car je suis avec toi.

En prenant la tête du GOP il y a quelques mois, elle a tenté de faire payer par le parti les dizaines de millions de dollars de frais de justice de l’ancien président. En vain. Les arrangements familiaux connaissent quelques limites, même dans le parti repris en main par le clan.

Son expérience à la télévision, à Inside Edition, puis comme commentatrice sur Fox News avant son élection à la tête du parti, l’a rendue très efficace pour défendre le candidat sur toutes les antennes.

Sur la scène de la convention, Lara Trump a encore cité la Bible pour glorifier son beau-père : “‘Le méchant prend la fuite sans qu’on le poursuive, Le juste a de l’assurance comme un jeune lion.’ Et cela incarne vraiment Donald Trump. C’est un lion.Il est audacieux, il est fort, il n’a pas peur, et il est exactement ce dont ce pays a besoin en ce moment.

Lorsqu’elle a rencontré Eric Trump, la jeune femme du Sud venait de lancer une petite entreprise de décoration de gâteaux après des cours dans une école de cuisine française à Manhattan qu’elle avait financés par des boulots de serveuse. Elle raconte au New York Times que quelques mois après leur rencontre, “elle lui a préparé un gâteau en forme de cœur pour son anniversaire, peignant un motif camouflage, un oiseau et un fusil d’assaut dans le glaçage, parce qu’elle savait qu’il aimait chasser.

Celle qui avait grandi près d’une plage en Caroline du Nord et était lauréate de quelques concours de bikini selon le Washington Post, avait auparavant brièvement étudié à la Catho à Lille (bravo à Paul Gasnier de Quotidien de l’avoir fait parler en français lors de la primaire dans le New Hampshire !)

Depuis que Ivanka Trump a choisi de prendre du champ en quittant la Maison Blanche après la défaite de son père, et tant que Melania Trump préférera ne pas apparaître, c’est Lara Trump qui est le visage féminin le plus en vue de la famille Trump (avouons-le, personne ne se préoccupe beaucoup de Tiffany, la fille de son deuxième mariage).

Lara a éclipsé l’autre belle-fille du président, Kimberly Guilfoyle, pourtant plus populaire au sein de la base trumpiste pendant son mandat. Lors de la convention en 2020, la petite amie et désormais fiancée du fils aîné Don Jr, s’était faite remarquer par un discours extatique très décalé dans une salle vide, Covid oblige.

Guilfoyle, ancienne présentatrice sur Fox News, connaît la politique depuis longtemps : elle a été l’épouse du démocrate Gavin Newsom lorsqu’il était maire de San Francisco. Désormais gouverneur de Californie, il se prépare à concourir pour la présidentielle de 2028, voire dès 2024 si Biden devait renoncer.

Mais c’est sa belle-sœur Lara qui joue désormais un rôle de premier plan, en son propre nom (ou disons avec son prénom accolé à celui du clan), au point que des rumeurs ont circulé sur une possible candidature au Congrès à New York, en Floride ou dans son état de Caroline du Nord, qui ferait d’elle l’héritière politique de Trump au sein de la famille.

Une perspective qu’elle n’écarte pas en disant : “Si jamais il y avait une opportunité pour moi de représenter les gens de ce pays là où je vis, ce serait un honneur de le faire, et je ne fermerais jamais la porte à cela.

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Philippe Corbé

Journaliste / Auteur du roman "Cendrillon est en prison" et des essais "J’irai danser à Orlando" et "Roy Cohn, l’avocat du diable" chez Grasset