OMG ! đ± OMG ! Biden a perdu
Comment les derniers espoirs de réélection de Biden se sont envolés en quelques minutes lors du débat contre Trump
OMG ! OMG ! OMG ! Oh My God ! Les dĂ©mocrates sont passĂ©s cette nuit en mode emoji panique đ±.
Lâespoir du prĂ©sident Biden dâĂȘtre rĂ©Ă©lu en novembre sâest envolĂ© dans le ciel dâAtlanta en GĂ©orgie, oĂč se tenait le premier dĂ©bat organisĂ© par CNN. Il lui faudrait maintenant un miracle pour contrarier le sort.
En 1972, Joe Biden a Ă©tĂ© Ă©lu au SĂ©nat, le benjamin de lâassemblĂ©e la plus puissante du monde, le deuxiĂšme plus jeune sĂ©nateur de lâhistoire. Cette nuit marquera pour lâhomme le plus ĂągĂ© Ă occuper le poste le plus puissant du monde la fin de ses espoirs politiques. Cette nuit confirme les peurs de beaucoup dâAmĂ©ricains qui redoutent le retour de Donald Trump.
Câest Biden qui avait provoquĂ© ce dĂ©bat, en imposant des conditions strictes (micro coupĂ© pour celui qui nâa pas la parole, pas de public, une date avancĂ©e avant lâĂ©tĂ© contrairement aux prĂ©cĂ©dentes confrontations depuis 1960). Jâexpliquais ici mi-mai pourquoi câĂ©tait un pari risquĂ©.
Le calcul de lâĂ©quipe Biden Ă©tait limpide : un dĂ©bat prĂ©coce, juste aprĂšs le procĂšs de lâancien prĂ©sident, pour replacer le sujet Trump au cĆur de la campagne, rappeler aux AmĂ©ricains qui auraient oubliĂ© le chaos de sa prĂ©sidence et qui Ă©prouvent une nostalgie de leur pouvoir dâachat prĂ©-Covid, de quoi est capable lâancien prĂ©sident.
Le seul moyen pour Biden de gagner est de faire de lâĂ©lection un rĂ©fĂ©rendum sur Trump, de rĂ©activer une coalition anti-Trump : non seulement les dĂ©mocrates, mais aussi les indĂ©pendants, les modĂ©rĂ©s, les femmes, les minoritĂ©s, qui ne veulent pas du retour de lâancien prĂ©sident au pouvoir.
Le pari est perdu.
Ce débat catastrophique pour le président confirme que cette élection est bien un référendum sur Biden, un vote non pas sur son bilan ou son programme, mais sur sa capacité à exercer le pouvoir.
Il nâaura fallu que quelques minutes.
La voix rauque de Joe Biden, son dĂ©bit lent, son souffle rauque mais faible, son ton susurrant et parfois difficilement audible, son bĂ©gaiement qui resurgissait comme souvent dans les moments oĂč il est dĂ©stabilisĂ©, ont immĂ©diatement rallumĂ© la question de lâĂąge qui se pose depuis que le prĂ©sident a dĂ©cidĂ© de se reprĂ©senter.
Il nâa que trois ans et demi de plus que Donald Trump. On aurait dit cette nuit quâils avaient au moins une dĂ©cennie dâĂ©cart. Joe Biden nâest pas seulement dans sa quatre-vingt-deuxiĂšme annĂ©e. Il fait plus vieux que quatre-vingt-deux ans. Comment penser que cet homme fragile peut occuper le poste le plus difficile du monde jusquâen janvier 2029 ?
Et le pire nâĂ©tait pas ce quâil disait. CâĂ©tait son regard perdu vers le sol, ses Ă©paules tassĂ©es, son air hagard en Ă©coutant son prĂ©dĂ©cesseur, qui pouvait dĂ©biter des Ă©normes mensonges sans ĂȘtre jamais efficacement contredit.
Pour Donald Trump, la soirĂ©e nâaurait pu mieux se passer. Sur sa condamnation, sur sa morale, sur tous les sujets pour lesquels il inquiĂšte beaucoup dâAmĂ©ricains, il a pu dĂ©rouler paisiblement, avec des arguments fallacieux, sans lâagressivitĂ© de ses prestations lors des dĂ©bats de 2016 et 2020.
MĂȘme sur lâavortement, lâune des questions centrales de cette campagne, lâun des points faibles de Trump qui a besoin de rassurer les modĂ©rĂ©s, le sujet auquel la campagne Biden se raccroche pour mobiliser des Ă©lecteurs indĂ©cis, le prĂ©sident a Ă©tĂ© incapable dâavancer des arguments solides face Ă un Trump qui racontait nâimporte quoi. Il a pu prĂ©tendre que certains Ătats dĂ©mocrates autorisent les gens Ă exĂ©cuter des bĂ©bĂ©s aprĂšs la naissance sans que Biden ne le cloue au pilori !
MĂȘme sur le 6 janvier 2021, le rĂŽle de Trump dans lâinsurrection du Capitole parce quâil refusait de quitter le pouvoir, les propos de Biden Ă©taient incohĂ©rents.
Biden Ă©tait si perdu quâil a parfois interrompu ses rĂ©ponses avant la fin des deux minutes accordĂ©es par les modĂ©rateurs pour chaque question.
Mais le dĂ©bat Ă©tait dĂ©jĂ terminĂ© dĂšs la douziĂšme minute aprĂšs un dĂ©raillement spectaculaire du vieux train Biden. Un moment cruel qui restera comme lâun des plus catastrophiques dans un dĂ©bat prĂ©sidentiel depuis le premier entre Nixon et Kennedy en 1960.
Il Ă©tait question de leurs rĂŽles respectifs dans la gestion de la crise sanitaire du Covid, quand le prĂ©sident Biden, perdu dans un propos confus sur le systĂšme de santĂ©, ne semblait plus savoir ce quâil voulait dire. Il sâest arrĂȘtĂ©. Donald Trump lâa regardĂ©. Cinq secondes interminables. Le prĂ©sident Biden a repris et dit : âĂcoutez, nous avons enfin dĂ©fait Medicare.â Voulait-il prononcer ânous avons enfin dĂ©fait le Covidâ ? Il a dit quâil avait dĂ©fait le systĂšme dâassurance maladie pour les personnes ĂągĂ©es. Quel lapsus.
DĂ©sormais, les choses sont plus simples : si le prĂ©sident ne prend pas la dĂ©cision de se retirer, comme lâespĂ©raient beaucoup de dĂ©mocrates il y a deux ans avant quâil ne dĂ©cide de se reprĂ©senter, sâil ne laisse pas le parti dĂ©mocrate trouver un candidat alternatif (la vice-prĂ©sidente Harris ? La gouverneure du Michigan Whitmer ? Le gouverneur de Californie Newsom ? Le gouverneur de Pennsylvanie Shapiro ? Le sĂ©nateur de GĂ©orgie Warnock ?), il est probable quâil restera dans lâhistoire comme celui qui, par orgueil, a laissĂ© Donald Trump, condamnĂ© au pĂ©nal, accusĂ© par certains AmĂ©ricains dâavoir participĂ© Ă une tentative de coup dâĂtat parce quâil refusait sa dĂ©faite, redevenir lâhomme le plus puissant du monde.
Certains dĂ©mocrates auront peut-ĂȘtre le courage dâaller Ă la Maison-Blanche pour essayer de le faire renoncer Ă sa candidature. Des donateurs mettront la pression. Ils devront surmonter la fiertĂ© tenace dâun homme qui a pris, au crĂ©puscule de sa vie, sa revanche sur tous ceux qui lâont toujours sous-estimĂ©.
Mais seul Joe Biden, avec les conseils de son Ă©pouse et de sa sĆur, peut prendre cette dĂ©cision.
Si Trump est une menace et que la dĂ©mocratie est en jeu, comme il le rĂ©pĂšte, alors Biden doit se retirer. Son devoir de citoyen, son serment de prĂ©sident et sa boussole morale -comme disent les AmĂ©ricains- exigent un acte dâhumilitĂ© et dâaltruisme.