Coaché par Anne Dubndidu (coeur avec les doigts)

Daddy TheBeat
7 min readAug 17, 2018

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Récemment, j’ai connu une baisse de motivation à cause d’une blessure sans doute provoquée par le drop réduit d’une chaussure pour laquelle j’ai sacrifié une partie des cadeaux d’anniversaire de mes enfants.

Pour retrouver l’envie de me sublimer et préparer un 100km, j’ai activé les trois leviers qui d’habitude me transcendent à l’entraînement : la musique, les sentiments et le savoir.

J’ai donc crapahuté des dizaines de kilomètres avec : l’intégral de Mylène Farmer dans les oreilles, puisé dans mes souvenirs la collection complète de mes conquêtes sentimentales depuis la maternelle (finalement plus adaptée à des séances de sprints), ou enfin téléchargé dans NikePlus “Rémi”, le pack de voix qui vous annonce distance, temps de course, allure moyenne, en temps réel, dénivelé, puissance, hauteur et longueur de la foulée, VMA, VO2max, fréquence cardiaque, calories dépensées, IMC, météo, rendez-vous dans l’agenda, horaires de bus, solde de vos comptes ou autres TABC !

Puis, j’ai sollicité la bienveillance et les encouragements de Valmente qui a d’abord voulu me soumettre à un test de connaissances sur les centbornards au paléolithique et m’a demandé d’apprendre par cœur le palmarès complet des championnats du monde de la spécialité depuis 1987. J’ai refusé : elle m’a traité d’imposteur.

Enfin, j’ai fait appel à un coach virtuel en téléchargeant Gip.is, une application pour smartphone qui n’a aucune intention de vous contrarier et vous concocte des plans personnalisés pour atteindre n’importe quel objectif chrono. “Vous courez le 100km en 12h, vous voulez le courir en moins de 9h dans 3 mois, pas de problème, voilà les séances que nous pouvons vous proposer. En moins de 3h ? Ok, why not, c’est un peu court mais suivez nos conseils !”.

Bref, j’ai mobilisé tous les éléments permettant d’accroître la motivation de tout athlète de haut niveau normalement constitué comme moi. Et j’ai échoué. KM58, j’ai rendu mon dossard…

Quelques jours plus tard, je suis tombé sur le tweet d’Anne Dubndidu qui annonçait la sortie de son livre intitulé La Magie du Running. M’en remettre aux pouvoirs surnaturels de ma fée en brassière préférée, je n’y avais pas pensé.

Rapidement cette annonce a fait l’objet de railleries sur les timelines mettant en cause la légitimité de l’auteure de l’ouvrage.

Instinctivement, j’ai eu envie de prendre la défense d’Anne. Pas seulement parce que son potentiel sensualité m’incite à penser que son livre est sans doute une référence en Running. Certes, elle me followe sur Twitter, répond à mes DM et like certaines de mes photos sur Instagram. Toutefois n’y voyez pas d’opportunisme de ma part, même si je ne cracherais pas sur une mention sur son Snapchat pour faire grimper mon nombre de followers et donc obtenir plus de produits de la part des marques (“Oh ! Quelle belle surprise dans ma bal ce matin !”).

Si j’éprouve le désir de défendre Anne, c’est aussi pour répliquer à la flopée de spécialistes sur les réseaux qui ont décrété que son bouquin était aussi illégitime qu’un guide du savoir vivre en société écrit par Serge Aurier.

Ils étaient nombreux à démolir le livre avant de l’avoir lu. C’est de la violence gratuite ! Mais pour déterminer si Anne Dubndidu est légitime pour écrire un guide de la course à pied, je pense qu’il est préférable de vérifier si elle a un peu bossé son sujet et si ça peut apporter quelque chose à quelqu’un.

Notez que par provocation (mais en vérité aussi pour saluer le courage que nécessite l’écriture d’un livre), j’ai retweeté l’annonce de la sortie du livre en guettant les réactions et en précisant que j’en avais fait l’acquisition (l’éditeur a dû oublier de rappeler à Anne de m’envoyer un exemplaire dédicacé). J’ai vu passer des commentaires positifs mais j’ai également lu chez certaines personnes de la stupeur, des ricanements et des critiques dures, ce qui ne les ont pas empêché de me demander en privé comment je me l’étais procuré, autrement dit savoir si c’est possible de l’avoir gratos.

Bref, comme j’avais du temps à tuer lors de mes dernières vacances chez belle-maman, et une chronique à rédiger, je me suis plongé dedans (j’ai habilement pu esquiver le moment où, à table, les beaux-parents félicitent mon ingénieur de beau-frère qui a déposé de nouveaux brevets, avant de s’intéresser à mon cas par charité chrétienne : “T’as bien couru aujourd’hui ?”).

Concernant le guide, comme son nom l’indique, il s’agit d’un guide. Rarement on fait appel à un guide pour visiter un lieu qu’on connaît déjà assez bien.

On peut en déduire qu’il s’adresse à la nana qui a décidé de “commencer chaque journée comme si elle avait été écrite pour elle” (Will Smith dans Hitch, chef d’oeuvre cinématographique), qui veut cesser de courir après sa raison d’être mais va se mettre à courir juste pour être. Elle est déterminée à “libérer son potentiel”, à “dépasser ses propres limites”, à “réveiller le petit soleil qui sommeille en elle”. Autrement dit, elle veut une nouvelle vie et elle pense que c’est à travers la course à pied qu’elle va enfin devenir “quelqu’un d’exceptionnel en 5 étapes”. Et métamorphose physique à la clé (car il ne faut pas se leurrer c’est aussi ça qui la motive), elle risquera bien de “percer” en brassière sur Instagram.

C’est d’ailleurs sur Instagram qu’elle nous apprendra qu’au collège elle s’arrangeait pour être indisposée les jours où le prof de sport programmait des séances d’endurance. Elle nous racontera, la larme à l’oeil, sa première médaille de Finisheuse à la Color Me Rad, et si elle tourne mal, c’est-à-dire si elle atteint les 10.000 followers, elle commencera à employer un ton de donneuse de leçons, avant de fermer définitivement son compte pendant une semaine, convaincue que les relations qui s’y développent sont moins authentiques que dans la vraie vie.

Je caricature bien-sûr mais vous l’avez compris, les débutants sont la cible, en particulier les jeunes débutantes. Restez calmes bande de pervers ! Astuces, points glamour, pages blanches pour prendre des petites notes (ou faire sa wishlist) ou reporter ses premiers résultats, mais aussi séances types pour se lancer sans prendre de risque ou programmes pour préparer des distances allant du 10km au semi-marathon. Le tout illustré par des petites traces de pas ou des silhouettes en mouvement.

Sur le fond, elle répond de façon quasi exhaustive aux questions que se posent les coureurs novices (équipement, alimentation, organisation d’une course…). Ça peut parfois sembler élémentaire mais je pense à ma première compétition courue avec des tennis ou à la fois où j’ai acheté une montre cardio à la place d’une montre GPS… C’est du bon sens à l’attention de personnes un peu paumés qu’il faut éduquer. Je me mets à leur place quand j’ai besoin d’un guide pour apprendre le crochet ou le potager.

Dans le bouquin, ça parle aussi de corps, de biomécanique, de bien-être, d’alimentation. Ça explique les bienfaits de la PPG, de l’interval training, du cross-training. Ça définit des termes comme VMA, FCM, anaérobie ou fartlek (Anne appelle ça le “cousin babacool du fractionné”). Ce serait vraiment condescendant de nier que le bouquin pourrait m’aider à remettre en cause ma façon de m’entraîner. Parce qu’en réalité nous sommes nombreux, coureurs hors stade, non licenciés, à ne pas posséder les bases, à toujours s’entraîner de la même façon, à manquer d’ouverture d’esprit. La complémentarité du yoga par exemple. Non, ce n’est pas nécessairement l’occasion d’immortaliser des positions suggestives (que j’hésite souvent à liker de peur qu’un de mes followers me grille dans les dernières activités) mais le moyen de compenser des défauts, ouvrir le bassin, assouplir le dos ou renforcer les articulations…

Elle nous rappelle comment éviter les petites erreurs comme le fait de s’organiser pour ne pas courir stressé et ainsi éviter les blessures, faire des séances quali, s’améliorer.

Honnêtement, moi, qui ai plus d’années de pratique, je pourrais largement envisager de faire appel à ses services comme coach, malgré ses 5 petites années d’expérience. D’ailleurs sur la 4e de couv, l’éditeur parle de conseils d’une “pro” entre guillemets. Pourquoi mettre des guillemets ? A travers l’écriture de ce livre, on comprend qu’elle s’est beaucoup documenté. Ça lui donne du crédit, je trouve. “Assume ton statut, Anne ! Coache-moi fort, je ferai tout ce que tu veux !”.

En fait, ce qui gêne, les haters, c’est Anne Dubndidu elle-même, plus que ses compétences. A mon avis, ils n’ont pas compris qu’Anne n’est pas une instagrameuse ou une twitto comme les autres. C’est avant tout une productrice de contenu. Anne, c’est une personnalité, une marque (la preuve, elle a déjà eu une box à son effigie). On l’aime et on la suit. Alors oui, il y a un côté gourou chez elle, mais sa passion ne vaut pas moins que la nôtre. Personne n’est dupe, c’est son business mais il ne faut pas penser que c’est malsain. Elle veut consacrer sa vie à nous convaincre : “Courir m’a rendue heureuse, vous devriez essayer !”.

Ce livre, c’est l’expression d’un mode de vie, du mode de vie d’Anne Dubndidu. Elle nous confie tous ses tips pour s’épanouir en course et moi en tant que fervent défenseur de la cause running, je me réjouis de sa contribution. Je ne suis pas de ceux qui voudraient garder le trésor pour eux, s’approprier ce sport, en édicter les règles et bannir ceux qui risqueraient de le faire évoluer.

Anne Dubndidu, c’est notre pop star et à travers cette initiative philanthrope qu’est La Magie du Running, elle nous offre le privilège d’entrer quelques instants dans son univers plein de positivité, de nous identifier et d’être fort pour aujourd’hui et pour demain (ton pompeux). Be Strong!, pour reprendre sa formule préférée, que je fais désormais mienne.

Pour écouter la chronique et l’émission entièrement :

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Daddy TheBeat

Chroniqueur de Jogging Bonito, podcast de runnisme. #running #courseapied #trail