Le saint Graal des cryptos: En quête du premier stable coin non collatéralisé

Crypto Sisyphe
21 min readApr 28, 2019

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Partie 2/2

Cliquez ici pour lire la première partie de cette série. Disclaimer: je ne suis actuellement investis dans aucun des projets que je vais vous présenter.

Dans cette seconde partie de notre série sur les stable coins non collatéralisés, nous allons aborder en détail les trois projets essayant aujourd’hui de développer ce type de stable coin si particulier. Si vous vous demandez quels sont les enjeux autours des stable coins non collatéralisés et pourquoi c’est un sujet qu’il faut suivre de très près en tant qu’investisseur, je vous invite à lire la la première partie.

Les trois projets que je vais vous présenter ont pour point commun de permettre la mécanique déflationniste décrite en première partie, via un système de minage/destruction associé à un oracle de prix. Comme d’habitude, le lecteur sera encouragé à réaliser ses propres recherches avant d’investir sur ces projets très risqués.

Haven protocol:

Haven protocol est le premier projet à avoir eu l’idée de développer un stable coin non collatéralisé centré sur un système de minage/destruction associé à un oracle de prix décentralisé. C’est aussi le plus connu à l’heure ou j’écris cet article, bénéficiant d’une bonne exposition sur les marchés avec un listing sur Bittrex depuis début octobre 2018, et sur TradeOgre depuis mars de cette même année. Avec un cours avoisinant les 9500 sat pour une circulating supply de 7,8 millions de XHV, Haven dispose aujourd’hui d’un marketcap de 3,9 millions de dollars. Le plus haut historique ayant été atteint par le XHV s’élève à 79 000 sat (données de TradeOgre) et remonte à avril 2018, laissant présager de nombreux paliers de résistance à la hausse pour la suite.

Le projet voit le jour en février 2018, et suscite rapidement l’intérêt de personnalités notables du milieu de la blockchain. Le système de minage/destruction y est alors surnommé “stockage offshore”, et sa singularité va rapidement faire du bruit au sein de la communauté crypto. Le lancement relativement équitable de Haven (premine de seulement 95 000 XHV pour une maximum supply de 18,4 millions d’unités avant lancement du système de minage/destruction) sera également perçu d’un oeil bienveillant. Toutefois, ce faible premine sera à double tranchant, puisqu’il a rapidement constitué un handicap pour le financement du projet. La communauté à donc autorisé les développeurs à implémenter un “dev fee” de 5% sur le minage du XHV afin de permettre un financement à la hauteur des ambitions du projet. Ce dev fee est encore d’actualité à l’heure ou j’écris ces lignes..

La team à l’origine de Haven est au départ composée de deux développeurs anonymes d’origine néo-zélandaise connus sous les pseudos de Havendev et Donjor sur Discord. Pour le côté privacy, Haven protocol n’a pas pris de risques en s’inscrivant comme un fork de Monero, héritant alors des adresses furtives et des “ring signatures”, garantissant un anonymat total des destinataires et des montants des transactions.

La roadmap initiale du projet prévoyait un lancement du stockage offshore pour la fin d’année 2018, et c’est le token XUSD qui devait servir de stable coin en duo avec le token volatile XHV. En fin d’année 2018, la team prévoyait également d’ajouter d’autres paires au mécanisme de minage/destruction. Il aurait alors été possible de détruire des XHV en échange de XUSD pour les dollars, mais aussi contre des XGOLD indexés sur la valeur de l’or, des XSILV indexés sur le cours de l’argent, des XEUR pour les euros etc… Les développeurs ne se privaient pas de jouer sur les attentes du public en ne dévoilant qu’une nouvelle paire par mois.

Ceci étant, le développement de Haven à longtemps suscité la méfiance des investisseurs les plus perspicaces en raison de certains red flags que la team n’à jamais réussi à démonter. Le premier de ces red flags concernait le caractère anonyme de la team et le manque de transparence derrière l’utilisation du dev fund. Personne n’a jamais su jusqu’à très récemment ce qu’il advenait des XHV que collectait la team, qui par ailleurs communiquait très mal avec sa communauté. Deuxièmement, et peut être le plus grave, le développement du système de minage/destruction à toujours été réalisé en source close. Pas une seule ligne de code n’à transité sur Github à propos du stockage offshore jusqu’à mars dernier. La raison évoquée par les devs était alors que la technologie qu’ils étaient en train de créer était si nouvelle et révolutionnaire que toute copie ou fork par une autre team disposant d’un plus gros budget viendrait éclipser Haven au grand détriment de la communauté, et qu’il fallait que le projet gagne en maturité avant de rendre le code open source. Le stockage offshore à donc pendant longtemps été une “boite noire” impossible à analyser par la communauté, à tel point que les détracteurs d’Haven sont allé jusqu’à nier l’existence du code et à qualifier les différents testnets de simulations.

Communiqué du 21/01/19 publié par Havendev

Entre le 14 décembre 2018 et le 21 janvier 2019, les développeurs de Haven disparaissent littéralement, laissant la communauté en proie au FUD et aux spéculations quant à un exist scam. Le cours du XHV s’effondre, la communauté perd confiance dans la team, et même les advisors/community managers sont incapables d’entrer en contact avec les développeurs. Ces derniers réapparaissent finalement le 21 janvier en publiant un communiqué sur Discord. On y apprend que le projet sera remis officiellement à la communauté, Havendev et Donjor étant en désaccord sur la marche à suivre pour poursuivre le développement de Haven. Plus qu’un désaccord, il semblerait que la team ait réalisé qu’ils ne parviendraient pas à aller au bout du projet, et qu’ils n’avaient pas les compétences requises pour créer un stockage offshore vraiment fonctionnel.

Depuis cet épisode, une nouvelle team de développeurs à repris la main sur Haven protocol. Aussi étonnant que cela puisse paraître après un tel abandon de l’équipe originale, le projet semble repartir du bon pied à l’heure ou je publie ces lignes. Tout d’abord, de nombreux changements organisationnels ont eu lieu. La team est désormais à moitié anonyme et est composée de David Bandtock (@Dweab), de @Nbourbaki pour le développement et de @NewsCutter pour le marketing. Autour de cette “core team” gravite une douzaine de développeurs, advisors, et community manager.

La nouvelle core team de Haven protocol

Depuis janvier, cette nouvelle team à travaillé d’arrache pied pour redonner de l’élan au projet. Le code transmis par l’ancienne team à du être analysé, corrigé et mis à jour. En effet, un retard énorme avait été pris sur le codebase de Monero dont Haven est issus, ouvrant des failles de sécurité importantes. Un hard fork sera réalisé en mai pour baser à nouveau le code source de Haven sur la dernière version du code de Monero, permettant au projet d’intégrer la technologie bulletproof et venant patcher certaines failles de sécurité. Le 20 mars dernier, un autre fork à également permis de changer le mode de fonctionnement du dev fund, qui est aujourd’hui complètement transparent et basé sur un wallet multisignature.

La priorité actuelle des développeurs est le lancement de l’Oracle de prix décentralisé. C’est cette partie qui nous intéresse le plus en terme d’innovation et donc d’investissement. Chez Haven protocol, c’est le développeur @Nbourbaki qui s’occupe de cette fonctionnalité essentielle depuis plusieurs mois déjà. Concrètement, la conception de l’oracle de prix décentralisé reposera sur deux catégories de noeuds:

  • Les Oracle source : en charges d’extraire les données de prix à partir des api des différents échanges sur lesquels le XHV est listé, ainsi que du forex pour les taux de conversion des monnaies fiat (pour convertir un XUSD contre un XEUR par exemple).
  • Les Oracles nodes: en charge de vérifier les données fournies par les Oracle source, et d’inclure ces données de prix dans un bloc.
Aperçu du testnet de l’Oracle source

L’Oracle source va donc capter les différentes informations de prix et en faire une moyenne pondérée par le volume des différents échanges. Pour éviter les manipulations de prix des market makers, le prix retenu est également lissé par une moyenne mobile d’une durée de 20 blocs (durée non définitive pour l’instant). Le prix retenu est ensuite signé de manière cryptographique et transmis aux Oracle nodes. Les Oracle nodes sont opérés directement au niveau du minage. Chaque pool ou chaque solo miner devra alors faire tourner un Oracle node pour participer au réseau Haven. L’Oracle node se charge de vérifier les informations de prix qui lui sont transmis, et d’intégrer ces données dans un bloc. Si un mineur malveillant tente d’inclure une donnée de prix erroné, le bloc est rejeté par le réseau.

D’un point de vue technique, la conception de l’Oracle source est terminée, et est actuellement en phase de test. Actuellement, les développeurs sont en train de construire l’Oracle node ainsi que le système de routage qui permettra la jonction entre les Oracle sources et les Oracle nodes. Une fois cela terminé, il faudra intégrer les Oracle nodes à la blockchain, aux mineurs et aux différents wallets, et conduire une première phase de test interne du système de minage/destruction dans son intégralité. Autant dire qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir avant une première implémentation publique du stockage offshore. Pour l’instant, la team n’a pas fixé de nouvelle roadmap, même si cela ne saurait tarder. David Bandtock à récemment confié à la communauté qui était confiant quant à la concrétisation du stockage offshore, qui devrait devenir une réalité dans les mois qui viennent.

Je suis personnellement très enthousiaste de voir que ce projet ait pu repartir de l’avant suite au semi “exit scam” des anciens développeurs. Nombre de projets ne se seraient pas relevés d’un tel coup. Aujourd’hui, la nouvelle team semble très compétente, a fait le ménage dans l’ancien code, à placé le projet en open source et s’est engagé pour une transparence totale à l’avenir. Bien que la grande majorité des investisseurs se soit détournée d’Haven suite au fiasco de janvier dernier, le projet repart aujourd’hui sur des bases saines et la team peut désormais se concentrer complètement sur le développement du stockage offshore. Les différents wallets (mobiles, web, desktop) sont en cours de reconstruction, et le projet devrait prochainement connaitre un léger lifting au niveau de son logo et du site web.

D’un point de vue de la conception, le stable coin non collatéralisé que propose Haven protocol me semble être l’un des mieux aboutis. On observe toutefois un problème par rapport à l’Oracle source en charge de collecter les données de prix sur les différents échanges. Puisque tout le système repose sur les données de l’Oracle source, qui va être en charge de l’Oracle source lui même? Selon David Bandtock, on aura au départ que quelques hôtes publiquement connus et de confiance chargés du fonctionnement des Oracle sources, ce qui vient centraliser l’oracle de prix autour que certains acteurs… Toutefois, cette centralisation ne serait que temporaire et servirait de garde-fous le temps que l’on collecte assez de feedback sur les manières de duper l’oracle. Comme nous l’avons constaté dans la première partie, un oracle de prix décentralisé introduit toute une game de manipulations difficile à anticiper tant que le système n’est pas lancé publiquement. Le nombre d’Oracle sources sera ensuite étendu à mesure que l’on arrive à contrecarrer les manipulations possibles sur l’oracle.

Triton :

Triton est la première alternative à Haven protocol quand on parle de stable coin non collatéralisé. Le lead développeur Harrission Hesslink assume volontiers s’être inspiré du concept proposé par Haven pour réorienter son projet, et se retrouve fréquemment impliqué dans les discussions du serveur de Haven sur Discord. Triton est un projet qui voit le jour en février 2018, et qui à la base devait devenir une plateforme de sport en ligne. Mais à partir du 16 janvier 2019, Triton laisse tomber le e-sport pour se concentrer officiellement sur la création d’un stable coin non collatéralisé. A l’égard de ce que propose Haven avec son duo XHV et XUSD, Triton propose également un duo de coin volatile (XTRI) et de stable coin (SAO).

Aujourd’hui, Triton est un projet bien moins connu que Haven protocol, bien qu’il dispose déjà d’une exposition correcte sur les marchés avec un listing sur TradeOgre depuis le 26 mai 2018. Un listing sur Qtrade est également prévu début mai. Le cours du XTRI est actuellement de 540 sat pour une circulating supply de 17,1 millions d’unités, portant le marketcap actuel de Triton à 452.000$. Le plus haut historique du XTRI a été atteint le 22 avril dernier pour 621 sat. On est donc sur un projet qui n’attend que la lumière des projecteurs pour connaître une première phase de momentum.

Triton est donc un projet qui a complètement pivoté en cours de route, et la vocation des développeurs de créer le premier stable coin non collatéralisé est apparue assez tardivement. Côté financement, on à un premine de 3 millions de coins géré en toute transparence par l’équipe, et environ 1,4 millions de XTRI ont déjà été dépensés pour recruter des développeurs et payer des frais de listing. Triton n’impose pas de frais sur le mining comme le fait Haven, et reste à savoir ce qu’il adviendra du financement lorsque le premine sera complètement consommé.

Aperçu de la team derrière le projet Triton

L’équipe travaillant sur Triton est composée de 3 leads développeurs dont Harisson Hesslink le fondateur, Adam Hamilton Sutherland et Thomas D. Parker. Harrisson et Adam sont tout deux étudiants en informatique et en cryptographie. Harrisson a récemment tout quitté pour travailler à plein temps sur Triton. Côté specs, Triton a un bloc time de 3 minutes pour une maximum supply de 84 millions de tokens avant l’activation du système de minage/destruction. Initialement forké de Bytecoin, Triton à récemment rebasé son code comme l’a fait Haven protocol sur une version récente du code de Monero. Par conséquent, Triton dispose aujourd’hui d’un code stable héritant des caractéristiques d’anonymat de Monero (adresses furtives et ring signatures) ainsi que de la technologie bulletproof. Dans la même veine que Haven, Triton se veut être un privacy coin à part entière avant d’être un stable coin.

Triton s’inspire du design des Services nodes de LOKI pour son oracle de prix décentralisé

Si Triton souhaite produire le même résultat que Haven, l’approche technique utilisée pour concevoir le stable coin non collatéralisé est pourtant assez différente entre les deux projets. Haven propose d’intégrer directement ses Oracle nodes au niveau du mining afin d’inclure les données de prix dans le bloc de transaction. Triton propose de son côté de différencier le minage de l’oracle de prix, en créant des “Service nodes” (empruntant leur design aux Service nodes du projet LOKI) à part. Ces Service nodes prennent la forme de masternodes chargés de collecter et de vérifier les informations de prix sur les différents échanges. Au départ, il faudra staker 40 000 XTRI pour pouvoir opérer un Service node, et ce montant devrait être réduit progressivement à 15 000 XTRI sur une période de 10 ans.

Les Service nodes produiront donc leurs propres “blocs de prix” en parallèle des blocs de transactions produits par les mineurs. On aura donc deux chaînes de blocs, et chaque bloc de transaction sera associé à au bloc de prix horodaté correspondant par un hash. Le consensus sur le taux de conversion XTRI/SAO reposera donc sur une preuve d’enjeu tandis que la validation des transactions reposera sur une preuve de travail. Lorsque les Service nodes seront intégrés à la blockchain de Triton, les bloc rewards seront donc divisés en deux, ou 50% reviendront aux mineurs et 50% aux Services nodes jouant le rôle d’oracle.

Rôle des Service nodes chez Triton et ajout des blocs de prix aux blocs de transactions

La team derrière Triton accorde une importance aux théories des jeux et aux différents scénarios visant à manipuler l’oracle de prix que l’on retrouve un peu moins chez Haven. En effet, les développeurs sont conscients que le taux de conversion XTRI/SAO sera une donnée très sensible pour le projet, et qu’une information de prix trop facile à manipuler pourrait enclencher une spirale déflationniste mettant en échec le protocole. Pour éviter cela, les Service nodes lisseront le prix du XTRI en pondérant le volume de chaque échange, et en utilisant une moyenne mobile de 480 blocs, soit sur une durée équivalente à 24h (quand Haven propose une moyenne mobile sur 40 minutes). Ainsi, Triton sacrifie en partie la précision du pricing pour gagner en sécurité, un attaquant devant alors modifier le cours du XTRI plus de 24h avant de pouvoir exploiter le système de minage/destruction.

Harisson Hesslink à récemment confié sur Discord qu’il était impossible de prévoir comment le système de minage/destruction pourrait être exploité tant qu’il ne serait pas lancé en live. A des fins d’anticipations, un testnet sera créer avec un échange artificiel pour voir comment le taux de conversion XTRI/SAO est susceptible d’évoluer lorsqu’il est soumis aux forces libres du marché. En fonction des retours, certaines règles pourront être implémentées dans le consensus pour contrer les vecteurs d’attaque ainsi découverts ( suspension du minage/destruction pendant x blocs, surveillance de la liquidité de la paire XTRI sur les échanges etc…).

D’un point de vue développement et roadmap, la première version des Service nodes est terminée, et est en cours de test. La V2 de ces Services nodes est actuellement en cours de développement et devrait permettre de faire le lien entre l’oracle de prix et le système de minage/destuction utilisable depuis le wallet. Ces derniers devraient être achevés et lancés en testnet pour le Q2 2019. Il n’y a en revanche aucune date pour leur lancement en mainnet.

Triton est donc un projet à suivre quand on parle de stable coin non collatéralisé et de mécanisme de minage/destruction. La team est vraiment transparente et propose de nombreuses updates sur Medium. Triton est complètement open source depuis le départ, et les développeurs communiquent très bien avec la communauté. La conception de leur oracle de prix (partie la plus complexe d’un tel projet) semble cohérente, bien qu’étant différente que celle proposée par Haven. Coté développement, Triton semble pour l’instant un peu moins avancé que Haven, ayant travaillé sur ce concept depuis bien plus longtemps. Toutefois, les avancées réalisées depuis la réorientation du projet en janvier sont considérables.

Les points d’ombre de Triton pour un investisseur sont aujourd’hui la relative inexpérience de la team et leur potentiel éparpillement sur d’autres projets, Harisson Heslink travaillant en parallèle sur Streamshard et Neso, une plateforme de streaming et une organisation tournées vers les e-sports.

BitCash :

BitCash est notre troisième compétiteur dans notre quête du premier stable coin non collatéralisé. Le lancement de BitCash remonte à août 2018 avec comme objectif premier de devenir la crypto-monnaie la plus facile à utiliser au monde (rien que ça!). Le but visé par les développeurs est clairement d’accélérer à vitesse grand V l’adoption de leur crypto-monnaie via une intégration systématique de BitCash sur les plateformes sociales mainstream (Twitter, Twitch, Instagram etc…). Tout comme Triton, BitCash n’a pas été conçu à la base dans l’optique de devenir un stable coin non collatéralisé. Inspirée par le stockage offshore de Haven, cette caractéristique est devenue un objectif ajouté à postériori par les développeurs depuis janvier dernier. Aujourd’hui, l’équipe derrière BitCash compte comme pour Triton et Haven proposer un duo de coin volatile (BitCash) et de stable coin (BitCash dollar).

Annonce du stable coin BitCash dollar en janvier dernier

Parmi les 3 projets que l’on vient d’aborder, BitCash est le moins connu, et le moins exposé sur les marché. Ne bénéficiant que de listings sur des échanges méconnus (A1 Exchange, STEX, BitMesh), BitCash se positionne aujourd’hui au plus bas de la “hiérarche des échanges” avec un potentiel d’ascension assez élevé en terme d’exposition. Le cours du BitCash avoisine actuellement les 1900 sat pour une circulating supply de 17,5 millions de coins, portant le marketcap du projet à 1,8 millions de dollars. Le volume d’échange de BITC est toutefois très faible, venant relativiser les données de prix énoncées. La maximum supply avant lancement du système de minage/destruction est fixée à 100 millions de coins.

Côté financement, BitCash est le projet ou la team se taille la plus belle part du gâteau, puisque le projet a été lancé avec un premine de 9,7 millions de BITC auxquels viennent s’ajouter un dev fee de 10% sur le minage. Ce financement assez conséquent sera utilisé à des fins de listings, de marketing et de développement. De ce fait, un rapide gain en visibilité du projet est envisageable lorsque la team portera ses efforts sur le marketing (on y reviendra). La question du premine pourrait être abordé en profondeur dans un article à part entière, mais sans ICO et sans financement privé, un projet se doit de penser sérieusement à sa durabilité et à son financement, d’ou la légitimité d’un certain niveau de premine. La proportion de ce premine et la transparence dans sa gestion sont alors primordiales pour l’intégrité du projet. Côté sécurité et transparence justement, on peut mieux faire. Tous les membres de la team ont accès au premine sans mise en place de wallet multi-signature, et seul le block explorer nous permet de voir les mouvements de ces fonds sans que l’on sache à quoi chaque transaction correspond. Selon Christian Kassler, le lead développeur, le dev fee de 10% sur le mining sera supprimé lorsque le projet aura atteint une certaine taille.

Aperçu de la team travaillant sur BitCash

S’agissant de la team, BitCash est développé par une équipe de 3 développeurs dont Christian Kassler le fondateur, @TheLastDon et @SJ (les deux derniers étant resté anonymes). Ils sont entourés par une poignée de community managers et d’advisors, dont fait parti David Bandtok, le lead développeur de Haven. Parmi les développeurs travaillant sur les 3 projets que l’on a abordé, Christian Kassler semble être de loin le plus expérimenté et le plus compétant, cumulant à son actif plus de 25 ans de travail et quelques start-ups dans le développement de logiciel, la cryptographie et la blockchain. Véritable moteur de BitCash, ce dernier affirme travailler plus de 16 heures par jour sur le projet, ce qui est difficile à infirmer au regard des progrès réalisés sur le Github de BitCash depuis quelques mois.

Côté specs, on a un coin à preuve de travail doté d’un block-time d’une minute et dont la difficulté est ajustée à chaque bloc. BitCash n’est pas un fork de Monero, même si le projet incorpore dans son fonctionnement le système des adresses furtives pour garantir l’anonymat des transactions. Fondamentalement, BitCash se veut avant tout être la crypto-monnaie qui sera adoptée le plus vite, avant d’être un privacy coin. Pour être adoptée rapidement, une crypto-monnaie doit passer l’obstacle des régulateurs qui souhaitent avant tout pouvoir détecter le blanchissement d’argent et extraire les revenus fiscaux qui leurs sont dûs, choses impossible à réaliser avec un vrai privacy coin comme Monero. Ainsi, BitCash s’est développé comme un “semi privacy-coin” pour rester conforme aux exigences des régulateurs. N’ayant pas incorporé les ring signatures de Monero, les développeurs ont aussi décidé d’implémenter une “ backdoor” dans le sytème des adresses furtives, qui seront décryptables via une “masterkey” détenue par la team de Bitcash. Pour l’utilisateur lambda, les transactions sur le réseau BitCash restent privées par défaut. En cas d’activités suspectes sur le réseau en revanche, un gouvernement peut requérir la master key des développeurs pour décrypter les transactions, et avoir accès à un bloc explorer transparent comme pour celui du Bitcoin.

A premier abord, j’ai trouvé ce système de masterkey centralisée par les devs assez dérangeante pour l’intégrité du projet. Pour un puriste comme moi, la notion de “privacy coin” est une notion binaire: soit on l’est complètement, soit on ne l’est pas du tout, et dans l’absolu, BitCash ne l’est pas du tout. Toutefois, force est de constater qu’un tel système peut trouver son public parmi les gens n’ayant “rien à cacher aux gouvernements”, mais ne souhaitant tout de même pas exposer leurs transactions au regard curieux de leur voisin. De plus, la team de BitCash a affirmé travailler sur un modèle de gouvernance de cette masterkey. Son utilisation serait in fine complètement décentralisée et nécessiterai l’accord de la communauté pour être délivrée à un gouvernement.. A suivre.

Aperçu de l’interface utilisateur chez BitCash

Du point de vue du développement, la team ne chôme pas et à déjà fait des avancées considérables vers l’adoption du BitCash. A l’image de BitTube, il est possible de miner directement du BITC en un clic depuis le wallet. BitCash permet aussi de créer plusieurs comptes sur un même wallet, de réaliser des virements récurrents, et les adresses classiques ont été remplacées par des “surnoms” (je peux directement envoyer des BITC à Bob en mettant en adresse destinataire son alias “@Bob_la_légende” au lieu de rechercher son adresse classique du type 1A1zP1eP5QGefi2DMPTfTO5SLmv7DivfNa). Aujourd’hui, BitCash permet aussi d’envoyer des coins à un compte Twitter ou Twitch sans pour autant que le destinataire ne possède un wallet BitCash. En se basant seulement sur le @nom_du_compte, la transaction va émettre un lien permettant uniquement au détenteur du compte de débloquer ses BITC. La team prévoie d’étendre cette fonctionnalité à Instagram, aux e-mail et aux SMS, ce qui permettrait à n’importe qui de pouvoir échanger des BITC sans jamais être intimidé par les “bizzareries de la blockchain”. Le tout est réalisé dans le cadre d’une interface utilisateur irréprochable.

Roadmap actuelle de BitCash

Le reste de la roadmap est tout aussi dense que ce qui a été réalisé jusqu’alors. A l’horizon du Q3 2019, la team prévoie l’intégration de BitCash à des logiciels de comptabilité professionnels, à Wordpress et à des sites de e-commerce reconnus. Un effort très important est également prévu sur le plan du marketing, avec des bounty distribués aux influenceurs parlant de BitCash, une ouverture sur l’Asie et le dépôt de candidatures pour être listés sur de gros échanges dont Bittrex. Cette phase de marketing sera d’autant plus intéressante que le dev fund donne à BitCash les moyens de ses ambitions et que la team à toujours été à jour sur la roadmap. On a donc un projet qui va utiliser son premine comme un véritable levier pour gagner en visibilité, idéologie à l’opposé de projets cherchant à se développer par la croissance organique de leur communauté mais qui induis un potentiel de pump plus élevé pour nous investisseurs.

Indépendamment du côté stable coin, BitCash possède déjà un potentiel de hype important. Ce dernier est entretenu par les déclarations de la team, affirmant que BitCash devrait figurer parmi le top 10 des crypto-monnaies en terme de capitalisation d’ici un an. De plus, les développeurs de BitCash se permettent d’ajouter des “objectifs surprise” sur la roadmap, faisant monter l’attention sur le projet. Ce sera le cas pour le Q2 2019, et ce fut le cas au Q1 avec l’annonce du stable coin non collatéralisé le 14 janvier dernier, caractéristique qui nécessite plusieurs développeurs à plein temps sur les autres projets, et qui est annoncé simplement comme une caractéristique supplémentaire pour BitCash.

Christian Kassler, visiblement très optimiste à propos de BitCash
Objectif surprise “de taille” pour le Q2 2019
BitCash compte passer en mode “full marketing” dans les mois qui viennent.

Pour en revenir à l’objet de cet article, le stable coin non collatéralisé de BitCash est pour l’instant celui qui est le moins développé parmi nos 3 projets. Bitcash proposera effectivement un système de minage/destruction permettant de passer du BitCash au BitCash dollar, mais pour ce qui est de l’oracle de prix ou des précautions à prendre en terme de lissage du taux de conversion, on reste dans l’inconnu. Pour l’instant, Christian Kassler a annoncé que le taux de conversion serait déterminé par une moyenne des prix des différents échanges ayant listé BitCash, information qui serait transmise aux mineurs par 4 serveurs centralisés par la team. Tant que la paire BITC manquera de liquidité, il se peut que la team fixe manuellement le taux de conversion une fois par jour. Une fois que BitCash sera listé sur de plus gros échanges, la team offrira une clé privée à chacun des échanges, afin que ces derniers puissent implémenter leurs données de prix directement sur le réseau. On s’oriente donc vers une solution bien plus simple que celles proposées par Triton et Haven, mais aussi beaucoup plus centralisée, puisqu’on reposera totalement sur l’intégrité des échanges plutôt que de passer par un système d’oracle décentralisé.

Description du fonctionnement du stable coin de BitCash par Christian Kassler

La team derrière BitCash n’a pas non plus réfléchis à tout les vecteurs d’attaque permis par le système de minage/destruction, ce qui pourrait retarder une implémentation fluide et fonctionnelle du stable coin. Quoi qu’il en soit, le stable coin de BitCash est actuellement en phase de test par la communauté, et devrait être officiellement lancée au cours du Q2 2019.

Conclusion:

Haven, Triton et Bitcash sont les trois principaux concurrents dans la quête du premier stable coin non collatéralisé basé sur un système interne de minage/destruction. Toutefois, les trois projet présentent une approche assez différente dans la résolution de ce défi, et je pense qu’il y a de la place pour la coexistence de ces 3 projets sur le marché. Bitcash se différencie particulièrement en essayant d’aller au plus simple sans pour autant rechercher une décentralisation parfaite. La team derrière Haven est quant à elle celle qui possède le plus d’expérience dans le domaine, et qui après l’abandon des développeurs originaux, a sut relever le projet pour aller de l’avant. Triton pourrait de son côté, faire figure d’outsider et surprendre tout le monde avec le lancement de leurs Service nodes V2 fonctionnels. Brefs, ces trois projets présentent chacun une opportunité de s’exposer aux retours potentiels de l’achèvement du premier stable coin non collatéralisé. Si j’étais vous, je suivrais leur développement de près.

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