Le collectif, notre alternative au freelancing solo
En 2018, je décidais de devenir freelance et de rejoindre le collectif Alqemist. 1 an après, je fais un 1er bilan de mon expérience de la construction d’une organisation originale sans hiérarchie.
Une alternative au freelancing solo
Si moi j’ai fait le choix de devenir freelance pour intégrer Alqemist, la plupart des membres étaient déjà freelance auparavant. Comme la plupart des freelances, nous apprécions notre indépendance, la liberté de choix des projets et des clients, et la flexibilité de pouvoir travailler quand on veut et où on veut.
Mais la vie de freelance solo n’est pas toujours rose : difficulté à décrocher des missions régulières et de qualité, fluctuations de revenus, solitude…
D’où l’envie d’inventer un nouveau modèle, à plusieurs.
Une histoire d’opportunités…
Dans le cas d’Alqemist, tout a commencé avec Florian en 2014. En tant qu’ex-CTO, Florian parvenait à décrocher des missions tech permettant de fournir du travail à d’autres freelances. Il a donc commencé à collaborer de manière régulière avec une, puis 2, puis rapidement 5 personnes, devenant ainsi “l’apporteur d’affaires” de ce petit groupe. Les avantages étaient évidents pour tous :
- plus besoin de chercher des missions pour soi
- travailler sur des super projets
- ne pas (toujours) avoir à traiter directement avec le client
- le plaisir de bosser avec une team de gens compétents
- et surtout… le fun d’avoir trouvé de nouveaux “amis/collègues”
Le groupe a grossi petit à petit, au gré des différentes missions décrochées, jusqu’à devenir un collectif d’experts spécialisés en développement de produits (développement web et mobile, design, stratégie). En chemin, le collectif s’est doté d’un nom (Alqemist), d’une identité visuelle, et d’un mantra “Keep the cool!”.
Concrètement, ça marche comment ?
Alqemist est le regroupement de 10 sociétés unipersonnelles, celles des 10 membres actuels du collectif. Notre fondateur assure la facturation auprès des clients et s’occupe de redistribuer à chacun sa part tous les mois.
En bonus, nous affectons un pourcentage fixe du CA à une caisse commune qui nous sert à financer tout un tas de choses dont nous votons l’utilisation régulièrement. L’idée sous-jacente c’est de libérer les membres d’avoir à arbitrer entre consacrer 1h à travailler pour un client (et être rémunéré pour cela) et 1h consacrée gratuitement au collectif.
Les besoins communs à financer sont les suivants (dans l’ordre d’importance) :
- Financement de la trésorerie. Chaque membre du collectif est payé en début de mois et indépendamment de l’encaissement des factures des clients. Il faut donc pouvoir assurer le fonds de roulement.
- Rémunération du Business Developer (moi 😅). Il s’agit de la seule fonction support du collectif, la seule donc qui ne facture aucune prestation directement aux clients. La rémunération est directement indéxée sur le CA global d’Alqemist.
- Les outils/Saas que l’on utilise. Nous mettons en commun les abonnements à nos outils payants comme Slack, Sketch, UXPin, Heroku, Gandi…
- Les “Monthly” et “Summit”, nos rendez-vous mensuels et annuels. Nous nous voyons au moins toutes les 6 semaines en personne. Cette enveloppe nous sert à financer les locations de salle, restaurant, logement etc… J’en reparle plus bas.
- Marketing. Petit budget servant à nos actions de marketing (site internet, blog, goodies…)
- Notre tooling / OpenSource. Nous prenons sur notre temps pour créer des librairies (privées ou opensource) à partir de nos propres développements.
- Training / Learning (Accès conférences, formations, livres…). Le temps que nous passons à faire de vraies sessions de formation entre nous est en partie compensé par cette enveloppe.
Less is better
Chez Alqemist, nous sommes un peu des “minimalistes” dans l’âme. Nous nous sommes donnés comme mission d’assurer du travail constant à tous en plus de permettre à chacun de s’épanouir 😀 Cela implique quelques choix qui tranchent.
Alqemist n’a pas de bureaux. Nous travaillons chacun à domicile, profitant des possibilités offertes par le freelancing. L’équipe est aux 4 coins de l’Europe (Londres, Paris, Bruxelles, Lisbonne, Valencia, Strasbourg) quand elle ne voyage pas, comme Raphaël qui a opté pour le nomadisme.
Mais nous avons quelques rendez-vous incontournables :
- Notre channel Slack #bonne-journée pour le blabla du matin.
- Notre call hebdomadaire du lundi matin pour caler les planning, et discuter de quelques sujets du quotidien.
- Les “Monthly”, 2 jours de retrouvailles en chair et en os toutes les 6 semaines. Le 1er jour on travaille en petits groupes sur nos projets en cours. Le 2e jour commence par un “free talk” pour faire émerger des sujets à discuter dans l’après-midi. On fait aussi un point sur les projets en cours et les futurs projets, et on décide des arbitrages d’affectation de la caisse commune.
- Les “Summit”, 1 semaine par an où on part tous ensemble dans une belle maison dans un bel endroit. Au programme, beaucoup de discussions sur l’avenir du collectif, du fun et accessoirement un peu de travail collaboratif.
Alqemist a fait le choix de rester petit. Nous sommes actuellement 10 personnes dans le groupe et n’irons jamais au-delà de 15/20 personnes. Pourquoi ? Nous recherchons le meilleur équilibre, celui qui garantie du travail de qualité pour tous et la cohésion du groupe. C’est aussi un bon moyen pour nous de garantir le niveau de qualité de production que nous souhaitons pour nos clients.
Nos 4 secrets de fabrications
- Aligner les intérêts
L’équilibre d’une organisation sans chef repose notamment sur le fait d’être attentif à ce que les intérêts de chacun soient alignés avec ceux du collectif et notamment les intérêts économiques.
2. Confiance et Transparence
Nous avons une extrême confiance dans les compétences des uns et des autres. Celle-ci est renforcée notamment par la transparence que nous avons au sein du collectif sur toutes les questions, y compris les questions d’argent. Se voir et organiser des “free talks” permet notamment de se parler librement de nos frustrations, de nos lassitudes, et de nos souhaits.
3. Liberté
La liberté est partie intégrante de la vie d’un freelance. Si le collectif n’est pas capable d’offrir un niveau équivalent de liberté, nous serions voués à l’échec. Chacun choisit donc librement son TJM (Taux Journalier Moyen), son lieu de résidence, ses horaires de travail, mais aussi le temps qu’il souhaite consacrer aux projets du collectif VS d’autres projets.
4. Le FUN
Alqemist c’est aussi une histoire d’amitié. Avant de travailler tous ensemble, nous étions d’anciens collègues, de parfaits inconnus, ou déjà amis pour certains… et cette aventure a créé des liens uniques entre nous. C’est notamment pour cela que nous tenons à nous voir régulièrement même si cela implique des déplacements réguliers à travers l’Europe.
Ce n’est pas toujours un long fleuve tranquille
Ce que nous créons est unique. Il n’y a aucun manuel. Nous expérimentons sans cesse, évidemment avec quelques loupés. Récemment 2 membres sont partis 😢 Ils ont souhaité renouer avec du freelancing solo. Leur départ nous a beaucoup affecté mais il nous a aussi amené à nous poser des questions notamment sur ce qu’Alqemist a à offrir à long terme à des personnes qui ressentent l’appel du changement.
Mon bilan dans tout ça
Je ne regrette pas une seule seconde d’avoir rejoint le collectif. Je n’aurais jamais envisagé de devenir freelance en solo. Je suis extrêmement fière d’évoluer au sein d’une telle organisation, capable à la fois de produire de la qualité (et je pèse mes mots) et de se préoccuper autant du bien-être de chacun. Il reste encore beaucoup de boulot alors je pars me retrousser les manches.
N’hésitez pas une seule seconde à me poser vos questions ! Il y aurait encore tellement à dire. Peut-être dans un prochain post.
Love you all ❤️
