Kamélia Sassi
Essentiel
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7 min readSep 7, 2018

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Réveillez le savant qui sommeille en vous !

Il y a des personnes qui naissent avec du génie, d’autres qui en sont littéralement frappés, d’autres encore font émerger le génie qui réside en eux. Pour comprendre cette dernière catégorie, intéressons-nous aux deux précédentes.

Du savant innée au savant acquis

Le psychiatre Darold Treffert, spécialiste du syndrome savant découvre ces génies qui, dès le plus jeune âge, ont manifesté des compétences HORS DU COMMUN. Il décèle cependant que ces dons sont accompagnés de déficiences intellectuelles et cognitives plus ou moins importantes. L’illustration parfaite de ce syndrome est le personnage de Raymond Babitt dans Rain man qui, manifeste des capacités hors normes en calcul mental ainsi qu’une mémoire phénoménale, mais également des défaillances cognitives et comportementales flagrantes.

Il existe une seconde catégorie de personnes qui elle, est frappée par le génie au sens littéral du terme. C’est le cas de Jason Padgett, qui à la suite d’une commotion cérébrale, réalise qu’il perçoit désormais les objets différemment. Il découvre alors qu’il a subitement développé la capacité de visualiser « des objets mathématiques » et des concepts physiques complexes. Aujourd’hui considéré comme un génie des mathématiques, il a un brillant avenir de théoricien des nombres devant lui. Ce phénomène aussi surprenant qu’inattendu se nomme « le syndrome du savant acquis ».

Actuellement, nous recensons moins de dix cas dans le monde. Le syndrome du savant acquis désigne des personnes tout à fait ordinaires qui, à la suite d’un traumatisme, ont développé des compétences exceptionnelles.

La minute scientifique

Selon Idriss Aberkhane, chercheur en neurosciences cognitives, il existe une théorie dominante qui expliquerait le phénomène du savant acquis : ces capacités surprenantes seraient en fait dormantes dans l’encéphale humain. Ce postulat nous laisse à penser qu’il résiderait alors en nous un génie en latence. Cette théorie suggère que, lorsque nous voyons par exemple un prodige du piano à l’œuvre, aussitôt, une population de neurones serait capable de reproduire ce que nous venons d’entendre. Nous aurions donc en nous les aptitudes pour réaliser ce que nous observons. Cependant, nos fonctions exécutives centrales ne savent pas comment laisser s’exprimer ces neurones compétents.

Pour nous faire comprendre ce concept, Idriss Aberkhane fait un corrélat judicieux avec la politique : dans une population, que ce soit à l’échelle d’un pays ou du monde, comment savoir quelle est la personne en capacité de résoudre le problème qui se pose à la collectivité ? Notre cerveau est confronté à la même problématique, du haut de ces 86 milliards de neurones, il ne sait pas reconnaitre la population neuronale capable de reproduire ce que nous observons.

L’inhibition intellectuelle

Nous comprenons à présent que le cerveau est incapable de discerner les forces vives opérationnelles dans une situation donnée, au milieu de tous les neurones et connexions synaptiques qui le composent. Il existe un autre facteur qui participerait à entraver l’ascension des bonnes combinaisons neuronales, c’est notre propension au doute ! Nous aurions une faculté innée à restreindre les suggestions que font des neurones peu habitués à se manifester. Notre cortex, par le biais de nos neurones gouvernants, inhiberait les connexions synaptiques novices.

Cette théorie explique en partie pourquoi, dans les cas où notre état de conscience est modifié (sous l’emprise d’alcool ou de drogue par exemple), nous pouvons faire preuve de meilleures performances. En effet, ces substances nous désinhibent, ce qui nous permet de donner plus facilement la parole à des populations de neurones innovants.

Les facteurs clés de succès des plus grands

Nous savons à présent que nous avons tous en nous les ressources nécessaires pour devenir des prodiges. Mais qu’est-ce qui nous différencie des personnes les plus expertes ? Le talent ? Par définition, ce dernier induit des aptitudes innées. Cependant, le talent, à lui seul, ne suffit pas à justifier les prouesses des plus grands prodiges.

Alors comment font les personnes remarquablement douées ? La réponse est 50000 heures. C’est la distance qui vous sépare de votre expertise, quel que soit le domaine choisi. 50000 heures de travail. En d’autres termes travailler longtemps. Pour passer un nombre d’heures colossal dans une activité, il faut simplement beaucoup l’apprécier.

« Sans travail le talent n’est rien de plus qu’une sale manie » Georges Brassens

Il est important de comprendre que les heures de travail passées dans une discipline serviraient, en réalité, à entrainer notre cerveau à discerner les neurones experts capables de maitriser la discipline des autres neurones. Il vous faut des années de travail pour trouver comment donner la parole à la population de neurones compétents, qui sont en latences dans votre esprit.

Partez en quête de vos neurones savants.

Le cerveau, quel que soit l’âge, n’arrête jamais de produire de nouveaux neurones. Ce processus est nommé neurogenèse. Les nouveaux neurones cherchent leur place au sein des circuits neuronaux existants, ce qui en soi n’est pas toujours aisé. Leurs tâches se complexifient d’autant si nous évoluons dans un environnement austère d’un point de vue social, émotionnel, cognitif… et/ou dans des environnements peu changeants. Selon le professeur Pierre Marie LLedo de l’Institut Pasteur, la neurogenèse est beaucoup plus dense lorsque le cerveau évolue dans un « environnement variable » plutôt que dans un environnement restreint et routinier.

Voici 6 conseils qui favoriseront le développement de vos neurones :

- L’apprentissage : Plus notre cerveau est confronté à l’apprentissage plus l’encrage de la neurogenèse s’intensifie et se densifie. L’apprentissage, la mémorisation, la lecture, l’effort de concentration représentent les activités physiques de notre cerveau qui fonctionne comme un muscle, s’il n’est pas stimulé, il ne progresse pas. Par exemple, apprenez une nouvelle langue, il existe des applications très ergonomiques comme ‘Duolingo’ que vous pouvez utiliser à tout moment pour apprendre et travailler vos neurones.

- Pratiquer une activité physique : le sport est le meilleur allié de la neurogenèse. Les connexions que génère l’activité physique impactent directement au sein de notre cerveau la niche des cellules souches, berceau de la création des neurones. Commencez par des séances de dix minutes et augmentez au fur et à mesure.

- Fuyez le stress : le stress a un effet dévastateur sur notre cerveau et nos capacités cognitives. Il bride complètement la neurogenèse qui s’assimile alors à essayer de planter un arbre sur une terre hostile. Donc, faites-vous ce cadeau, trouvez et pratiquez ce qui vous libère du stress (sport, méditation, lecture…) et vous libérerez votre cerveau.

- Dites adieu à la routine : nous avons vu précédemment que les environnements changeants étaient propices à la neurogenèse. Les habitudes créent dans notre cerveau des chemins neuronaux. Une fois une routine installée, nous n’avons plus besoin de solliciter notre cerveau pour effectuer toutes les tâches qui la composent. Changer ses habitudes nous pousse à délaisser les chemins neuronaux existants afin d’en créer d’autres. Cette gymnastique est nécessaire pour pérenniser toutes les capacités de notre cerveau. Par exemple le fait de changer de trajet pour vous rendre au travail vous incite à modifier votre schéma de pensée.

- Stop à la surconsommation d’information : exposer notre cerveau à trop d’information est très délétère pour son fonctionnement et son développement. L’ère numérique a ses avantages et ses inconvénients. L’afflux important, constant et impertinent d’information en est un. L’information nourrit le cerveau, veillez à ce qu’elle soit saine et en quantité appropriée pour qu’elle soit plus digeste. Choisir un seul canal d’information et le consulter une fois par jour.

- Préservez votre microbiote : l’estomac, nommé le deuxième cerveau car il regorge de connexions, joue un rôle prépondérant dans notre fonctionnement cérébral et émotionnel. Les études démontrent que notre flore intestinale entretient des interactions étroites avec notre cerveau. Ainsi nous apprenons que la consommation de nourritures saines et variées favorise la prolifération de certaines espèces bactérienne favorable à la neurogenèse. L’inverse se vérifie également, une nourriture de mauvaise qualité crée quant à elle des bactéries qui entravent le développement de nos neurones.

Que faut-il retenir ?

L’idée ici, ce n’est pas d’aller vous jeter contre un mur ou sous un bus en espérant que le traumatisme vous transforme en Einstein. Certes, nous ne connaissons pas encore l’étendue des capacités cérébrales, cognitives et autre attribut du cerveau, mais nous savons aujourd’hui qu’elles sont au-delà de tout ce que l’on peut imaginer. Nous avons tous en nous les fondements nécessaires pour exceller dans nos sphères de prédilections. Le plus difficile étant de les découvrir.

« Tout le monde veut aller au paradis, mais personne ne veut mourir » Slogan de la marine

Les personnes les plus remarquables et admirables restent celles qui ont réussi à force de travail et de détermination. Le travail et l’autodiscipline sont les maitres mots de votre réussite. Il n’existe pas de recette magique, chaque cerveau est unique et façonné selon l’histoire de chacun, mais ce qui est sûr c’est qu’il possède des capacités tellement énormes qu’on ne saurait les quantifier. Il est bien sûr plus facile de se dire que l’on n’a pas le potentiel et de se contenter de ce qui ne nous demande ni effort ni espoir, mais l’histoire nous enseigne que le travail finit toujours par porter ses fruits. Alors, travaillez afin de favoriser votre neurogenèse et réussir à donner un haut-parleur à vos neurones inhibés. Réveillez votre potentiel.

Vous êtes prêts ? Feu …. Désinhibez !

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Kamélia Sassi
Essentiel

Fondatrice du blog www.lecerveauenebullition.com je m’intéresse à l’immense potentiel du cerveau #sciencescognitives #neuroergonomie #cerveau #potentiel