Dominique Lambert
4 min readApr 1, 2017

Communiqué public. Le 01/04/2017, Quimper.

L’écologie est une science qui ne s’accomode pas de l’ à-peu-près. Dans ce cadre, la lutte contre le frelon asiatique étant particulièrement importante, il s’agit de la mener avec discernement et attention.

Il est malheureusement connu qu’une lutte irraisonnée contre une espèce envahissante peut conduire à favoriser son installation. A Quimper, de nombreux appels au piégeage des fondatrices du frelon asiatique sont fortement diffusés par voie de presse et par les autres réseaux. La mairie de Quimper s’est soudainement entichée du problème et mis en place, sans concertation au sein du Conseil Municipal, une campagne de piégeage anarchique.

Je tiens à rappeler que les institutions référentes en ce domaine, l’INPN, en concert avec l’Institut de l’Abeille, déconseillent le piégeage en dehors d’un cadre scientifique.

Plusieurs points sont importants :

- Quimper ne fait pas partie des 3 zones d’expérimentation scientifique française de piégeage des frelons asiatiques.

- les pièges distribués ne sont pas sélectifs et 99% des insectes capturés ne sont pas des frelons asiatiques à pattes jaunes

- l’efficacité du piégeage au printemps n’a pas été démontré comme le démontrent 12 publications scientifiques référencés sur le site de l’INPN

- le ministère de l’Agriculture par la note de service DGAL/SDSPA/N2013–8082 recommande d’”éviter le piégeage intensif préventif et printanier”, de “piéger à proximité des ruchers uniquement” et ce “de juin à novembre lors de la période de prédation”, et de “détruire physiquement les nids tout au long de l’année”.

Les recherches sont menées par l’INPN, l’Institut de l’Abeille, conjointement aux équipes de chercheurs du CNRS de Toulouse et de l’INRA de Bordeaux, en collaboration avec le projet Européen Eurofrelon.

En absence de participation de Quimper à une expérimentation scientifique, je déconseille donc vivement, malgré la campagne municipale de piégeage anarchique, et un relai médiatique étonnant, de poser des pièges dans un écosystème donné y compris urbain. Et ce d’autant plus que, dans les campagnes, les abeilles et les insectes souffrent des méthodes de l’agriculture non biologique et se réfugient en ville ou à proximité des villes.

En ce qui concerne le piégeage printanier, le site de l’INPN précise :

Il existe par contre des méthodes sûres pour lutter contre le frelon asiatique à patte jaune :

- la destruction physique des nids entre le coucher et le lever du soleil

- l’utilisation des prédateurs du frelon : les rapaces comme la bondrée apivore en premier lieu. En second lieu, la Pie-grièche écorcheur ou le Guêpîer d’Europe, à proximité de zones susceptibles d’en abriter, à condition de ne pas traiter chimiquement les nids sous crainte d’intoxiquer et de stériliser les prédateurs du frelon

- l’utilisation des parasites du frelon comme les nématodes spécialisés que sont les Mermithidae ou les Pheromermis

- l’intérêt de l’utilisation comme auxillaire de lutte de certaines plantes carnivores d’origine asiatique a été étudié dans une publication de 2015

La protection des insectes pollinisateurs est trop importante pour laisser mener une campagne de piégeage, non acompagnée scientifiquement et anarchique, sur l’ensemble du territoire Quimpérois et de ses écosystèmes. Un tel piégeage peut se retourner contre l’objectif officiellement présenté, et qui plus est contre des colonies d’insectes utiles, à protéger, et qui sont, déjà, sous pression.

Les services municipaux et communautaires ont, avec à propos, recruté et formé une unique personne dédiée à la destruction des nids. Ce qui est peu : les Reines de 2018 viendront des nids de 2017.

La campagne de piégeage est par contre fortement déconseillée par les institutions scientifiques.

Dominique Lambert

Conseiller Municipal et Communautaire

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